Quelques semaines déjà que j'étais tranquillement installé à Montsympa. C'était une ville tranquille avec de rares problèmes, et j'avais pris conscience également que je n'étais pas le seul vampire dans les parages. Je le ressentais il y en avait d'autres. Retrouverai-je celle qui m'a transformé en vampire ? Retrouverai-je Sixtine ? Enfin... je ne voulais pas spécialement la retrouver, mais plutôt la revoir. Elle avait été mon premier amour, elle avait été également la première à me briser le coeur. Sans cesse, je repensais à son refus de me transformer. Elle m'avait laissé, elle m'avait laissé mourir. Et cela, je ne pouvais pas lui pardonner. Cependant, pour cette soirée je ne voulais penser à rien et seulement me nourrir. De quoi ? De sang humain, j’avais besoin de sang frais. Un petit tour au parc s'imposait. La nuit était tombée depuis quelques heures déjà, pourtant je ne saurais dire l'heure qu'il était. Je marchais tranquillement, éclairé seulement par la lune. Les lampadaires étaient éteints pour je ne sais quelle raison. Marchant tranquillement, quelqu'un arrivait. Mes sens étaient tout émoustillés, je m'approchais d'elle. Nos regards se croisèrent, et je fus immobilisé. Je voulais la revoir, mais je ne pensais pas que ce serait aussi tôt. M'avait-elle reconnue ? Apparemment non en entendant sa remarque. Du moins, elle pensait que j'étais un sosie ! Il faut dire qu'elle m'avait vu mort. Mes yeux s'enfoncèrent dans ceux de Sixtine comme je le pensais, elle n'avait pas changé. « On ne reconnait plus son défunt mari ? », disais-je sans expression sur le visage ou dans ma voix. Bon, j'étais déçu qu'elle ne m'ait pas reconnu, mais c'était la vie. Elle était toujours aussi belle, toujours aussi parfaite. Elle était toujours la Sixtine dont j'étais tombé amoureux il y a fort longtemps.

Encore aujourd'hui, je me rappelai de cette fois où elle avait brisé mon coeur, où j'avais compris que je n'avais que très peu d'importance pour la femme que j'aimais. Je m'étais même demander pourquoi restait-elle avec moi ? Peut-être pour se sentir humaine. Ces pensées me rendaient malades, penser à elle me rendait malade. Au final, elle était en face de moi. J'étais sans expression, je ne savais pas trop quoi faire désormais et je me sentais plus désemparé qu'autre chose. Je lui fis une légère remarque, elle me répondit qu'elle ne comprenait pas. Y avait-il quelque chose de difficile à comprendre là-dedans ? Peut-être se demandait-elle si j'étais un fantôme ? Ou bien même... son imagination ? Peu m'importe. Je gardais mon regard sur elle. Je n'étais pas heureux de la revoir, j'avais toujours cette colère et je ne savais pas comment m'en défaire. Elle souffla mon prénom. « Qui veux-tu que ce soit d'autres, Sixtine ? », disais-je, d'une manière assez désintéressée. En y réfléchissant, mon attitude était-elle une manière de montrer que je n'étais pas touché de revoir cette femme ? Surement, je ne le savais pas moi-même. Je ne l'avouerais jamais, mais elle m'avait manqué. « Tu es toujours la même. Enfin... les vampires ne changent pas, j'avais oublié », disais-je de nouveau alors que Sixtine s'approchait un peu plus de moi. J'avais mes mains dans les poches de ma veste en cuir noir, et mes yeux étaient plantés sur le visage de Sixtine. « Jamais je n'aurais pensé te croiser ici, tu sais. », ajoutais-je. C'était à moitié vrai, j'espérais la croiser ici et bizarrement, je sentais qu'elle n'était pas loin de moi.

Des années, oh oui des années que l'on ne s'était pas vus. Pourtant, je n'oubliais pas son visage, je n'oubliais pas sa voix, sa façon de parler qui n'avait pas du tout changé. Elle restait la même quoiqu'il arrive alors que moi, j'avais changé du tout au tout. Ma voix, ma façon de parler, mon attitude... Je n'étais plus réellement le même Ixion que j'étais auparavant. D'ailleurs, Sixtine semblait également le remarquer. Cependant, cela ne l'avait pas empêché de sauter dans mes bras. J'étais légèrement surpris, même si je ne laissais rien paraître sur mon visage. Mes bras ne se posèrent pas sur son corps, et restèrent dans les poches de ma veste en cuir. Elle se détacha de moi ensuite, et nos yeux se replongèrent l'un dans l'autre. Elle se demandait alors pourquoi je n'avais pas changé, je lâchais un sourire. Commençait-elle à comprendre que je n'étais plus humain ? Que j'étais désormais comme elle ? Elle ne l'avait pas relevé encore, peut-être devrais-je le faire. Trop de questions en si peu de temps. Ce que je faisais là, le pourquoi de ma venue ici, en rajoutant qu'elle ne pensait plus me revoir. Faut croire que j'étais mort dans sa tête. Elle m'avait posé deux questions auquel je ne pouvais pas répondre, j'avais simplement eu le pressentiment que je devais me retrouver dans cette ville, c'est tout. « Et bien... on m'a dit beaucoup de bien sur cette ville. Me voila donc, et puis je me plais bien ici quand même. », disais-je. Plaire était un bien grand mot. Je pensais surtout que le fait qu'il y ait d'autres vampires m'apaisaient plus qu'autre chose. La présence de Sixtine me faisait du bien malgré tout le mal qu'elle m'avait fait. Un mal impardonnable à mes yeux. Je me mis à soupirer, un soupir qui se trouva être assez long. « Qu'est ce que ça te fait de revoir une personne que tu croyais morte ? », demandais-je à la vampire en face de moi. Là, j'avais été plus sec et plus froid que mes paroles précédentes. Encore, et encore je repensais à ce moment où elle m'avait abandonner à mon triste sort. Il n'y avait pas que mes paroles de froid, il y avait aussi mon regard planté dans celui de Sixtine qui se révélait être froid.