Eliott Calvin, son patron, avait organisé une grande réception ce soir. Un diner mondain où tous les bourges de Montsimpa et Bridgeport étaient conviés. L'ambiance était merveilleuse, vous l'imaginez bien, Aspen en était plus que ravie. Devoir s'occuper de la bouffe, du ménage, des enfants, du service, sourire alors qu'on se fait profondément chier, bref un bonheur. Aspen n'aurait pas le droit de s'asseoir à la table des convives, elle était une employée et pas une invitée du même rang qu'eux. Bref, Aspen espérait que cette soirée passe aussi vite que l'éclair, elle n'avait en aucun cas envie d'accueillir tous ces gens dans cette énorme demeure mais elle n'était pas ici chez elle, elle n'avait pas le choix. Quoi qu'il en soit l'heure approchait à grand pas ; d'ici peu les premiers invités arrogants et friqués allaient faire leur apparition et sonner à la porte d'entrée. Aspen devrait alors aller leur ouvrir et leur montrer le chemin du salon pour y retrouver leur hôtes. A bien y réfléchir, son rôle ne se résumait plus à jeune fille au pair, elle était aussi majordome, taxi, femme de ménage. Comprenons nous que la jeune fille soit sans cesse épuisée. Merde, cela voulait dire qu'elle était exploitée, alors ? (...) Les invités étaient maintenant tous arrivés et installés. L'apéro avait été servi, Aspen veilla à ce que tous aient un verre dans la main puis laissa les invités en paix. Elle n'était pas là pour faire pot de fleur non plus. Les enfants étaient devant un dessin animé. Si tout allait bien ils ne s'étaient pas enfuis, et le petit dernier dormait à poings fermés à l'étage. Aspen se dirigea quatre à quatre jusqu'à la petite pièce où elle les avait installés. Merde, ils n'étaient plus là. Au moins ils ne foutaient pas le bordel dans le salon, c'était déjà ça. Des piles électriques ces mômes-là. La jolie blonde s'affaira à retrouver les mioches. Elle finit par les trouver dans la bibliothèque. Les garnements avaient attrapé un livre certainement au hasard parmi la précieuse collection de leur père, et le gribouillaient à coeur joie. Ce dernier allait faire une crise cardiaque s'il voyait ça. Putain, Aspen avait envie de les remettre en place. Elle leur arracha le livre des mains et leur cria dessus fermement. Ceux-ci se éclatèrent de rire avant de s'enfuir dans le couloir. Aspen allait se tuer. Elle n'avait pas le choix, elle dut les courser. En sortant, la belle faillit se heurter à un invité qui s'était égaré dans les parages. Aspen ne lui prêta tout d'abord aucune attention, pas le temps pour ça et puis, ce n'était pas une fille comme elle qui allait intéresser le genre d'invités présents dans cette foutue baraque. Mais l'invité en question lui adressa la parole alors elle prit une seconde pour tourner la tête vers lui. Elle put alors le détailler, brièvement. Jeune garçon, rouge aux joues, plutôt pas mal. « Ah okay merci. » Les riches n'étaient pas du genre à s'attarder sur les employés, so Aspen ne voulait pas le déranger. Elle le remercia d'un rapide hochement de tête puis continua son chemin pour rattraper les mômes. Ils étaient infernaux. « Et.. vous ne sauriez pas par hasard où sont les toilettes ? » Elle se retourna d'un coup brusque. « Ah ! Si bien sûr, c'est là. Voilà. » Elle lui sourit. Tandis que l'invité sans nom alla se soulager, Aspen fit quelques pas puis abandonna l'idée de courir après Shane et Aileen. Ils avaient trop de pêche pour elle. La blondinette se laissa glisser le long du mur avant d'enfouir sa tête entre ses mains. Dormir. Dormir. Dormir. Sauf qu'en réalité, lorsqu'elle avait du temps pour ça, elle sortait faire la fête. Ce cercle vicieux n'avait pas de fin. C'était à se flinguer. La demoiselle souffla un peu en marmonnant des jurons en slovaque qu'elle seule comprenait. Elle ne se rendit pas tout de suite compte que le garçon de tout à l'heure était sorti des toilettes et se retrouvait à nouveau dans le couloir, pas loin d'elle. Lorsqu'elle releva la tête, elle sursauta. « Ah, pardon, le salon c'est par là. » lui montra-t-elle d'un ton las en pointant vaguement la pièce du doigt, bras tendu et posé sur son genoux. Elle ne prit pas la peine de se relever, et espéra que le jeune homme n'aille pas cafter au patron que la jeune fille au pair pétait un cable par terre dans le couloir.