+ I miss you, I love you (lane&nicholas)

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L’eau qui coule sur ma peau, la chanson qui sort de ma bouche. Et les cris de ma sœur derrière la porte. Quelle meilleure façon de commencer la journée ? Aujourd’hui, j’ai pris ma journée. L’hiver, je n’ai jamais beaucoup de clients de toute façon. Si les habitants veulent quelque chose de frais, ils n’ont qu’à manger la neige posée au sol. Alors aujourd’hui, j’ai décidé de ne pas aller travailler. Et en plus, j’ai prévu de passer voir Lane. On se voit de temps en temps mais pas assez à mon goût. Enfin si, on se voit quand même souvent mais ce n’est pas pareil qu’avant. Il y a cette distance entre nous. Je n’aurais jamais imaginé que les choses puissent se passer comme ça. Elle plaisantait sûrement lorsqu’elle m’a embrassé alors j’ai encore plus peur. Mais avant tout, Lane est mon amie et elle a besoin de moi. Tout comme j’ai besoin d’elle. Alors aujourd’hui, ma journée est réservée à Lane. Lorsque j’éteins la douche, les cris de Blythe sont bien plus forts. Ça fait longtemps qu’elle est là je crois. « Ouiiiii, je sors ! » Je dis ça mais je mets bien quinze minutes à me sécher et à m’habiller. Sans oublier le lavage des dents. Quand j’ouvre enfin la porte, Blythe m’engueule. Je lui fais un sourire sans rien répondre. Elle va peut-être être en retard à cause de moi. Alors que je n’ai rien à faire aujourd’hui, contrairement à elle. Tout le monde dans la maison est déjà parti. Et bientôt, c’est à mon tour de sortir de chez moi pour braver le froid et la neige qui tombe doucement. Je tends la main pour que des flocons se déposent dedans. C’est beau. Mais c’est froid et j’ai perdu mes gants. Alors je fourre rapidement les mains dans mes poches et j’avance. Les yeux levés, je regarde la neige tomber. L’hiver, c’est vraiment la plus belle des saisons. Je dois avoir de la neige plein les cheveux mais je m’en fiche. Dix minutes de marche plus tard, je suis devant la maison de ma meilleure amie. J’appuie sur la sonnette mais aucun bruit ne sort. Elle ne doit plus marcher. J’essaye encore une fois avant de me résoudre à essayer les fenêtres. Mais je ne vois personne dans la petite maison. Je fais le tour de la maison trois fois avant d’essayer la porte de derrière qui s’ouvre. C’est pas bien de laisser sa porte ouverte. Je pourrais être un voleur après tout. Après avoir parcouru la maison, je me dis que Lane ne doit pas être là. Mais je ne veux pas être venu pour rien. Alors je décide de l’attendre. Sur la table du salon, je trouve la mallette d’infirmière de Lane et souris. C’est ça qu’il nous faudrait à Olive et moi. Je l’ouvre et commence à jouer avec les ustensiles. Un stéthoscope autour du cou, une piqûre à la main, je sursaute en entendant une clé dans la serrure. Merde, un voleur j’suis sûr ! Je dois défendre la maison de Lane. Je peux toujours piquer l’intrus non ? Une main qui tient l’aiguille, l’autre qui la tire, j’attends derrière la porte jusqu’à ce qu’elle s’ouvre. « Haut les mains ou je tire ! »

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La période de Noël était très difficile pour moi cette année. Fête censée être familiale, je me retrouvais seule avec moi-même. Mes parents venaient de déménager et de me léguer la maison familiale. Pour profiter pleinement de leurs retraites soi-disant. Ma sœur, je n’avais pas de nouvelles en ce moment parce qu’elle travaillait en extérieur. En gros, j’allais me contenter de faire le sapin seule. Et m’offrir des cadeaux seule. La tendance schizophrénique n’était pas loin avec moi. Aujourd’hui, j’étais allée acheter de quoi faire un sapin de Noël. Je ne voulais certainement pas échapper à cette tradition, et ce même si j’étais désespérément seule. Après mon dernier soin de la matinée, je décidais de me rendre au centre commercial. Je ne savais pas si j’allais trouver tout ce dont j’avais besoin. Montsimpa était une petite ville, avec pas ou peu de moyen. Et je n’avais absolument pas envie de mettre les pieds à Bridgeport. Après deux heures d’intense recherche, je rentrais chez moi les bras chargés. Avec un sapin haut d’un mètre quarante. Par chance, c’était le dernier présent dans les rayons. Il faut croire que tout le monde avait la même idée à cette période de l’année. J’enfonçais la clef dans la serrure, tout en tentant de maintenir le sapin pour ne pas qu’il tombe. En ouvrant la porte, je hurlais et sursautais. Un homme avec une seringue à la main. Mais surtout un homme qui était entré dans ma maison sans avoir commis d’effraction. Fort heureusement, ce n’était pas un dangereux criminel mais Nicholas, mon meilleur ami. Enfin, ça c’était encore à mettre entre parenthèses. Depuis le fameux épisode du baiser dans son camion, notre relation n’était plus aussi belle et parfaite qu’avant. Je fuyais un peu ses visites il faut dire. Ce baiser m’avait plus fait mal au cœur qu’autre chose en réalité, je ne m’attendais pas à une réaction aussi… plate de sa part. Depuis ce jour, je ne parlais plus de ce moment de dérapage. Il était évident que la personne dont Nicholas était amoureux, ce n’était pas moi. Interloquée, je me demandais par où il était rentré. « Par où tu es rentré ? » disais-je, en tentant de soulever le sapin pour le rentrer à l’intérieur. Je n’osais même plus m’approcher de lui pour lui faire la bise. J’étais complètement bloquée. Déposant le sapin dans l’entrée, je me retournais et m’approchais de lui pour lui retirer l’aiguille qu’il avait dans les mains. « Tu pourrais tuer quelqu’un avec ça. » disais-je, calmement. Pour une fois, Nicholas faisait le premier pas pour venir me voir. Je ne lui rendais plus autant visite qu’avant. Tout était confus depuis maintenant de longues semaines interminables. Peut-être que la période de Noël pouvait arranger ça, finalement.

