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Il ouvre les yeux lorsqu’il réalise que c’est une couche de poils que ses doigts viennent de rencontrer, alors qu’il cherchait à retrouver le contact d’une peau douce contre sa main. Se redressant, il constate que sa petite chienne est la seule à partager son lit, ce matin. A t-il rêvé ? Il est pourtant certain d’être rentré en bonne compagnie, la veille. Il soupire, passe une main contre sa nuque alors qu’il caresse le pelage caramel de Griotte, laquelle se met à lui lécher joyeusement les doigts. « Tss, toi au moins, tu m’abandonneras jamais. » Il se met à rire, avant d’apercevoir un morceau de papier qui trône sur la petite table de chevet de fortune, de l’autre côté du lit. Il l’attrape, enclenche l’interrupteur de la lampe – laquelle reste parfaitement éteinte. Ah oui, c’est vrai ; putain de panne d’électricité. S’extirpant à contre cœur des draps chauds qui compensent l’absence de chauffage, il se dirige vers la fenêtre et tire les rideaux avec nonchalance. Enfin, ses yeux se mettent à courir le long du fin tracé laissé par sa dernière conquête. « Merci pour hier soir. J’t’aurais bien préparé un ptit dèj’ avant d’aller bosser, mais impossible de mettre la main sur quoi que ce soit à manger dans cette piaule… » Il sourit. Ca ne l’étonne pas de lui, ça.

Une demi-heure plus tard, vêtu d’un jean noir, assez serré, et d’une chemise blanche à moitié boutonnée, Tobias ouvre sans grand espoir les placards de sa ridicule cuisine. Il déniche quelques gâteaux au fond d’une boîte, et les avale tout en comprenant que cette fois, il va bien être obligé de mettre les pieds au supermarché… Tête en l’air, le jeune homme ne se prend jamais la tête. Parfois trop décontract même, il attend toujours le dernier moment pour effectuer les tâches primitives, le simple et seul strict nécessaire… La preuve, après avoir sorti sa compagne à quatre pattes, voilà qu’il se retrouve à arpenter les rayonnages du supermarché, poussant un caddie à moitié vide. Il n’est pas spécialement brillant lorsqu’il s’agit de faire les courses… et encore moins depuis qu’il ne peut plus tellement acheter de produits frais, à moins de les manger tout de suite puisque le réfrigérateur est comme les lampes : hors service. Et que, même s’il fait plutôt froid en ce moment, ça ne suffit pas à conserver les tas de pizzas ou autres plats surgelés qu’il avait simplement l’habitude de réchauffer en vitesse. Après tout, lorsqu’on vit seul et qu’on a pas beaucoup de moyens, c’est ce qu’il y a de moins prise de tête… Sans compter que Tobias, c’est un flemmard. Il ne voit pas pourquoi il prendrait la peine de cuisiner, si ce n’est pas pour marquer des points auprès de la demoiselle qu’il a envie de séduire.

Stationné au rayon boîtes de conserve, il examine les légumes dans leur prison métallique, clairement blasé. Finalement, il en choisit deux ou trois au hasard et les entrepose dans le caddie, avant de sortir du rayon. Seulement voilà : au moment où il s’apprête à tourner, il est contraint de s’arrêter brusquement pour éviter de percuter de plein fouet la jeune femme qui sort du rayon d’à côté. Poussant un long soupir de soulagement lorsqu’il réalise avoir évité la catastrophe, il s’exclame : « je suis désolé ! » C’est à cet instant très précis que ses yeux se mettent à détailler les traits de la demoiselle à qui il fait face, pour réaliser qu’ils lui sont particulièrement familiers… Bon dieu, ces longs cheveux bruns qui tombent gracieusement sur ses épaules, ces yeux clairs aux longs cils rendant le regard envoûtant, ces lèvres pleines et si bien dessinées… Son cœur rate un battement. S’il s’attendait à ça… C’est quand même pas tous les jours qu’on croise son premier amour de si près, après des années de silence suite à une rupture des plus douloureuses… Tobias aimerait dire quelque chose, mais sa voix semble rester complètement bloquée, les mots noués dans sa gorge. Les yeux élargis par la surprise qui ne semble pas passer, il se sent parfaitement stupide ; incapable d’autre chose que de la regarder de façon si peu délicate, cette seule femme qu’il ait jamais aimé.

« J'vais aller faire quelques courses... » dit Ronnie Wakefield à l'égard de sa petite soeur qui était complètement concentrée dans la lecture d'un bouquin, trois bougies autour d'elle. Celle ci acquiesça, et Ronnie referma la porte de la chambre de l'adolescente avant de prendre la route vers le supermarché. La brune portait une jupe noire, assez moulante par dessus une paire de collants et de jolis escarpins noirs achetés quelques mois plutôt dans un magasin; elle les avait payé une petite fortune mais elle adorait les porter. D'une part car elle gagnait dix centimètres, d'autre part car ils lui faisaient des jambes carrément canon et enfin car les chaussures en elles même étaient simplement magnifiques. Elle avait en haut un chemisier blanc et un gilet, ne jugeant pas le temps assez froid pour mettre une veste.

