candy, you're going through six degrees of seperation.

musique ici.

C'est le week-end, enfin. Je l'attends depuis le lundi précédent, et pas seulement parce que c'est ce ce dont tout employé lambda rêve depuis son réveil le lundi matin. Je l'attends parce que Cooper nous réserve surprise, quelque chose rien que pour nous. Une surprise ? Pas tellement, parce que je sais déjà qu'on passera deux jours à l'hôtel, loin de tout. L'atmosphère chez Olive devient pesante - beaucoup trop de monde dans cette maison. Et puis ce sera toujours mieux de pouvoir s'éloigner de tout ce qu'on connait pour quelques jours. Se retrouver rien que tous les deux, ça faisait longtemps que ça n'était plus arrivé, et ce n'était pourtant pas faute d'avoir essayé. J'avais réussi à avoir mon samedi de libre, tout allait être parfait. Je nous imaginais déjà blottis dans un lit qu'on ne quitterait sans doute pas du week-end, loin du stress, loin de la routine, loin de tout. Il nous suffirait de tout oublier et de se laisser porter, rien de plus facile. Tout était prêt. Olive avait été prévenue (étrangement, elle n'avait pas fait de remarque sur le fait de ne plus avoir Cooper sous la main pendant deux jours entiers), les affaires étaient prêtes. Je devais retrouver Cooper sur place. Et pourtant, à la dernière minute, tout avait basculé. J'avais promis à Olive de regarder avec elle les articles de la rencontre entre Cooper et George Clooney, et une chose en entrainant une autre (où plutôt Olive sombrant dans sa folie habituelle), elle avait fini par me montrer tout ce qu'elle avait sur lui. Au final, on y avait passé des heures, à regarder photos, posters, sites internet, blogs, articles, bref, tout ce qui pouvait exister et auquel je ne pensais même pas. Ca aurait pu durer une année toute entière, c'est vous dire combien Olive avait abrégé. Et puis on était tombé sur un article d'une journaliste que Cooper connaissait, qui relatait les dernières emplettes du dernier couple phare, Cooper et Reese, y compris la façon dont leur histoire s'était terminée. Et soudain, j'avais compris. Reese, son ex petite-amie. Reese, cette même ex petite-amie que j'avais rencontré au Hogan, et avec qui j'avais passé toutes la soirée comme si on s'était toujours connu. Reese l'ancienne danseuse. Reese l'emmerdeuse, comme on la qualifiait parfois gentiment. Celle qui jure un peu trop et celle qui se fout éperduemment des autres. Et puis j'étais arrivée. Moi, Andie. Andie l'ancienne danseuse, Andie l'emmerdeuse. Celle qui jure un peu trop et celle qui se fout éperduemment des autres. C'était trop beau pour être vrai, n'est-ce pas ? Et maintenant j'en savais trop, je ne savais plus. J'allais retrouver Cooper comme prévu, et puis j'aviserai à partir de là. Quand j'arrivais dans la chambre, elle était vide, comme inoccupée. Alors j'étais simplement restée là, assise sur le bord du lit, à ressasser les mêmes choses encore et encore, et quand Cooper arriva bien après moi, j'avais perdu tout enthousiasme. « J'ai rencontré Reese, hier. » je lui lance simplement dans une indifférence nonchalante, comme si le fait que j'avais pu manger une banane au déjeuner était plus important. Et ça l'aurait été si ça n'avait été qu'une rencontre. Pourtant j'avais passé la soirée avec elle, à s'amuser à celle qui descendrait le plus de verres, à s'échanger des confidences sur, je venais tout juste de m'en apercevoir, celui qui se révélait être la même et unique personne : Cooper. Il n'y avait pas à dire, j'étais définitivement la reine des connes.

Les yeux perdus dans le vide, je regarde à travers la fenêtre du métro. Tout est noir mais ça ne change rien. Mes yeux ne remarquent même pas les quelques lumières à l’extérieur. J’ai encore quelques stations avant d’arriver à destination et je souhaiterais faire défiler les minutes plus rapidement. Ce week-end, ça fait déjà un moment que je l’attends. Un moment d’intimité avec Andie. Et ces moments sont rares. Parce que, même si on a une chambre chez Olive et ses colocataires, il y a toujours du bruit ou bien Olive qui vient frapper à la porte pour poser une question. Ce week-end, on va à l’hôtel pour échapper à tout ça. Profiter un peu plus que d’habitude de notre statut de couple. Oui, en passant deux jours au lit, c’est la meilleure des façons qui existe. Et je ne doute pas que ce week-end sera parfait. Surtout que je suis de bonne humeur en ce moment. Et la perspective de l’audition que je dois passer bientôt me réjouit. Grâce à Sadie. Comme quoi, notre ancienne fausse relation m’aide encore. Rien n’est encore gagné mais l’espoir me rend heureux. Et je suppose que ma bonne humeur aide beaucoup ma relation avec Andie. Les mois passent rapidement, on ne s’ennuie pas et je sais que c’est bon signe. Je ne vois pas ce qui pourrait venir entacher notre relation en ce moment. On ne peut rien demander de plus, tout paraît parfait. Et ce week-end est là pour le prouver. Andie a pris sa journée de boulot, j’ai pris ma journée de glandage et on se retrouve là-bas. D’ailleurs, je ne suis pas en avance. Station la plus proche de l’hôtel, je descends et marche jusqu’à ma destination. Le réceptionniste me confirme qu’Andie est déjà dans la suite que j’ai réservée. Dans l’ascenseur, j’examine mon reflet dans le miroir. Je ne suis pas habillé spécialement, pas besoin. Le bouquet dans ma main suffira. Les portes s’ouvrent et quelques secondes plus tard, j’ouvre la porte de la chambre, un sourire sur le visage. Mais Andie, assise sur le lit, n’a pas l’air aussi heureuse que moi. « J'ai rencontré Reese, hier. » sont les seuls mots qui sortent de ma bouche. Qu’a donc pu faire Reese pour gâcher notre week-end ? Je n’ai jamais caché son existence à Andie, je ne vois pas ce qui pourrait la gêner là-dedans. Surtout que je ne vois presque jamais Reese, pour notre bonne santé à tous les deux. Et aussi pour que le stock d’insultes ne s’épuise pas. « Et c'était cool ? » C’est dingue comme, la seule mention du nom de Reese peut m’énerver. Je pose les fleurs sur la table de nuit et je reste debout à côté du lit. « Ca fait des années qu’on a rompu, tu le sais hein ? » J’essaye de m’expliquer alors que je ne sais même pas quels sont mes torts. Il faut vraiment que je tienne à elle pour agir ainsi.

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Je ne sais pas combien de temps j'étais restée là, sans rien faire, sans bouger. Il y avait trop à penser pour s'ennuyer, de toute façon. Et Cooper était finalement arrivé, tout joyeux, des fleurs à la main dans cette magnifique suite qu'il avait réservé pour nous. Je n'avais pas pu m'empêcher de sourire devant cette image parfaite, cette image rêvée. Mais pas d'un sourire joyeux lui aussi, non, plutôt d'un sourire éteint, celui qu'on donne pour tenter de garder la face quand on sait pourtant que l'orage arrive. « Et c'était cool ? » Ca l'avait été. Maintenant, ça l'était beaucoup moins. C'était cool, rien de plus. Rien de moins. Et ça ne semblait même pas l'interpeller. Je le regardais s'installer près de moi sur le lit, sans trouver quoi dire. Je ne savais même pas pourquoi je lui avais dit ça. Pour qu'il le sache, pour qu'il m'explique. A ce point, je ne savais même plus si j'avais vraiment envie de savoir. Ou bien même si je n'étais pas déjà au courant de tout. « Ca fait des années qu’on a rompu, tu le sais hein ? » Je hochais la tête doucement, incertaine. J'étais ailleurs. Et je ne savais pas comment aborder le sujet. Je ne voulais pas créer une dispute alors que tout allait si bien. Mais je ne pouvais pas non plus tout garder pour moi. J'étais coincée entre les deux et je devais choisir l'option qui ferait le moins de casse, parce qu'il y en aurait de toute façon. « Et c'est encore à elle que tu penses quand on est ensemble, c'est ça ? » je lance simplement, doucement, sans détour, sans même la moindre trace d'accusation. Je lève le regard vers lui, presque honteuse d'avoir abordé le sujet. Ou bien peureuse. Parce que depuis qu'Olive m'avait raconté en long et en large les détails de son ancienne relation, tout ce à quoi je pouvais penser c'était à eux, ensemble, se touchant, s'embrassant. Alors je n'étais pas sûre de vouloir connaître la réponse à la question, il avait fallu que je la pose quand même. Pourtant je n'étais pas du genre à être hyper jalouse, à sortir les griffes à la première occasion, et d'ordinaire, j'aurais pu apprécier ma rencontre avec Reese. Mais voilà, je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas parce que j'avais la sale impression d'être une copie, une simple photocopie. On était identiques et c'est bien ce qui me gênait. Sauf qu'elle avait réussi, elle était belle, et talentueuse. Rien à voir avec la serveuse paumée du Hogan. Et il fallait croire que Cooper était le dernier des cons, pour avoir échangé sa Mercedes contre une vieille Toyota.