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C’est étrange d’être seul chez elle. Ça ne m’est jamais arrivé auparavant il me semble. D’habitude, je viens pour passer du temps avec elle, pour la faire sourire et m’amuser. Nous amuser. Mais en ce moment, rien n’est plus pareil. Tout a changé depuis ce fameux jour dans mon camion à glaces. Depuis qu’elle m’a embrassé. Sans savoir ce que ça signifiait pour moi. Mais je me suis fait une raison. Lane et moi, ça n’arrivera pas. Ça n’est pas fait pour arriver. Alors je me contente de notre amitié. Amitié bancale en ce moment. Mais qu’il m’est impossible de perdre. Parce que ma vie sans elle serait bien moins bonne. Mieux vaut être ami avec elle que rien du tout. Alors je l’attends dans sa propre maison, sans penser que je suis entré sans son autorisation et que c’est donc un délai. Elle n’appellera pas la police de toute façon. Et lorsque quelqu’un pénètre dans la maison, je m’arme d’une seringue, prêt à toute éventualité. Pour défendre la maison de Lane. Et quelle n’est pas ma surprise quand c’est un sapin qui entre dans la maison. Enfin derrière le sapin, il y a Lane. Ce qui ne devrait pas me surprendre, c’est chez elle après tout. « Un magicien ne dévoile jamais ses secrets. Et si je te le dis, tu mettras un verrou et je pourrais plus rentrer. » Ça serait sûrement mieux pour sa sécurité le verrou mais bon. Je suis là pour la protéger de toute façon. Bon, à moins que le mec fasse deux mètres quarante et ait une véritable arme. Là, je serais plutôt du genre à fuir avec elle. Mais il n’y a personne comme ça à Montsimpa. Du moins, j’en ai jamais entendu parler. La seule personne qui s’incruste chez les autres sans invitation préalable, c’est moi. Et je ne pense avoir la carrure pour être considéré comme dangereux. Elle me prend la seringue des mains, visiblement consciente du danger qu’elle représente. « C’est que de l’eau avec du liquide vaisselle dedans, rien de très dangereux. Enfin ça suffit pour aveugler son adversaire le temps de partir en courant. » Dans un film d’horreur, aucun doute que je serais le dernier à survivre. Peut-être même que je sauverais les autres personnages. Parce que moi, je n’irais jamais, jamais, jamais regarder à la cave s’il y a des bruits étranges. « Il est beau ton sapin, tu veux que je t’aide à le mettre au salon ? » De mes bras, j’encercle du mieux possible le sapin. Il est gros dis donc. J’avance prudemment, sans rien voir devant moi mais j’évite miraculeusement les chaises et autres meubles. Le seul problème, c’est qu’à un moment où j’avance la tête pour voir où je le pose, une branche épineuse vient se planter dans mon œil. Je lâche le sapin aussitôt, récupérant mes mains pour couvrir mon œil. « Crotte de zut de crotte ! Il m’a crevé l’œil ton sapin ! » Ça fait mal, ça fait mal, ça fait mal. Ils devraient faire des sapins sans branches, ça serait moins risqué. Ou bien les amener directement dans les maisons pour que les innocents comme moi n’aient pas besoin de se blesser pour le bouger.

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Après quelques déductions, je constatais que la porte de derrière était ouverte. Bien sûr, ça ne pouvait qu’être par-là de toute façon. Nicholas était quand même capable de passer par une fenêtre pour pouvoir venir chez moi. Du moins, lorsque je réclamais sa présence, il débarquait chez moi sans que mes parents ne sachent. C’est comme ça qu’il a commencé à passer par les fenêtres. J’avais pris le même tic pour le voir dans cette immense maison de colocataire. Finalement, il me déteignait dessus bien plus que ce que je le pensais. La présence de Nicholas dans ma maison me rassurait au moins, pas de cambrioleur à l’horizon. « Hum, c’est vrai. Tu as toujours l’habitude de passer par des endroits insolites, mais celui-là dépasse tout. » disais-je, légèrement moqueuse. Nicholas, passer par une porte… Autant dire que c’était inédit. Je posais la seringue sur la table, avant qu’il n’arrive à blesser quelqu’un par inadvertance. C’était le chic de Nicholas ça. « Le liquide vaisselle, ça fait mal aux yeux. » disais-je, sérieusement. Déjà que le shampooing ça piquait alors le liquide vaisselle. Je n’avais pas testé mais l’envie n’était pas vraiment d’actualité. Bref, je regardais mon sapin de Noël que j’allais encore une fois observer seule cette année. Voilà pourquoi je détestais cette fête qui pourtant semblait être tellement conservatrice des valeurs de la famille. Mes fesses, oui. Je fus surprise d’entendre Nicholas proposer son aide pour installer le sapin. C’est vrai que les bras d’un homme n’étaient pas vraiment de refus pour porter ce truc plein d’épines. Je l’observais déplacer le sapin comme s’il déplaçait un meuble de deux cents kilos. J’avais presque envie de rire mais je me retenais. J’étais censée « faire la gueule » du moins, moi je tirais la tronche. Nicholas lui ne comprenait pas pourquoi j’étais dans cet état. Pourtant, c’était tellement évident. Puis Nicholas se blessait, du moins il avait pris une épine dans l’œil. Heureusement, j’étais infirmière donc je savais ce qu’il fallait appliquer dessus. Le sapin quant à lui, jonchait au sol avec plein d’épines par terre. Je n’avais plus qu’à passer le balai. Pauvre de moi. Prenant ma trousse qui était posée sur la table du salon, je sortais une compresse et un petit flacon d’eau. « Calme-toi, calme-toi. Fais-moi voir ça. » disais-je, en le faisait s’asseoir sur le canapé. J’enlevais la main de Nicholas pour constater les dégâts. « Il t’a pas loupé dis donc ! » disais-je, en me retenant de rire. J’appliquais un peu d’eau sur la compresse avant de lui tamponner l’œil doucement. Au moins, je servais aussi à enlever les petits bobos que Nicholas s’infligeait de temps en temps… Souvent. C’était déjà ça.

