J’avais toujours pensé qu’un bal était le lieu parfait où aller seul pour rencontrer des gens – des femmes en particulier. Il y avait aussi de grandes chances pour que je tombe sur une personne que je connaissais déjà et que je passe une excellente soirée en sa compagnie. De toute façon, je n’aimais pas y aller accompagné, ça n’avait aucun intérêt de savoir avec qui on allait passer et finir la soirée. La surprise était toujours meilleure. Alors, vêtu d’un costume basique, j’étais venu au gymnase en comptant bien m’amuser ce soir. Il y avait déjà pas mal de monde à l’intérieur, des têtes connues comme des gens que je ne connaissais pas. Je commençais par aller prendre un verre sur le buffet installé pour l’occasion et je le bus en regardant la piste de danse. Une silhouette que je connaissais bien attira mon attention. Isaiah. Je ne l’avais pas revue depuis cette soirée sur la plage. J’ignorais ce qui allait se passer avec elle, c’était la partenaire parfaite pour la soirée. Elle dansait seule, parfois avec des hommes à ses côtés, ça se voyait qu’elle était venue seule. De toute façon, elle était comme moi, pas du genre à venir accompagnée. J’entre sur la piste de danse et je me dirige doucement vers elle, finissant par arriver dans son dos. « Tiens donc, tu es plus habillée ce soir… » Murmurais-je à son oreille. Je souris, connaissant maintenant assez bien ce qui se cachait sous cette robe. Mais ce n’était pas parce que je l’avais vue presque nue que le jeu était terminé. « Tu me garde une danse si je ne trouve personne d’autre ? » Je savais bien que cette phrase allait piquer son égo mais je ne lui laissais pas vraiment le temps de réagir que je me séparais d’elle pour trouver une autre cavalière. Je trouvais rapidement une petite blonde qui semblait parfaite, elle ne perdit pas son temps pour se coller contre moi. S’il n’y avait pas eu Isaiah à côté, elle m’aurait sûrement convenue pour la soirée. Mais la facilité ne me plaisait pas ce soir. Je tenais à m’amuser, pas à avoir une femme aussi facilement. J’entamais pourtant une danse en accord avec la blonde, venant murmurer des compliments à son oreille de temps en temps. Je la retournais à un moment pour regarder Isaiah du coin de l’œil. Ça semblait très bien marcher vu le regard qu’elle me lançait. Je lui souris, fier de mon coup, attendant avec impatience le retour. Avec elle, je devais toujours m’attendre au pire, je le savais.

« Va te faire voir. On est pas mariés, tu peux danser avec qui tu veux. » C’était tellement facile de la faire s’énerver, c’en était presque amusant. Je la quittais rapidement pour aller danser avec une blonde, le contraire même d’Isaiah. Je savais parfaitement que ça allait l’énerver. De toute façon, ça aurait été le cas avec n’importe quelle fille. Même s’il ne s’était jamais rien passé entre nous, il y avait cette espèce de pacte qui nous faisait pousser le jeu toujours plus loin. Résister aussi longtemps que possible pour que ce soit encore meilleur au moment venu. Sans ma résistance envers elle dès le début, on ne se serait sûrement pas revus après avoir couché ensemble. Quel gâchis ça aurait été ! Je me serais sûrement bien ennuyé sans ce jeu entre nous ce soir. La blonde ne semblait pas gênée de danser aussi collée à moi, loin de là. Ses mains s’attardaient sur mon corps et je faisais de même. Je sentais qu’elle était déjà excitée par ce contact, trop facile. Ça faisait longtemps qu’un homme ne l’avait pas touchée ou quoi ? Qu’importe, je ne comptais pas aller jusqu’au bout avec elle. Pourtant, je lui disais des choses à l’oreille, sensuellement mais en regardant Isa discrètement. Enfin, discrètement pour la blonde. Isa voyait bien que je la regardais vu les regards noirs qu’elle m’envoyait. Je la regardais aller reprendre un verre. Avait-elle donc tant besoin que ça de boire pour supporter de me voir avec une autre femme ? Je souris, sachant parfaitement que je la rendais jalouse, qu’être à la place de la blonde lui aurait bien plu. Mais je savais aussi que ce serait trop facile si elle venait juste nous interrompre. Ce n’était pas son genre de céder comme ça. Surtout qu’après notre dernière rencontre, plus aucun de nous deux n’était le gagnant. C’était ce soir qui