Elle n'avait pas besoin de grand chose, de toute façon, il n'y avait plus rien de frais et il fallait se débrouiller avec ce qu'il restait : des pates et des boites de conserves, du riz, des biscuits, des choses qui pouvaient se garder relativement longtemps. En entrant dans le supermarché, la jeune femme se munit d'un petit panier dans lequel elle mit d'abord un pot de Nutella, c'était très important, non pas pour elle qui n'aimait pas ça mais pour sa petite soeur qui se nourrissait presque entièrement de cette pâte à tartiner ( du moins entre les repas et au petit déjeuner ) , elle le mangeait souvent à la cuiller et le pot se retrouvait rapidement vide. Elle s'arrêta ensuite au rayon des biscuits, où elle prit plusieurs paquets qu'elle laissa tomber dans le panier. Elle déambula entre les rayons pendant un moment, ne sachant pas réellement ce qu'elle pouvait ou voulait prendre. C'était plutôt difficile lorsque le micro-onde et tous les autres appareils électroménagers ne marchaient pas. C'était même très très difficile.

C'est alors qu'elle sortait du rayon des pâtes, après avoir mit quatre paquets de variétés de pâtes différentes dans son panier (dont des macaronis!), qu'elle manqua de se faire renverser par un cadi. Elle sursauta en voyant l'engin arrivé vers elle et son conducteur réussit à en prendre rapidement le contrôle, l'évitant de peu. Elle recula un peu, étonnée, un peu apeurée en pensant au choc qu'elle aurait put se prendre s'il ne l'avait pas évité. « je suis désolé ! » dit le jeune homme et elle s'attarda alors sur son visage qu'elle crut reconnaître l'espace d'un instant. « Y a pas de mal. » répondit-elle en esquissant un léger sourire, jetant un coup d'oeil dans son panier pour voir si tout y était toujours. Elle releva la tête vers lui, il la fixait avec insistance. Elle l'observa un instant puis son sourire s'élargit. « Tobias ? » demanda-t-elle avec surprise. « Woaw, t'es toujours en ville alors ? Je pensais que t'étais partie.. ça fait longtemps ! Tout va bien ? » elle s'amusa alors à le détailler un peu, ses traits avaient changé, normal puisqu'il avait vieillit, mais il était bel homme.. il l'avait toujours été un plutôt beau garçon. C'était assez étrange de le revoir. Leur histoire datait du lycée certes, et depuis leur rupture et depuis qu'il avait quitté le lycée (avant elle car elle était plus jeune), et bien elle ne l'avait jamais revu. Elle était agréablement surprise de retomber sur lui, comme ça, par le plus grand des hasards dans un supermarché.

« Y a pas de mal. » Cette fois, c’est sûr : c’est elle. Tobias n’a plus aucun doute. Cette voix, et puis ce sourire magnifique devant lequel il se souvient encore parfaitement s’égarer dans les méandres de sa passion dévastatrice… Qui pourrait croire, aujourd’hui, que l’italien a été capable d’aimer à ce point ? Lui-même n’y croit plus, à vrai dire. Du moins, il n’y croyait plus avant de se retrouver en face de Ronnie Wakefield. C’est comme si tout remontait d’un seul coup et le frappait en plein visage ; il est tout étourdi et ne répond même pas lorsque la belle l’interpelle, pour être sûre qu’elle est bien en face de son ex petit ami. Il se contente d’acquiescer de façon évasive, toujours prisonnier de sa surprise première. « Woaw, t'es toujours en ville alors ? Je pensais que t'étais parti… ça fait longtemps ! Tout va bien ? » Réalisant qu’il bloque le passage à une vieille dame qui attendant impatiemment derrière lui, Tobias se déporte pour ne plus gêner. Puis il s’accoude contre son maigre caddie, histoire de se redonner contenance. Alors, un sourire timide – oui, vous avez bien lu : timide ! – s’empare de ses lèvres avant qu’elles ne s’entrouvrent pour, enfin, donner vie à ses mots. « C’est-à-dire que… non, en fait, je ne suis jamais parti. Mais pour sûr, ça fait un bail ! Sinon écoute, oui, tout va bien… mis à part que cette foutue coupure de courant commence à m’énerver sérieusement. » Son sourire s’élargit. Finalement, il est plutôt content d’avoir l’occasion de lui parler. Ne serait-ce que pour savoir ce qu’elle devient… Quoiqu’il n’a pas trop envie de le lui demander maintenant, au beau milieu d’un supermarché, parce qu’il se dit qu’elle n’aurait pas vraiment tout le loisir de lui répondre pleinement.