Note pour moi-même : ne jamais croire que rien ne peut venir gâcher un week-end en couple. Il semble qu’une ex, c’est suffisant. Pourtant, ce n’est pas le genre d’Andie de s’inquiéter de ce genre de chose, d’être jalouse. La réaction qu’elle a serait plutôt la mienne si on se retrouvait avec un ex à elle. Je ne lui ai jamais caché ma relation avec Reese ni comment les choses se sont finies. Mais il parait que les filles ont toujours peur du premier amour de leur copain. Sauf que Reese et moi, c’est loin d’être comme les autres ex. On n’est pas amis, on ne se voit presque jamais. Et par-dessus tout, je n’ai plus de sentiments pour elle. Alors je ne vois pas ce qu’elle vient faire dans la conversation. Surtout alors que tout va si bien entre Andie et moi. Quelque chose doit m’échapper mais quoi ? Et à mon avis, Andie s’attend à ce que je comprenne. Sauf que j’ai beau chercher, je ne trouve pas. « Et c'est encore à elle que tu penses quand on est ensemble, c'est ça ? » De plus en plus incompréhensif. Comment peut-elle penser ça ? Surtout que j’ai dû lui parler de Reese seulement deux ou trois fois. Je ne suis pas obsédé par mon ex, loin de là. Et, à moins que j’ai prononcé le nom de Reese dans mon sommeil – ce dont je doute fortement – je n’ai rien à me reprocher. Je m’assieds à côté d’Andie sur le lit et je pose ma main sur les siennes. « Comment tu peux penser ça ? Tu ne crois pas que si je voulais être avec Reese, je serais resté avec elle ? » C’est seulement de la logique. Aux dernières nouvelles, c’est moi qui ai choisi d’être avec Andie, parce que je le voulais. Et je le veux toujours. Reese et moi, c’est fini depuis des années et, même juste après la rupture, je n’avais pas envie d’être avec elle. « Je suis avec toi aujourd’hui. Et je n’aime plus Reese depuis bien longtemps. Depuis avant l’émission. Alors je ne vois vraiment pas pourquoi tu t’inquiètes. » Ce qui sous-entend que j’ai besoin d’explications. A voir si elle va me laisser dans le brouillard, à se faire des idées ou bien me parler qu’on mette tout ça au clair. Même si, d’après moi, nous n’en avons absolument pas besoin. Parler de Reese aujourd’hui, c’est la dernière chose que je souhaite. Non pas qu’elle m’insupporte même sans être là mais presque. Parce qu’elle arrive à me faire chier à distance. A-t-elle vraiment fait ça pour se venger de moi ? Si c’est le cas, elle a admirablement bien réussi.

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Je n'avais pas pensé qu'en me jetant à l'eau comme ça, Cooper ne comprendrait certainement rien à ce que je lui dirai. Pour lui c'était une journée comme une autre, une journée où sa copine pétait un câble pour trois fois rien. « Je suis avec toi aujourd’hui. Et je n’aime plus Reese depuis bien longtemps. Depuis avant l’émission. Alors je ne vois vraiment pas pourquoi tu t’inquiètes. » Je secouais la tête doucement alors que Cooper venait prendre mes mains. « Non, non, je sais tout ça, c'est juste que... » Mes paroles retombèrent dans un souffle. Il fallait déjà que je trouve quoi dire. Je ne savais même pas de quoi j'étais en train de l'accuser. Ni même si je l'accusais de quoi que ce soit. Tout ce que je savais c'était que je devais confier à quelqu'un tout ce que je venais d'apprendre malgré moi. Comme quoi, j'étais beaucoup mieux à ne rien savoir de la vie passée de Cooper, car elle n'avait jamais été cause à dispute avant ce soir. « Olive a tenu à me montrer des photos, des articles, des journaux, blogs, et faut croire que le monde entier était au courant pour elle et toi. » je lance dans un rire nerveux alors que je ne sais pas quoi faire de mes mains. Si toute la presse, la Terre entière avait parlé d'eux, pourquoi je n'avais été mise au courant que lorsque j'avais rencontré Cooper ? Là encore il ne devait sûrement pas comprendre, parce que je savais déjà tout ça. Cooper l'avait déjà abordé, plusieurs fois même. Mais maintenant que je réalisais l'ampleur qu'avait pu avoir leur relation, c'était légèrement flippant, c'était beaucoup de pression. Je me levais précipitamment et me dirigeais vers la fenêtre avec vue imprenable sur Bridgeport. C'est vrai que tout aurait pu être parfait. Et pourtant ça ne pouvait plus l'être, plus maintenant. Plus quand des millions de choses me traversaient l'esprit chaque seconde, tellement que je ne savais pas par où commencer. Peut-être que c'était juste moi après tout. Peut-être que c'était un moment de panique, un moment de doute. Juste une petite inquiétude comme le pensait Cooper. Ca n'avait pas été le premier, et ce ne serait sûrement pas le dernier. J'avais peut-être tout exagéré. Sauf que c'était juste trop gros pour être un moment de panique. « Et grâce à elle je crois que je sais tout ce qu'il y a à savoir sur elle, enfin, sur Reese je veux dire. Et je l'ai rencontré Cooper, au Hogan, l'autre soir, sans savoir que c'était vraiment elle, et je l'ai senti, je te jure qu'on était pareilles. Et quand j'ai vu tout ça, et que j'ai fait le rapprochement... » Ca n'avait aucun sens. Si moi je m'y perdais, Cooper devait être à des kilomètres de là où je voulais en venir. Mais mettre des mots sur ce que je pensais réellement n'était pas envisageable pour l'instant, parce que c'était soudain plus réel, parce qu'on pourrait pas revenir en arrière. On pourrait pas prétendre que c'était juste moi, on pourrait pas non plus prétendre que rien ne s'était passé. « Tu vas pas me dire que j'invente tout ça quand même, hein ? » Je me retourne vers lui, sans savoir quoi dire ou faire d'autre, simplement impuissante. Je ne sais pas tellement ce que j'attendais. Je ne sais pas non plus quelle réponse je préférais. Qu'il me dise directement que ce qui lui avait plu chez moi c'étaient mes ressemblances avec Reese, ou bien qu'il fasse l'ignorant pour que cette soirée mal partie ne se termine jamais. Ca aurait pu être une coïncidence, oui. Ca aurait pu être comme tout le reste dans ma vie. Choisir Amanda à ma place durant l'audition. Mon genou pété. Amanda s'installant à Montsimpa, la seule et unique ville que j'avais adoptée après avoir disparu de la circulation. Sauf que le hasard était vraiment un connard et que je ne croyais plus vraiment aux coïncidences.