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Ça me fait du bien de la voir. Même si rien n’est plus pareil entre nous. Je n’aurais rien dû lui dire ce jour d’été. On serait toujours les mêmes. J’aurais gardé mes sentiments pour moi comme je le faisais depuis des années déjà. Parce que là, j’ai l’impression qu’on a perdu tout ce qu’on avait. Mais je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour la retrouver. Parce qu’être son ami, c’est mieux que rien. « A vrai dire, j’ai failli casser une fenêtre avant de voir que la porte de derrière était ouverte. Mais bon, ça aurait douloureux je crois. » Enfin avec Lane l’infirmière, j’aurais été remis rapidement. Mais bon, autant éviter de se blesser quand on peut passer par une porte. Surtout qu’elle aurait dû changer sa fenêtre après. Non, j’ai pris la bonne décision. « Je sais bien, c’était l’arme préférée de ma sœur quand on était gamins. Ça fait très, très mal. » Voilà comment je sais que le liquide vaisselle est dangereux. Une arme redoutable même. Mais je ne l’utiliserais jamais contre Lane. Pas volontairement en tout cas. Et puis alors que je m’occupe gentiment de transporter le sapin qu’elle vient de ramener dans son salon, il me blesse. Genre beaucoup. Mon œil pleure je crois. Peut-être qu’une épine s’est plantée dedans et va y rester pour toujours. Je serais l’homme à l’épine dans l’œil. Ou bien je porterais un bandeau comme les pirates. Ça me changera du cow-boy. Ou bien peut-être que j’exagère. Mais ce que dis Lane en commençant à me soigner ne me rassure pas tant que ça. Pourtant, ça a l’air de la faire rire. Je suis handicapé à vie et elle, elle se retient de rire. Cool. « Ce sapin n’est pas digne de toi. Il pourrait te faire du mal à toi aussi en plus. Tu ferais mieux de venir passer Noël chez moi. Tu nous connais, ça sera la fête ! » Ou comment trouver une raison pour inviter Lane chez moi. Elle a sûrement déjà des plans, le contraire serait étonnant. Mais ça me ferait plaisir de la voir plus. Surtout pour une fête aussi géniale que Noël. Assis sur le canapé, je lève l’œil qu’elle ne soigne pas vers elle. Elle est belle ma Lane. Ça me frappe de plus en plus à chaque fois. A croire qu’elle s’embellit de jours en jours. « T’es belle tu sais. Tu devrais mettre un bonnet de Noël, tu serais le plus beau des lutins du monde. Ou bien une guirlande autour du cou. Ça serait toi le sapin de Noël du coup, pas ce truc tout dangereux. » Une Lane décorée dans mon salon, je dirais pas non moi.

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Depuis l’épisode du baiser dans son camion, à vrai dire j’étais assez malheureuse. Notre relation n’était plus vraiment là, il n’y avait plus la même flamme. Je m’en voulais énormément de l’avoir embrassé et en même temps je lui en voulais d’avoir eu une réaction aussi plate. Depuis le temps qu’il me répétait que j’étais belle, la plus belle d’ailleurs à ses yeux. Je pensais qu’il ressentait beaucoup plus qu’une amitié. Bref, repenser à cette histoire me faisait mal au cœur. Je préférais baisser la tête discrètement pour chasser ces mauvaises pensées. « Ah bah là, c’était direction l’hôpital ! Puis tu m’aurais remplacé la fenêtre. » disais-je, l’air de rien. Bah quoi, au moins il pouvait venir chez moi pour me la fixer. Mais je ne savais pas si Nicholas était un bricoleur ou s’il était comme moi. Je continuais à lui tamponner l’œil. Heureusement, ce n’était qu’une épine de sapin. Je ne pouvais même pas imaginer si c’était quelque chose de coupant ou quoi. Il pouvait perdre un œil avec sa maladresse. Maladresse qui le rendait tellement charmant. Et voilà, je recommençais. Moi qui pensais être encore amoureuse de Clide, j’étais en train de réaliser que cette page venait de se tourner pour en écrire une nouvelle. Mais tomber amoureuse de son meilleur ami, ce n’était pas vraiment ce que j’imaginais. Bon déjà, je devais finir avec Clide. Mais le destin en avait fait autrement. Sa proposition de m’inviter pour Noël était touchante. Puis c’est vrai qu’il y avait du beau monde quand même chez lui. Ils vivaient tous en colocation, comme en colonie de vacances. J’avais oublié ce temps-là moi. Je m’étais rapidement émancipée vers un appartement une fois fiancée à Clide. « Hum, j’ai déjà acheté le sapin… Mais, pourquoi pas ! Je ne passerai pas Noël seule… » disais-je, sur un ton nostalgique. Tout le monde s’était éloigné de moi, et j’étais en train de perdre petit à petit mon Nicholas. J’avais détruit toutes les relations qui m’étaient chères. J’étais un monstre en fait. Je terminais de lui tamponner l’œil en silence puis je déposais le coton sur la table basse. Normalement, ça devrait aller. A moins que cette fois-ci, il se prenne un mur. Je sentais qu’il en était capable, en plus. Je n’osais même pas répondre à son compliment. Il venait encore de me balancer que j’étais belle, le plus beau lutin de Noël. « Hum, une guirlande autour du cou… Même si j’ai eu des tendances suicidaires, je ne préfère pas tester. Mais me déguiser pourquoi pas. » disais-je, en haussant les épaules. C’est vrai que les fêtes costumées c’était pas mal à une époque. Depuis mon divorce, je ne sortais quasiment plus. Je regardais le sol. Ça me démangeait, vraiment. « Pourquoi on s’est éloignés toi et moi… » disais-je, évasive. J’avais juste envie de me planquer sous terre et ne plus en sortir. « Je… Je ne comprends pas. Tu me manques. Enormément. » disais-je, sincèrement. Au moins, j’étais honnête et c’était tout en mon honneur.

