« Barres toi avant que je te bouffe. » Je venais de dire ça au mec qui partageait mon lit. Quoi ? Faut bien qu’il comprenne que ce n’est pas ‘the place to be’. Non c’est juste une partie de jambes en l’air et point barre. Je suis comme toutes les femmes, mon vagin a des besoins. Bon, certes, je devais admettre qu’il y avait mieux à dire que ‘casse toi ou j’casse la croûte’ sachant que personne ne sait que je suis une créature de la nuit. Pas du genre à la Twilght qui se transforme en boule à facettes à peine la lumière allumée. Déjà que je ne comprends pas pourquoi les vampires sont tous si dépressifs dans les films. Merde, nous sommes immortels, en plus on devient méga canons, on est au sommet de la chaîne alimentaire et on continuait de se faire chier. Bon d’accord, l’éternité c’est long, surtout quand t’es tout seul mais quand même. Je sortis du lit nue comme un vers avant d’aller m’habiller. Je devais aller me faire tatouer ce soir. Une envie soudaine. Comme si je n’en avais pas assez comme ça mais bon c’était ça ou bouffer quelqu’un. Peut-être que je pourrais bouffer le tatoueur ? Seulement s’il me rate parce que s’il est bon, je coucherai avec et après je le mangerai. J’enfile un pantalon en cuir noir, une tee-shirt et ma veste avant de foutre l’autre squatteur dehors à grands coups de pied dans le derrière. « Mais Marylin, je t’aime. » C’est bien, on est deux à m’aimer, ravie. Je monte dans ma voiture en le plantant là (oui je suis une salope et j’assume) avant de conduire jusqu’à un salon de tatouages pas trop mal. Coiffeur, dentiste, coiffeur. Y’a que ça dans cette putain de ville ? J’en trouve un et je me gare avant de sortir une clope. Je la fume patiemment accoudée à ma voiture en réfléchissant au prochain motif quand je vois un mec entrer. Je tique. Fausse alerte. J’écrase mon mégot avant d'entrer dans le salon miteux pour regarder les photos accrochées au mur. « C’est un artiste le mec, murmurais-je pour moi-même. » Je m’avance quand je sens quelqu’un derrière moi. Pas humain. Je saurais reconnaitre un vampire entre milles. Je me tourne donc à une vitesse hallucinante –non vampiresque – pour le plaquer contre le mur, tous crocs sortis. « Nom, prénom jeune homme ou j’te décapite ? Et j’te préviens, je ne suis pas patiente. » Je resserre mon emprise. Rien qu’un jeunot. J’éclate de rire avant de reprendre mon sérieux. « J’attends gamin. »

Je n’ai jamais été la plus sociable des vampires, bien au contraire. Je suis une de ces sauvages qui ne pense qu’au pouvoir et qu’au sang qu’elle pourra boire. Bien entendu, depuis l’arrivée du synthétique, je devais faire plus attention. Mais boire le sang de quelqu’un qui est hypnotisé, ce n’est pas drôle. Bref, je m’ennuyais. Je n’avais pas de travail, pas de passe-temps et surtout aucun petit ami potentiel ou durable. J’enchainais les aventures sans lendemain pour la simple et bonne raison que je ne voyais aucun intérêt à me lier de nouveau à un humain sans en subir les conséquences et comme il est absolument HORS DE QUESTION que j’en transforme un, la discussion mentale était donc close. L’envie, la pulsion d’un nouveau tatouage trottait dans ma tête depuis quelques jours et partir à l’aventure était tout ce que je voulais. Alors, quand j’aperçus le jeune vampire – très mignon certes – arriver devant moi pour finalement l’agresser, je commençais à regretter d’être sortie de mon trou. Brun, pas très grand, une tête de psychopathe/benêt, il ne ressemblait en rien aux vampires que j’avais croisés avant. L’avantage de connaitre ses semblables et d’en être un depuis des années faisait que je savais approximativement que c’était un jeune vampire. Nom, prénom… La profession était évidente et si j’avais su que j’étais sur le territoire d’un autre dominateur, j’aurai passé mon chemin. Un vampire arrogant en plus de ça. Poupée ? Je ressemble à une poupée. A peine m’a-t-il repoussé (chose qu’on ne fait jamais en temps normal) je le choppe à la gorge avant de le soulever un peu de terre. « Je ne suis pas ta poupée. Appelle-moi encore une fois comme ça et tu finis en cendres. Est-ce clair ? » Un feulement sortit de ma gorge tandis que je le regardai brusquement avant de me poser sur ce qui se voulait une vitrine, tant pis ça sera un siège, et de le regarder nonchalante. « Je ne suis pas la plus sociable d’entre nous. J’évite ceux comme toi justement parce qu’il ne m’apporte pas rien,comme ces… choses. » Mon regard se perd sur un couple d’humains qui passe devant sa boutique et je feule à nouveau. « Seulement de la nourriture. Soite Isaac Addams, bonsoir. » Il me pose une nouvelle question qui m’irrite. Je ne suis pas très fan de ce genre de choses. « Aucune. A toi de prendre mon corps pour une toile et de peindre sur moi, répondis-je rêveuse, je suis Marylin Foster. J’aurai bien dit ravie de te rencontrer mais je n’ai pas encore décidé ce que j’allais faire de toi. »