Je veux bien avouer que je fais des erreurs parfois, que je peux avoir des choses à me reprocher mais cette fois-ci, rien ne me vient à l’esprit. Surtout au sujet de Reese. Elle a dû dire quelque chose à Andie, je ne vois que ça. Sauf que je ne sais pas ce que ça peut être. Mais avec Reese, il faut s’attendre à tout. Elle peut seulement vouloir se venger de moi parce que j’ai refusé sa stupide interview. Ou bien parce que je l’ai humiliée il y a des années mais là, elle serait vraiment lente à se venger. Le truc, c’est qu’elle n’est pas censée savoir que je suis avec quelqu’un. Tout simplement parce que je ne l’ai pas vue depuis que c’est le cas. Sinon, vous pensez bien que je m’en serais vanté auprès d’elle. « Olive a tenu à me montrer des photos, des articles, des journaux, blogs, et faut croire que le monde entier était au courant pour elle et toi. » Encore une fois, elle ne m’apprend rien. Et elle devait le savoir avant aussi. Ce qui ne m’aide pas à comprendre la raison de son mécontentement. Je pensais que ma vie passée ne l’intéressait pas, ou peu. Elle s’était informée, je lui avais posé quelques questions et on en était restés là. Je n’ai jamais compris pourquoi on fait toute une histoire du passé, de nos anciennes relations alors qu’on devrait plutôt vivre dans le présent – voire planifier le futur. « Le monde entier est au courant que je l’ai humiliée. Pour les médias, elle était juste la fille avec qui j’étais quand j’étais dans l’émission et que j’ai trompée. » Andie sait aussi tout ça. J’ai beau ne pas regretter, avouer que j’ai été infidèle devant ma copine, ce n’est pas le meilleur plan. Mais mentir ne m’apporterait rien d’autre que des problèmes. Surtout qu’Andie est déjà au courant. « Et grâce à elle je crois que je sais tout ce qu'il y a à savoir sur elle, enfin, sur Reese je veux dire. Et je l'ai rencontré Cooper, au Hogan, l'autre soir, sans savoir que c'était vraiment elle, et je l'ai senti, je te jure qu'on était pareilles. Et quand j'ai vu tout ça, et que j'ai fait le rapprochement... » Je fronce les sourcils, comprenant de moins en moins où elle veut en venir. Reese et Andie, pareilles ? A mes yeux, il n’y a pas plus différentes. Rien que physiquement. La blonde et la brune. Et Reese m’insupporte alors que je ne m’imagine pas sans Andie. « Tu vas pas me dire que j'invente tout ça quand même, hein ? » Elle a l’air tellement sûre d’elle alors que je ne comprends rien à toute cette histoire. « Ecoute, quoiqu’elle t’ai dit, il ne faut pas la croire. Elle veut sûrement juste nous emmerder. Oublions tout ça et profitons de notre week-end à nous. » Un week-end à deux, c’est fait pour profiter l’un de l’autre, pas pour parler d’une ex. Mes doigts viennent saisir doucement son menton et je fais tourner sa tête vers moi. Son visage exprime toujours la même inquiétude alors que je ne voudrais voir qu’un sourire sur son visage. « Qu’est-ce qui pourrait avoir plus d’importance que nous deux, hein ? » Je ne veux la forcer à rien alors je reste là, immobile, espérant qu’elle va changer d’avis et qu’on va pouvoir commencer le programme du week-end.

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« Le monde entier est au courant que je l’ai humiliée. Pour les médias, elle était juste la fille avec qui j’étais quand j’étais dans l’émission et que j’ai trompée. » Etonnemment, ce n'est pas le fait qu'il l'ait trompée que je crains. Ce n'est même pas ce qu'on dit à propos de ces choses, que les mauvaises habitudent finissent toujours par revenir un jour ou l'autre. Non, ce n'est même pas ça. Mais qu'est-ce que je crains alors ? Je crois que je n'en suis pas encore certaine. Et puis s'il se met soudain à réaliser que Reese était mieux, qu'il était plus heureux avec elle ? « Ecoute, quoiqu’elle t’ai dit, il ne faut pas la croire. Elle veut sûrement juste nous emmerder. Oublions tout ça et profitons de notre week-end à nous. » Je secoue la tête à nouveau alors que je commence à m'impatienter. « Ce n'est pas ce qu'elle a dit qui me gêne. » Non, ce qui me gênait, c'est qu'on ait eu tant de facilités à s'entendre. C'est quand même pas commun ça, si ? Je n'avais pas grande expérience dans le domaine mais je ne me souvenais pas qu'on m'ait dit un jour qu'être amie avec l'ex de son petit-ami était une chose très répandue. « Qu’est-ce qui pourrait avoir plus d’importance que nous deux, hein ? » Je lève les yeux et croisant son regard, j'en aurais presque envie d'abandonner tout ça. D'oublier toutes ses idées qu'il fait paraître comme stupides et de faire comme si rien n'était. Et quand je m'apprête à abandonner la partie, il y a toujours cette même image qui revient et qui finit par me rendre folle. « A toi de me le dire. » Je mets de la distance entre nous alors que je nous applaudis pour être restés calmes aussi longtemps. Il y a quelques semaines on en serait déjà à se jeter des verres à la figure. « Cooper, c'est simple. J'ai dû mal à croire qu'on se ressemble sur autant de choses. Je n'essaie pas de m'identifier à elle ou quoi que ce soit mais... Avoue que c'est trop gros pour être une simple coïncidence. » Maintenant que j'y pensais, Reese n'était pas du tout comme je me l'étais imaginée au premier abord. Il fallait croire que je l'avais très mal jugée quand on voyait comment la soirée c'était terminée. Il fallait croire qu'elle était loin d'être celle qu'on pensait qu'elle était. Et Olive, d'une certaine façon, n'avait fait que confirmer tout ce que je savais déjà. Et Cooper serait bien obligé d'arrêter prétendre qu'il ne comprend pas. Il nous connaissait toutes les deux, Reese avait été son premier amour. Il devait bien savoir de quoi j'étais en train de parler. « Alors je te le demande. Si on est ensemble aujourd'hui, est-ce que c'est en partie parce que je te rappelle Reese ? » C'était une question simple, sans subterfuge. Je ne pouvais être plus claire, même si je regrettais de le mettre au pied du mur. Il fallait arrêter de tourner autour du pot, parce que j'avais besoin de savoir, même si maintenant que c'était sorti, j'aurais aimé pouvoir tout reprendre. Parce que ça devenait trop pour moi, parce que je me transformait doucement en ce monstre de jalousie que je détestais.

« Ce n'est pas ce qu'elle a dit qui me gêne. » Quoi alors ? Je meurs d’envie de lui poser la question, tout simplement mais j’ai peur que ça ne fasse qu’empirer les choses. D’après les femmes, les hommes sont toujours censés savoir pourquoi elles font la gueule. Elles ne se disent même pas que ça irait plus vite si elles allaient droit au but. Certes, certains hommes jouent les innocents en disant qu’ils ne savent pas de quoi parle leur copine mais là, ce n’est pas le cas. Je préférerais. Ça m’éviterait d’avoir l’air complètement largué et con. « Cooper, c'est simple. J'ai dû mal à croire qu'on se ressemble sur autant de choses. Je n'essaie pas de m'identifier à elle ou quoi que ce soit mais... Avoue que c'est trop gros pour être une simple coïncidence. » Elle en revient au même point. Sa ressemblance imaginaire avec Reese. Ou bien si ressemblance il y a, je ne la vois absolument pas. Elle s’est écartée de moi, signe que les choses ne reviendront pas à la normale si je ne réponds pas à ses peurs. Je vais devoir faire des efforts pour quelque chose que je ne comprends même pas. Tout était si simple entre nous depuis notre décision de nous mettre ensemble. Pourquoi changer ça ? Je ne sais même pas quoi répondre tellement ce qu’elle dit n’a aucun sens pour moi. « Alors je te le demande. Si on est ensemble aujourd'hui, est-ce que c'est en partie parce que je te rappelle Reese ? » Alors là, c’est le pire qu’elle pourrait me sortir je pense. Je dois rester silencieux pendant bien deux minutes tellement je suis surpris de sa question. Je sais qu’elle va analyser le moindre de mes mots, la plus petite hésitation et j’ai peur de la façon dont elle va réagir. « C’est sûrement la chose la plus absurde que j’ai jamais entendu. Personne n’a rien à voir avec notre histoire. Surtout pas Reese. Et à mes yeux, tu n’as rien en commun avec elle, et c’est un compliment, un très gros compliment. » Reese et Andie sont incomparables à mes yeux tout simplement. Même mes histoires avec l’une et l’autre n’ont rien en commun. Une relation qui commence par uniquement du sexe avec Andie puis évolue et pas loin du contraire avec Reese. Mais je ne pense pas qu’on puisse comparer sa première histoire d’amour avec les autres. Tout simplement parce qu’il n’y avait aucune urgence à ce moment-là. On avait pris notre temps. Et ça avait fini dans les cris et la douleur. Andie et moi, on a déjà pas mal expérimenté les cris mais on y a survécu. On en ressort peut-être même plus forts. « Tu es Andie, tu es une fille géniale. Avec un caractère de merde parfois, même si tu ne me bats pas. Et Reese, elle a sûrement des qualités mais je ne les vois plus depuis qu’elle essaye simplement de profiter de notre passé pour que je lui accorde des faveurs. » Il ne me semble pas avoir parlé de ma rencontre avec Reese sur la plage avec Andie, peut-être aurais-je dû mais ça me parait tellement insignifiant que je n’en vois pas l’intérêt. Si je suis avec Andie, c’est la preuve ultime que je n’en ai rien à faire de Reese. Et ce, depuis des années.

