« Médecin ! » L'arrivée de la compagnie à Bastogne commençait bien. Les soldats étaient déjà fatigués, et par-dessus le marché, l'hiver faisait rage. Le froid engourdissait les membres de tout le monde, et personne n'était assez habillé pour supporter le froid mordant sans séquelles. On manquait de vivres, on manquait de munitions. Et les Allemands, eux, après avoir percé une des lignes de défense Américaines, étaient loin d'être aussi à court de vivres. Allemagne : Un, Reste du monde : zéro. « Mais putain, il arrive ce foutu médecin ou quoi ?! » Ca n'arrêtait pas de gueuler après le seul infirmier présent. Mais il était déjà occupé, et d'autres attendaient. Aeldrinn n'avait rien, par chance, mais il en bavait tout autant que les autres. Transi de froid, il tentait tant bien que mal de forcer un de ses hommes à rester parmi les vivants. Il lui parlait, l’engueulait même pour lui faire comprendre qu'il n'avait pas intérêt à mourir, en attendant celui qui arriverait beaucoup trop tard. A peine à côté du soldat blessé, le médecin déchira son haut et chercha à le soigner, mais le froid stoppa net le sang qui s’écoulait, ou alors, peut-être était-ce simplement que l'homme venait de mourir. Posant deux doigts au niveau de sa gorge, Aeldrinn confirma ses appréhensions. Le médecin n'avait plus rien à faire, on n'avait plus qu'à l'enterrer pour un peu plus de décence. Malarkey remit comme il le put l'uniforme du soldat décédé sur son torse, connaissant son extrême côté prude, avant de le laisser à d'autres. D'autres Américains décédaient uns à uns, sans que le médecin puisse les sauver. Ca et là, autour de lui, on entendait des hommes le traiter d'incompétent, lui promettre qu'il serait le bouclier contre les Allemands. Qui pouvait les blâmer, ils manquaient de tout, et en plus de ça avaient des prédateurs fous à lier près à tout pour défaire la France, l'Angleterre, l'Amérique, la Russie et tous ceux qui s'étaient opposés à leur quête de domination.

« Eh les gars ! On bouge ! » Plus facile à dire qu'à faire. Ils étaient tous figés par le froid, la neige tombait encore et toujours. Certains n'avaient tellement pas bougé que les flocons commençaient à recouvrir leur uniforme ou leur paquetage. Ils se levèrent péniblement, pendant qu'ils changeaient juste de lieu. Ils avançaient doucement, presque sans bruit, le futur fantôme en tête. « Mais putain c'était quoi ça ?! » Ils stoppèrent net lorsqu'Aeldrinn leva son poing et s'accroupit. « On nous avait pas dit qu'ils étaient aussi près. On se sépare en deux groupes. » Il donna ses indications, puis lui et ceux qui le suivaient continuèrent tout droit. Ils ralentirent lorsqu'ils s'aperçurent que des traces dans la neige avaient été déjà faites, et qu'elles étaient récentes, vu la neige qui tombait en masse, les traces seraient vite recouvertes. Ils n'étaient pas au bout de leurs surprises. Aucun n'avait eu l'idée de lever les yeux, bien mal leur en a pris. Le temps de trouver des trous déjà creusés à moitié recouverts par la neige, le bruit d'une arme lourde siffla dans l'air, brisant le silence. Autour d'Aeldrinn, plusieurs hommes tombèrent. Certains morts, d'autres juste blessés. « DEMI TOUR ! » « Mais y a des blessés, ils n'arriveront jamais à nous suivre. Faut répliquer ! » « Non. Y a moins d'un blessé par soldat encore debout, alors chacun prend un blessé sur son dos et on se tire ! Les autres porteront les paquetages des blessés. On se bouge ! » Le temps les en empêcha. Ils devaient riposter, avec ou sans planque. « Que les blessés qui tiennent debout recreusent les trous, sinon on va tous y passer. Les autres, vous sortez tout ce qu'il vous reste, munitions, grenades, tout. » Aussi peu qu'ils étaient, les hommes ne tardèrent pas à répliquer contre leurs ennemis, qui les canardaient sans scrupule. On se serait cru dans 300. Mais la stratégie des Américains prenait le pas sur les Allemands. Peu à peu ils réduisaient les effectifs ennemis, mais restaient dans une très mauvaise posture. « Où sont ces foutues grenades ? Que quelqu'un me les donne, ou on va tous y passer ! » Au final, le parachutiste n'en menait pas plus large que les autres, et il avait beau prendre les choses en mains, l'issue du duel lui paraissait plus que floue, et très défavorable pour le camp de l'Oncle Sam et de ses alliés. « Je crois que c'est un des blessés qui les a ! » « Ben qu'il se traine, je sais pas moi, j'en ai besoin ! »

« Men are dying all around. Good men. Friends. Even some heroes. » ► Shut up, and be brave.