allait remettre les choses en place. Elle revint sur la piste de danse, pas loin de nous mais ce fut un autre homme qu’elle alla voir. La blonde collée à moi ne voyait même pas qu’au lieu de la regarder, je fixais avec mépris la danse collée serrée d’Isaiah et de son nouveau cavalier. Pour un peu, ils auraient baisé sur place. Merde, ça ne devrait pas m’énerver autant. Pourtant, je continue à danser avec la demoiselle sans vraiment y faire attention. A un moment, Isa passe ses bras autour du cou de l’homme et sa main se replie pour me faire un joli doigt d’honneur. Je dis à la blonde que j’ai un truc à faire et je me détache d’elle pour aller voir le couple. J’attrape le bras d’Isa avec un air de victoire sur le visage. « Merde, chérie, je te pensais pas si bourrée. Je pars trente secondes et tu me confonds déjà avec un autre ? » Je souris et l’autre lâche enfin Isaiah. Il part sans attendre et je souris à la brune. « Sérieusement ? Le seul mec que tu trouves, c’est moi en moins bien ? Je ne pensais pas que tu étais autant accro. » Ça a beau être moi qui ai fait le jaloux en premier, je retourne la situation à mon avantage. Elle a beau avoir gagné ce coup-ci, ce n’est pas fini du tout. Fier d’avoir fait fuir cet homme, je retourne au buffet prendre une coupe de champagne et un peu à manger. Là-bas, je trouve une autre femme à draguer. Je discute avec elle en prenant des petits fours et je la touche doucement. Elle rit et moi aussi. Je sais qu’Isaiah nous regarde même sans me retourner. Je trinque avec la nouvelle venue, une jeune femme châtain qui semble romantique et naïve. Je sais parfaitement que, tant que je ne regarde pas Isa, elle ne fera rien pour me rendre jaloux. Gagner, perdre, tout est relatif quand on sait qu’on va finir par céder et gagner tous les deux. Mais je connais sa fierté, elle connaît la mienne, tout est à propos de qui gagnera.

Je n’allais quand même pas lui faire le plaisir de la laisser gagner. Depuis le début de nos rapports, j’étais le gagnant, ça n’allait quand même pas changer maintenant. Je détestais perdre et c’était évident qu’elle aussi. En tout cas, elle ne semblait plus vouloir perdre maintenant, plus depuis cette soirée à la plage. Peut-être que j’avais été un peu trop loin cette fois-ci. Ça faisait bizarre de ne plus la voir me courir après. Enfin, qu’on doive chacun se battre avait son charme aussi, ça rajoutait de la difficulté. Je savais qu’elle devait être en train de faire quelque chose de pire mais je ne regardais pas, trop occupée par ma nouvelle compagne. Elle n’était pas blonde, peut-être que ça énerverait moins Isa, bien que j’en doutais. Une fois que j’eus finis de parler avec la jeune femme, je lui proposais de venir danser avec moi, ce qu’elle accepta avec plaisir. Je n’eus même pas besoin de faire les premiers mouvements qu’elle commença à danser sensuellement contre moi. Elle danse même bien mieux que la blonde d’avant. Je me déhanche contre elle jusqu’à me retrouver collé contre elle. J’aime les femmes entreprenantes. Elle sait que je suis intéressé et me montre bien qu’elle aussi. Mes mains parcourent son corps et je ne cesse pas de la regarder. Je sais que si Isa nous regarde et qu’elle voit que je n’ai même pas un regard pour elle, elle va s’énerver encore plus et ça me donne envie de pousser le vice encore plus loin. Je viens embrasser le cou de la demoiselle tout en relevant les yeux vers Isa d’un air de défi. Je sais bien qu’elle m’a vue. J’embrasse ma compagne sur le menton avant de finalement l’embrasser vraiment. Elle répond en m’embrassant encore plus et je souris intérieurement. Je sais qu’Isa est toujours avec son cavalier et ça me met en colère mais je fais de mon mieux pour lui faire la même chose. En plus, ma nouvelle cavalière est bien plus entreprenante que l’autre blonde d’avant. Je sens ses doigts descendre sur mon torse vers une destination bien connue. En voilà une qui ne perd pas de temps, tant pis pour Isaiah. Mes doigts ne se privent pas sur son corps bien proportionné alors que je regarde encore vers Isaiah. Toujours avec ce con. Mais je m’en fiche, c’est à elle de réagir maintenant, je ne vais pas céder de sitôt. Je replonge rapidement mon regard dans celui de ma cavalière.