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Je détestais ça. Dans toutes les disputes que j'avais pu avoir avec Cooper, j'avais eu ma part de responsabilités, mais là, j'avais l'impression de créer toute seule le problème, d'être la seule fautive. Et c'était en grande partie à cause de ce que me disait Cooper, à tenter de rassurer comme si j'étais la pauvre tarée qui inventait toujours des histoires folles. Oui, c'était exactement ça. Comme si j'étais la fille complètement cinglée qu'il fallait calmer avant qu'elle ne dégénère. Il semblerait qu'à ses yeux je n'étais ni plus ni moins qu'une bombe à retardement. Il fallait dire que je n'étais pas non plus la fille la plus patiente au monde. Alors que j'avais beau répéter les choses, les tourner dans tous les sens encore et encore en espérant qu'elles aient un peu plus de sens, Cooper ne comprenait pas. Qu'il ne comprenne pas, ou qu'il feigne de ne pas comprendre, ça ne faisait pas de différence, ça ne faisait que m'impatienter alors que je voulais venir à bout du problème, si toutefois il y en avait un. Parce que c'est ce qui se produisait quand je m'en remettait à Cooper, que je m'abandonnais à lui et que je perdais mon regard dans le sien : peu importe quel était le problème, je finissais par abandonner, je finissais par oublier, parce que rien n'était plus important quand il était là tout près de moi et qu'il réussissait à me couper le souffle. Et pourtant je n'en cessais de revenir à toutes ces questions qui m'envahissaient, qui m'empêchaient de réfléchir. « Cooper, tu ne comprends pas. » Je mettais ainsi un terme à tout ce qu'on avait pu dire auparavant pour tenter de me faire plus claire à nouveau. « Je lui ai proposé de t'interviewer dans son émission. » Sur le coup, j'avais pensé que c'était une bonne idée. Il fallait dire aussi qu'après plusieurs verres, tout semblait être une bonne idée. Les souvenirs de cette soirée étaient peut-être flous mais je me souvenais au moins le lui avoir proposé. « Elle a vraiment dû me prendre pour une conne. » Incontestablement, tout nous ramenait à Reese ce soir. Elle avait dû bien rire quand elle a dû comprendre, quand elle a fait le lien alors que j'étais restée dans l'ombre. En temps normal je n'aurais probablement même pas pensé à ce qu'elle avait dû penser de moi, mais c'était différent. C'était différent, parce que cette fois, j'avais cette sale impression de devoir être à la hauteur pour ne pas foirer ce qu'on avait. Je devais me montrer au moins aussi douée que Reese, c'était ça le nouvel enjeu.

Cette dispute-là est inédite, ça on peut le dire. On a eu sur à peu près tous les sujets pourtant. Des sujets futiles bien souvent, des disputes sans réelle raison. Mais là, une dispute à propos de Reese, je ne pensais pas y avoir droit un jour. Andie n’a jamais été jalouse. Avant qu’on soit ensemble, elle savait que je voyais d’autres femmes et s’en fichait alors que pour moi, l’imaginer avec un autre homme suffisait à me rendre furieux. Peut-être que nous mettre en couple a inversé les rôles finalement ? Alors qu’au final, aucun de nous n’a de raison d’être jaloux. On est heureux ensemble. A mes yeux du moins. Et ce n’est sûrement pas Reese qui va changer ça. Enfin visiblement, si. Parce qu’Andie semble penser qu’elles ont beaucoup en commun. Et j’ignore ce qui peut lui faire penser ça. Les deux femmes sont vraiment différentes. Ce n’est parce qu’elles ont passé une soirée ensemble qu’elles sont pareilles. Enfin d’ailleurs, ça me gêne de savoir que les deux passent du temps ensemble. Parce que je connais Reese. Je sais qu’elle est capable de foutre la merde dans mon couple avec Andie. La preuve en est ce soir. « Je lui ai proposé de t'interviewer dans son émission. » Hein ? Je lâche les mains d’Andie, me levant. Elle a offert une interview de moi à Reese ? Sérieusement ? C’est quoi son problème ? Elle fait ça pour m’énerver, je ne vois pas d’autre solution. « Elle a vraiment dû me prendre pour une conne. » Ah ça, c’est sûr. Reese qui n’arrive pas à me faire accepter de faire une interview et voilà que ma copine la lui propose comme ça. La brune a dû adorer ça. « Et elle aurait raison de le faire. » Parler de Reese m’énerve toujours mais le fait qu’Andie ait été assez stupide pour lui proposer de m’interviewer, c’est pire que tout. De toute façon, j’ai perdu tout espoir d’avoir un week-end normal alors à quoi bon ? « Depuis quand tu offres des interviews de moi déjà ? Tu sais très bien que je refuse toutes ces conneries depuis mon overdose ! Et toi, tu proposes ça à une fille que tu ne connais même pas. Et qui se trouve être mon ex justement ! » Ça me dépasse complètement. Qu’est-ce qui lui est passé par la tête ? Je pensais qu’elle me comprenait pour ça. Qu’elle savait que je refusais toute interview. Alors pourquoi en offrir une à quelqu’un ? Elle savait que je refuserais, non ? Je ne comprends pas du tout à quoi elle pensait en le faisant. « Tu te fous de moi, c’est ça Andie ?! T’es ma copine, pas mon agent ou quoique ce soit du genre ! Tu peux pas me forcer à faire des interviews pour te faire des amies ! Tu veux profiter d’avoir un copain ancien acteur finalement ? Je ne te pensais pas comme ça Andie. »

