Il est tard, il fait nuit et j'ai froid. En fait, c'est même pas vrai. Je me les gèle. J'essaie de rester calme et de pas flipper quand je pense que je suis tout seul sur cette foutue route, et que je vais passer la plupart de la nuit à marcher, probablement mourir de froid dans un ravin. Je déteste ce foutu hiver. A vrai dire, il fait tellement noir que je ne sais pas où je suis. J'ai dû mal à suivre la ligne blanche du regard pour ne pas me retrouver au milieu de la route et me faire buter par un camion, j'ai aussi dû mal à ne pas paniquer en pensant que, perdu au milieu de la forêt, un animal pourrait bien surgir de nul part et faire de moi son dîner. N'importe quel psychopathe pourrait se cacher dans cette forêt aussi, mais n'allons pas sur cette piste, je risquerai de ne jamais en sortir vivant. Je ne sais même plus depuis combien de temps je suis là. Tout ce que j'espère, c'est que je ne suis pas dans le mauvais sens. Ca m'apprendra à ne pas conduire, t'aurais certainement dû passer ton permis à la place d'aller te marier à Las Vegas, connard. Je soupire et continue la route, je ne me soucie même pas de ne croiser aucune voiture. On est pourtant bien sur une route, pas vrai ? Et si on part de la logique que sur la route, il y a des voitures (logie implacable, je sais), on devrait pouvoir trouver quelqu'un que la nuit tombe seulement ou que le soleil se lève dans deux heures. Je pense à tout ce que je vais bien pouvoir faire en rentrant. Priorité : manger. Seconde priorité : prendre un bain et très certainement mourir de plaisir dans l'eau bouillante. Ou au moins m'endormir, parce que mes jambes commencent à s'alourdir. J'ai faim, j'ai froid, j'ai peur, j'ai sommeil. Je suis un véritable bébé. J'ai bien envie d'aller me soulager aussi, mais hors de question que je m'arrête et que j'entre dans la forêt effrayante pour pisser derrière un arbre, je pourrais très bien ne plus jamais en ressortir. Je soupire et continue à me lamenter, je ne m'arrête jamais de marcher, quand j'entends des bribes de voix quelque part devant, une voix qui se fait de plus en plus forte. Dieu merci je ne suis plus tout seul, j'ai envie de sauter de joie, de porter sur mon dos quelle que soit cette personne et de la ramener à Montsimpa, j'ai bien envie d'embrasser le sol, de plonger dans une poubelle, de me mettre à poil et courir, et pourtant je me contente de demander. « Il y a quelqu'un ? Youhou, je suis là ! »

Quelle idée elle a eu de faire du stop à une heure pareille ? Bretzel est folle et totalement inconsciente ! Lorsqu’elle veut voyager, soit elle prend le train ou alors elle fait du stop, ayant loupée à quatre reprises son permis, autant dire qu’il ne faut pas la laisser conduire une voiture, un vélo passe encore, c’est l’un de ses principaux moyen de transport, mais un volant entre ses mains et vous finirez à l’hôpital, ça c’est sur ! Elle ne se rend pas compte à quel point c’est dangereux de faire du stop sur une route, qui à l’air assez sinistre, en plus la nuit, si elle savait toutes les choses qui arrivent aux demoiselles comme elles, sans doute qu’elle y réfléchirait à deux fois avant de s’engager. Heureusement que ce n’est pas la pleine lune et qu’il n’y a pas de cimetière dans le coin, sinon on aurait le droit à un remake d’un tour sur le bolid’, livre de Stephen King. La demoiselle tend le pouce tout en continuant à marcher, peut être arriverait-elle à destination à pied ? Au bout de plusieurs minutes, se disant qu’elle est peut être seule, elle commence à chanter le premier truc qui lui passe par la tête « She's crazy like a fool what about it daddy cool I'm crazy like a fool what about it daddy cool » oui c’est ça qui lui vient en premier à l’esprit, peut être parce qu’elle l’a entendue ce matin en se réveillant à la télé ou alors parce qu’elle revient de chez son oncle ? En tout cas c’est ça qui lui arrivé en premier à l’esprit. Elle improvise même une petite chorégraphie digne des meilleurs danseurs de disco. Mais subitement, elle s’interrompt, elle a entendu un bruit, ou une voix, elle ne sait pas. Bretzel est peut être comme Jeanne D’Arc, sait-on jamais ? Peut être qu’elle aussi entend des voix, espérons juste qu’elles ne lui disent pas de bouter les anglais hors de France. Elle entend ensuite très clairement « Il y a quelqu'un ? Youhou, je suis là ! » c’est un homme, enfin, elle imagine vu sa voix. La première partie de sa phrase est tout à fait logique et normal, mais la seconde partie laisse un peu à désirer. Il est là ? Oui mais où, c’est très intéressant, Bretzel aussi est là, pourtant elle n’est pas au même endroit que lui. « oui ! T’es où ? J’te vois pas ! » ce qui est tout à fait normal vu qu’il fait nuit, Bretzel n’étant pas nyctalope, enfin elle ne le sait pas puisqu’elle ne connaît pas le sens du mot, bref. Elle ne voit pas dans la nuit, c’est normal après tout !