Il secoue la tête, comme s’il n’y croyait pas. « Ca alors, Ronnie… ! J’aurais jamais pensé qu’on se reverrait dans ce genre de… heu, contexte. » Il baisse légèrement la tête et remarque, à travers les barreaux de son chariot, les immenses talons que la demoiselle porte, rehaussant à la perfection ses belles jambes, dévoilées par une jolie jupe noire. Elle a changé, depuis le lycée, se dit le brun. Pour sûr ; la voilà véritablement devenue une femme. Et quelle femme… Tobias ne peut s’empêcher d’avoir un pincement au cœur. Après tout, Ronnie, elle a représenté tellement pour lui… Il se souvient encore de cette sensation de vide total, lorsqu’elle l’a laissé, juste avant qu’il ne quitte le lycée. Après tout ce qu’ils ont eu le temps de partager, voilà qu’il la croise comme ça, et qu’elle lui demande des nouvelles comme si c’était presque… normal. Il se passe brièvement une main sur le visage, avant de regarder à nouveau les fins traits de Ronnie. Elle semble à la fois changée – tellement… mûre – et à la fois la même. C’est… troublant. Quoi qu’il en soit, elle n’a pas perdu de son charme inconditionnel, et Tobias doit presque se forcer à cesser de se dire en boucle qu’elle est vraiment… vraiment magnifique.

« J’espère que ça va, toi aussi ? » finit-il tout de même par demander. Il n’a pas envie qu’elle croit qu’il veut la fuir, même s’il reconnaîtrait facilement ne pas être très à l’aise en cet instant – chose qui est plutôt rare, chez Tobias. Parce qu’en fait, il n’en a pas envie du tout. Peut-être que ça fait très cliché, les deux ex qui se retrouvent par hasard et décident d’aller boire un café ensemble pour se raconter leurs vies, mais bon. Le jeune homme se surprend à vouloir savoir ce qu’elle devient, quelles études ou quel job elle fait, si elle a quelqu’un dans sa vie… ce genre de choses. Pas parce qu’il veut retenter quoi que ce soit avec, oh non ! – quoique, d’accord, il ne serait peut-être pas contre redécouvrir son corps parfait, version femme mature, mais sans aller plus loin que ça. N’oublions tout de même pas que Tobias – et ce en partie à cause de la douloureuse rupture qu’il a connu avec elle – est du genre à tout faire pour ne s’attacher en aucun cas. Même si, d’accord, des fois, on ne contrôle pas.

Elle reconnaissait chez lui tout ce qu'elle avait aimé au lycée, lorsqu'ils étaient sortis ensemble, et au final, elle se jugeait plutôt chanceuse d'avoir eu une relation avec lui. Elle aimait son large sourire qu'il essayait d'arborer dans toutes les situations, même maintenant alors que les choses étaient plus ou moins étranges, voir gênante; ses yeux bleus, sa chevelure brune, et elle se demandait ce qu'un garçon comme lui, un homme maintenant, avait put devenir. Il n'avait pas quitté Montsimpa venait-il de lui annoncer, à la plus grande surprise de la brune qui ne put se retenir de lui dire avec humour « Oh et bien, c'est que tu m'as plutôt bien évité pendant tout ce temps.. », elle leva vers lui un regard rieur alors qu'elle posait son panier sur le sol, décidant que la conversation n'allait pas s'arrêter tout de suite, elle s'attardait un peu. Après tout, bien qu'elle le taquinait sur leur relation d'antan, elle espérait sincèrement qu'il ne lui en voulait plus. Après tout, ça faisait plusieurs années maintenant et bien qu'ils avaient eu une relation forte, et assez sérieuse à laquelle elle avait mit fin, et bien maintenant qu'elle le revoyait, elle espérait que les choses pourraient peut être reprendre leur cours, pas dans le sens où il pourrait se remettre ensemble non, ça faisait trop longtemps, et puis elle voyait quelqu'un, pas officiellement certes, mais tout de même; mais pourquoi pas devenir ami avec lui ? S'il acceptait. « C'est vrai que cette coupure est pas mal chiante, ça devient difficile. J'espère qu'ils vont bientôt la réparer, ça commence à traîner... » oui et elle se demandait sincèrement ce que faisait le maire et tous ces gens qui s'occupaient du bien être des habitants de la ville, une coupure de courant ne devrait pas durer aussi longtemps ! Ce n'était tout bonnement pas humain de laisser des gens vivre dans ces conditions, sans électricité ni chauffage.

