L'ambiance se transformait rapidement quand Rafaelle entrait dans une pièce, souvent au détriment de Rebekah qui y perdait son moral. Mais elle était trop de bonne humeur pour se laisser marcher dessus cette fois-ci. Alors doucement, elle commença à répondre à sa soeur, les faisant atterrir au maximum que pouvaient être leur discussion et ce depuis bien des années. Toute la famille était assez déçue de la manière d'agir de Rafaelle, sauf leur tante qui semblait l'adorer plus que n'importe qui. C'était assez bizarre d'ailleurs. Elle était assez bizarre. Mais ça, il ne faut pas le dire, leur tante le prendrait vraiment mal. Rafaelle trouvait cette force incroyable de réussir à toujours vouloir et réussir à embêter tout le monde, et cependant, Rebekah ne lui en était point jalouse. Elle préférait largement sa manière de vivre. Quand Rafaelle lui fit une réflexion avec le lit, elle répondit du tac au tac "- Oh bah tu sais, tu y passes tellement de temps que tu serais capable de confondre les hommes avec les lits !" Son sourire ironique laissait montrer son envie de se battre contre le démon de sa journée qu'était sa soeur aînée allongée sur son lit. Elle jouait le jeu, elle savait que c'était risqué, mais elle avait envie de jouer le jeu. Alors elle écoutait tranquillement sa soeur. C'était rare qu'elle réussisse à rester calme face à ses propos, mais cette fois-ci, elle réussissait assez bien. La discussion vint à dévier sur l'épisode de la voiture de police volée et qui avait causé le plâtre de leur mère. Elle ne put empêcher un léger rire jaune de sortir d'entre ses dents. "- C'est tellement plus marrant d'être simple témoin et de réparer tes bêtises, tu ne l'as toujours pas compris ?" L'ironie ne se séparait toujours pas de ses paroles, bien évidemment. Elle entendait par là qu'elle préférerait que rien n'arrive, que leur famille ne soit pas blessée si souvent par le côté sadique de la fille ainée de la famille. Cette famille aurait été vraiment unie sans elle. L'amour aurait pu être présent. Mais voilà, ils étaient tous gênés par la présence de Rafaelle et ne se parlaient donc pas vraiment beaucoup. La seule personne qui montrait ses sentiments était leur tante. Celle qui vous embrasse à longueur de temps. Celle qui vous coule et vous félicite. Celle qui vous donne dix ans quand vous en avez le double. "- Ah oui, j'avais oublié que tu avais un métier très prenant et enrichissant. Mais je comprends... Après tout, te faire embrasser tout le temps par une femme, c'est pas aussi vivifiant que par un homme, je le conçois." Rebekah s'étonnait elle-même de réussir à riposter si facilement, de ne pas lâcher. Tout comme elle s'était étonnée quand la voiture de police était arrivée et qu'elle avait aperçu les deux coupables, sans que personne ne l'apprenne plus tard. Elle les avait vu s'embrasser assez fougueusement avant de partir. Et elle avait compris qu'il était plus qu'une simple nuit pour elle. Peut-être pas beaucoup plus, mais plus. Alors, elle avait retenu son visage. Et c'était son portrait robot qu'elle avait donné aux policiers. Alors qu'elle parlait à Rafaelle, elle se leva et alla chercher une photo, le portrait robot en fait, l'image de Seth. "- Je pense pas que tu le connaisse, mais si tu le vois, dis-lui merci. Il m'a tellement dragué l'autre soir qu'il m'a énervé, alors je me suis dit que ça serait pas mal de lui faire porter le chapeau. Tu as vu, je commence à te prendre pour modèle, tu es fière de moi, hein ?" Elle faisait un grand sourire bien hypocrite. Seth ne l'avait pas du tout dragué en fait. Mais ce pourrait peut-être augmenter l'énervement que pouvait provoquer l'action qu'elle avait faite. Elle n'était jamais aussi loin dans sa quête de revanche envers sa soeur. Elle avait toujours voulu lui faire payer par petits bouts ces petites, ou pas, attaques, mais elle n'avait jamais vraiment réussi à le faire. Elle ne se sentait pas mieux pour autant, certes, mais au moins, elle avait agi contre sa soeur, pour une fois. "- Je me demande presque pourquoi tu utilises de l'argent pour quelque chose que tu n'utilises jamais ! Oh, et ne t'inquiète pas pour mes compagnons masculins, cet ours ne fait que décoration contrairement aux autres." Eh oui, vous ne rêvez pas, Rebekah elle-aussi faisait référence au sexe. Elle n'était pas autant coincée que sa soeur le croyait. Elle aimait juste la stabilité, les sentiments et les vraies relations.