Ma question résonne encore dans le silence de la nuit glaciale. Je n'ai pourtant pas rêvé ? Je veux dire, une voix comme ça, ça s'invente pas... Surtout quand elle est en train de chanter. Je continue quelques pas sur le bord de la route, il fait tellement noir que je pourrais marcher en plein milieu s'en m'en rendre compte. Où sont les fameuses lignes blanches ? Après tout, peut-être bien que je suis tout seul. Mais je ne perds pas espoir, ou alors peut-être que je m'ennuie trop, parce que je continue à brailler sans arrêt. « Hé ho ? Allo la Terre, ici la Lune ! » C'est pas ça, la fameuse expression ? Je relance la question de temps à autre, je continue à marcher. Quand soudain, comme par magie, une réponse. « oui ! T’es où ? J’te vois pas ! » Qui que ce soit, elle ne me paraît pas si loin que ça. Pourquoi ne l'ais-je pas entendu plus tôt ? Non, en fait, je l'ai entendu plus tôt. La vraie question est, et ELLE ? Pourquoi elle ne me répond que maintenant ? Je change de côté, enfin je pense, c'est comme marcher les yeux fermés ici, je marche assez rapidement mais pas trop non plus, je ne voudrais pas heurter un lapin, me ramasser comme un merde ou me faire percuter par une voiture. Et puis soudain je heurte quelque chose, assez violemment pour sentir la silhouette se détacher de quelques pas sous le choc, pas trop quand même, puisque aucun des deux ne semble tomber. « Trouvée ! Merde, tu vas bien ? » Je tâte l'air à l'aide de mes mains, histoire de savoir où cette personne se trouve, enfin à quelle distance. Je ne sens rien. Pourquoi la Lune ne peut-elle pas faire son boulot, pour une fois qu'on en aurait besoin ? Et puis finalement, j'ai l'illumination divine. Je sors mon téléphone de la poche arrière de mon jean, et j'éclaire devant moi à tâtons, jusqu'à ce que je tombe sur une charmante tête blonde. « T'es là depuis longtemps ? » Oui, je tiens quand même mettre fin aux doutes quant à ma possible folie.

Désolée pour le retard, pour la qualité et pour la longueur Pour tout, quoi j'espère que ça t'ira quand même

Bretzel attendait dans le noir, elle regardait un peu partout comme si elle avait l’incroyable capacité de voir dans le noir. A ce moment elle avait un peu peur de voir qui elle allait rencontrer, elle préféra, par préventions, faire quelques étirements, histoire que si c’est un malade mental, elle puisse s’enfuir ou lui mettre un bon coup de pied. C’est sur qu’à la base la gymnastique, qu’elle pratique beaucoup, n’est pas réellement destiné à frapper quelqu’un ou à s’enfuir, surtout dans un milieu pareil, qui n’est absolument pas protégé. Alors qu’elle est complètement captivé par ce qu’elle est en train de faire, quelqu’un la heurte, elle ne tombe pas, mais ce n’en ai pas loin. Elle se recule de quelques pas, l’inconnu aussi. Encore un peu déboussolé, elle se met en position de combat, quelque secondes plus tard, une lumière s’allume et se pointe sur elle, la demoiselle se remet alors dans une position tout à fait normale, lorsqu’elle voit enfin à quoi ressemble le fameux jeune homme, d’après elle, il est tout à fait inoffensif. « bah j’suis là depuis…pas en fait j’en sais rien, assez longtemps j’idrais ! » dit Bret’ lorsque le jeune homme lui demanda depuis combien de temps elle était là. La demoiselle a une très mauvaise notion du temps, en général elle ne sait pas si ça fait cinq, quinze ou trente minutes qu’elle est là, surtout à une heure pareille, son cerveau travaille encore plus au ralenti que d’habitude

désolé pour le retard & la longueur