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« Et elle aurait raison de le faire. » Je le regarde dans l'incompréhension la plus totale. C'était quoi ça ? A croire qu'il voulait vraiment la dispute qu'on avait tant de mal à repousser. A croire que rien n'allait bien jamais très longtemps si la dispute n'était pas toute proche. C'était devenu comme une routine entre nous, quelque chose dont on ne pouvait plus se passer. « Depuis quand tu offres des interviews de moi déjà ? Tu sais très bien que je refuse toutes ces conneries depuis mon overdose ! Et toi, tu proposes ça à une fille que tu ne connais même pas. Et qui se trouve être mon ex justement ! » Et voilà, on y était arrivé finalement. Ce n'est pas ce que j'attendais et pourtant j'aurais pu le prévoir. Dès l'instant où j'avais mis le sujet de l'interview sur le tapis, ça en avait terminé, on avait signé la fin de cette soirée, de ce week-end qui auraient dû être parfaits. Et ça non, c'était loin d'être la réaction à laquelle je m'attendais de sa part. Et pour quoi, en plus ? Il s'énervait pour une putain d'interview, alors que je tentais de garder mon calme depuis tout à l'heure, sur un sujet qui à mes yeux avait tellement plus d'importance. Laissant derrière moi les dernières ondes de calme qu'il me restait j'entrais moi aussi dans une colère indescriptible. Plus tellement parce que j'avais l'impression de lui rappeler Reese, mais plutôt parce qu'il osait me reprocher le sujet de l'interview, après tout ce que j'avais pu faire pour lui. « Non mais tu crois vraiment que tu vas pouvoir tourner la situation à ton avantage alors que j'essaie encore de me persuader que je n'ai rien en commun avec ton ex ? » Et quand j'essayais tant bien que mal d'oublier ce qu'il faisait passer pour une crise de paranoïa, voilà maintenant que j'étais la fautive dans cette histoire. Comme si j'avais intentionnellement demandé à son ex de faire quelque chose qu'il avait toujours refusé de faire, dans l'intention de tout foutre en l'air. Elle était bien trouvé celle-là, il fallait le reconnaître. J'en aurais peut-être même rit s'il ne m'exaspérait pas autant. « Tu te fous de moi, c’est ça Andie ?! T’es ma copine, pas mon agent ou quoique ce soit du genre ! Tu peux pas me forcer à faire des interviews pour te faire des amies ! Tu veux profiter d’avoir un copain ancien acteur finalement ? Je ne te pensais pas comme ça Andie. » Alors il avait osé. Après tout ce qu'on avait pu se balancer, il avait franchi un tout nouveau palier. C'était comme dans un jeu vidéo finalement, où le personnage termine le niveau avec brio. Bravo, niveau suivant Cooper. Détruit toutes les briques restantes pour bien m'achever. Il manquerait plus que j'ai à m'excuser pour avoir tenté de bien faire. Ou pour avoir passé la soirée à m'enfiler des verres au point de ne plus vraiment savoir ce que je pouvais raconter. « Ah, donc maintenant, je suis la profiteuse, c'est ça ? On aura vraiment tout vu. » C'était vraiment n'importe quoi. C'était surtout vraiment bas de me faire un coup comme ça alors qu'il savait très bien que je me foutais de sa célébrité, au point que je ne savais même pas qui il avait pu être avant de le rencontrer. « Tu sais quoi, va te faire voir Cooper, je vais pas te laisser me reprocher d'avoir voulu te soutenir. Si tu n'es pas capable d'accepter mon aide, alors tu as raison, peut-être qu'on se connait pas si bien que ça finalement. » Je réalisais alors quelle vérité j'avais peut-être apporté. C'est vrai, peut-être qu'on ne se connaissait pas si bien qu'on le pensait finalement. On avait passé la plupart de notre temps à se battre plutôt qu'à vraiment être ensemble. Et même depuis qu'on était réellement un couple, on passait tout notre temps chez Olive, difficile de manquer autant d'intimité pour un couple naissant. Alors oui, c'était peut-être normal qu'on ne se connaisse pas encore très bien, qu'il reste encore des choses à découvrir. Mais je ne sais pas, j'avais pensé que, peut-être, on était l'exception qui confirme la règle.

J’ai essayé. J’ai fait des efforts pour rester calme malgré tout. Mais c’est comme si les disputes nous cherchaient, comme si on ne pouvait pas y résister. Encore une fois, la raison de la dispute nous paraitra bien futile mais pour le moment, c’est la chose la plus grave du monde. C’est toujours comme ça, on s’en rend compte une fois le calme revenu et on voudrait réussir à ne plus s’engueuler mais ça ne marche pas. « Non mais tu crois vraiment que tu vas pouvoir tourner la situation à ton avantage alors que j'essaie encore de me persuader que je n'ai rien en commun avec ton ex ? » Et le pire, c’est sûrement qu’on ne s’engueule même pas pour la même chose. Je suis furieux parce qu’elle a proposé une interview de moi à Reese, elle m’en veut parce qu’elle croit à une ressemblance entre Reese et elle. Mais ne pas être sur la même page, ça ne nous empêche pas de nous engueuler. Au contraire, ça aide sûrement. Parce qu’on n’aime pas que l’autre ne comprenne pas. Elle ne comprend pas pourquoi je fais toute une affaire de l’interview, je ne comprends qu’elle croit ressembler à Reese. On est bien avancés au moins. « Mais putain, pourquoi tu veux tant que ça être comme Reese ? Au cas où tu aurais oublié, ça a vraiment mal fini avec elle alors pourquoi ? Tu veux qu’on soit pareils, c’est ça ? » La logique d’Andie m’échappe totalement. Elle n’a rien à envier à Reese, surtout pas par rapport à notre histoire. Elles n’ont rien à voir. Parler du passé, je déteste ça. Quand on est nostalgique, c’est qu’on n’est plus heureux. Or, je le suis parfaitement. Enfin avant ce soir en tout cas. « Tu sais quoi, va te faire voir Cooper, je vais pas te laisser me reprocher d'avoir voulu te soutenir. Si tu n'es pas capable d'accepter mon aide, alors tu as raison, peut-être qu'on se connait pas si bien que ça finalement. » Elle me fait culpabiliser alors que c’est la dernière chose que je veux. On passe des engueulades au bonheur. Puis on replonge. Pourquoi n’est-ce pas plus simple ? Juste un peu ? Au moins, si on passait notre temps à s’engueuler, on saurait que la meilleure chose à faire serait de rompre. Et si on était heureux tout le temps, la question ne se poserait jamais. Sauf qu’on est toujours entre les deux. On l’a toujours été. On repousse juste la question, ne voulant pas vraiment en connaître la réponse. Parce qu’on en a peur. Peur que ça pourrait nous faire du mal. Peur de perdre ce qu’on a. Parce que, même si ce n’est pas toujours simple, je ne veux pas que ça s’arrête. Parce que c’est la meilleure chose qui me soit arrivé depuis longtemps. « Pourquoi on en revient toujours à ça Andie ? Tu n’as aucune raison d’être jalouse de Reese et tu le sais très bien. Alors pourquoi ? » Mais en prononçant ses paroles, je réalise que je préfère encore me disputer plutôt qu’obtenir une réponse que je n’aimerais pas. « On n’en a rien à faire d’elle ! Ce qui compte, c’est nous non ?! » Ma voix reprend de la puissance. Je veux lui faire comprendre que ça ne mène à rien. Qu’on ferait mieux d’oublier tout ça et de reprendre au début. Quand je suis entré dans cette chambre et que tout a commencé. Mais moi-même, je sais que ça n’est pas possible.

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Il fallait croire que c'était trop. Tout ça, tout d'un coup. Tant de moments heureux contrebalancés par d'horribles disputes. C'était juste beaucoup à supporter. Et pourtant ça ne nous avait jamais vraiment dérangé. C'était toujours la façon dont on avait fonctionné, Cooper et moi. Mais aujourd'hui, j'en avais marre, j'étouffais, je voulais sortir d'ici, arrêter cette dispute. « Mais putain, pourquoi tu veux tant que ça être comme Reese ? Au cas où tu aurais oublié, ça a vraiment mal fini avec elle alors pourquoi ? Tu veux qu’on soit pareils, c’est ça ? » Je détourne le regard alors que je sens doucement les larmes monter. Il manquerait plus que je me mette à pleurer. Ca ne sert à rien de répondre. Et puis sa stupidité m'en empêche, de toute façon, me laisse sans voix et me retire toute envie de nous enfoncer. « Tiens, appelle-là si tu veux. Tu peux annuler, mais je ne suis même pas sûre qu'elle s'en souvienne. » Faisant allusion à notre soirée d'hier, je finis par lui tendre mon téléphone. C'est vrai, si déjà moi, j'avais du mal à reconstituer la soirée dans son entièreté, il était possible que ce soit la même chose pour Reese. Et puis de toute façon, je m'en fiche, à présent, ce n'est même plus l'important, qu'il fasse cette interview ou non. Et puisqu'apparemment je viens d'obtenir le prix de la pire petite-amie, ça m'apprendra à vouloir essayer de bien faire les choses. Et puis on reste un moment sans parler. On dit parfois que le silence vaut mieux que les mots. C'est peut-être vrai. En attendant, ça nous empêche de nous disputer. Je ne sais pas combien de temps ça dure, mais ça ne me paraît pas assez long, parce que Cooper reprend de plus belle et que je dois me préparer à continuer la bataille. « Pourquoi on en revient toujours à ça Andie ? Tu n’as aucune raison d’être jalouse de Reese et tu le sais très bien. Alors pourquoi ? » Et c'était pourtant bien ça qu'il ne comprenait pas. Je n'étais pas jalouse. Je ne l'avais jamais été. C'était pour tout autre chose. Quelque chose d'enfoui, quelque chose d'inavouable. Peut-être un peu frustrant aussi. Je prends une grande inspiration et j'abandonne. « Parce que si à mes yeux on se ressemble tellement, je ne vois plus ce qui t'empêche d'agir avec moi comme tu l'as fait avec elle. » Et voilà, c'est dit. C'est pathétique et c'en est presque honteux, mais c'est dit. Et puis tout d'un coup ce n'est même plus à propos de Reese, ce n'est même plus à propos de ex ou quoi que ce soit. Ce sont les doutes qui reprennent le dessus, toujours ces mêmes et inlassables doutes qui vous surprennent quand vous pensiez que tout allait si bien.