Quand Rafaelle se proposa de filmer le prochain piège qu'elle leur tendrait, elle hésita entre lui faire bouffer le sol et soupirer un grand coup pour qu'elle cesse ses bêtises. Mais elle n'en fit rien. Elle se tut simplement, regardant le sol pour ne pas montrer son énervement à cause de l'avancement et la longueur de la conversation. "- Ca serait bête de laisser des preuves !" Dit-elle en tentant de ne pas montrer son exaspération, de même quand elles parlèrent de leur tante. Du moins, elle voulait continuer à tenir tête à sa soeur et ne pas la laisser la rabaisser et la blesser. Alors elle regarda sa soeur, l'air de rien, et lui répondit aussitôt "- Garde le secret si ça te fait plaisir... Au fait, tu réussis à discerner tes conquêtes à force ? Tu as dû te faire quelques femmes au milieu j'en suis sûre. Mais ce n'est pas grave, je peux comprendre. A trop avoir envie de chaleur on a pas peur de se brûler j'imagine..." Elle n'aimait pas du tout quand sa soeur la faisait passer pour une chaste, elle aimerait qu'elle comprenne enfin que ne pas vouloir des conquêtes ne voulait pas dire ne pas vouloir de sexe. Elle avait déjà couché avec un mec, même plusieurs d'ailleurs, et elle n'avait rien contre ça. Elle n'était pas le genre de filles qui ne voulaient coucher qu'une fois mariée. Elle cherchait juste une relation stable. Mais jamais sa soeur aînée ne pourrait essayer de la comprendre. Avec jeu, elle fit une tête étonnée quand sa sœur lui donna le prénom de Keegan. Elle ne savait pas que ce n'était pas l'homme avec qui elle l'avait vu, donc elle fit juste style qu'elle ne comprenait pas que Rafaelle le connaisse "- Tu le connais ? Il est dans la catégorie de tes conquêtes ou de tes piégés ? Mais je suis contente de suivre ta merveilleuse voie qui mène aux meilleures places au paradis" Elle n'était pas croyante, même pas du tout, mais elle voulait juste faire comprendre par là que Rafaelle ne savait faire que des choses négatives, de quoi blesser les gens, ou au pire juste se foutre de leur bien-être. Elle savait qu'elle n'avait jamais eu une très forte réussite en ce qui était le mensonge, mais pour autant, elle essayait de vraiment envoyer des piques à sa soeur, pour ne pas se laisser rabaisser en silence, comme elle le faisait trop souvent à son goût. Elle comprit rapidement que Rafaelle avait bien perçu le mensonge et donc soupira en l'entendant dire que le corps de cet homme lui manquerait. Il se n'agissait aucunement en l'occurrence de se sentir en position de force ou pas, il s'agissait juste d'essayer de ne pas être en position de faiblesse. Mais c'était trop tard quand sa soeur ressortit la petite boite due à sa chute d'il y a quelques années, par la gentillesse de sa soeur aînée. Elle s'attendait désormais au pire. Mais ce qu'elle n'avait jamais dit à sa soeur, c'est qu'elle était retournée au dentiste il y a peu, et que celui-ci pouvait désormais changer cette faiblesse dentaire. Elle devait porter cet appareil mais seulement pour quelques jours encore. Mais, elle n'en ferait jamais part à sa soeur. Ses parents savaient que ce n'était pas à dire à Rafaelle, et elle les en remerciait pour ça. "- Oh, tu sais, ce n'est pas les sous vêtements qui les font craquer ! C'est bien plus que ça. Contrairement à ce que tu crois. Mais bon, je comprends que toi tu n'aies que le physique à offrir..."

