Je devais bien prendre le temps de respirer. Ce que cette famille pouvait m’énerver. Fallait qu’il débarque à l’improviste chez No & moi. Ne pas retourner leurs appels pendant trois semaines, ça les dérangeait. Pas nous. Une énième crise s’était déroulée et j’étais partie, sous le regard ébahis de ma famille d’accueil. Comment démontrer un peu de sympathie ou d’amour à des gens qui m’avaient envoyé en Angleterre pour m’éloigner de la seule personne (sans compter Noheyla, évidemment) qui comptait à mes yeux ? Ma famille me manquait, terriblement. Mon père, ma mère. Rien de tout ça n’aurait jamais du arriver. Je marchai rapidement dans les sentiers du cimetière, tête baissée. Je ne venais pas souvent voir mes parents, c’était quand même assez rare. Aujourd’hui, j’en avais besoin. Besoin de me confier, de simplement prendre un peu de temps dans ma journée pour leur parler à tous les deux. Je passai une main dans mes cheveux, soupirant en voyant enfin la pierre de mes parents. Lentement, je me posai devant ce qu’il restait d’eux et me mis instinctivement sur les genoux. Je n’étais pas une fille super sensible habituellement, mais le fait d’être présente au cimetière me donnait le goût de pleurer comme une enfant qui n’avait pas eu son dessert lors du dîner. Sans vraiment m’en rendre compte, je posai une main sur la pierre de mes parents. «Vous me manquez tellement…» Je fermai les yeux en soupirant, une larme coulant sur ma joue. Ce n’était pas grand chose, mais ça me faisait tellement du bien. Le vent souffla contre mon visage, l'air naturel me fit du bien pendant quelques instants.La dernière fois que j'étais venue au cimetière, c'était avec Noheyla et notre famille d'accueil, quand on était encore jeune. C'était un mauvais souvenir. Être observé de loin quand on tentait de se confier, c'était très perturbant. «Merde.» Une ligne de sang apparu sur ma main lorsque j'enlevai ma main de sur la pierre tombale. Fallait vraiment pas être douée pour se couper avec de la pierre, bordel.

J’allais rarement au cimetière. Je détestais cet endroit, c’était pas plus compliqué que ça. Les gens qui y venaient étaient tous tristes, ou tentaient de se faire peur mutuellement. Sérieusement, y’a pas plus gamins comme jeux que ça. Pleurer n’était pas dans mon habitude non plus. Tout se déroulait si mal depuis que j’étais revenue d’Angleterre. Noheyla m’écoutait en parler, mais ça me prenait quelque chose d’autre, quelqu’un d’autre à qui en parler. Avant, ça aurait été Isaac… mais la situation ne s’était pas encore arrangée entre nous. Toujours agenouillée devant la pierre tombale de mes parents, je soupirai, observant la ligne de sang couler le long de mon poignet. Vraiment, wow. Je me tassai légèrement vers la droite, attrapant une feuille. On devait bien se soigner avec les moyens qu’on avait. Je passai la feuille sur ma coupure, essuyant le sang. Au même moment, j’entendis des pas non loin de moi, quelqu’un qui semblait s’approcher même. Je reniflai un peu, perturbée par les larmes que j’avais versé et que je versais encore. Je détestais me faire voir dans cet état. Je tournai légèrement la tête pour voir qui était là, à m’observer ainsi. Une fille de mon âge, naturellement. Je me levai assez rapidement de ma position, essuyant mes jeans au passage avec mes mains. On lui avait jamais appris qu’observer les gens comme ça, c’était mal ? Je croisai les bras sous ma poitrine, la dévisageant. «C’est quoi ton problème ? Pourquoi tu m’observe comme ça ?» Je n’étais pas spécialement furieuse, mais sincèrement, je détestais ça. Me faire observer comme ça, juger, c’était plus que déplaisant. Déjà que je détestais venir ici, bordel.