Bordel de merde. Je viens tout juste de me réveiller. Fait étonnant numéro un, je ne suis clairement pas chez moi. Enfin, je ne suis pas chez Giulieta, plutôt. Ce qui m’intrigue déjà pas mal. Je ne suis ni chez quelqu’un que je connais. Ce qui m’intrigue pas mal, encore plus. C’est-à-dire que c’est bien la première fois que je me réveille, comme ça, chez un ou une inconnu(e). Et c’est relativement déplaisant. D’autant plus si on compte l’horrible mal de crâne que j’ai, là, ce matin. Yuurk. Gueule de bois ? Sans doute. Je ne me rappelle même pas de ma soirée d’hier. Première fois de ma vie, en fait. Je ne suis pas une grande buveuse. Et je crois que je ne le serais jamais. Je me redresse un peu, passe ma main dans mes cheveux. Bonjour l’horreur capillaire. Je n’aime pas les matins. D’autant plus ce matin-là.
Oh.
Mon.
Dieu.
Il y a une fille dans le lit, à côté de moi. Il y a une fille. Bordel. Bordel. Bordel. Une fille, une vraie hein, pas un travesti ni rien. Doux jésus. Je soulève la couette. Je suis en petite culotte. Mais en chaussettes. Douteux. Par contre, j’ai toujours mon haut. Encore plus douteux. Je serais tentée de regarder, elle, dans quel état elle est, mais je me dis que j’aimerai pas tellement qu’on me zieute peut-être bien nue alors que je roupille. Je ne comprends absolument rien. Qu’est-ce que j’ai foutu cette nuit ? J’ai un peu peur, je dois dire. Imaginez une seconde que j’ai perdu ma virginité sans m’en souvenir avec une fille . Dans les films, quand quelqu’un est ivre mort et ne se rappelle pas de sa nuit, généralement, il a des genres de flashs dans la journée. Je me demande si j’en aurais. J’espère, en fait. Bordel, dernière fois que je vais à une foutue soirée. Et dernière fois que je bois. Je reporte mon attention sur la nana à côté de moi. Elle roupille. Je ne la connais pas. Ni même son nom. J’ai peur. Franchement. « Hm, tu voudrais pas te réveiller ? Ce serait … cool. » Grognement. Doux jésus, ça grogne quand ça dort. Je toussote. Second grognement. Effrayant. Je tente de la bousculer un peu. Elle ne se réveille toujours pas. Comment réveiller une loutre. L’ultime solution, mais un peu vache, d’autant plus si elle se trouve dans la même situation que moi, à savoir, la gueule de bois. Je me lève sur le lit. Doux jésus, ma tête tourne. J’attrape mon oreiller. Les grands moyens. Je lève l’oreiller au-dessus de ma tête, prête à frapper. Cinq. Quatre. Trois. Deux. Elle ouvre les yeux. Sourire gênée de ma part. C’est-à-dire que sa première vue, au réveil, ça doit être une nana à moitié habillée, les cheveux qui partent un peu partout, tenant un oreiller. Premier réflexe à la con : je cache l’oreiller derrière mon dos. « Si jamais tu te posais la question, je ne comptais pas du tout t’assommer avec cet oreiller pour te réveiller. » Hm, non, pas du tout. Je ne sais pas mentir. Je laisse tomber l’oreiller sur le lit. Carrément mal à l’aise. Je me demande si elle a l’habitude de ce genre de situation, elle. En tout cas, pas moi.