Quand on regarde bien, on a été plutôt heureux depuis qu’on a décidé de former un couple. Peut-être que le fait de loger chez Olive a retardé le moment fatidique où on finirait par s’engueuler. La preuve en est que, dès que nous sommes seuls, on recommence. J’aurais pensé qu’on tiendrait plus longtemps. Ou au moins que ça ne serait pas un si peu petit détail qui viendrait tout gâcher. Reese est tellement insignifiante pour moi aujourd’hui que je ne comprends pas comment elle peut causer une dispute entre Andie et moi. Mais je suppose que c’est juste un prétexte pour évacuer tout ça. « Tiens, appelle-là si tu veux. Tu peux annuler, mais je ne suis même pas sûre qu'elle s'en souvienne. » Je regarde le téléphone qu’elle me tend. Elle a même son numéro. Mais je ne relève pas, lançant le téléphone sur le lit. Il est hors de question que j’appelle Reese. Elle se rendra compte toute seule qu’elle n’aura jamais d’interview de moi. Et que ce n’est pas en venant parler à ma copine que ça changera quelque chose. « Parce que si à mes yeux on se ressemble tellement, je ne vois plus ce qui t'empêche d'agir avec moi comme tu l'as fait avec elle. » Alors c’est ça en fait ? Elle a peur que je la trompe comme j’ai pu tromper Reese à l’époque. J’ai eu d’autres histoires sans pour autant aller voir ailleurs. Reese a été la seule que j’ai trompée. Mais selon Andie, elles se ressemblent donc je pourrais lui faire la même chose. Mais s’il y a bien une leçon que j’ai tirée de la fin de ma relation avec Reese, c’est que ça ne sert à rien de tromper. J’aurais mieux fait de ne pas être lâche et de rompre avec Reese. Au lieu de faire du mal inutilement. Je ne referais sûrement pas les mêmes choix si je pouvais revenir en arrière. Mais tout ce que je peux faire, c’est éviter de reproduire mes erreurs passées. Et de toute façon, je ne pense même pas à une fin possible entre Andie et moi. Ce serait bien fataliste que de penser à la rupture alors que nous ne sommes ensemble que depuis quelques mois. « On croirait que tu viens d’apprendre que j’ai trompé une de mes exs. Pourtant, tu le savais dès le début, j’ai été honnête. Crois-moi, je ne serais plus jamais infidèle envers quelqu’un. J’ai fait cocu, je l’ai été, je ne pourrais plus le refaire. Encore moins avec toi. » La sincérité est bien souvent la meilleure des défenses. A vrai dire, je n’aurais jamais pensé, aux débuts de ma relation avec Reese, que je finirais par la tromper. Mais je ne suis plus le même homme que j’étais à l’époque. Heureusement. Tout le monde finit par évoluer avec le temps. « Si tu ne me crois pas, je ne vois pas ce que je peux faire d’autre. Tu sais déjà tout ce que je ressens, je n’ai rien à ajouter. » Si elle a besoin d’être rassurée, je peux le faire. Mais qu’elle le dise au lieu de causer encore une dispute entre nous.

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« On croirait que tu viens d’apprendre que j’ai trompé une de mes exs. Pourtant, tu le savais dès le début, j’ai été honnête. Crois-moi, je ne serais plus jamais infidèle envers quelqu’un. J’ai fait cocu, je l’ai été, je ne pourrais plus le refaire. Encore moins avec toi. » Je ne savais pas vraiment à quoi je m'attendais, mais la réponse qu'il justifiait tant bien que mal ne me convenait pas non plus. Je lui avais confié ce qui me faisait peur et je ne sentais rien. Pas de poids en moins sur la poitrine, pas d'intense soulagement. Rien, si ce n'est que j'étais encore plus perdue. Peut-être tout autant que Cooper. On s'était précipité dans la dispute les yeux fermés, c'est tout ce qu'on avait toujours fait. Après tout, c'était notre façon de faire depuis le début, et c'était exactement de cette même façon qu'on avait fini ici, dans cette chambre d'hôtel, en couple. Et maintenant que je réalisais que tout ça était peut-être un peu trop rapide, j'avais l'impression de ne plus pouvoir y échapper. Ce n'étaient pas des excuses que j'attendais, pas non plus des justifications. J'aurais voulu qu'il me dise que tout irait bien, qu'on oublie tout ça. Mais c'était trop tard. J'aurais accusé Cooper de me tromper que ça aurait certainement eu le même effet, il s'était refermé, la discussion était terminée. Et maintenant, quoi ? « Je crois qu'on ferait mieux de prendre du recul par rapport à tout ça. » Je ne réalise même pas ce que je suis en train de dire. Du recul. Du recul par rapport à quoi ? Par rapport à tout, certainement. Du recul par rapport à notre dispute, par rapport à notre relation. Du recul, simplement. C'est l'expression universelle qui conduit à une séparation. C'est l'étape qui précède le "je vois quelqu'un d'autre". Pourtant, ce n'est pas ce que je veux. Je ne veux pas qu'on se sépare. Je ne veux pas qu'on arrête, qu'on jette tout à la poubelle comme si ça n'avait jamais compté. Je veux pouvoir respirer à nouveau. Je suis coincée, et je crains même jusqu'à ce que je m'apprête à dire comme si je risquais de tout briser. « Je ne veux pas qu'on se sépare. » j'ajoute avec précipitation, alors que nos doigts s'entremêlent à nouveau. Comme pour combler les trous, pour le rassurer, pour me rassurer. Mais d'une façon ou d'une autre, ça ne semble pas suffisant. « Mais je crois que je devrais trouver quelqu'un d'autre pour m'héberger, le temps de trouver un autre appart. » J'ai l'impression que quelqu'un d'autre parle à ma place. Parce que, pourquoi ce serait moi qui dirait tout ça ? Tout allait si bien. Mais encore une fois, ce n'était pas suffisant. Il avait fallu que je trouve une faille, il avait fallu que ça m'obsède. A croire que le bonheur ne me convenait pas, que c'était simplement pas pour moi, et qu'à chaque fois que je le touchais de près ou de loin, je me débrouillais encore et toujours pour trouver un moyen de tout foutre en l'air.