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Je n’aime pas cette distance qui s’est installée entre nous. Je la déteste même. Si ça pouvait marcher, je resterais collé à elle. Pour ne plus la sentir si loin de moi. Je regrette parfois de lui avoir dit que je l’aimais. J’aurais dû garder ça pour moi. Ça marchait si bien pour nous depuis toujours. J’étais heureux, même sans être avec elle. Être son ami me suffisait. Et voilà que j’ai perdu les deux. La petite amie potentielle et la meilleure amie. C’est étrange. « Tu oserais exploiter un blessé ? Je suis choqué Lane ! » Pourtant, je suis toujours le même. Toujours à dire des conneries. Et elle n’a pas changé. Enfin je ne crois pas. C’est nous deux qui avons changé. Notre relation. Mais je veux sauver ça. Enfin essayer au moins. Voilà pourquoi je l’invite à passer Noël chez nous. Parce qu’il n’y a pas mieux que l’esprit de Noël pour renouer avec quelqu’un. On a beau dire que c’est à Thanksgiving qu’on pardonne tout, je suis plus fan de Noël. Parce que tout est beau à Noël. « Si tu avais refusé, je serais venu te chercher de toute façon ! » J’ai beau ne pas avoir beaucoup de force, Lane n’est pas très lourde. Et je demanderais l’aide de Noam au pire. Il n’aura pas le choix. Lane finit de me guérir et je ferme et rouvre mon œil pour voir s’il fonctionne correctement. C’est bon, elle l’a bien réparé. Je peux même la voir très bien. Et surtout l’admirer. Savoir qu’elle a pensé à mourir, ça me dégoûte. Alors je ne relève pas parce que je ne veux pas en entendre parler. « Je te prêterais un déguisement si tu veux, on en a un stock à la maison ! » Même si elle est belle naturellement, elle le sera encore plus déguisée. Faut dire que j’ai un truc pour les déguisements. C’est tellement beau. Je la regarde, surpris quand elle évoque notre relation. Je ne voulais pas parler de nos problèmes moi. Je voulais les régler comme par magie et ne plus jamais en reparler. Elle me fait culpabiliser. Alors que je ne pense pas avoir fait quelque chose de mal. « Je suis désolée Lane, j’aurais jamais dû te dire ça. Tu sais, si on était dans un film de Disney, on pourrait être heureux ensemble. Mais il n’y a que dans ces histoires-là que c’est réciproque. » Lane a beau être une princesse, je ne suis pas un prince. Pas le sien du moins. Je suis l’animal qui fait office de meilleur ami dans les dessins animés. Je suis comme Polochon le poisson d’Ariel ou une des souris de Cendrillon. Et le prince viendra me la prendre. « On est faits pour être amis. Et crois-moi, je voudrais tellement que ça ne soit pas le cas. »