Amusée, elle haussa les épaules lorsqu'il lui dit qu'il ne pensait pas la revoir dans ce genre de " contexte ", elle croyait pas mal au hasard et à ce genre de chose, alors elle se disait que tout pouvait arriver, et si elle était surprise de le revoir, au fond ça n'était pas quelque chose de complètement fou puisqu'il n'avait jamais bougé de Montsimpa. Ils ne s'étaient juste pas croisés pendant plusieurs longues années. Pas même à l'université. « J’espère que ça va, toi aussi ? » demanda-t-il et elle opina du chef, lui répondant avec enthousiasme « Ohh oui, tu sais.. les choses vont pas trop mal. Ça pourrait être pire en tout cas... » répondit-elle en faisant preuve d'un optimisme fébrile. Disons qu'elle aurait put lui répondre que tout allait pour le mieux mais ça aurait été un terrible mensonge, ainsi se contentait elle de lui faire comprendre simplement qu'elle était en bonne forme même si tout n'allait pas dans son sens. Et puis, ça pouvait toujours être pire, c'était rassurant. Elle se demandait ce qu'il devenait, s'il avait finit ses études, s'il travaillait et puis s'il était avec une fille, par intérêt oui, car après tout, ils étaient tout de même sortis ensemble et qu'elle serait heureuse de savoir que tout allait pour le mieux dans sa vie, et puis aussi tout simplement par curiosité. « Je pense que la première chose que j'vais faire quand le courant reviendra c'est de m'acheter un tas de trucs à mettre au frigo... D'ailleurs.. Enfin ça n'a aucun rapport mais tu vis encore chez tes parents ou bien t'as déménagé ? »

« Oh et bien, c'est que tu m'as plutôt bien évité pendant tout ce temps… » S’il n’avait pas senti cette pointe d’humour dans les dires de la belle, ni perçu la lueur amusée qui dansait dans ses yeux, Tobias se serait sans doute senti très embarrassé, voire même vexé qu’elle pense cela de lui. À vrai dire, il l’avait peut-être évitée pendant quelques mois, le temps que sa blessure se referme ; mais elle savait qu’il était mal et lui avait donc échappé, elle aussi. Mais du reste, ce n’était pas comme s’il avait tout fait pour ne pas la croiser – bien qu’il n’ait pas spécialement cherché à la retrouver. Finalement, il se souvient peut-être l’avoir aperçue de loin, à l’université, mais rien de plus intriguant. D’où cette surprise de la voir transformée sous ses yeux, comme si son visage, comme si son corps avaient délaissé l’adolescence pour se glisser dans la peau d’une jeune adulte en un éclair. Car le temps de leur amour ne semble finalement pas si loin, quand il y pense. Tobias la regarde déposer son panier sur le côté, synonyme qu’elle avait envie de prendre le temps d’avoir une vraie discussion. Il s’en sent content, finalement. La rancune qui l’avait un jour habité avait fini par s’effacer, et il est heureux de constater qu’elle ne revient pas au galop – au contraire. « C'est vrai que cette coupure est pas mal chiante, ça devient difficile. J'espère qu'ils vont bientôt la réparer, ça commence à traîner… » Il acquiesce, constatant que de son panier débordent des paquets de pâtes en tout genre, à l’instar de son caddie.

C’est à cet instant que le brun demande : « J’espère que ça va, toi aussi ? » Elle hoche la tête et Tobias perçoit un certain enthousiasme dans sa voix lorsqu’elle lui répond : « Ohh oui, tu sais… les choses vont pas trop mal. Ça pourrait être pire en tout cas… » Malgré tout, il sent que quelque chose ne va pas comme elle veut. Il n’ose pas lui poser de questions – encore une fois il préférerait que tous les deux se mettent plus à l’aise que debout entre deux têtes de gondole. Mais après tout, il la connaît quand même un peu, Ronnie… Même s’il ne sait plus de quoi sont remplies ses journées, il connaît encore la façon qu’elle a de s’exprimer, et ce qui se cache parfois derrière ses mots. Elle ne semble pas tellement changée, finalement. Après une pause, elle reprend : « Je pense que la première chose que j'vais faire quand le courant reviendra c'est de m'acheter un tas de trucs à mettre au frigo… D'ailleurs… Enfin ça n'a aucun rapport mais tu vis encore chez tes parents ou bien t'as déménagé ? » Il acquiesce à entendre la première partie de ses propos, puis se met à sourire après la question plutôt… étrange ? de Ronnie. Pourquoi demande t-elle ça ? Est-ce que ça la gênait, lorsqu’il était encore avec ses parents ? Il s’imagine soudain l’emmener chez lui, dans sa toute petite maison… mais chasse très vite cette pensée de son esprit, soudain gêné. Se recomposant un franc sourire, Tobias répond. « Oh, j’ai mon chez moi, maintenant. Bon, on peut pas dire que ça soit très grand, mais ça me va. C’est simple et confort… tout ce qu’il me faut, quoi ! Et en ce qui concerne mon frigo… aussi mince soit-il, il crie également famine. J’ai hâte que tout ça refonctionne, ça commence à être sacrément embarrassant. On se demande ce que fabrique le maire ! » Il hausse les sourcils, moitié agacé de la situation, moitié amusé de la façon qu’il a de dire ça. Lui non plus, se dit-il, n’a pas changé, dans sa façon d'être et de s’exprimer.