On se laisse faire par les disputes comme si c’était à elles de choisir comment se passeront les choses entre nous. Certains diraient que c’est le destin, qu’on est faits comme ça. Moi je dirais plutôt que c’est notre façon de faire. C’était même étrange qu’on n’ait à peine levé la voix l’un sur l’autre depuis cet été. Mais les disputes ne nous changent pas tant que ça. Parce qu’on sait ce qu’elles nous font. On les connait et on sait les gérer maintenant. Le secret, c’est de dire la vérité et de croire l’autre. Mais en fait, on a du mal à faire ces deux choses-là en même temps. Quand ce n’est pas l’un, c’est l’autre. On se tire chacun notre tour vers le fond du trou mais on en ressort également ensemble. C’est ça le principe d’un couple, tout faire ensemble. Nous, on est assez particuliers quand même. Ou bien on est normaux à notre façon, ça dépend du point de vue. « Je crois qu'on ferait mieux de prendre du recul par rapport à tout ça. » Je relève les yeux vers Andie. Du recul ? Ou le mot qui a le moins de sens au monde. En témoignent Ross et Rachel. Veut-elle faire un break, rompre ? Ou bien juste ignorer le problème ? Heureusement, elle précise. « Je ne veux pas qu'on se sépare. » Et sa main vient attraper la mienne. On regarde tous les deux nos doigts entremêlés, comme dépassés par la situation. Je ne sais même pas comment on peut en arriver à ça. Mais on sait tous les deux ce qu’on ne veut pas : rompre. Et on fera tout ce qu’il faut pour ne pas en arriver là. On se battra pour revenir l’un vers l’autre malgré les disputes, malgré tout ce qui nous sépare. Parce qu’on n’est pas ensemble pour tout abandonner au premier obstacle rencontré. Les obstacles, on les a rencontrés avant d’être en couple de toute façon. « Mais je crois que je devrais trouver quelqu'un d'autre pour m'héberger, le temps de trouver un autre appart. » Elle a sûrement raison après tout. A cause des inondations, on a été contraints d’aller plus vite que nécessaire en vivant ensemble chez Olive. Peut-être que tout aurait été différent si nos maisons n’avaient été inhabitables. On n’a pas parlé de la suite. De ce qu’on allait faire une fois nos maisons remises en état. Celle d’Andie étant irrécupérable. La mienne sera prête bientôt. Mais on n’en a pas discuté. Elle a sûrement raison, on ne devrait pas se forcer à vivre ensemble juste parce qu’on l’a fait temporairement. On a peut-être besoin de repartir en arrière pour mieux recommencer. La demande d’Andie est raisonnable de toute façon et elle comme moi savons que c’est ce que nous devons faire. « Tu as sans doute raison, on a été trop vite et je ne veux pas rompre non plus. » C’est vrai qu’avec ce que je viens de lui dire, ce serait vraiment super logique de lui dire que je veux rompre. Je veux les faire les efforts parce que ça en vaut le coup. « On recommence depuis le début ? » Sans attendre de réponse, je me lève du lit et sourit. « Bonjour, je m’appelle Cooper. » Et je tends la main vers elle, fier de mon idée. Ça ne va pas tout arranger. C’est impossible de tout arranger de toute façon. Mais ça remettra tous les problèmes à plus tard et c’est ce dont on a besoin. « J’ai cette chambre d’hôtel pour moi tout seul ce week-end, vous voulez me tenir compagnie peut-être ? Faudra juste ne pas le dire à ma copine. Vous la connaissez peut-être d’ailleurs, c’est la meilleure et la plus belle des serveuses du Hogan. » Le sourire qui s’affiche sur les lèvres d’Andie me montre que je prends le bon chemin. Que ça va s’arranger pour ce soir. Et c’est ce que je souhaite le plus. « On peut commencer par danser. Ou bien commander du champagne pour fêter ma prochaine audition ? Ouuu… il y a le lit qui a l’air confortable. Comme tu veux. » Choice is all yours. Je souris à Andie, espérant qu’elle sera heureuse pour la perspective de mon audition. Je ne voulais pas le lui dire pour ne pas porter la poisse mais Andie, c’est mon porte-bonheur de toute façon. Celle qui me fait aller bien.

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« Tu as sans doute raison, on a été trop vite et je ne veux pas rompre non plus. » Et puis il est là. Enfin. Le soulagement. On veut tous les deux la même chose, finalement. Pourtant, on arrive jamais à se mettre d'accord, on ne s'entend jamais aussi bien qu'on le voudrait. Certains diraient que c'est perdu d'avance, que de toute façon, on ne peut pas construire une relation sur des disputes incessantes. Pourtant on continue d'essayer. Même si on ne fait que tourner en rond. Parce qu'il n'y a pas que de mauvais moments, parce que les bons moments valent toutes les disputes du monde. Parce que même si on continue de s'engueuler, ça veut dire qu'on a toujours des choses à se dire, pas vrai ? « On recommence depuis le début ? » Ce n'est peut-être pas une si mauvaise idée après tout. Recommencer, c'est peut-être ce dont on a besoin. C'est sûrement mieux que de rester comme ça, à attendre la prochaine dispute. Et puis ça nous donne une dernière chance de sauver le week-end. Mais ça n'arrange rien. Ca ne fait pas oublier, ça ne fait pas effacer. Ca ne fait que repousser les problèmes à demain. « Bonjour, je m’appelle Cooper. » Il se lève et me tend sa main, fier de lui, ce qui me décroche un sourire. C'est un jeu stupide, un jeu pour les enfants. Comme quand on est gosse et qu'on s'amuse à être quelqu'un d'autre. Toi tu seras le papa, moi la maman. Mais quitte à avoir l'air idiot, autant l'être à deux. « Le fameux Cooper ? On m'a beaucoup parlé de vous. » Je me lève à mon tour et garde sa main dans la mienne. Et nous voilà. Deux gamins qui se font passer pour d'autres. Ce n'est pas si stupide que ça finalement, quand on se laisse prendre au jeu. C'est même plutôt amusant. « J’ai cette chambre d’hôtel pour moi tout seul ce week-end, vous voulez me tenir compagnie peut-être ? Faudra juste ne pas le dire à ma copine. Vous la connaissez peut-être d’ailleurs, c’est la meilleure et la plus belle des serveuses du Hogan. » C'est dingue comme il arrive à jouer avec mes émotions. Comment en quelques secondes à peine, il me fait passer de l'humeur la plus terrible, à une humeur bien meilleure. Comme si on pouvait mettre pause à chacune de nos disputes. Pourtant on sait très bien que ce système ne fonctionne qu'un temps. Et après, c'est le retour des hostilités. « Faisons en sorte qu'elle ne le découvre pas, alors. » Et puis tout d'un coup on est même plus Andie et Cooper, on est ces deux personnages mystérieux qu'on vient tout juste d'inventer. On est juste une meilleure version de ce qu'on était il y a tout juste trois minutes. La version de nous sans les disputes, et les désaccords, celle qui a prévu de ne pas quitter la chambre de tout le week-end. Je passe mes bras autour de son coup et je souhaite qu'on reste ce nouveau nous un petit moment encore. « On peut commencer par danser. Ou bien commander du champagne pour fêter ma prochaine audition ? Ouuu… il y a le lit qui a l’air confortable. Comme tu veux. » « Une audition ? T'as décroché une audition ? » Je saute à son coup pour le féliciter, même si je suis un peu surprise. Je veux connaître les détails. Lui qui disait que sa carrière était terminée, qu'il était dépassé. J'avais beau ne l'avoir connu que bien après ça, mais j'étais persuadée que c'était une bonne chose pour lui. Il était resté beaucoup trop longtemps sans rien faire, et puis qui sait, peut-être qu'il finirait par retrouver toute sa gloire, il le méritait. « Tu as raison, il faut fêter ça. » Mon visage encore tout près du sien, je ne bouge pas, je suis bien. Être quelqu'un d'autre, c'est pas si mal que ça finalement.

Je ne sais même pas comment on fait ça, comment on arrive à oublier la dispute pour être heureux. Heureux pour une soirée mais c’est ce qu’il nous faut. On criera un autre jour, bien assez tôt. On ne se fait pas de faux espoirs pour autant. Ce n’est parce qu’on peut oublier les problèmes pour ce soir que ça sera le cas les autres jours. Mais on se met d’accord pour repousser tout ça et recommencer la soirée au début. Pour avoir une dernière chance que le week-end qui devait être parfait ne soit pas complètement raté. Il y a quelques mois, on se serait quittés en se criant l’un sur l’autre et on aurait mis quelques jours à ravaler notre fierté pour revenir vers l’autre. On a grandi, on n’est plus aussi cons. Et c'est ce qui nous permet de survivre. « Le fameux Cooper ? On m'a beaucoup parlé de vous. » Je souris, heureux qu’elle se prête au jeu. Parce qu’avoir l’air con tout seul, c’était pas dans mes plans. Avoir l’air con avec Andie, c’est tout de suite différent. On est seuls mais l’un avec l’autre. Et on se contente de cet équilibre précaire. Parce qu’on n’a pas grand-chose d’autre à quoi se raccrocher. « En bien j’espère ? » On ne sait pas où ça va nous mener mais ça ne peut pas être pire que ce vers quoi on allait juste avant. Ça s’annonce même plutôt bien. On est capables de tout visiblement. Et cette perspective est rassurante pour la suite. Parce qu’on peut tout surmonter. As long as we are together. « Faisons en sorte qu'elle ne le découvre pas, alors. » Les jeux de rôles, on est doués apparemment. Même si en fait, ce ne sont pas Cooper et Andie qui change, c’est leur relation. Nous sommes les mêmes mais dans ce jeu, nous ne nous connaissons pas. Un retour au départ. Une nouvelle rencontre, après celle au Hogan. C’est facile en fait. Comme quoi, quand on le veut, on peut réussir. Et on le veut vraiment, que ça marche. Même si c’est bien souvent trop compliqué pour nous. On est dépassés par notre propre relation mais on fait ce qu’on peut pour se raccrocher aux miettes. Parce qu’on a de la volonté. Ses bras autour de mon cou, on pourrait se contenter de ces paroles et s’embrasser mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? N’est-ce pas ce qu’on fait tout le temps ? Que ce soit bien ou pas. « Une audition ? T'as décroché une audition ? » Je ne regrette pas le moins du monde de le lui avoir dit. Elle va être comme toujours, elle va m’encourager. Parce qu’elle veut ce qu’il y a de mieux pour moi. Pourtant, on parle rarement de nos rêves, de nos envies pour le futur. Mais quand ça se réalise, on encourage l’autre. Tout comme je ferais tout pour aider Andie à se faire un nom dans la danse. « Oui, grâce à Sadie, ça sert d’avoir des contacts. Enfin je ne sais pas encore ce que ça va donner. » Je ne voudrais pas trop me faire d’espoirs alors que je ne suis pas sûr d’avoir le rôle. On verra bien. J’ai vécu sans rêves pendant plus de six mois, je peux encore continuer quelques semaines non ? « Tu as raison, il faut fêter ça. » Et elle comme moi connaissons la meilleure manière de faire ça. Mon visage s’approche du sien jusqu’à le toucher. « Tu proposes quoi ? » Mais la question ne sert à rien puisque mes lèvres viennent déjà rejoindre les siennes. C’est comme ça que ça devrait être tout le temps. Des sourires, des baisers et des mots gentils. Mais si c’était ça tout le temps, on s’ennuierait. Plus de réconciliations sur l’oreiller après chaque engueulade, plus de passion. Or, c’est elle qui nous fait vivre, qui fait battre notre cœur à cent à l’heure. Mes mains passent sous ses fesses pour soutenir la blonde toujours accrochée à mon cou. Ça parait si simple comme ça de faire fonctionner notre histoire. Sans cesser de l’embrasser, je m’assied sur le lit, Andie sur moi. « Je sais qu’on vient de se rencontrer mais je sens que nous deux, ça va donner quelque chose d’exceptionnel. » Et c’est vrai que, dès le début, j’ai su qu’on serait différents, qu’on allait partager quelque chose d’unique. Du bonheur, beaucoup de bonheur. Parce que ce sont ces moments dont on se souvient à la fin. Les moments de joie, les moments pour lesquels on continue d’essayer, de faire tant d’efforts. Et ça en vaut la peine à chaque fois.