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Je me sentais mal à l’aise. Remettre ce baiser sur le tapis n’était finalement peut-être pas une bonne idée. Je ne savais pas comment notre discussion allait terminer. Je n’avais pas envie de prendre l’issue fuite ou alors perdre Nicholas à tout jamais. Je savais qu’on ne pouvait pas se faire la gueule très longtemps, mais l’état de notre relation en dépendait désormais. Je ne voulais pas perdre son amitié, même si je me refusais à croire que je ressentais bien plus qu’une forte amitié pour Nicholas. Je n’avais pas envie qu’il s’imagine être un bouche trou remplaçant de Clide. Cette page-là était définitivement tournée. Les explications devaient commencer. J’avais besoin d’un dialogue, des explications claires et précises. Je m’étais assez torturée comme ça pendant des mois. Il fallait que cela cesse. Noël arrivait bientôt et je ne voulais pas le passer à lui faire la gueule toute la journée. Je me tournais de son côté, assise en tailleur sur le canapé en l’écoutant parler de ces films Disney. J’évitais à tout prix de regarder ces dessins animés. Dans ces histoires, tout finissait bien et ça me donnait toujours envie de pleurer pour un rien. Ce conte de fées, je l’avais il y a un an. J’avais tout perdu. En plus de ça, ma vie était définitivement morose. Nicholas y apportait bien évidemment un peu de chaleur. Sans lui, j’aurai probablement sombré rapidement. Haussant les sourcils, je lui répondais presque trop facilement. « Réciproque ? Mais c’est réciproque ! » disais-je, sans la moindre retenue. Aie, j’avais parlé un peu trop vite. Je fuyais à nouveau son regard pour éviter qu’il me déchiffre à nouveau. Il était bon à ça, je ne pouvais rien lui cacher. C’était justement ça le problème, j’avais tout déballé avant de laisser la magie agir. « Et si ça n’était pas le cas ? Et si la grenouille devait finalement enlever la princesse pour vivre heureux jusqu’à la fin des temps ? » Hum, prendre exemple sur les dessins animés ce n’était pas si mal tout compte fait. Cela me permettait de me cacher encore quelques secondes, avant de retourner à la réalité. Mais au moins, Nicholas me disait la vérité. Il voulait être bien plus que mon ami, et depuis longtemps. Et moi, je ne le remarquais que maintenant. Quelle idiote. « Je suis désolée, j’ai vraiment tout gâché. Je pensais que tu ressentais quelque chose pour moi… Et je ne m’en suis rendue compte que maintenant. » disais-je, en passant nerveusement la main dans mes cheveux. Et si nous n’étions pas faits pour être des amis, mais bien plus que ça ?

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Les histoires d’amour, c’est vraiment trop compliqué. Ça cause que des problèmes. C’est pour ça qu’ils en font des tonnes de films. Parce que c’est toujours la galère. Mais dans les films, le héros finit avec la fille de ses rêves. Sauf que moi, je ne suis pas le héros dans cette histoire-là. Cette place, on me l’a prise depuis longtemps déjà. Quand Lane a commencé à sortir avec Clide. Depuis, je ne suis qu’un rôle secondaire dans son histoire. Voire un figurant. Mais je me suis fait à cette idée depuis longtemps. Et espérer cet été que ça change avait été stupide. Je m’en mords les doigts maintenant. Parce que j’ai perdu ma meilleure amie. « Réci-quoi ? Attends, je me suis pas trompé de mot hein ? » On ne sait jamais que réciproque n’ait pas le même sens pour elle que pour moi. Enfin je ne comprends pas. Qu’est-ce qui est réciproque ? Notre amitié ? Et puis elle sort un truc sur les grenouilles que je ne comprends pas vraiment. Bien sûr que certaines princesses finissent avec la grenouille. Après qu’elle se soit transformée en prince. Sauf que moi, je reste l’animal. Je ne deviens pas l’homme parfait. « C’est gluant les grenouilles tu sais… » Je réalise que je ferais peut-être mieux de me taire. On est dans une conversation sérieuse. D’adultes. C’est flippant en fait. Je ne comprends pas tout ce qu’elle veut dire. Ne peut-elle pas dire si elle veut être mon amie ou plus ? Clairement. Au moins, on éviterait les malentendus. Je soulève le menton de Lane pour qu’elle me regarde au lieu de regarder ses mains. « Tu veux dire que… ? » Comment formuler ça ? Je devrais peut-être citer un film de Disney, ça le ferait sûrement. Parce que je suis vraiment nul pour poser ce genre de question ou dire ce que je ressens. « Toi, tu… » Et je pointe mon index sur moi. Je n’ose pas dire les choses autrement, de peur qu’elle ne parle pas de ça. J’aurais l’air très, très stupide si on n’est pas sur la même longueur d’ondes aujourd’hui. Peut-être encore plus que dans mon camion cet été. C’est trop compliqué tout ça. « C’est toi ma princesse alors ? »

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Je n’avais peut-être pas fait le bon choix de me servir de l’exemple de la princesse et de la grenouille. Nicholas ne semblait pas me capter en fait. J’avais envie de tout lui balancer à la figure, mais j’avais tellement peur aussi de me ramasser par terre. Le mot réciproque déjà, ne lui traversait pas vraiment l’esprit. J’hochais la tête pour confirmer. J’observais Nicholas, craignant une réaction violente ou pas de réactions du tout de sa part. J’étais probablement masochiste. « Et la grenouille, si je l’embrasse, peut se transformer en prince… » disais-je, en le regardant droit dans les yeux. Mais bon sang, pourquoi je continuais à m’expliquer en utilisant les grenouilles hein ? Mais visiblement, il commençait peu à peu à comprendre ce que je voulais dire. Devenir sa princesse, si on veut. Mais je l’étais depuis bien longtemps pour Nicholas. Et j’en étais persuadée. Je m’en étais rendue compte vraiment trop tard. Je l’observais décortiquer toutes ces informations. Il n’avait pas l’habitude de ça avec les filles, et surtout pas avec sa meilleure amie c’est certain. « Pas aussi riche qu’une princesse mais… Oui. » disais-je, légèrement rougissante. Argh, ça me brûlait même les joues. Je sentais une brusque vague de chaleur, qui n’était pas venue depuis un moment. Je n’avais pas ressenti ça depuis ma première rencontre et mon premier baiser avec Clide. Cela remontait à longtemps. Je restais silencieuse à le contempler. Gros blanc. Je ne savais pas si je devais me lancer et me jeter tête la première dans l’inconnu. Ou si je laissais Nicholas venir à moi. Mais celui-ci semblait un peu trop sous le choc pour faire quoi que ce soit. « Bon, stop les mots incompréhensibles. » Je l’attirais vers moi, en le prenant par le col de son pull. Violent, ça. J’allais probablement le traumatiser dès le début. Trop tard, il allait apprendre. Sans attendre une seconde de trop, ni même continuer à parler grenouilles, je laissais mes lèvres s’en aller vers les siennes en laissant ma main caresser sa joue. Un baiser long et stoïque qui signifiait déjà pas mal de choses. A l’intérieur de moi, c’était le feu d’artifice. Si celui-ci était vrai, j’aurai probablement foutu le feu à ma maison sans m’en rendre compte. Pas de risque de chute cette fois-ci de Nicholas. Et cette fois-ci, il était obligé de réagir.

