De temps à autre, les réunions de famille me faisaient du bien. Heureusement que ce n’était pas souvent et que, lorsque c’était le cas, ce n’était pas la grosse famille. La plupart du temps, c’était soit un moment avec mes parents et mes grands-parents, ou alors un moment avec mes parents et mon parrain. Au moins, il n’y avait pas les tantes qui m’arrachaient aux autres invités pour me demander mon âge, si j’avais un copain, en quoi j’étudiais, alors qu’elles savaient très bien que j’étais une orthophoniste célibataire et pas très fière de l’être ! Merci de tourner le couteau dans la plaie, quoi. Bref, en ces dates qui se rapprochaient de Thanksgiving, j’avais moi-même organisé un dîner qui réunirait mes parents et le meilleur ami de mon père, soit mon parrain, Aleksandar. Vous vous doutez bien que nous n’étions pas liés de sang, vu son nom. Mais il faisait tout autant parti de ma famille, malgré tout. Je l’adorais. Il était très proche de moi, et bien que je ne lui confiais pas tout ce qui se passait dans ma vie, il en savait déjà plus que mes parents ! Il connaissait mes échecs amoureux et conséquemment mes peines d’amour, il savait aussi quels examens j’avais échoué à l’université, et pourquoi j’avais été virée de telle ou telle job étudiante. Bref, je savais que je pouvais lui faire confiance et qu’il n’irait pas tout répéter à mes parents. Ce soir, j’avais moi-même cuisiné le repas juste pour lui. Du canard laqué avec différentes salades, pains, fromages, légumes. Bref, un grand festin avec pour dessert un plat de fruits ainsi qu’une crème brûlée. J’étais assez fière de mon coup même si je n’avais toujours pas goûté au résultat final. Je n’eus pas le temps, car on sonna à la porte. Je gambadai jusqu’à la porte et l’ouvrit avec un grand sourire en me jetant dans les bras d’Alec. « PARRAIN ! Merci d’être venu ! » Dis-je en me détachant de lui et en lui laissant de la place pour entrer.

Ce soir n’était pas comme n’importe quel soir, certes, dehors il pleuvait légèrement, comme souvent en cette période de fin novembre. On s’approchait de plus en plus de thanksgiving ! Bien que cette fête ne soit pas du tout dans la culture d’Aleksandar, étant croate, il s’y est mit depuis qu’il est arrivé aux Etats-Unis. A présent, il est comme un vrai américain, il mange des hamburgers et toute sorte de choses très américaines, et bien sur il fête thanksgiving. Chez lui, l’équivalent de cette fête, c’est Noël ; bien sur il n’y a pas que ça comme fête, mais c’est celle qui se rapproche le plus des valeurs de la fameuse fête nord américaine.

Habituellement, il mangeait avec Lys, son ex-femme, qui habite encore avec lui et sa fille ; mais là c’est différent, il était invité chez son meilleur ami et sa filleule, Billie-Elliott. Malheureusement, Lys et sa fille n’avait pas pu venir étant parties la veille pour l’Angleterre, afin de rendre visite aux parents de Lys. Aleksandar alla donc se préparer soigneusement, ce n’est pas parce qu’il est presque toute la journée en tenue de sport qu’il ne sait pas être élégant, en effet, lorsqu’il doit se rendre à des évènements plus ou moins privés ou publiques, il met ses plus beaux habits, ce qui le rend encore plus…sexy ! Il reste tout de fois très simple dans ses choix et ne va pas se faire faire tous ses habits sur mesure, Alek achète ses habits un peu comme n’importe quelle personne : en allant dans les magasins, pas ceux où tous les riches vont, non, ceux que les gens « normaux » fréquentes. Il est un peu le classique de l’anti star ; il ne roule pas en grosses voitures qui coûtent un bras et polluent plus que la ville de Tokyo, il n’achète pas n’importe quel truc « classe » qui ne servent à rien mais qui coûtent cher. Il est resté très simple et c’est en parti grâce à ses amis qui sont normaux, mais extraordinaire à ses yeux.

Bref. Il mit une chemise couleur gris de lin, ainsi qu’un jean et des chaussures de ville marron, classique. Il se coiffa vite fait, de toute façon, au premier coup de vent il sera décoiffé ! Aleks prit son portefeuille, le mit dans sa poche et quitta la maison. Par la suite, il monta dans sa petite voiture écolo’ qui lui convient parfaitement. Une fois devant chez Billie-Elliott, il se gara et alla toquer à la porte. Très vite, la porte s’ouvrit et la demoiselle se jeta littéralement sur lui en disant « PARRAIN ! Merci d’être venu ! » il lui sourit à son tour et dit « bah tu sais c’est normal, j’pouvais pas refuser ! »