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Ca m'avait manqué. Ces moments avec Cooper. Les gens ne pensent jamais qu'ils sont heureux mais se rendent compte toujours trop tard qu'ils l'ont été un jour. Et depuis, ne cessent de demander à l'être encore un peu, rien qu'une fois avant l'ombre à nouveau. C'est peut-être pour ça que je me laisse prendre au jeu, que ce soir je suis la fille qui s'invite dans la chambre d'hôtel d'un parfait inconnu. Parce qu'il n'y a pas si longtemps, j'aurais retourné le problème jusqu'à trouver sa solution, j'aurais claqué la porte même si je serais revenue deux jours plus tard. Mais pas ce soir. Je n'en avais pas envie, ce soir c'était différent. Je ne savais pas ce qui avait changé, pourtant. J'avais l'impression que ce n'était ni moi, ni Cooper. Non, nous on avait toujours été comme ça, cons jusqu'à la moelle. Peut-être que c'était parce qu'on était cons ensemble, pour la toute première fois, peut-être parce que pour une fois on avait autre chose à foutre que de se balancer des verres à la gueule. Ca ne durerait pas, c'était certain. Mais au moins, on aurait cette soirée pour se souvenir. Parce que tout n'est pas toujours tout noir, parce que parfois y'a des soirs comme aujourd'hui où on essaie de sauver le moment tant bien que mal. « Oui, grâce à Sadie, ça sert d’avoir des contacts. Enfin je ne sais pas encore ce que ça va donner. » Et puis il y a son audition. Je crois pas qu'on ait déjà abordé des sujets comme celui-là auparavant. On a jamais vraiment parlé, en fait. Enfin si, souvent, on parlait des programmes télés, on passait notre temps à essayer de se racheter, à enlever nos fringues et puis à s'engueuler aussi. Avec tout ça, il restait pas beaucoup de place pour autre chose. Je crois que c'est la première fois que je suis vraiment contente pour lui. Parce que l'un de nous deux a peut-être encore une chance finalement. « Tu proposes quoi ? » J'avais bien quelques idées, dont j'aurais pu lui faire part s'il m'avait laissé le temps de répondre. A la place, nos lèvres se scellent comme pour fêter nos retrouvailles, même si on s'est jamais vraiment quitté. Et puis finalement je me laisse aller, tous les deux, je crois. J'ai l'impression que ça fait une éternité que ça ne nous ait pas arrivé. Cooper nous guide jusqu'au bord du lit, on bascule entièrement, mes lèvres le retrouvent de plus belle, finissent par glisser dans son cou. « Je sais qu’on vient de se rencontrer mais je sens que nous deux, ça va donner quelque chose d’exceptionnel. » Je relève la tête vers lui, amusée, tant pis si mes cheveux qui tombent devant mes yeux me gâchent la vue. « Oh, tu crois ça ? » A peine le temps de reprendre ma respiration qu'il nous fait basculer à nouveau pour reprendre le contrôle de la situation. « Pas si vite, Don Juan. » Je finis par le repousser doucement sur le côté, non sans regret. A son regard interloqué, je crois que je lui dois quelques explications. « Je ne couche pas le premier soir. Enfin, pas avant quelques verres, du moins. » C'est vrai qu'un verre ne nous fera pas de mal. Et puis, ce n'était pas lui qui juste quelques secondes avant parlait de fêter ça ? Je lui tends le combiné du téléphone avec malice, esquissant un sourire. « Champagne ? »

candy, you're going through six degrees of seperation.

« Je suis prêt à tout pour toi voyons. » Couchée sur lit, je me tourne sur le côté pour lui faire face, le sourire aux lèvres. Le moment est futile, fugace, presque trop beau pour être vrai. Il faut savoir l'attraper et en profiter, car il ne dure jamais bien longtemps. Un peu comme en ce moment, où je sais très bien que l'image de Reese risque de m'apparaître d'un moment à l'autre, où je ne vais plus savoir jouer la comédie. Jouer la comédie. Je crois qu'on a finit par devenir bon à ce jeu. Sa main dans mes cheveux, je pourrais presque me laisser bercer. « En attendant, pourquoi tu ne me parlerais pas de toi ? Je suis sûr que tu es… un mannequin qui fait de la pub pour les shampooings. Garanti sans trucage. » L'idée me fait rire, mais paraît toute aussi alléchante. Après tout, ce soir on est qui on veut. Alors il suffit de poser la Andie qu'on connaît dans un coin, la serveuse invétérée, pas bonne à grand chose d'autre et d'en fabriquer une nouvelle. Ce soir, pourquoi ne pas être mannequin, pourquoi ne pas bosser pour Victoria Secret et porter des sous-vêtements sexy ou même faire des pubs pour des shampooings. « Y'a un peu de ça, oui. » Pourtant l'envie de jouer la comédie se dissipe. A la place, juste une profonde fatigue, pas seulement due à une journée mouvementée. Le jeu ne sert pas à grand chose si ce n'est contourner la réalité. Et puis, ça ne dure jamais bien longtemps. Mais je ne dis rien, je ne veux pas reprendre la dispute. On est si bien, comme ça. « Tu ne m’as même pas dit ton prénom. Enfin coucher avec une parfaite inconnue, ça a son charme. » Et peu à peu, mon sourire s'évanouit. Reese, elle réapparaît devant moi comme une image qui vous hante. C'est stupide, je sais. Pourtant je peux pas m'en empêcher, je la vois vivre à travers moi. Je l'imagine prononcer mes mots, réagir comme je le ferais, je la vois même dans ce lit, avec Cooper, en petit couple parfait. J'imagine qu'il se comportait avec elle comme il le fait maintenant avec moi, qu'il la touchait comme il me touche, qu'on s'embrasse comme ils avaient l'habitude de le faire. Est-ce qu'ils jouaient à ça eux aussi ? Ca non plus, ça sert pas à grand chose, si ce n'est foutre la soirée en l'air une bonne fois pour toute. La mascarade est terminée, le rideau s'effondre. J'échoue à nouveau, décidément, j'suis pas bonne à grand chose ces derniers temps. Mais je crois que c'est comme ça, qu'on y peut rien. On est une bombe à retardement.