« J’irai dans une ville voisine, mon chéri. Je suis pleine de ressources et je pourrais toujours transformer un mortel tatoueur pour en faire mon esclave. » Je le fixe sans ciller parce que je ne perds jamais. Ou presque jamais. Je n’ai jamais transformé quelqu’un donc il était peu probable pour que celui-là soit ma progéniture. Je devais admettre qu’il était plutôt beau garçon pour un vampire. Ceux que je croise sont pathétiques, ils ont peur de leurs propres natures, ce qui a été mon cas au début. Mais en tant que vampire beaucoup plus âgé maintenant et surtout de lui, je n’ai peur de rien, ni de personne. L’essentiel est de garder le secret donc ce n’est pas trop difficile quand on évite de croquer la mauvaise personne. « C’est presque navrant d’ailleurs. Enfin un vampire qui pense comme moi. C’est… enfin j’aime beaucoup. Finalement, je ne te tuerai peut-être pas tout de suite. » Je lui fais un sourire de toutes mes dents tandis que je jette un coup d’œil dans sa boutique. Je l’écoute doucement avant d’éclater de rire. « Seriez-vous en train de me faire des avances monsieur Adams… Parce que si c’est le cas, vous perdez votre temps et vous manquez de manière. Ce n’est pas comme ça qu’on aborde une lady mais soit… expose moi tes idées et je verrais si je suis partante. Et évites d’abimer mon corps. Tu es bien placé pour savoir que c’est ce qu’on sait faire le mieux. Charmer… »

« Prouve-le, dis-je simplement. » Je n’étais pas le genre de filles à me vanter, bien au contraire. J’étais plutôt humble bien que mon besoin de conquérir soit le plus grand. Mais j’aimais jouer avec mes proies et surtout avec les bébés vampires dans son genre. Je me tourne alors pour le regarder de haut en bas comme je le faisais pour évaluer un danger potentiel ou un repas mais ni l’un ni l’autre ne me venait à l’esprit. Alors, je me contentais de pencher la tête sur le côté et de lui sourire. « Pour passer le temps, mon chou. Pour passer le temps. » Alors, je m’assois doucement pour regarder mes ongles. Les vampires sont les maitres dans l’art de la séduction, j’en suis la reine. Je peux séduire n’importe qui, n’importe quand et il ne faut pas s’en offusquer si jamais je repousse beaucoup de monde. Ce bébé vampire pouvait être utile et il était joli garçon alors pourquoi pas essayer ? Je peux me contenter de lui sourire comme une potiche – que je ne suis pas – mais je m’approche à nouveau pour me dresser face à lui, sans ciller du regard avec un sourire mesquin aux lèvres. « Serait-ce présomptueuse que de connaitre ses atouts. Essaies donc de me séduire… j’adore qu’on me fasse la cour Isaac. Et je verrais si j’accepte tes avances. Et pour la cage thoracique… » Je laisse échapper un petit rire. « Non merci, mon chou. Quelque chose de plus…classique. Je suis une dame et je dois me nourrir, voilà. »