Tu es dans le noir le plus complet. Tu ne sais pas où tu te trouves. Tu cherches ton portable dans ta poche mais tu ne le trouve pas. Tu as l’impression que la terre tourne sous tes pieds, tu commences à avoir le vertige. Tu te tiens à la rambarde à côté de toi pour ne pas tomber. Du moins, tu en conclus que c’est une rambarde puisque tu n’y vois rien. Au loin, tu vois une petite lueur apparaître. Pris de panique, tu cours vers cette lumière mais des personnes t’en empêchent. Ces personnes te poussent, elles te hurlent dessus et parfois même, elles te frappent. Tu tentes de rebrousser chemin, mais quand tu te retournes, un visage effrayant vient serrer violemment ta gorge. « Si tu continues comme ça je vais finir par divorcer ! » Tu te réveilles en sursaut, des gouttes de sueur perlant le long de ton front. Pour une fois, tu remercies la voisine d’avoir gueulé contre son mari, elle t’a tiré de ton cauchemar. C’est la première fois que cela t’arrives. Tu soupires et tu commences à te redresser pour attraper ton téléphone mais ton mal de crâne te rallonge aussitôt. Mais qu’est-ce que tu as fais ? Tu n’es pas sorti en boîte et la dernière chose dont tu te souviens, c’est d’Oléa qui mange son assiette de frite en face de toi. C’est elle... elle t’a empoisonné. Tu l’appellerais bien pour lui demander ce qu’il vient de se passer mais tu n’as pas envie. Pour l’instant, tout ce dont tu as envie c’est de prendre un doliprane et de te mettre quelque chose sous la dent. Une fois fait, tu enfiles un jean, un tee-shirt et tu sors t’aérer. Tu en as besoin. Il est 15 heures et tu n’as toujours rien fait de ta journée à part manger et prendre un doliprane, journée qui s'annonce très productive. Et le pire de tout, c’est que tu ne sais toujours pas ce qui a pu causer une telle confusion. Tu hésites une nouvelle fois à appeler Oléa, mais tu ne veux pas qu’elle croit que tu penses à elle alors tu ranges ton portable et tu continues de marcher. Quand tu aperçois un banc, tu t’installes dessus et tu allumes une cigarette. Tu es obligé de tenir ta tête entre tes mains tellement elle te paraît lourde. Tu ne sais pas quand tu vas rentrer, ni même combien de temps tu vas marcher. En réalité, tu ne sais plus rien.

Tu regardais de nouveau Levi, lançant un regard furibond à la rousse qui se tenait juste à côté de lui. Les commissures des lèvres de ce dernier affichaient un sourire satisfait, apparemment content d’avoir obtenu le dernier mot. Pourquoi fallait-il toujours que des gens viennent squatter dans ton appart ? Ce n’était pas le café du coin. Malheureusement, depuis que ton frère était parti du jour au lendemain sans laisser un mot, ton quotidien avait subi certaines modifications. Pas toujours de ton pleins gré, d’ailleurs. Ton intimité était vite devenue compromise et aussi pathétique que cela pouvait paraitre ta chambre était devenue ton refuge.  Levi qui juste là, avait été toujours le petit protégé de ton frère n’avait pas souhaité quitter l’appartement, même avec toute ta volonté du monde pour le faire partir. Tu n’avais jamais compris l’accord qui c’était installé entre Levi et Reed, mais celui-ci ne comptait pas du tout bouger les fesses de ton canapé. D’ailleurs, tu ne préférais jamais connaitre leur accord, tu en connaissais suffisamment pour être traumatisé à vie. Qui d’ailleurs, n’était pas vraiment  ton canapé, puisque que tu avais toujours squatté chez ton grand frère. Tu te voyais plus comme un colocataire qui ne payait jamais son loyer, ton frère t’avait simplement tendu sa main. Sinon à quoi pouvait bien servir les liens de sang ?  Bref. Candide n’aidait pas non plus en se ramenant chaque jour pour vérifier si tout était okay.  Même si tu appréciais sa présence, tu l’appréciais encore plus quand elle n’était pas là. Parfois tu avais simplement envie de moudre toutes leurs paroles insensées et leur balancer des trucs horribles dans la figure, simplement pour avoir la paix. L’atmosphère avait tendance à venir volcanique quand ils étaient tous les trois réunis dans une pièce. Tu avais donc adopté la tactique de l’évitement. Au moins cela te permettait d’être tranquille. Pendant que tu enfilais tes baskets, pour faire ton petit footing quotidien, tu jetas un rapide coup d’œil au calendrier, te demandant si ton frère allait un jour revenir. Cela faisait des mois qu’il était parti. Rien que d’y penser te rendait nostalgique, tu préférais donc laisser ça dans un coin de ton esprit.
Tu avais ressentis le besoin de sortir te défouler et prendre l’air. Tu appréciais à sa juste valeur la sensation de liberté que te procurais n’importe quel effort physique. Tu courrais, forçant sur tes muscles, le visage rouge dû à l’effort. Ton corps était bouillant, mais la légère brise de vent créait un parfait mélange. Tu portais très peu d’attention au paysage qui défilait sous tes yeux, ni même au chant des oiseaux. Tu avais simplement besoin de te dépenser. Apercevant un visage familier à travers la foule, tu commenças à ralentir. « T’as l’air aussi beurré qu’un petit lu » dis-tu en rigolant, t’arrêtant devant ton ami. Côme ressemblait un peu à un des zombies du clip Thriller de Michaeal Jackson, était c’était pas forcément un compliment.