Rebekah tentait de garder son calme, et bien qu'elle y arrivait plus que d'habitude, ce n'était pas encore ça. La phrase que prononça Rafaelle fut comme celle de trop. Mais elle se décida à respirer et à essayer de jouer sur les mots. "- Ca serait trop rapide, j'en ai eu 0... Certes. Mais moi j'ai couché avec des hommes capables de m'aimer pour qui j'étais et pas juste pour le cul que je leur offrais." Et oui, elle pouvait être vraiment têtue quand elle s'y mettait. Il faut dire que Rafaelle lui avait donné bien des années d'entraînement. Elle avait toujours du mal à garder son calme, mais au moins, elle savait qu'il fallait juste qu'elle respire et qu'elle prenne le temps de se calmer pour ne pas laisser jouer son instinct et la rendre faible. Le regard joyeux de son aînée la déstabilisait, mais elle n'en montrait rien. Elle n'avait jamais pris de leçons de théâtre, les heures à rester forte devant Rafou ayant suffi. Elle avait tenté de ne pas se sentir inférieur pendant toutes ses années, essayant de se dire que le fait que les regards étaient attirés par Rafaelle n'était pas quelque chose de positif, au contraire, s'ils faisaient attention à elle, c'était pour ses frasques, pas pour la personne bien qu'elle était. C'était sa manière de se rassurer. Pourtant, elle avait agi négativement, tout comme le faisait tout le temps Rafaelle, en donnant ce portrait robot à la police. Elles étaient justement en train de parler de ce sujet-là. Elle avait été comme fière d'annoncer ce qu'elle avait fait Rafaelle, et elle se sentait stupide de s'être rabaissée à ça, mais tant pis, c'était fait. Sa méchanceté, copiée sur celle de Rafaelle pourrait la mener en enfer si elle y croyait, et elles jouaient d'ailleurs l'ironie là-dessus. "- Ah c'est dommage, je te force à me supporter jusqu'au paradis alors, ça deviendra l'enfer pour toi dans ces cas-là !" Les sarcasmes étaient vraiment de mise entre les deux, c'était le seul langage qu'elles utilisaient, si tant est qu'elles en utilisaient. L'amour n'était vraiment pas présent, et cela se voyait. Elles se haissaient, elles se contredisaient, elles se reniaient. Rien ne faisait d'elles des soeurs proches. Et il n'y a qu'à Rebekah que cela posait problème. L'énervement qu'eut Rafaelle étonna au plus au point Rebekah qui y reprit des forces. "- Mais j'en ai rien à foutre que tu ne sois pas comme moi cocotte ! Je te demande pas ça ! Je te demande juste d'arrêter d'être ta salope, notamment avec ta famille ! Après, fais ce que tu veux de ton cul ! Mais nos parents t'ont appris le respect, et tu leur vomis à la gueule. Tu crois quoi, qu'en faisant la conne, tu seras remarqué et apprécié ? J'ai longtemps voulu être autant remarqué que toi par les parents, et pour autant, jamais je n'ai voulu faire ce que tu fais. Parce qu'entre être remarqués par mes parents et les respecter j'ai choisi. Tu ne veux pas les respecter, soit, mais barre-toi et laisse-nous tranquille alors !" Elle ne pensait pas la moitié de ce qu'elle avait dit. Sauf la partie sur le fait que ses parents avaient souvent plus remarqué Rafaelle que Rebekah, et notamment à cause des frasques. Elle en avait voulu à Rafaelle de ne pas lui laisser sa place dans sa famille en voulant se donner un rôle à part et aussi de ne jamais l'avoir aidé comme une grande soeur devait le faire, au lieu de lui marcher dessus. Elle s'était emporté finalement elle aussi, face à l'emportement de sa soeur, et elle s'en mordait déjà les doigts. Sa soeur allait s'en servir, elle le savait. Elle s'en voulait. Puis, la discussion reprit sur les sous-vêtements, évoquant ainsi leurs formes de relation distinctes. "- C'est l'important si ça te fait rire. Cela me comble de bonheur." Elle regarda Rafaelle partir ensuite, et n'eut rien à y dire, elle fut soulagée. Mais elle l'entendit aller en bas, à la cuisine. Elle retint son souffle à la recherche de bruits qui pouvaient lui indiquer ce que faisait Rafaelle. Elle ne se dirigea pas à la cuisine, mais dans le salon, à côté de la cuisine, pour surveiller leurs parents, pour voir qu'elle ne leur faisait rien. Mais Rafaelle, en bonne je m'en foutiste, avait laissé la porte ouverte, elles pouvaient se voir. Sans regarder directement, Rebekah pouvait voir en gros les gestes de son aînée, sans pour autant la coller. C'était la bonne gâche en fait.

