Parce que oui, on peut le dire, Siobhàn est née d'un père richissime et d'une union totalement désapprouvée par sa mère. Je ne sais pas si, cela dit, on pourrait qualifier sa naissance comme le fruit d'un viol. Non, nous n'irons pas jusque-là. Sa mère était tout de même consentante, bien qu'elle n'eût aucuns sentiments pour l'homme qu'elle avait épousé.
Je suis d'accord, les mariages arrangés sont juste bons pour les époques d'avant. Mais les parents de sa mère, en l’occurrence ses grands-parents, ont toujours été de la vieille école. Et avoir trouvé un chef d'entreprise, qui a lui-même hérité du "petit bijou de son père" comme ce dernier l'appelait, avait été une chance inouïe pour eux. Ils n'étaient pas pauvres, mais n'avait pas non plus un super compte en banque. Et qui plus est, le père de Siobhàn venait de mettre la main sur un vieux couple qui étaient prêts à marier leur fille magnifique. Il n'avait pas beaucoup de pitié, il n'en a jamais eu d'ailleurs. D'après lui, il avait enfin réussit sa vie. Une femme, un travail, et un compte en banque magnifiquement garni.

C'est trois années plus tard qu'un tout jeune bébé, nommé quelques minutes plus tôt Siobhàn-Loïs Quinn Davis, fût mis au monde un certain 2 juillet 1990. Il faisait chaud ce jour-là. Très chaud même. La mère du nouveau-né avait réellement souffert. À tel point que, quelques secondes après l'accouchement, son cœur lâcha prise. Même si elle était à la limite de détester son mari, la jeune maman avait aimé sa fille plus que tout au monde pendant neuf mois. Elle avait supporté ses coups, les nausées qu'elle lui infligeait, les insomnies qu'elle avait de plus en plus de mal à encaisser. Elle avait vécu pour sa fille, et venait d'en mourir.
C'est bien entendu son père qui récupéra la garde et tout ce qui s'en suivait. Siobhàn a plus été éduquée par sa nourrice que par celui qui était censé le faire. Toujours en déplacement, les attentions qu'elle réclamait qui nécessitait uniquement la présence paternelle avait été mises de côté. La jeune femme a dû grandir sans, mais un manque qui s'était installé et qui la prenait aux tripes semblait ne jamais avoir voulu la quitter. À votre avis pourquoi son adolescence a été un désastre, et pourquoi ses poumons se remplissaient plus de fumée dévastatrice que d'air pur ? Pourquoi ses mots étaient si violents parfois, pourquoi ses sentiments restaient bloqués au fin fond d'elle-même ? Pourquoi l'innocence avait laissé place à l'insolence et les sucettes aux cigarettes ?
Comment peut-on devenir une femme bien, lorsque votre mère est morte sans même l'avoir connue et que votre père semble s'en foutre totalement de vous, et que la seule chose avec laquelle il croyait vous combler était les cadeaux et l'argent ? La réponse est claire.

Siobhàn avait développé un caractère difficile. Elle ne se laissait pas faire, détestait être soumise à des ordres et enfreignaient les règles qui lui étaient fixées. Au premier abord, elle peut certainement vous paraître froide. Mais je peux vous assurer, que cette fille est tout sauf une pétasse dépourvue de cœur et de ces trucs que l'on appelle sentiments. Même si c'est ce qu'elle veut faire paraître. Au fond d'elle se cache une fragilité énorme, en une fraction de secondes tout peut s'effondrer en elle, mais elle restera debout, les yeux dans les yeux et n'en dira pas un mot. Quand ses larmes coulent, c'est coupée du monde. Et dieu sait combien de fois elle a pu pleurer, seule. La jeune femme n'aime pas dire ses sentiments, les faire partager. Mais elle pourra vous afficher des sourires réconfortants si vous allez mal, rester vous écouter parler de vos problèmes pendant des heures en essayant de trouver une solution pour vous.
Oui, vous avez peut-être du mal à le croire, mais Siobhàn est une fille forte, compatissante et gentille.
Vous savez, on dit que les personnes qui aident beaucoup sont souvent celles qui en ont le plus besoin, même si elles ne disent rien.

En résumé, c'est une jeune femme qui comble tous ces manques par la fête, les cigarettes, le shopping et encore la fête. Comme lui a dit son père un jour : "Après tout, vas-y. On a les moyens."