L’hiver, le froid, la neige. Tout ce que je détestais en somme. La seule chose que j’appréciais était ces fêtes de fin d’année familiale. Enfin famille pour moi, c’était un mot presque disparu de mon dictionnaire. A vrai dire, mes parents avaient quittés ce monde pour partir sur un bateau en croisière. Ils étaient friqués donc normal, ils n’allaient pas rester à moisir dans cette baraque dont je venais d’hériter. La seule chose qui me rendait heureuse ces derniers temps, c’était Nicholas. Je pouvais me considérer comme étant en couple avec lui. Et c’était bizarre. Comme si j’ajoutais à notre relation de l’amour, de la passion et encore plus de tendresse qu’avant. Rien ne changeait, mais mon cœur lui voulait s’arracher de ma poitrine à chaque fois que j’étais à ses côtés. J’avais décidé d’aller doucement avec lui, et de ne pas le brusquer. Lui avoir révéler mes sentiments le secouait déjà pas mal. Je restais donc à dormir seule chez moi, pour le moment même si je n’avais qu’une envie. Ce matin, je fus réveillée par une petite sonnerie de cloche de mon smartphone. Qui pouvait bien m’envoyer un sms à cette heure-ci ? Pas Nicholas, lui était du genre à dormir comme une marmotte en hibernation. Blythe, ma nouvelle belle-sœur. Sourire jusqu’aux oreilles, je lisais son texto. Elle était devant ma porte, m’attendant avec impatience pour aller au festival de Bridgeport. Bon sang, j’avais complètement oublié ce festival ! C’était la première fois qu’il mettait les pieds dans une ville aussi proche que Montsimpa, je devais absolument y aller. « J’arrive dans 10 minutes. » lui répondais-je, en tapant vite sur l’écran tactile de mon iPhone. Je sautais du lit, puis courrais vers mon armoire. Un pantalon chaud, une polaire chaude et des bottes. Check. Je prenais le temps de me faire la toilette, puis je sortais en trombe de la maison en sautillant jusqu’à la voiture de ma belle-sœur. Je m’entendais énormément avec elle, et encore plus depuis qu’elle savait pour Nicholas & moi. Je faisais partie de la famille maintenant, selon elle. J’en étais presque gênée. Je lui rendais sa bise, frottant mes mains contre les sorties pour le chauffage de sa voiture. « Elle chauffe vite ta voiture, j’espère ! Il fait un froid glacial. » disais-je, en tremblottant. Mais à l’idée de boire un chocolat chaud en arrivant, je parvenais à faire arrêter mes sursauts corporels. « Et puis on ira boire un chocolat, avec plein de chantilly et chanter les meilleurs cantiques de Noël. Je sens que je vais adorer cette journée. » disais-je, l’œil brillant. Cette journée allait me changer les idées au moins, pendant quelques temps, pour éviter de penser à cette famille Cunnings pratiquement inexistante.

Cette fille était complètement… hors du commun, comme son frère. J’appréciais la famille Hawkins pour cet air décalé. Je me sentais parfaitement normale, moi à côté. J’étais juste trop romantique, trop fleur bleue, trop blessée par mon passé. Blythe connaissait tous les détails de mon ancienne vie. A vrai dire, je m’étais facilement confiée à elle sans broder quelques détails. Après tout, je n’avais rien à cacher. Mais au moins, elle savait que j’étais une « écorchée vive » et que l’arrivée de Nicholas semblait réparer les morceaux brisés. Après un passage auprès de tous les stands, je savourais ce pain d’épice qui sentait bon la cannelle. Ce festival était un véritable bonheur. Tout le monde était heureux, tout le monde profitait encore de ces derniers jours de neige. Bridgeport n’avait jamais été aussi animé qu’à cette période de l’année. Je restais là à rêvasser, observant des enfants se jeter des boules de neige en riant aux éclats. Puis ma chère belle-sœur me tirait de ma rêverie, en me traînant à la grande roue. Celle-ci semblait arrêtée, et pourtant le gardien lui, draguait une jeune femme que visiblement il connaissait bien. Blythe m’entraîna sur un siège, puis refermait la porte. Riant aux éclats, je regardais le gardien qui venait de se rendre compte de l’effraction. Il fallait bien qu’on joue un petit tour à ce gardien sinon ce n’était pas marrant. Je tendais ma tasse contre celle de Blythe comme pour trinquer à cette petite victoire personnelle. « Sérieusement, si on finit entières… Un miracle ! » disais-je, en continuant à rire. Je sirotais mon chocolat chaud, qui me réchauffait instantanément. Je pouvais en boire des litres pendant les fêtes de Noël. Le chocolat était un de mes péchés mignons. Je m’étais goinfrée de chocolat pendant ma période de divorce. Il me réconfortait en quelque sorte. « On dirait que tu es habituée à enfreindre les gardiens des grandes roues ! Tu lui as déjà fait le coup, je parie non ? » A vrai dire, j’en étais pratiquement certaine. Nicholas aurait certainement amadoué le gardien avec l’une de ses glaces sorties de son camion pendant que Blythe forçait le passage. Tout était calculé, avec les Hawkins. C’était ça le plus drôle en réalité.