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Peut-être qu’en fait, on a été stupides tout ce temps. Vu ce qu’elle dit, son baiser dans mon camion cet été était réel. Pas une plaisanterie comme je l’avais cru. Ça explique pas mal de choses en fait. Mais ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi, elle, elle était bizarre. Après tout, c’était moi qui lui avais déclaré mon amour avant qu’elle ne m’embrasse. Enfin là n’est pas l’important. Le principal, c’est que finalement, c’est peut-être moi son prince. Chose de laquelle je n’osais même pas rêver. Nous faisions partie d’un monde différent. Un monde dans lequel on pouvait être seulement amis. Mais finalement, on doit avoir trouvé un monde alternatif où on peut ressentir quelque chose de plus. Où on peut être ensemble. « Cendrillon, elle n’était pas riche elle. Et pourtant, c’était une princesse. » Une fille n’est pas une princesse parce qu’elle est riche. Mais parce qu’elle est belle, gentille, parfaite. Tous les mots qui fonctionnent pour qualifier Lane. C’est une princesse tout simplement. Et je ne pensais jamais avoir l’honneur d’être son prince. Et pourtant, elle le veut. Et elle m’embrasse encore une fois. Mais ce n’est pas pareil qu’il y a quelques mois. Je m’y attendais cette fois-ci. Alors je réponds à son baiser naturellement. Ma main se pose dans son cou et mon pouce caresse sa joue doucement. Ce bonheur, ça fait longtemps que je ne l’ai pas ressenti. Peut-être bien que je ne l’ai jamais ressenti aussi fort. Parce que Lane, ça fait des années que je l’attends. Alors je repousse le moment où nos lèvres vont se séparer. Pas jusqu’à devenir tout rouge parce que je pourrais plus respirer quand même. Mon front contre son front, je souris sans réserve. Mon autre main saisit la sienne et je les regarde se mêler. C’est beau comme spectacle. Mais pas aussi beau que Lane. Mes yeux retombent vite dans les siens. « T’es belle. » Douce évidence. Elle doit en avoir marre de m’entendre lui dire ça sans cesse. Mais je ne me lasse jamais de le lui répéter. Parce que c’est vrai. Parce qu’elle est toujours belle. Et plus de jours en jours, j’ai l’impression. « Je t’aime. Et même plus que la glace à la mangue. » Lane, princesse du glacier. N’est-ce pas une belle histoire ? A mes yeux, ça l’est en tout cas. La plus belle de toutes.

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Je me retrouvais finalement assez soulagée du résultat, de cette petite « explication » entre nous. Même si j’avais du mal à lui dire ce que je ressentais, il avait compris que c’était lui mon prince et pas un autre, ni même Clide. Je ne voulais et désirais que lui depuis cet été. J’avais attendu tellement longtemps. Il avait attendu probablement plus que moi que ce moment arrive. Je n’étais pas forcément du même monde que lui, mais j’en faisais désormais partie en quelques sortes. J’étais entrée dans sa vie pour m’y faire une petite place. Même si je l’a possédais depuis un moment, celle-ci était un peu plus officielle. « Et un prince n’est pas forcément riche non plus. » disais-je, en réfléchissant. Hum, je sentais que j’allais avoir droit à une soirée dessin animé dans quelques temps. Cendrillon, la Belle au bois dormant… J’allais probablement avoir mon lot de princesse et de prince. Tant que j’étais la princesse de Nicholas, le reste m’importait peu à vrai dire. Je me laissais emporter par ce baiser qui semblait plus réel, plus sentimental que les précédents. Lorsque je me séparais de ses lèvres, je me surprenais à en vouloir encore et encore. Je n’avais pas envie qu’il parte, je le voulais rien que pour moi aujourd’hui. Mais peut-être qu’il avait autre chose à faire aujourd’hui. Collée contre son front, je le regardais comme si je venais voir la huitième merveille du monde. Et encore les sept autres n’étaient rien à côté de lui. « Je t’aime… Encore plus que les M&MS et les Maltesers. » disais-je, en terminant ma phrase par un clin d’œil. Je caressais tendrement sa joue puis me reculais pour mieux le contempler. Et mon regard dérivait ensuite sur mon sapin de Noël dont les trois quarts des épines se retrouvaient jonchées sur le sol. Prenant la main de Nicholas, je n’osais même pas sortir du canapé. Si je pouvais rester comme ça toute ma vie, je le ferai probablement. Je me blotissais dans les bras de mon prince, en regardant le sapin de Noël, avec un air désolée. « Qu’est-ce qu’on va en faire de ce sapin ? » disais-je, en soupirant. Je me colle contre lui, relevant la tête pour le regarder. Ce moment restait gravé dans ma mémoire, imprimé sur mon cœur. C’était mon glacier, le mien.

