J'avais pas pris de temps pour moi, depuis un long moment. J'aimais bien passer le plus clair de mon temps à potasser des livres, des sites internet pour trouver toujours plus d'activités pour les enfants. J'aimais mon job depuis la toute première fois que j'avais commencé, mais j'avoue que parfois cela me faisait du bien de sortir de ce monde. Je prenais les clés de ma voiture, mon baladeur, mon téléphone et ma serviette de plage, direction la plage de Montsimpa. Il faisait beau, il faisait chaud, c'était le meilleur moment pour aller prendre le temps de ne rien faire. Arrivée sur place, je remarquais assez de monde installés à leurs serviettes. Tellement de monde allongé à rien faire, tellement d'enfants qui se baignaient sous le regard attentif de leurs parents. Je les enviaient un peu, oui c'est clair. J'avais beau être assez jeune, je me sentais prête à avoir un enfant, prête à assumer ce rôle là. Seulement, personne ne voulait de moi pour le moment. Après m'être installée confortablement sur ma serviette, et les pieds sur le sable chaud, je regardais aux alentours si je ne pourrais pas trouver quelqu'un avec qui sympathiser. Mon regard se porta sur un homme, de dos évidemment. Il avait l'air intéressé par une jeune femme, ou par deux. Je me levais et allais me poster à ses côtés. Il avait l'air perdu, je ne voulais pas le déranger, mais ça me démangeait. J'étais ce genre de fille, qui allait vers les gens sans avoir peur du retour. "Laquelle te plaît le plus ?" Je souriais, et attendait de voir sa tête et sa réponse. De face, c'était un bel homme, mais je ne me voyais vraiment pas avec lui. Et puis pourquoi pas se faire un ami, ça me ferais le plus grand bien.

Une fois à ses côtés, je me rends compte que peut être je suis allée trop loin. Mais bon si on ne provoque pas les rencontres, on reste seul toute sa vie. Je le regarde, et je sens dans son regard qu'il est déconcerté, mais il me rassure quelques secondes plus tard en souriant. Je n'en demandé pas tant, mais à vrai dire j'adore son sourire. Il se retourne une nouvelle fois vers les filles qu'il regardaient un instant auparavant, et ris légèrement. Mon sourire s'élargit quand j'entends sa réponse. Aucune ne lui plaît, cela tombe bien car la communication sera plus intéressante. Oui je n'aime pas parler des autres filles, et même si je l'ai accosté à la base pour savoir si une lui plaisait, j'espérais au fond qu'il s'intéresserait plus pour moi. "Ça tombe bien, on va pouvoir apprendre à se connaître. Moi c'est Quinn, et désolée d'être si directe." Je n'étais pas du genre timide qui reste dans son coin à vivre rien que pour elle. Travailler avec les enfants avaient accentué ma sociabilité. J'aimais prendre le temps de rencontrer des gens, et c'est toujours dans des endroits où je ne connais personne que je me fais des nouveaux "amis". On peut pas dire que je suis la fille qu'on aime draguer, car c'est toujours moi qui fait le premier pas. Je détaille discrètement mon interlocuteur, et je trouve qu'en fait il n'est pas si mal que ça. Je m'attarde d'ailleurs sur ses yeux, qui sont si bleu que l'on pourrait les confondre avec l'eau de la mer.

J'attendais qu'il veuille bien me donner son nom, ou même qu'il accepte de discuter avec moi. Je n'étais vraiment pas une fille banale, je n'étais pas du genre à faire les choses comme les autres. Je fus inquiète au froncement de ses sourcils, mais je fus rassurée quand j'entendis sa phrase. Je lui souriais, et je pensais que j'allais passer un bon moment en sa compagnie. Je regardait rapidement autour de nous, et je remarquais que certaines demoiselles nous regardaient avec un air de jalousie ou d'envie. J'étais fière de moi, fière d'avoir fait le premier pas aujourd'hui, je n'allais pas le regretter pour une fois. "Si tu savais comme je déteste les gens qui restent seuls. Je suis du genre à chercher quelqu'un avec qui sympathiser, et dès que je l'ai trouvé je fonce. Parfois sa me joue de mauvais tours, mais généralement je suis assez surprise de voir que les gens adorent ce comportement." En plus d'être une fille sociable, j'étais une fille qui parlait beaucoup, et beaucoup trop. Je n'avais toujours pas mis de nom sur son visage, quand seulement quelques secondes plus tard, j'entendis qu'il se présentait à son tour. Chuck, j'aimais bien ce prénom et puis il lui allait comme un gant. Parfois les gens ont des noms qui ne leur vont pas, mais parfois c'est différent et j'adore ça. "Ravie également."Oui j'étais seule, malheureusement pour moi si je pouvais dire ainsi. J'avais longtemps cherché une personne qui voudrait bien de moi, et accepterais mes envies. Seulement jusqu'à présent je n'étais tombé que sur des coureurs de jupons qui faisaient des caprices comme des enfants. Je n'étais plus une gamine, j'avais 23 ans merde. J'avais besoin de vivre, besoin de choisir la vie que je voulais."Tu présume bien, car effectivement je suis seule.." J'avais dit ça sur le ton de l'humour, mais au fond de moi je n'arrivais plus à rigoler de cette situation. Je cherchais surement trop.

Je savais que parfois je pourrais paraître trop entreprenante, mais le soucis c'est que j'aimais vivre comme cela. Et plus j'étais comme ça, c'est parce que j'avais appris à vivre ainsi. Mes parents m'avaient laissés assez autonome pour que je puisse faire les choses par moi même. Il trouvait ça plaisant, les gens comme moi. C'était peut être un bon début, qui sait. Plus la conversation avancée, plus je me sentais intéressée de rester à ses côtés. "Disons que la vie est plus intéressante comme cela. Et puis en général je fais de très bonnes rencontres." Je le voyais mettre sa main dans ses cheveux, et à vrai dire ce geste me rendit plus tendue qu'à l'ordinaire. Je me mordis rapidement la lèvre du bas, et me mit à penser à des choses auxquelles je ne devrais pas. Cette façon de mettre la main dans les cheveux me rendait nerveuse, pourquoi, seulement car elle me rappelait la première personne dont j'étais réellement tombée amoureuse. Les hommes qui avait cette façon d'agir me plaisait plus que tout, et j'avais peur de tomber sous le charme d'un homme qui ne serait pas intéressée par une fille comme moi. Le silence qui suivit me rendit moins à l'aise qu'à l'ordinaire, et je me devais de reprendre la conversation en main sinon ça allait tourner a l'ennui. Je l'entendis répondre au fait que j'étais seule sur la plage, et par définition seule dans la vie. Il avait l'air d'être venu seul, surement pour prendre le temps de respirer, comme moi quoi. Je lui souriais, et essayait de comprendre si ce n'était que pour la journée ou si dans sa vie il était vraiment seul. J'étais vraiment trop curieuse pour certains sujets, et parfois je me détestais car ça me jouait de mauvais tours. "Parfois, il vaux mieux être seul que mal accompagné, et puis ça t'auras permis de me rencontrer et inversement." Au moins, je ne m'étais pas rendue ridicule à aller vers un homme accompagné d'amis, ou d'une furie prête à sauter sur la première fille à accoster son homme.