« Oh, j’ai mon chez moi, maintenant. Bon, on peut pas dire que ça soit très grand, mais ça me va. C’est simple et confort… tout ce qu’il me faut, quoi ! Et en ce qui concerne mon frigo… aussi mince soit-il, il crie également famine. J’ai hâte que tout ça refonctionne, ça commence à être sacrément embarrassant. On se demande ce que fabrique le maire ! » dit-il et elle pince les lèvres avant de hocher vivement la tête. Cette panne de courant commençait à tirer en long, les choses ne s'arrangeaient pas, à croire que toutes l'administration de la ville s'en fichait pas mal et c'était plutôt énervant. Se nourrir sans électricité n'était pas facile de nos jours, car il fallait toujours congélateurs et micro-onde, les gazinières pouvaient encore être utiliséess, dieu soit loué, il restait encore quelque chose pour faire la cuisine, mais tout le reste, c'était vraiment dur ! Et puis l'hiver arrivait alors le froid s'installait, et sans chauffage, les conditions de vie régressaient beaucoup. « Et encore.. je pense qu'on a de la chance, car j'imagine même pas les personnes malades qui ont besoin de faire une radio, ou un scanner... C'est vraiment n'importe quoi... Enfin bon. C'est bien que t'aies ton appartement, t'as de la chance, j'avais une vieille chambre à la résidence universitaire, et puis je l'ai laissé ya pas longtemps pour retourner vivre chez mon père, et tu te doutes que ça m'enchante pas plus que ça.. mais c'est mieux que la résidence sur le campus. Franchement. Et puis c'est que temporaire.. » Elle n'avait jamais été d'un naturel spécialement bavard, mais il lui arrivait parfois de s'étendre un peu. Ca venait d'être le cas. Et puis après tout, elle n'avait pas vu Tobias depuis longtemps, il fallait bien qu'elle parle un peu pour remettre les choses dans leur contexte et pour qu'il comprenne un peu ce qu'elle lui racontait. Elle n'avait jamais eu une relation très amicale avec son père, celui ci manquait cruellement de tact pour elle et sa soeur, mais plus que de tact il manquait également d'intérêt pour elles, ce qui faisait qu'ils avaient longtemps été pas mal en froid. Les choses commençaient à se détendre depuis que Ronnie était retourné au cocon familiale, une semaine plus tôt. Elle était curieuse d'en apprendre plus sur Tobias, il lui avait dit avoir son appartement, et il avait de la chance car elle espérait pouvoir avoir le sien bientôt, mais elle s'était faite virée du Hogan et elle n'avait donc plus de travail. La crise, la crise. « En tout cas, ça me fait plaisir de te voir, t'as pas vraiment changé.. Toujours aussi beau. » elle lui adressa un sourire complice après avoir prononcé ces mots et regarda rapidement autour d'elle avant de reposer les yeux sur Tobias « Tes études de journaliste, t'as été jusqu'au bout ? C'est bien ça que tu voulais faire non ? »

À en voir le vif hochement de tête qui secoue le menton de Ronnie, est plus que d’accord avec lui, concernant le dérangement causé par cette panne, et la non réaction de l’administration de la ville. En même temps, qui ne le serait pas ? Pas de chauffage, pas d’électricité, pas de frigo, pas de micro-onde – le meilleur ami de Tobias lorsqu’il s’agit de « cuisine » en vitesse, – et puis pas de téléphone fixe, pas d’ordinateur… Bref, la galère dans toute sa splendeur. D’accord, dîner aux chandelles c’est très sympa, mais pas plus de deux ou trois soirs quoi… « Et encore… je pense qu'on a de la chance, car j'imagine même pas les personnes malades qui ont besoin de faire une radio, ou un scanner… C'est vraiment n'importe quoi… Enfin bon. C'est bien que t'aies ton appartement, t'as de la chance, j'avais une vieille chambre à la résidence universitaire, et puis je l'ai laissé y’a pas longtemps pour retourner vivre chez mon père, et tu te doutes que ça m'enchante pas plus que ça… mais c'est mieux que la résidence sur le campus. Franchement. Et puis c'est que temporaire… » Tobias hoche lentement la tête à l’entendre parler des personnes atteintes de maladies ; il n’a pas pensé à cet aspect, mais c’est clair que cette autre catastrophe engendrée par ce soudain black-out requiert qu’on s’occupe très vite de gérer la situation. Puis, Ronnie explique qu’elle vit à nouveau chez son père, et le brun se souvient très bien qu’elle n’était pas forcément en très bon termes avec lui. Il est donc rassuré de l’entendre dire que c’est déjà mieux que la résidence universitaire. Lui aussi a connu la petite chambre sur le campus, fréquenté seule d’un lit et d’un bureau, et c’est vrai que ce n’est pas ce qu’il y a de mieux… « C’est vrai qu’avec c’te foutue crise, c’est la galère pour se trouver un appart’ à soi. Mais sinon, tu n’as jamais pensé à la collocation ? » Non, ceci n’est pas une invitation à héberger la jeune femme ; ce serait tout de même un peu prématuré comme proposition. Mais lui-même y a pensé, avant que ses parents ne lui prêtent l’argent pour lui permettre d’acquérir son studio.

