Hella enfila sa blouse blanche avec une certaine satisfaction non feinte. Son badge de stagiaire trônait à gauche de sa veste. Un jour elle deviendrait sage-femme. Mais chaque chose en son temps, aujourd’hui elle n’était qu’une simple stagiaire dont le travail ne consiste qu’à observer et à la limite poser des pansements. Rien de très épanouissant si vous voulez son avis. Pourtant elle s’y accommodait. Il fallait bien commencer quelque part ? La jeune femme referma d’un coup sec son casier.

Les mains enfouies dans les profondeurs abyssales de sa blouse blanche, Hella traversait le long couloir froid d’un pas pressant. Beaucoup ne se sentait pas bien dans les hôpitaux. L’odeur du désinfectant, la froideur des lieux, l’ambiance morbide, les sourires hypocrites, l’étalage des joies comme des peines, l’attente interminable pour être soigné en incommoder plus d’un. La jeune femme s’y sentait pourtant comme un poisson dans l’eau, notamment au service de pédiatrie. C’est d’ailleurs là où la demoiselle se dirigeait actuellement. Elle tourna à gauche, attrapa de justesse l’ascenseur et se pressa vers la chambre 4.

« Hey princesse ! Comment tu vas aujourd’hui ? » Lança joyeusement la jeune femme.

Miléna était une petite fille admise depuis deux jours pour se faire opérer de l’appendicite. Hella l’avait prise rapidement pour affection en voyant que la demoiselle n’était pas rassurée par son opération. Parfois les médecins oubliaient de s’adresser aux enfants, pensant peut-être que les parents étaient là pour ça. Hella n’était pas vraiment de cet avis, elle savait qu’il fallait les rassurer autant qu’un adulte.

« Tiens regarde ce que je t’ai ramené. » La jeune étudiante sortit de sa poche une baguette magique et tapota délicatement le nez de la Miléna. « Je t’avais bien dit que j’allais la ramener, et tu sais quoi ? Je serais là quand les docteurs vont t’emmener pour te soigner, et d’un coup de baguette magique je vais te conduire au pays des rêves. C’est d’accord ? » Un sourire rassurant se peint sur le visage de la demoiselle. « C’est promis madame Hella ? » La jeune femme acquiesça d’un hochement de tête avant de disparaître de la chambre.

Son tuteur lui avait bien stipulé qu’elle devait se rendre aux urgences aujourd’hui et il se fichait pas mal de ses envies. Un soupir s’échappa de ses lèvres alors qu’elle rebroussait nonchalant le chemin. Perdu dans ses pensées elle ne fit pas attention au jeune homme en face d’elle et le bouscula légèrement.

« Navrée mais on ne peut rien faire pour deux pieds gauches. Regardez un peu devant vous bon sang ! »

Elle passa son chemin en levant les yeux au ciel, sans même attendre une réplique. Elle n’était pas vraiment d’humeur. Se coltiner les urgences n’aidait pas non plus. Hella passa d’abord prendre un café rapidement avant de reprendre du service.

« Hella ! Un pansement pour toi ! »

La demoiselle alla à la rencontre du patient sans rechigner cette fois-ci. Mais ça c’était juste avant de s’apercevoir que le patient en question n’était autre que l’homme qui l’avait bousculé.

« Comme on se retrouve. Monsieur… » Elle jeta un œil sur la fiche de l’homme. « Grant. Je ne savais pas que j’avais autant de force » Ajouta l’étudiante avec ironie. « Très bien, montrez-moi ça. »