Il s’est passé un truc bizarre, ce matin, j’ai rien compris du tout. Genre, quand j’ai ouvert les yeux, il faisait tellement nuit, genre nuit noire, que j’ai direct pensé qu’il était aux alentours de six heures. Dans ces moments là, t’es tellement désespéré que t’oses même pas regarder l’heure, de peur qu’il soit genre, quatre heures, ou pire, cinq et demi, ou six. C’est assez tragique, ce genre de matin. Donc, autant vous dire que, rien qu’avec ça, j’étais super énervé. J’suis resté sous la couette et j’ai eu l’impression de pas du tout réussir à retrouver le sommeil, mais quand j’ai réouvert les yeux, j’ai pris mon courage à deux mains, pointé mon regard vers le réveil et… Putain, il indiquait seize heures trente-huit. J’ai genre fait un bond du lit, à moitié énervé mais en même temps à moitié étonné. J’ai filé sous la douche, histoire de m’réveiller, et du coup y’a une question qui m’a pas traversé : petit-déjeuner ou déjeuner ? Non, j’ai directement su qu’à l’heure qu’il était, franchement, j’avais pas d’autre choix : le goutter.
J’ai capté qu’en claquant la porte que s’il avait fait si noir, c’est parce qu’une âme charitable avait pris soin de fermer mes volets à ma place. Genre, j’le fais jamais, c’est comme faire son lit : tu le fais le matin et tu le redéfais le soir. Autant pas le faire. Bah voilà, moi mes volets j’les ferme jamais. Et donc, une question vient me trottiner dans la tête : qui l’a fait à ma place ? J’ai encore dû m’endormir avec quelqu’un dans mon lit. Va savoir avec qui, hein.

J’ai zoné dans la ville comme un rat mort, sans projet ni rien. Et puis, j’me suis rendu compte d’un truc : les citrouilles, les masques et tout… Ouais, c’est halloween. Genre halloween même quoi ! La petite lampe a illuminé mon esprit et hop, j’ai choppé mon cellulaire.

« Ce soir, vallée du bois, toi & moi…
Et les fantômes, au pire. »
C’est même pas une question, hein ; Emrys, depuis que j’le connais, je lui parle comme ça. Genre, on peut bien sortir tous les deux, nan ? Et puis, faut bien que j’mette ma stratégie sur pieds si j’veux réussir à le foutre dans mon lit, un jour ou l’autre.
Du coup, j’ai foncé à la maison pour me préparer, genre, vêtements décontract mais un peu classe quand même, parfum, gel, enfin tout quoi. J’ai à peine eu le temps d’aller manger un morceau avec Arabella qu’il était déjà l’heure d’y aller.

L’ambiance est cool, moi j’aime bien halloween. Genre, y’a du monde et j’me demande comment je vais bien pouvoir le retrouver dans cette foule bordélique. Quoi que, si j’le retrouve pas, il me retrouvera lui-même.

« Sous le grand chêne, entouré de citrouilles. »
J’lui indique ma direction, c’est évident qu’il va me trouver. Allez, j’m’en fais pas (trop).

Le samedi était l'un des rares jours où j'avais ma journée pour profiter d'un tas de choses. Non, en fait, c'était le seul jour qui m'était entièrement destiné. Il faut dire, que je travaille beaucoup et un seul jour de congé dans la semaine, ça me rend genre trop dingue. J'ai l'impression de ne rien pouvoir faire, de ne pas avoir le temps de profiter de mon samedi. Aujourd'hui, j'avais pas vraiment la tête à sortir, j'avais pourtant mis les pieds dehors, afin d'acheter une baguette de pain mais, j'étais vite rentré. Le froid commençait à s'installer à Montsimpa et même si je ne suis pas d'un naturel frileux, l'envie de sortir n'était pas présente. Ok, je me plaind de n'avoir qu'un seul jour de libre dans la semaine et je ne fous strictement rien ? Et bien, c'est évident qu'il y a des jours comme ceux-là. Bref, j'avais donc passé une journée merdique à ranger mon appartement. Manique ? un peu sur les bords. Je n'aimais pas voire, je détestais, avoir un appartement mal rangé, sale et puant. J'étais vraiment un homme à marier, moi. Ma journée étant presque terminée, je n'avais donc plus de temps à m'accorder pour sortir. J'avais le choix entre sortir boire un verre avec des potes ou bien rester encore des heures enfermé chez moi. C'est alors que mon téléphone vibra dans ma poche. Je l'avais sortis et j'avais pu constater un message de Ken, un bon pote. Il m'avait proposé de l'accompagner à la soirée d'halloween, bonne idée puisque je n'avais rien à faire d'autre. Non pas que je sortais juste pour passer cet ennuie, j'aimais bien Ken et sa compagnie était plutôt agréable. Un simple : « Ok, j'y serais. » précisait ma réponse à Ken.
C'était pas la première fois que je sortais avec lui. Et c'était peut-être pas la dernière d'ailleurs. Même si je le trouvais légèrement collant sur les bords, c'était une personne que j'apprécie énormément. Malgré qu'il soit trop chelou, mais bon. Je n'avais pas pris spécialement de temps à me préparer, une douche, un jean et une chemise suffisait. Je ne m'était pas rasé et un coup de peigne sur mes cheveux suffisait.

Voilà, j'y étais à cette fameuse soirée Halloween, il ne me restait plus qu'à trouver Ken et tout serait parfait. D'ailleurs, je mis du temps à le trouver, sachant qu'il m'avait indiqué le lieu où il m'attendrait et que je n'avais pas pris la peine de re-lire. Après des minutes de recherches dans les coins et recoins, je me souvînt d'un chêne. Ok, j'veux bien mais .. lequelle ? J'en contemplais un, puis deux, puis trois et je le trouvais enfin. Je fis mine de ne pas avoir eu à chercher pour le trouver, en lui lançant un signe de la main qui voulait dire que je l'avais repéré. « J'sais pas si t'as remarqué mais .. des vieux chênes, y'en a pas qu'un. » Je pris mon téléphone portable où était affiché le message de Ken. Je n'avais vraiment pas lu l'intégralité de son message puisque je n'avais pas vu la précision en fin de texte, qui précisait celui entouré de citrouilles. Avant qu'il n'ouvre la bouche, je venais de rectifier ma première parole. « Ah d'accord .. entouré de citrouilles .. Je le savais, t'facon .. ». Ok, je me sentais vraiment bête d'avoir cherché et recherché mon interlocuteur.