« En tout cas, ça me fait plaisir de te voir, t'as pas vraiment changé… Toujours aussi beau. » Tobias se met à rire à ces mots, notant le sourire complice que Ronnie arbore. « Et toi… encore plus belle. Enfin, si c'est possible ? » Il lui rend le même sourire. Ca lui fait chaud au cœur, de voir que le courant passe encore entre eux. Ca l’aurait rendu triste, d’une certaine façon, s’il avait constaté qu’il n’avait vraiment plus rien à voir avec elle, alors qu’il avait partagé tellement avec elle, et lui avait offert tellement. Et ça lui fait chaud au cœur de voir qu’elle ne fait pas partie de ces demoiselles ayant honte de leurs ex relations. « Tes études de journaliste, t'as été jusqu'au bout ? C'est bien ça que tu voulais faire non ? » Et en plus, elle se rappelle de ce qu’il voulait faire ! Tobias observe ses beaux yeux clairs, à moitié fasciné par ce constat alors qu’il croyait qu’elle n’avait vraiment plus rien à faire de lui, après leur rupture. Il acquiesce, un sourire aux allures rêveuses et admiratives sur les lèvres. « Oui, c’est bien ça. Je les ai finies y’a pas longtemps, et je me suis trouvé un tout petit poste à la rédaction d’un journal sportif. Pour l’instant, je ne suis affecté qu’à une rubrique mineure, mais je compte bien gravir les échelons ! Et toi, c’était… des études d’économie ? »

« C’est vrai qu’avec c’te foutue crise, c’est la galère pour se trouver un appart’ à soi. Mais sinon, tu n’as jamais pensé à la collocation ? » lui demande-t-il, et elle hausse les épaules. La collocation, bien sûr qu'elle y avait déjà pensé, mais la question était de trouver des gens avec qui vivre, et si Ronnie n'était pas une jeune femme très difficile, elle savait qu'elle pouvait être embêtante pour les autres. Elle faisait la cuisine certes, mais elle n'était pas très organisée, c'était pas mal le bordel dans sa chambre et les tâches ménagères, elle détestait ça. Alors elle ne se voyait pas trop habiter avec quelqu'un, à moins qu'il soit comme elle et que le bordel ne le dérange pas. Sinon elle aimait bien vivre toute seule et avoir son appart dans lequel elle peut y faire ce qu'elle veut, le décorer à sa façon etc.; c'était d'ailleurs sa première motivation pour travailler :avoir un appart. Et elle économisait chaque mois, mettant une partie de son salaire sur un compte spécial pour son futur appartement. Elle n'avait pas encore trouvé la perle rare. Et elle avait perdu son job. « Si si, bien sûr.. Mais j'aimerais avoir un appartement pour moi. » répondit-elle avec un léger sourire.

Il la complimenta, il la trouvait belle, plus qu'au lycée, et elle baissa les yeux sur son panier, un sourire toujours sur les lèvres, flattée et presque gênée par l'éloge qu'il lui faisait. C'était drôle de le retrouver après tout ce temps, elle se sentait légèrement nerveuse, se demandait vraiment s'il la trouvait belle, car il était forcement entrain de la comparer avec le passé, et elle espérait qu'il n'était pas déçu, pas seulement sur le plan physique. Il lui raconta alors qu'il avait terminé ses études de journalisme, ce qui la fit sourire, et il continua en lui annonçant qu'il travaillait pour un journal, rubrique sport, rien de très important apparemment, mais il avait l'intention de monter plus haut. Ce qu'elle comprenait, écrire des petits articles de rien du tout pour un journal ça allait un an, mais après, le plus intéressant dans le journalisme c'était bien de monter de plus en plus haut, d'écrire des choses de plus en plus intéressantes et de plus en plus importantes. Il lui demanda pour ses études d'économie. Elle fut surprise, ne se rappelant pas qu'elle avait déjà put vouloir faire des études d'éco à l'âge où ils étaient ensemble. Mais au fond ça se tenait. Elle n'avait envisagé que ça. Elle avait la bosse des maths comme on dit, elle ne se voyait pas faire des études dans les mathématiques pures et dures. L'économie c'était donc parfait. « Oui. C'est ma dernière année. C'est intéressant et tout, mais j'ai hâte d'appliquer tout ça, et de bosser vraiment. »

Elle se baissa pour attraper le panier et le soulever. « On bloque un peu le passage. J'avais l'intention d'aller à la caisse, il te faut encore des trucs ? » Sous-entendu, allons y ensemble...