Plus le temps passait, plus nous poussions le vice jusqu’à ses limites. Il n’y aurait pas de retour en arrière possible, aucun de nous deux ne pouvait abandonner désormais, c’était trop tard. Mais sans nous en rendre compte, nous y prenions un plaisir malsain. Se rendre jaloux, pousser l’autre à ses limites était incroyablement excitant. Et si pour rendre Isa jalouse, je devais aller m’amuser avec une autre femme, c’était encore plus amusant. Cette femme n’était qu’une marionnette, un passage dont je ne connaissais même pas le nom. Tout comme cet homme qui était avec Isaiah. Ils étaient des pions du jeu et la récompense ne serait pas pour eux. J’étais fatigué de ne pas avoir Isa, jamais je n’avais désiré une femme autant. Mais ce n’était pas comme ça que ça marchait. Je devais résister, tenir bon jusqu’à ce qu’elle ne tienne plus. Je savais qu’elle me voulait aussi, depuis longtemps. Mais la connaissant, elle serait capable de me repousser si je cède trop facilement, trop heureuse d’avoir réussi à renverser les rôles. Alors que je m’apprêtais à embrasser à nouveau ma cavalière, je la sentis s’éloigner de moi et je découvrais Isaiah. Furieuse vu le regard qu’elle me lance. Elle m’attrape et m’attire un peu à l’écart des danseurs. « Tu peux me dire à quoi tu joues ? Jouer sur le même terrain que moi, j'appelle ça tricher Seth. » La voilà, Isaiah qui craque. « J’appelle pas ça tricher s’il n’y aucune règle du jeu Hepburn. » De toute façon, je n’avais pas trouvé meilleure façon de la faire craquer que de la rendre jalouse comme elle l’avait fait avec moi. « Et puis, tu peux me dire ce que tu lui trouves à cette fille ? Elle a un beau parechoc ? Elle a ses fesses inscrite à l'open bar du coin ? Et ne dis pas que je suis jalouse parce que toi t'es pas mal aussi dans ton genre. Merde, tu me saoules Seth ! » Je me demandais quel sort elle aurait réservé à ma cavalière si elle avait pu la tuer. Je devais avouer que j’aurais bien tué son compagnon plus d’une fois dans la soirée. Aucun pour rattraper l’autre. « Tu veux peut-être que je te paye une chambre à l'hôtel pour finir ce que t'a commencé avec elle ? Un peu plus et tu l'a violais sur la piste de danse !! » Une fois la machine enclenchée, Isaiah ne semblait plus vouloir s’arrêter. Et la voir aussi furieuse la rendait encore plus irrésistible. « Ne crie surtout pas victoire trop vite. T'es loin d'avoir gagné. » La fierté, toujours cette fierté qui nous tue. Même après m’avoir fait une scène, elle ne peut pas s’empêcher d’ajouter ça. « Tu crois vraiment qu’un de nous deux gagnera un jour ? Plus on va loin, plus il y a de chances qu’aucun de nous ne gagne. » Ce jeu entre nous perdait son sens, s’il en avait déjà eu un. « D’ailleurs, tu sais ce que veut dire gagner dans notre jeu ? » Elle était proche de moi, je pouvais sentir son souffle sur mes lèvres et j’avais du mal à me concentrer. « Je ne connais qu’un seul moyen pour qu’on gagne tous les deux. » Sans plus attendre, je posais mes lèvres contre les siennes. Aucune douceur dans ce baiser, juste la passion accumulée entre nous. Je la voulais, elle me voulait, pourquoi attendre plus ?