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J’étais venu chez elle pour retrouver mon amie, essayer de sauver ce qu’il restait de notre amitié. Jamais je n’aurais imaginé qu’on puisse en arriver à s’embrasser. J’avais abandonné cette idée. Et pourtant, rien ne peut me rendre plus heureux. Parce que je suis fou d’elle. Parce que j’attends ça depuis déjà bien trop longtemps. J’ai enfin ma chance avec elle. Moi. Avec la plus belle des plus belles. Tout le monde va être jaloux. Et ne rien comprendre. Je suis largement dans la catégorie en-dessous de Lane. Mais je suis ravi qu’on ait trouvé une échelle pour nous glisser dans la catégorie de l’autre. Ou notre propre catégorie. « Bien sûr que non, regarde Aladdin. On est Cendrillon et Aladdin en fait. » Et heureux comme ça. On refait les contes de Disney à notre façon. Et je les trouve bien mieux comme ça. Ce n’est pas parce qu’aucun de nous deux n’est énormément riche qu’on ne peut pas être heureux. En plus, je n’ai jamais eu à me plaindre de mon salaire moyen. Mais ça serait différent si je devais payer un loyer. Avec mon salaire, je pourrais toujours faire des cadeaux à Lane. Juste pour la voir sourire. Mais pas besoin de cadeaux pour le moment. J’arrive à la faire sourire sans rien. Et je souris aussi. Encore plus que d’habitude. Parce que ses lèvres sont délicieuses et que je suis heureux tout simplement. Elle semble heureuse aussi. Elle ne m’embrasserait pas si ça ne la rendait pas heureuse de toute façon. Et elle me fait une déclaration aussi. Je suis aux anges. Surtout qu’on s’aime plus que les sucreries, c’est important ça. Pour elle comme pour moi. Elle se décolle de mon front pour venir se serrer contre moi. Je me sens fort, capable de tout. Même de la protéger. Alors qu’elle vient de me soigner. Mais j’ai envie de ne jamais la lâcher ni la laisser partir. Et tout ira bien. Pour toujours. Ma main caresse la sienne et on pourrait rester des heures comme ça. Je n’aime pas rester silencieux mais pour une fois, ça ne me dérange pas. Parce que c’est un moment à savourer. Je l’entends parler du sapin. Je n’ai pas de réponse à sa question. Je proposerais bien de le brûler ce méchant sapin mais pas sûr qu’elle soit d’accord. Après tout, elle voulait le décorer et rendre sa maison jolie pour Noël. « Oublie le sapin pour le moment, je te propose une journée à base de Nicholas et de maltesers. » Ou une proposition qu’elle ne peut pas rejeter. On nettoiera les épines plus tard. Je n’ai pas envie d’arrêter de la tenir contre moi pour passer le balai. « T’en as chez toi n’est-ce pas ? » Le placard à confiseries de Lane m’a toujours impressionné. J’en voulais un aussi mais avec mes colocataires, ce n’est pas possible. Alors j’en pique à Lane parfois. Et ça ne la dérange jamais. Je devrais me lever pour aller les chercher mais je n’arrive pas à me décoller d’elle. Je la serre même encore plus alors qu’une de mes mains joue avec ses cheveux. C’est étrange mais ça me vient naturellement de la serrer ainsi. Parce que c’est comme dans mes rêves.

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J’avais l’impression d’être en plein rêve. Je rêvais Nicholas depuis des mois. Je rêvais qu’il ressente un jour la même chose que moi. Ce qui s’était passé dans son camion, c’était le début de mes sentiments pour lui. C’était dans ce camion que la révélation m’était apparue comme une évidence. Et tous les jours, j’arrivais à me demander pourquoi je n’avais pas choisi Nicholas à la place de Clide. Qui sait… Cette relation mettait du temps à se mettre en place, mais elle était là désormais sous nos yeux. Je n’avais plus envie de me séparer de ses bras. Sa voix me réconfortait. Je retombais presque à l’époque de mes seize ans, de la fille qui vivait son premier amour. C’était presque comme une renaissance pour moi. J’enlevais une de mes chaussures pour la donner à Nicholas. Je savais qu’il allait comprendre à quoi je faisais allusion. « Tiens, mon prince. Pour que tu me retrouves après minuit. » disais-je, en me blottissant à nouveau dans ses bras. Main dans la sienne, je retrouvais toutes les sensations que je croyais perdue après mon divorce. Une nouvelle vie commençait avec Nicholas. Lui qui me connaissait plus que quiconque. Silencieuse, j’apprécie ces moments de tendresse que je partageais avec lui. C’était tout nouveau pour lui comme pour moi. Alors je n’osais pas aller plus loin. Je n’avais pas envie de le brusquer ou lui faire peur. Tout était en retenue, mais d’un romantisme à faire pâlir tous les loveurs du coin. Mon Nicholas, c’était le meilleur. Il avait raison, le sapin de Noël attendra. Je n’avais pas envie de quitter ses bras ni même de le quitter tout court. Mais l’appel des Maltesers semblait bien plus fort que tout. Mon placard à chocolat était unique en son genre. J’avais un stock de chocolat affolant. C’était ma friandise préférée. Puis comme j’étais sujette aux coups de blues, le chocolat m’aidait à tenir le coup. Il fallait bien vider ce stock maintenant. Je n’étais plus seule. « Quelle question… Mon placard est plein à ras bord. Il va falloir vider tout ça, maintenant ! » disais-je, en le regardant avec tendresse. Le bonheur semblait frapper à ma porte de nouveau. Je ne pouvais m’empêcher de l’embrasser de nouveau, comme si c’était pour rattraper tous ceux que je n’avais pas eu depuis l’incident du camion. Quelques secondes après, je me motivais à me séparer de ses bras pour aller chercher quelques poches de Maltesers dans mon placard. En vitesse grand V. Je le regardais faire sa petite moue de bébé triste, alors je me pressais de revenir dans ses bras avec mes poches de chocolats. J’en ouvrais une, puis je présentais une petite bille de Maltesers devant sa bouche. Attention, si je commençais à jouer avec le chocolat… Le Nicholas pouvait aussi fondre comme un Maltesers.