Ce petit sourire à la fois flatté et gêné par son compliment… Tobias espère qu’il n’a pas mal fait de dire tout haut ce qu’il pense – fort – tout bas. Il ne veut vraiment pas la mettre mal à l’aise, au contraire ; il se dit que s’ils pouvaient repartir sur de nouvelles bases, mais en gardant leur complicité d’antan, ça serait vraiment… vraiment bien, oui. Bref, la conversation continue et s’élance dans le sujet prisé des études. Ronnie semble contente de voir que le jeune homme a pu obtenir un boulot assez rapidement, et qu’il est motivé pour grimper dans la hiérarchie de la rédaction. Tobias ne s’imagine pas pour autant directeur du journal lui-même, mais pourquoi pas avoir un poste suffisamment important et influent… Surtout que ça lui permettrait de se remettre véritablement en contact avec le monde du sport, voire rencontrer des figures phares de cet univers élitiste, lui qui rêvait d’en faire un jour partie. D’ailleurs, Tobias est plutôt reconnaissant à la demoiselle, pour n’avoir pas mentionné ses ambitions de grand sportif, elle qui est au courant pour ce maudit accident qui l’empêche de pratiquer aujourd’hui.

Finalement, le brun demande à Ronnie où en sont ses études à elle, si c’est bien de l’économie qu’elle fait, et elle lui répond : « oui. C'est ma dernière année. C'est intéressant et tout, mais j'ai hâte d'appliquer tout ça, et de bosser vraiment. » Il se redresse un peu, délaissant l’appui qu’il avait pris sur le devant du caddie, et hoche la tête. « J’imagine ! moi aussi, j’étais pressé d’en sortir et de pouvoir faire enfin mes preuves. Quel genre de job tu vises ? » Oui, parce que bon, Tobias il n’y connaît pas grand chose en économie… Et ça ne l’intéresse pas énormément, même s’il est bien obligé de se mettre dans le bain, avec cette crise qui meuble les conversations d’à peu près deux cents pour cent des habitants. Bref, c’est à ce moment que la belle brune ramasse son panier. Tobias note, admiratif, avec quelle grâce elle effectue ce geste, pour quelqu’un qui porte des talons si hauts. Il n’a jamais compris comment c’était possible de tenir debout, ne serait-ce que ça, avec de telles chaussures. Mais les mystères féminins dans ce genre ont tout à fait leur charme – l’italien adore ça, les talons. Ne serait-ce que pour la magnifique forme qu’ils donnent aux ja… Mh, je m’égare. « On bloque un peu le passage. J'avais l'intention d'aller à la caisse, il te faut encore des trucs ? » Tobias ne s’attendait pas à ça et, pris de cours, il regarde d’un œil douteux le contenu de son caddie. Il n’est même pas sûr d’en avoir pour deux jours complets, avec ce qu’il a balancé au hasard dans le ventre d’acier. M’enfin, il ne saurait refuser d’accompagner Ronnie. Il relève donc la tête, affichant un sourire du genre « je gère » et s’exclame, enthousiaste : « non, je crois que c’est bon ! » Il hésite à ajouter – pour avoir l’air plus sûr de lui – qu’il a encore quelques trucs chez lui, de toute façon, mais il sent qu’elle serait bien capable de savoir que c’est tout ce qu’il y a de plus faux. Reprenant les commandes de son chariot, Tobias se met à suivre la demoiselle jusqu’aux caisses, prenant mille précautions pour ne pas bousculer son panier ou lui heurter les chevilles. Après tout, il a déjà fait preuve d’assez de maladresse en manquant de l’enguirlander dans un stock promotionnel trônant au centre de l’allée – comme si elle n’était pas déjà suffisamment étroite.

Une fois les courses rangées dans un unique sac, Tobias se dit qu’il en sait finalement bien peu sur la vie actuelle de la jeune femme. Une idée lui vient : et si… et s’il l’invitait à continuer leur discussion, juste tous les deux, posés quelque part ? Après tout, il ne rêve pas, elle voulait bien qu’il passe à la caisse avec elle… Il a peur que ça semble déplacé. C’est bien la première fois depuis un moment qu’il se prend à réfléchir avant de faire quelque chose, lui qui n’hésite pas, d’habitude, lorsqu’il a envie d’un truc. Le fait est qu’il se demande si… si c’est légitime d’avoir envie d’un rendez-vous improvisé avec son ex. Bah, au pire… elle lui dit non. « Ca te dit de… je sais pas, de continuer cette conversation quelque part ? » Il se rend compte qu’il joue nerveusement avec l’anse de son sac, et suspend aussitôt son geste. « Moi aussi, ça me fait plaisir de te revoir, et je serais ravi d’en savoir un peu plus sur toi, aujourd’hui. » À cela il ajoute un sourire mal assuré, se surprenant à espérer qu’elle ne le recalera pas.

