« Ezekiel. EZEKIEL ! ZEEEEEEEEEEEEEEEEK !! » « Hein ? » « Vieux, tu m'écoutes ? » « Ouais, ouais. » « Je tape un monologue depuis vingt minutes là, j'te parlais de quoi ? » « Ta meuf. Pour changer. » Corto - un pote en l'occurrence - il me regarde comme si je venais de tuer sa mère. Non pas que ses histoires de cul ne m'intéresse pas, j'suis toujours partant pour ça, mais c'est juste pas le moment du tout. Mon esprit était en train de vagabonder sur des conneries, j'y pouvais rien c'était comme ça. Des fois ça m'arrive, je pars en live total et je sais pas d'où ça me viens. Vous vous êtes déjà demandé quel était le plus beau jour de votre vie ? Je veux dire, celui dont vous n'oublierez jamais aucun détails, ce fameux jour ou vous auriez pu déplacer des montagnes tellement vous étiez heureux. Vous vous êtes déjà rappelé ce qui vous raccrochez à l'envie de vivre ? Que ce soit un ami, un amant, un parent, un mari ou une femme. Vous êtes vous déjà posez les bonnes questions. Pas celles avec lesquelles vous vous prenez la tête depuis votre plus tendre enfance, non, celles qui vous permettent d'avancer sans que vous ayez quoi que ce soit à vous reprocher. Celles qui vous permettent de vous remettre en question sans pour autant être à la limite du suicide. Le plus beau jour de votre vie, vous vous en rappellerez pour toujours, parce que théoriquement il y aura quelque chose qui vous aura beaucoup plus marqués que les précédents. Pour certains, c'est leur mariages, pour d'autre, leurs enfant. Personne n'a la même définition du bonheur, personne ne peut comprendre ce qui peut rendre heureux un inconnu et vice versa. Pourtant, nous sommes tous pareils. Nous ne sommes pas si différent. Et pour cause, nous avons les mêmes besoins, les mêmes caprices, les mêmes doutes. A des échelles et intervalles différent certes. Je partais du principe que nous n'étions jamais réellement heureux. Que quoi qu'il arrive il y avait toujours quelque chose qui n'allait pas, quelqu'un pour nous décevoir. Le vrai bonheur était simplement de se rendre compte un jour que nous avions tout ce que nous avions toujours voulus. Mais parfois, c'était une impasse. Il y avait toujours un moment ou nous en voulions plus. Nous n'étions jamais réellement satisfait de ce qu'on pouvait avoir accomplie, de ce que nous avions. Il fallait toujours dépasser ses limites, ses envies. Les limites fixés n'étaient jamais assez satisfaisante. L'être humain n'était jamais content. Mais rien n'est grave, rien n'est impossible, simplement, se regarder en face et admettre ses défauts, admettre qu'à un moment nous avions totalement merdé n'était pas une chose facile à faire. Alors on veut toujours être différent. Être unique est une idée toute faite pour essayer de se sortir du lot. Certains se tatouent, d'autre se transforme en véritable bimbo, d'autre encore veulent être à tout prix connu. Pouvoir être reconnu du monde entier, de ceux qui n'ont jamais crûs en eux. Simplement parfois il n'en faut pas autant pour se sentir différent des autres. Moi, j'sais pas quel est le plus beau jour de ma vie, je crois que pour l'instant j'en ai pas eu. C'est chaud, à vingt-sept ans de se dire qu'on a rien fait de sa vie, rien qui pourra nous marquer en tout les cas. Personnellement, j'ai toujours pas de copine "fixe", mon taff à rien d’extraordinaire - bien que je sois épanoui, ça je peux pas le nier -. En fait, je crois que j'ai pas envie de me poser, de prendre des responsabilités pour quelqu'un d'autre et surtout, partager mon lit plus d'une semaine. Ça, c'est pas possible. Mon train de vie est plutôt étrange, je fume - de tout -, je bois, je passe mon temps à dire des conneries. Je suis pas quelqu'un fait pour la vie à deux, les baisers dans le cou et les envies d'emménager ensemble. J'ai pas envie d'avoir de gosse et encore moins de devoir faire ma demande à genoux devant des clients d'un restaurant. Je préfère être seul, ça m'arrange, je peux faire autant de connerie que je veux et ma maison est rien qu'à moi. Ça, c'est bandant.