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Y a-t-il un bonheur plus grand ? Genre j’ai l’habitude d’être heureux, à peu près tout le temps mais là, ça dépasse tout. On pourrait sûrement penser que je ne pouvais pas être plus heureux que d’habitude mais non, il suffit d’un baiser de Lane pour me rendre encore plus heureux. Alors je lui vole encore un baiser. Pour faire encore plus monter ma bonne humeur. Plus belle journée de ma vie j’pense. Je regarde la chaussure que Lane me donne, amusé. En tout cas, elle ne sent pas d’ici, c’est plutôt bon signe. Enfin je le saurais si elle puait des pieds quand même. « Une fois que je t’aurais retrouvée, on ira faire un tour en tapis volant. Genre j’suis sûr que lui, il pourrait voler. » Dis-je en montrant le tapis sali d’épines de sapin qui se trouve devant nous. On serait beaux quand même, en train de voler au-dessus de Montsimpa. Les gens ressembleraient à des fourmis et on serait heureux. Enfin heureux, on peut l’être n’importe où. Tant qu’on est l’un avec l’autre. D’ailleurs, quand elle se lève pour aller nous ravitailler en chocolats, je la regarde et elle me manque. C’est stupide parce qu’elle est à dix mètres de moi et que je la vois encore mais j’ai envie de l’avoir avec moi. Serrée dans mes bras. Je me sens bien quand je suis auprès d’elle. Alors quand elle revient avec les paquets de maltesers et d’autres sucreries, je prends ses jambes et les passe au-dessus des miennes. Ainsi assise à moitié sur moi, je la regarde ouvrir le sachet. Elle est belle ma Lane. Et quand elle relève le regard vers moi, c’est encore pire. Parce que ses beaux yeux marrons, je me perds dedans. Mais je suis vite ramené à la réalité par une boule de chocolat qui vient effleurer mes lèvres. Lane a ce sourire joueur. Ce sourire heureux. C’est officiel, j’adore la rendre heureuse. J’ouvre la bouche pour faire rentrer le malteser à l’intérieur en prenant soin de ne pas mordre les doigts de Lane. Et puis je prends le paquet de ses mains et le tends au-dessus de ma tête. « Si tu en veux, il va falloir me passer sur le corps. » Et alors que je dis ça, une petite boule tombe du paquet et roule sur le canapé. Bon c’est la seule qui tombe hein. Faudrait pas me gâcher tout mon effet. Sauf que dès que Lane se jette sur moi, je bascule en arrière sur le canapé et bien sûr, le paquet m’échappe des mains. « Oups. » Le bruit des chocolats tombant au sol et sur le canapé se mêlent à nos rires. Et on reste comme ça, à rire comme deux imbéciles heureux, Lane couchée sur moi.

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J’avais l’impression d’être en couple avec Nicholas depuis des siècles, alors que je venais à peine de lui révéler mes sentiments. C’était bizarre, mais pour la première fois de ma vie, je ne pensais plus à mon ex-mari. Et ça, c’était une véritable victoire. Je me sentais enfin vivre et exister à ses côtés. Pourquoi je n’avais pas remarqué tout ceci avant ? Seul Dieu le savait. Il en avait décidé ainsi, de nous réunir maintenant. Pour être encore plus heureux qu’avant. A nous voir ensemble, on pouvait presque croire que cela faisait dix ans que l’on était ensemble. D’ailleurs, je me demandais depuis quand Nicholas était amoureux de moi. Mais je n’avais pas envie de partir dans des discussions de ce genre. Je voulais profiter à fond de ce moment de première complicité entre nous. Le malteser de Nicholas prenait soin d’arriver dans sa bouche, sans me bouffer le doigt. Bizarrement, je trouvais ce moment très érotique. Encore une chose où je devais aller doucement. Nicholas était fragile, même si là il était l’homme le plus heureux au monde. J’avais envie de prendre mon temps et de redécouvrir ce que je pensais perdu pour toujours. « C’est pas juste. Ta le bras deux fois plus long que le mien ! » disais-je, en mimant une moue triste. J’entendais ensuite une boule de maltesers tomber au sol. J’étais presque sûre qu’il pouvait se faire tomber tous les maltesers sur la tête. Il était tellement gaffeur. Mais ça me faisait tellement rire. Mais j’allais choper ces maltesers coûte que coûte. C’était mes chocolats préférés. Une poche ne me suffisait pas, il m’en fallait des tonnes. Parfois, je ne mangeais que ça lors de mes périodes déprimantes. J’allais me battre pour les attraper ! Je sautais sur Nicholas, en essayant de grimper sur son bras pour attraper le précieux sésame. Mais avec le choc, Nicholas basculait en arrière et tous les maltesers se retrouvaient à rouler sur le sol. Je ne pouvais m’empêcher d’éclater de rire en même temps que mon cher et tendre. Ecroulée sur lui, je riais de bon cœur. Quel bonheur de se sentir enfin vivante. « Je suppose que je vais avoir beaucoup de ménage à faire ! » disais-je, en riant encore. Je regardais Nicholas avec tendresse, avant de recapturer ses lèvres à nouveau sur les miennes. Juste histoire de voir que je ne rêvais pas encore, et que j’étais en pleine réalité. Douce réalité.

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