Dans une main elle tenait une ficelle à laquelle était accrochée un ballon, et dans l'autre la laisse qui retenait Oscar le cochon. Son éternel sourire scotché à ses lèvres, la douce Olive se promenait, pieds nus, à travers Montsimpa, heureuse, comme toujours. Rien ni personne n'aurait pu venir perturber l'équilibre parfait de sa vie. Tout allait bien, tout était beau, tout paraissait magique et incroyable. Comme chaque matin elle avait nourris Oscar exclusivement de pommes, persuadée et convaincue que comme Newton, son cochon deviendrait à son tour un brillant scientifique et recevrait le prix Nobel de Physique. Bientôt elle lui apprendrait des formules mathématiques et à compter deux par deux. Il était parfait son cochon. Elle ne l'avait seulement que depuis quelques jours et pourtant tout le monde l'avait adopter. Aeron le premier. Il lui avait même confectionné une cape de super héros. A Olive aussi, il avait offert une cape, et un costume d'ailleurs. Ces derniers temps elle passait régulièrement du temps avec sa cousine Primrose, ou à flâner pieds nus dans les rues de Montsimpa à la recherche d'objets rares qui pourraient servir à la construction de sa machine à voyager dans le temps. C'était beaucoup de travail, mais elle était persuadée que lorsque son invention serait terminée, elle aurait un franc succès. Mais depuis qu'elle s'occupait du petit Pavao tous ses mercredis étaient pris, le reste de ses journées étant consacrées à faire la mascotte dans un restaurant de crustacés. Son seul temps libre était le week-end, pendant lequel elle vadrouillait à travers Montsimpa. Des escapades solitaires qui ne lui réussissait pas toujours puisque la dernière fois elle était tombée lamentablement dans un fossé dans les bois. Une heure il lui avait fallut pour réussir à s'extirper du trou sans l'aide de quiconque. Oscar n'ayant pas voulu aller chercher les secours lorsqu'elle le lui avait demandé. Aujourd'hui elle avait donc décidé de ne pas s'éloigner énormément de Montsimpa et se contentait de marcher dans la rue sans but précis. La rue était déserte et Olive partit s'assoir sur le bord du trottoir et observa ses pieds sans chaussure. On aurait cru une malheureuse sans domicile ni argent. « Tu vois Filibert, c'est un chemin d'or. Il mène au pays imaginaire. Il y a des Leprechauns qui vivent là-bas, et Peter Pan aussi. » dit-elle, à l'ouest, alors qu'elle parlait à Filibert, son ami imaginaire. Du moins aux yeux des autres il était purement fictif, pour Olive, il était un homme bien réel. Peu loquace, certes, mais bien réel. Elle continua de parler à son ami durant plusieurs minutes avant qu'une ombre apparaisse devant elle. L'ancienne scientifique s'arrêta de parler et releva les yeux lorsqu'un inconnu s'arrêta devant elle. Inconnu pas si inconnu que ça. Adriàn ? Surprise de le rencontrer ici, un sourire fendit son visage et elle se leva. « Adriàn ! » s'écria-t-elle, et joyeuse, comme toujours, elle passa ses bras autour de son cou et le serra contre elle pour le saluer. « Comment vas-tu ? Je te présente Oscar. Il est beau hein ? Je l'ai adopté la semaine dernière. » Elle se décala d'un pas pour désigner le cochon qui trottinait autour d'elle au bout de la laisse. « Oh, et voici Filibert. » Elle désigna un emplacement vide à ses côtés, persuadée qu'un homme s'y trouvait. Et dans un murmure, sur le ton de la confidence, elle avoua à Adriàn : « Mais fais pas attention à lui, il est un peu timide. »

« Mieux maintenant que je suis avec toi. » Il dépose un baiser sur sa joue. Elle rougit, flattée par son aveu. Elle est heureuse de le voir, de retrouver sa présence rassurante et protectrice. Il lui avait manqué et sa bonne humeur se décuple en sa compagnie. Il a le don, volontaire ou non, de la rendre souriante rien qu'en étant présent. Elle pose sur lui un regard pétillant, éperdument amoureuse avant de détourner les yeux pour regarder Oscar qui trottine tout autour d'eux. Elle le présente, fière de l'avoir adopter. Il est beau son cochon. Encore plus lorsqu'elle lui met sa cape de super-héros. « C'est pas dangereux comme animal de compagnie ? » Elle secoue la tête, amusée. Un rire léger s'échappe de ses lèvres tandis qu'elle vient se lover un peu plus dans les bras du jeune homme. Il est le premier à s'inquiéter pour elle. A penser à sa sécurité. Elle se sent bien, là, comme ça, dans ses bras. Sa main vient trouver la sienne. Elle lui décroche un nouveau sourire et reporte son attention sur Oscar. Un cochon savant qui mange des pommes, il n'y a rien de dangereux. Il deviendra même célèbre dans le monde entier un jour. « C'est un cochon tu sais, pas un requin. » Et alors, elle imagine Spielberg faire un remake de son propre succès « Les dents de la ferme » avec un cochon qui viendrait terroriser tous les fermiers. L'idée est stupide, mais ça la fait rire au moins. Il faudrait qu'elle en parle à Nicholas. Lorsqu'elle aura enfin acheté sa caméra, ils pourront faire un film sur Oscar. Elle rigole toujours lorsqu'elle finit par lui présenter Filibert. Son ami imaginaire. Elle ne sait même pas d'où il vient, et si on lui demandait, elle dirait probablement qu'il est arrivé dans sa vie comme par magie. Mais elle l'aime bien ce Filibert. Il ne vaut pas la compagnie de Nicholas, c'est certain, mais elle l'apprécie. Les lèvres de Adriàn viennent caresser son cou, elle sourit, se mord les lèvres mais ne dit rien. Il murmure quelques paroles qui l'étonne. Elle pose ses mains sur son torse et recule d'un pas pour le voir face à elle. « Hein ? Quoi ? Ah non, non, non. » Son sourire s'évanouit. Elle parle vite. Elle ignore si quelqu'un lui a mentionné des choses à son égard. Mais c'est stupide. Il se fait des fausses idées. Son visage se décompose, elle semble déçue qu'il puisse imaginer ça d'elle. Il n'y a que lui qu'elle désire et sa soudaine question l'étonne. Elle ne se voit pas se glisser dans les bras d'un autre homme. Il est le seul qu'elle veut. Pendant un court instant, elle tente de deviner à quoi il joue et où il veut en venir. Elle tourne le visage vers Filibert, qui est toujours là, à attendre. Il reste silencieux, comme d'habitude. Normal, il n'existe pas. Mais elle n'en a pas réellement conscience. Alors elle passe ses bras autour de son cou, se décide à rentrer dans son jeu - si jeu, il y a. « Enfin, peut-être. » Un sourire joueur au visage, elle vient coller son corps au sien. Insouciante, elle lâche la laisse qui retient Oscar et sourit alors qu'elle croise le regard de Adriàn. « Filibert est mignon. Et j'ai beaucoup d'admirateurs. »