J'suis né au Texas, c'est super cool le Texas. C'est cool, c'est beau, c'est chaud. Quand on dit Texas on pense de suite aux cow-boys qui essayent d'attraper un veau pour le marquer au fer rouge. Par contre si vous dites ce mot magique à une adolescente pré-pubère vous aurez les tympans vrillés par ses hurlements. Ben quoi, les Jonas Brothers viennent du pays, c'est la classe, c'est la vie. Non ? Bon d'accord, peut être que j'enjolive un peu la situation. Je suis donc né au pays de la vache et du blue jean un certain quatre mars mille neuf cent quatre vingt cinq. Niveau naissance, je ne saurais pas trop quoi vous raconter, ma mère n'a jamais été très expansive sur le sujet. Mais je suis là, ça devrait vous suffire. En attendant, je ne peux pas dire que ma jeunesse est été difficile bien au contraire, mes parents faisaient partie de ceux qui ne se prenaient pas la tête pour un rien. J'étais un gosse plutôt turbulent, j'étais un mec en gros, je cherchais toujours à faire pire. A faire mal aussi. Ma passion ? Casser les gueule des abrutis. En fait, ça m'a pris tout petit, oui je suis névrosé et oui je l'assume complètement. Sur mon enfance il n'y a pas grand chose de bandant à raconter, pour la simple et bonne raison que je ne me rappelle pas de grand chose. Ça ne devait pas être fameux de tout façon. Ah si, au fait, j'ai une sœur. Pas de chance, mais elle aussi elle est là. Camryn, Cam. Ma sœur. Elle a débarquée comme ça, je dois dire que ça je ne m'y attendais pas. A cinq ans, on s'attend plus à avoir un putain de vélo qu'une frangine. Je ne savais pas du tout comment ça allait se passer, c'était une nouvelle qui m'avait un peu secoué. Quoi, moi j'aimais être le seul gosse sur-aimé par ses parents et ça me suffisait largement. Mais non, Camryn à débarquée dans notre vie et pour le coup j'ai dû me fader un bébé qui pleurait toute la nuit dans ma chambre. Non, ce n'était vraiment pas cool, ça m'a même bien vite soulé. Si j'avais su comment elle allait m'en faire baver, je pense que je l'aurais étouffée dans son sommeil. Toujours est-il que ce n'était pas elle qui allait m'empêcher de continuer mes bêtises, je n'avais pas tout de suite pris conscience de la valeur de cette crevette. Pour moi, c'était un bébé, basta, rien de plus. Je n'avais pas encore l'âme pourfendeur de mecs qui s'approcheraient d'elle. Remarquez, si déjà à cinq ans un garçon ressent ça, vous pouvez l'envoyer chez un psy. Alors notre vie à continuée et Cam était la petite princesse. Elle savait toujours se faire entendre et surtout elle savait ce qu'elle voulait, manque de pot, je gueulais plus fort qu'elle. C'était funky tout ça. A neuf ans, on a déménagé à Riverside, autant dire que je n'étais vraiment pas super opé pour toute cette connerie mais suivre notre père n'était pas une option, c'était plus une obligation. Je n'étais plus le même, je n'aimais pas la Californie, tout ça me faisais royalement chier mais je n'avais pas mon mot à dire, je suivais docilement la famille. A l'époque, ma soeur était toujours fourrée dans mes basques, ça ne me posais pas vraiment de problème, au moins, je pouvais garder un oeil sur elle. Plus les années passaient et plus j'essayais de me faire à l'idée que le Texas c'était bel et bien fini. Mais je devais avouer que je m'en foutais, de tout. Les cours passaient comme des journées interminables au fond d'une grotte et j'en avais plus que marre de devoir me fader les sautes d'humeur improbable de mes parents. Je vieillissais, et je faisais clairement de la merde. J'enchainais tout, que ce soit les copines, les soirées, l'alcool, la drogue. J'essayais de rester à la hauteur pour ne pas faire honte à mon père mais le lycée était vraiment devenu le cadet de mes soucis. Cam était de plus en plus souvent avec moi, mes potes, tout ça. Elle préférait, qu'elle disait. J'étais tellement centré sur moi même que je n'avais même pas remarqué que j'avais tout bonnement fait office d'agence matrimoniale. J'avais décidé de partir, pour essayer de faire des études à peu près correctes quand j'appris qu'un