« Bah tu sais c’est normal, j’pouvais pas refuser ! » Je souris en le regardant de haut en bas. Il était vraiment beau, avec ses beaux habits et sa belle gueule. Plus jeune, il devait briser des coeurs, mon parrain. Même aujourd'hui j'imaginais qu'il le faisait encore, même si je n'étais pas au courant de toute sa vie amoureuse. En le prenant par la main et en le tirant à l'intérieur de la maison, je lançai : « T'as toujours autant de classe, Parrain ! Plus tard, j'veux marier un homme comme toi. » Nous étions tellement proches qu'un commentaire de la sorte n'était nullement déplacé. Je répétais constamment la même chose à mon père ou à Aleksandar. Ils étaient un peu comme mes modèles, et évidemment comme les théories psychologiques le supposent, une fille recherche un peu son père dans son partenaire de vie. Je n'étais pas une partisante de Freud, mais je devais avouer que cette théorie tenait la route quand j'en étais le sujet. Ce n'était pas vrai pour toutes, mais pour moi, si. Bref. « J'ai passé la journée dans la cuisine, alors t'es bien mieux d'aimer le repas .. C'est pas tous les jours que je fais ça. » Au même moment, ma mère arriva dernière moi en haussant les sourcils avec un mince sourire sarcastique et moqueur. « Effectivement, c'est même plutôt rare, pour ne pas dire jamais. » Je roulai des yeux en riant, en harmonie avec le rire de ma mère et de mon parrain. C'était bientôt Thanksgiving, ce n'était pas le moment de s'envoyer de sérieuses piques. Je savais que ma mère blaguait, c'est pourquoi je ne me défendis pas. De toute façon, elle avait raison. Mais bon, je n'habitais plus chez mes parents depuis quelques années alors il était évident que je ne l'aidais plus dans les tâches ménagères. J'avais bien assez de mon propre condominium. Ma mère et mon parrain se firent la bise pendant que je retournai à la cuisine. Mes plats étaient bientôt prêts, c'était le moment de passer au salon et d'emmener les apéritifs et les petites bouchées. « Viens parrain, on a des choses à se raconter. J'suis certaine que t'as une tonne de nouvelles histoires croustillantes. » Mon parrain était un peu comme mon deuxième héros. Ou plutôt à égalité avec mon père. Ils étaient Batman et Robin, mais les deux hétérosexuels. En tout cas, ils étaient un duo exemplaire pour moi et je les idolâtrais. J'allai donc m'asseoir sur l'un de nos divans et je pris une bouchée tout en attrapant un verre de vin rosé, attendant Aleksandar.

La demoiselle le tira par la main à l’intérieur de la maison et dit « T'as toujours autant de classe, Parrain ! Plus tard, j'veux marier un homme comme toi. » il esquissa un petit sourire amusé. Peut être qu’avec quelqu’un d’autre, il aurait trouvé cela un peu déplacé, bien que qu’elle ne soit pas le première à lui faire ce genre de compliment, avec elle, c’est différent. Il la considère un peu comme une seconde fille. Et puis il faut bien le dire Aleks arrive à faire chavirer les cœurs sans difficultés, malgré lui. Il n’est pas un grand dragueur ; son ex femme il l’a rencontré dans les vestiaires d’un cours de tennis, elle venait de terminer son match – Lys a été classé dans les dix meilleures joueuses mondiales – et lui passait voir un de ses amis, que tout le monde connaît le grand John McEnroe. C’est d’ailleurs lui qui les a présentés l’un à l’autre. Tout ça pour dire qu’il y a plus glamour comme lieu de rencontre ! Elle ajouta ensuite « J'ai passé la journée dans la cuisine, alors t'es bien mieux d'aimer le repas .. C'est pas tous les jours que je fais ça. » Alek’ est sur qu’il va adorer ; pour être venu manger chez les Wilkinson assez souvent, il sait que ce sera un régale, comme à chaque fois. Billie-Elliott est très bonne cuisinière, il va bien manger c’est sur, il en mettrait sa main à couper ! Il se demande juste ce qu’elle lui a préparé. Au même instant que la demoiselle disait sa phrase, sa mère arriva en disant « Effectivement, c'est même plutôt rare, pour ne pas dire jamais. » Aleksandar se mit à rire, il savait que ce n’était pas méchant. Celui-ci fit la bise à Mrs Wilkinson, tous les deux, ils s’entendent assez bien, de toute façon Alek’ s’entend bien avec toute la famille Wilkinson. Billie les laissa discuter pendant qu’elle allait chercher l’apéritif. Lorsqu’elle revint, l’apéritif en main, elle dit « Viens parrain, on a des choses à se raconter. J'suis certaine que t'as une tonne de nouvelles histoires croustillantes. » Puis elle partit en direction des divans. Aleksandar, dit à l’attention de la mère de Billie « c’est partie pour l’instant ragots potins ! » puis il fit un grand sourire l’air rieur. Il adorait parler avec Miss Wilkinson, il sait qu’il a toute sa confiance et c’est réciproque. Il n’ira jamais répéter quoi que ce soit aux parents de la demoiselle, ce n’est pas dans son éthique de faire ce genre chose. Lorsqu’il rejoignit Billie-Elliott, elle avait une bouchée dans une main et un verre de vin rosé dans l’autre. Il s’assit sur le divan et dit « je sais ; ma vie est tout à fait fascinante ! Mais je suis sur que la tienne l’est bien plus. »