Rebekah montait dans le sarcasme au fur et à mesure de la conversation. Pourtant, elle en avait toujours autant marre de sa sœur, mais l'habitude faisait qu'elle réussissait à le cacher, à croire qu'elle avait bien appris. Elle commençait à se forger, maintenant qu'elle était seulement à l'aube de sa vie. C'était peut-être grâce à Rafaelle, certes, mais elle aurait aimé ne pas avoir à se forger mais avoir un bouclier familial et non plein de haine envers son propre sang. "- Tu te trompes. L'enfer n'est présent que quand tu n'es pas là grande sœur. Notre proximité, nos discussions et notre amour fraternel a toujours tendance à me manquer quand nous ne sommes pas à côté. Le paradis n'existe qu'avec toi." Cette phrase fut immédiatement assortie d'un rire jaune, montrant que le sarcasme ne disparaissait vraiment pas de la discussion. Rafaelle aurait pu croire que Reb craquait et redescendait son armure, bien que faible armure. Puis l'armure était devenu l'énervement, aussi bien pour Rebekah que pour sa sœur aînée. Le côté salope de Rafaelle fut le premier traité de cette dispute qui éclatait. "- Tu as toujours été quelque chose à mes yeux Rafaelle. Ma sœur. Ennemie ou amie, tu ne pourras jamais être autre chose que ma sœur. La seule différence est que je te hais alors que je pourrais t'apprécier." Puis, la conversation continua et ce fut concernant le respect dû à leurs parents. Elle ne put s'empêcher de rire aux phrases de Rafou, notamment la première, puis voyant son regard interloqué de par son rire, lui répondit par un regard qui signifiait un peu "ah mais t'étais sérieuse ?". Puis, elle écouta la suite, silencieuse, l'air dubitatif avant d'y répondre du tac au tac. "- Pas à moi. Ne me fais pas croire ça. Pourquoi quand on en parle aux parents, on remarque que tu es devenue méchante d'abord quand je suis née, et ensuite quand je suis rentrée à l'école, quand j'avais 3 ans et toi 4 ? Elle regretta assez rapidement d'avoir dit ça, se rendant compte qu'elle avait avoué en avoir parlé à ses parents. "Tu oses me dire à moi de regarder plus loin que le bout de mon nez ? J'aurais pu tout faire pour toi, Rafaelle, tout ! Et tu n'as su que me faire tomber chaque jour davantage ! Oui, je suis une ignorante, mais je peux au moins te remercier pour m'avoir montré que la vie c'est une merde dont on mange une tranche tous les jours ! Parce que tu étais là pour me la faire bouffer la merde. Et oui, je monte sur mes grands chevaux quand il s'agit de ma famille, car je comprends, MOI, ce que je leur dois !" Rebekah n'avait pas eu peur de répondre aux arguments de la jeune femme de un an son aînée, assise là avec elle sur le lit. Puis, le déplacement s'était fait jusqu'au rez-de-chaussée, à la cuisine, ou du moins ceci étant pour Rafou puisque Rebekah était simplement allée au salon. Elle n'avait toujours pas peur de lui répondre directement, ou du moins, elle ne montrait pas sa peur. "- Oh oui ! J'ai envie d'être toute comme toi, alors je dois bien apprendre en te regardant quand tu viens !" Rebekah n'avait certainement jamais été aussi sarcastique que dans cette simple phrase qu'elle venait de lui balancer dans la figure. Ce n'était pas bien méchant, mais cela montrait assez bien le peu d'amour entre les deux sœurs. La remarque sur le verre de lait ne la fit même pas rire. Elle lâcha juste un vulgaire "- Le lave-vaisselle risque d'être vexé tu sais, un verre de plus, c'est dur pour lui..." Cela faisait pourtant plusieurs années qu'ils avaient un lave-vaisselle, mais tout ce qui concernait la maison semblait ne pas concerner Rafaelle. Rebekah s'y était largement faite. Puis Rafaelle annonça qu'elle n'allait pas tarder à partir. Elle fut soulagée, mais sût très bien comment le dissimuler. Un nouveau sarcasme apparut. "- Oh non, reste, je t'en supplie, je suis quoi moi sans toi ?" Elle n'ajouta pas quoi que ce soit concernant les cookies. Rebekah suivit Rafaelle, mais ce ne fut pas pour la raccompagner, mais pour sortir prendre le courrier tant qu'elle y pensait. Seulement, une fois retournée à l'intérieur, alors qu'elle tenait le courrier dans ses mains, elle s'agenouilla. Une douleur dans sa poitrine naquit, et sembla la torturer. Elle ferma les yeux pour supporter la douleur, mais elle ne réussissait pas. Elle avait pourtant déjà eu des douleurs à la poitrine ces derniers temps, mais pas à ce point. La douleur ne semblait pas vouloir s'effacer contrairement aux fois précédentes. Le comble résidait dans le fait que le résultat de ses examens médicaux était dans sa main, ou du moins avait été vu qu'elle les avait lâchés après les avoir serrés pour calmer la douleur. Son poids serré ne détenait plus rien, mais demeurait contre sa poitrine, comme si ce simple geste pour déserrer l'étau qui s'était refermé sur son cœur. La maison autour d'elle et sa famille semblaient ne plus être présents. La douleur seule résonnait dans toute son âme tout autant que dans tout son corps. Une ou deux larmes réussirent finalement à s'échapper de son corps devenu désormais inanimé qui s'étendait sur le sol. Rebekah Coolidge venait de mourir, à l'âge de 20 ans, chez elle, d'une maladie cardiaque que lui annonçait une des lettres qu'elle avait été cherchées à la boîte aux lettres mais qu'elle n'avait pas eues le temps d'ouvrir. C'en était fini de sa vie, de son œuvre, et de sa générosité excessive. Elle aurait sûrement vécu différemment si elle avait su, ou peut-être pas. Tout ce qu'il restait d'elle n'était plus que ce corps qui finirait par refroidir, entre quatre planches de bois. Ce corps, et ses larmes qui avaient compris que l'ultime moment de libération ne pouvait être que maintenant. Elles avaient été la dernière marque de vie de Rebekah.