de mes potes avait jeté le grappin sur ma soeur. Ô joie. Fallait forcément que ça arrive quand je décidais de prendre mon envol. A l'époque, ça ne m'avait pas parus être une mauvaise chose, je connaissais Kyle et il savait qu'il allait finir entre quatre planches si il faisait du mal à ma frangine. Du moins, c'est ce que je pensais, alors je me suis barré. J'avais besoin d'air et d'espace, j'avais surtout besoin d'être seul pour essayer - vainement - de changer un minimum qui j'étais. Sauf que, lorsque votre soeur ne vous parle plus que trois fois tout les deux mois et que vos parents se disent inquiets, vous ne savez pas trop quoi penser. Je n'avais pas bouger le petit doigt, elle était assez grande pour se démerder tout seule, à vrai dire, je n'avais pas saisi l’ampleur de la situation. Mais l'appel de votre mère, en pleure, à trois heures du mat', qui vous dit que votre adorable frangine n'a plus donné signe de vie depuis elle ne sait quand elle qu'elle commence vraiment à partir en live, ça vous fout mal. Alors j'ai pétais un plombs, je sais plus trop en combien de temps je suis arrivé à LA, mais je sais que j'y suis bien vite arrivé. Je ne savais pas ce que j'allais faire à Cam mais je savais que si je croisais Kyle, ça allait vraiment mal se terminer. J'avais démarré au quart de tour. Clairement. Et le fait qu'elle ne m'écoute pas m'avait rendu fou. Je me souviens avoir gueulé, comme jamais j'avais pu gueuler contre quelqu'un. Mais là, fallait qu'elle se réveille, qu'elle arrête ses putains de conneries et qu'elle se prenne en main. Je m'étais retenu de ne pas lui en avoir coller une pour lui remettre les idées en place, je voulais éviter le drame familiale. Ou alors j'étais conscient que j'allais pouvoir réellement la tuer, je ne savais pas trop. Toujours est-il que le fait de me voir aussi hors de moi avait porté ses fruits. Bon, déjà je m'étais retrouvé avec sa morve sur mon pull, classe. Cela dit, j'aurais préféré ça, plutôt que de la retrouvée morte d'une overdose je sais pas ou à cause de son gros connard de copain. En tout les cas, j'étais fier de moi, parce que cette gosse, c'était vraiment un cas. Mais c'était ma frangine, j'étais en quelque sorte obligé de l'aimer, alors je l'aimais.

Après cet incident, inutile de dire qu'elle est vite rentrée dans les rangs. Elle avait pas vraiment le choix sinon je savais que j'allais lui exploser la tronche. Rien à faire que ce soit ma soeur, si elle commençait à se gâcher la vie ça allait vraiment mal ce passer. J'étais pas vraiment patient, pas après ça, pas après la peur qu'elle a pu me faire. De mon côté j'étais reparti d'où je venais, j'avais pas spécialement le choix et dieu savait a quel point je me faisais chier. J'avais commencé des études en informatique. Sans déconner, j'avais la gueule d'être informaticien ? Pour tout dire, j'avais envoyé balader tout ça dés par la suite. La raison officielle ? J'en avais ras les bottes, la raison officieuse, il fallait que je garde un oeil sur Cam. Parce qu'il n'y avait pas moyen qu'elle retombe dans ses vieux démons. J'étais tout de même resté à Corona. J'avais une gonzesse à l'époque alors du coup je m'étais dit que je devais tenter le coup avec elle, voir si ça passait bien. Mais je m'étais planté, non je n'étais pas fait du tout pour la vie à deux et tout commençait clairement à me prendre la tête. Je devenais de plus en plus je m'en foutiste et ça craignait. Alors j'ai enchainé les petits boulots, pour faire quelque chose de mes journées et éviter de glander comme un porc. Jusqu'au jour ou j'eus un besoin maladif de partir, j'avais besoin de bouger, comme d'habitude. Plus rien ne me retenait à Corona et fallait vraiment que je vois autre chose, je savais pas trop ou aller, je savais pas trop quoi faire de ma vie mais je m'en sortais toujours alors je ne me faisais aucun soucis. Comme toute les fois ou je quittais ma ville c'était pour repartir à zéro et là je sais pas Montsimpa m'a limite fait bander. En gros, j'débarque, je sais pas trop ou je suis ni ou je vais mais ça va être folklo.