« On joue avec mes propres règles Cartwright, c’est moi qui mène la danse. » Ses règles ? Si elle voulait que le jeu suive ses règles, elle aurait dû les définir clairement. Et même si elle l’avait fait, notre jeu ne respectait aucune règle, c’était justement pour ça qu’il n’avait aucune limite. Elle semblait seulement vouloir se persuader qu’elle n’avait pas totalement perdu. Ou plus précisément que j’avais gagné en trichant. La vérité, c’était que notre jeu n’avait pas de fin. A moins qu’on le décide de nous-même. Mais la fierté, toujours la fierté. Celui qui déclarerait le jeu comme terminé aurait définitivement perdu. La seule façon de trouver un compromis était de craquer en même temps. « C’était notre deal ça. Tu l’as accepté avec moi je te rappelle ! » Je ne pensais pas en commençant à jouer avec elle il y a déjà un moment que ça finirait comme ça, qu’on en arriverait si loin. Je ne pensais tout simplement pas être capable de résister à une fille pareille si longtemps. Le pire, c’est que si elle avait vraiment tenté quelque chose au lieu de toujours m’attendre, ça aurait été bien plus simple. Elle me laissait toujours le choix, à croire qu’elle ne voulait pas me forcer à la désirer. La fierté de ne pas être celle qui fait le premier pas alors qu’elle avait fait tous les efforts avant ça. Je finis par céder et l’embrasser. J’en avais marre de cette barrière imaginaire entre nous, de cette tension jamais détruite par un simple contact. Je ne l’avais encore jamais embrassée et jamais je n’avais embrassé une femme ainsi pour le premier baiser. Il n’était pas question de douceur, nous savions tous deux à quel point nous étions pressés. Elle ne mit pas longtemps à répondre encore plus passionnément à notre baiser. Je me retrouvais contre le mur, sentant son envie autant que la mienne. On aurait sûrement cru deux personnes en manque de sexe tellement nous nous sautions l’un sur l’autre. C’était ça en quelques sortes. J’étais en manque de son corps, de ses lèvres alors que nous n’avions encore rien fait. Je prolongeais le baiser le plus longtemps possible, jusqu’à ce qu’aucun de nous deux n’ait plus de souffle. « Ne me fais absolument pas regretter ça. » dit-elle avant de m’embrasser à nouveau. Pensait-elle vraiment regretter ce qu’elle voulait depuis si longtemps ? Je ne répondis même pas, passant mes mains sur son corps et dans ses cheveux sans cesser de l’embrasser. Ça n’avait rien à voir avec ce que nous avions pu connaître dans la soirée ou même avant ça, c’était unique. Je mis un moment à me souvenir que nous étions encore en public. Je tournais la tête et j’aperçus une porte. Je ne savais pas où elle donnait, ni s’il y aurait des gens derrière mais j’entraînais Isa vers la porte sans cesser de l’embrasser. La porte s’ouvrit sans problème sur une espèce de réserve vide et sombre. Je ne pris pas la peine de deviner ce qu’était cette pièce, je plaquais Isaiah sur la porte à peine refermée et je l’embrassais toujours plus. Pas le temps de chercher la fermeture de sa robe, je l’attrape par les bretelles et je la déchire sans remords. Je la veux, je ne veux pas attendre. Mes mains parcourent son corps déjà presque nu alors que je la déplace sur une table. Elle est à moi ce soir et je ne compte pas la laisser partir. Maintenant que le jeu est terminé, place à la récompense tant attendue.