« J’imagine ! moi aussi, j’étais pressé d’en sortir et de pouvoir faire enfin mes preuves. Quel genre de job tu vises ? » lui demande-t-il, question à laquelle elle hausse les épaules avec désinvolture, un grand sourire sur les lèvres « Oh j'en sais rien, je verrais bien ce que je peux faire ! » répond-t-elle avec humour, ne se souciant pas réellement du futur, sauf pour son appartement. En ce qui concernait son travail, elle avait fait de l'économie car c'était ce qu'elle arrivait le mieux, mais pour ce qui était du travail à venir, elle n'en avait aucune idée. La seule chose qu'elle envisageait c'était de bosser dans une banque, quelque chose comme ça. Peut être à la bourse, mais c'était viser un peu lorsqu'on avait que vingt-deux ans. En tout cas, elle n'était pas du genre à stresser pour l'avenir, elle prenait les choses comme elle venait. Ainsi elle avait assez bien pris son récent licenciement, se disant qu'elle trouverait bien autre chose à faire assez rapidement et qu'au final c'était l'occasion de se concentrer un peu plus sur ses études qui occupaient déjà la moitié de son temps. Elle ramassa son panier alors qu'il affirmait qu'il avait ce qu'il lui fallait. Elle lança un regard équivoque dans le cadi pour observer les différents produits qu'il y avait mit. Pas grand chose en fait; des boîtes de conserves principalement. Elle roula des yeux, légèrement amusée de voir qu'il ne souhaitait pas continuer ses courses pour l'accompagner à la caisse alors qu'ils auraient très bien put continuer à déambuler entre les rayons et discuter le temps qu'il finisse. Il n'y avait peut être pas pensé. Ils se dirigèrent ainsi vers la caisse. Ils passèrent chacun leur tour, payèrent, rangèrent leurs courses dans un sachet. Le plus lourd dans le sien est le gros pot de pâte à tartiner acheté pour sa soeur cadette. « Ca te dit de… je sais pas, de continuer cette conversation quelque part ? Moi aussi, ça me fait plaisir de te revoir, et je serais ravi d’en savoir un peu plus sur toi, aujourd’hui. » dit-il alors qu'elle ouvrait son sachet pour regarder à l'intérieur. Elle relèva la tête vers lui, affichant un petit sourire, plutôt contente qu'il propose et enthousiaste à l'idée de discuter un peu plus longtemps avec lui. Elle opina du chef vivement. « Ouais bien sûr. Ca me dit bien ! » lança-t-elle avant de se lancer vers la sortie du magasin. Ils arrivèrent à l'extérieur, il ne faisait pas super froid, mais il y avait du vent. Elle se tourna vers lui alors qu'elle se prenait une violente bourrasque dans la figure, soulevant ses cheveux. Elle rit légèrement en repoussant sa tignasse brune sur le côté. « On devrait se dépêcher de se mettre au chaud ! » dit-elle en commençant à marcher, elle savait qu'il y avait un petit café pas trop loin dans lequel ils pourraient se poser pour boire un café brulant afin de se réchauffer et discuter. Ils y arrivèrent rapidement, après quelques minutes de marche, ils entrèrent, s'installèrent à une table et commandèrent. Elle demanda un cappuccino avec un supplément de crème. Comme à son habitude. «Alors... Qu'est-ce que tu voudrais savoir sur moi, aujourd'hui ? » reprit-elle sur le même ton que lui lorsqu'il l'avait invité à aller quelque part pour discuter. Ils y étaient maintenant. Ils pouvaient discuter.

Il la regarde relever le nez de son sachet de courses – dans lequel il l’a vue ranger un bon gros pot de nutella, chose qu’il regrette de ne pas avoir pensé à ajouter à ses achats – pour rencontrer à nouveau son regard. Elle semble un peu surprise, mais plutôt enthousiaste elle aussi. D’ailleurs, elle secoue déjà le menton avec vivacité pour répondre : « ouais bien sûr. Ca me dit bien ! » Génial, se dit-il intérieurement. Au moins, cette fois elle ne l’a pas recalé, pense t-il avec amusement et amertume au souvenir ravivé par la formulation qu’ont prise ses pensées. Il la suit jusqu’à la sortie du supermarché en emportant son sac sous un bras, nonchalamment. Dehors, il ne fait pas trop froid pour un mois de novembre, mais le vent vient jouer avec leurs cheveux. Tobias le sent s’engouffrer entre les pans de sa chemise qui baille négligemment autour de son cou. D’une main habile, il vient la reboutonner, réalisant qu’il n’est pas très présentable, pour ce genre de « rendez-vous. » Bon, rendez-vous improvisé – c’est là son excuse. Le carillon de son rire danse au gré des courants d’air ; le brun regarde Ronnie tenter de dompter ses longs cheveux. Il n’a pas menti, tout à l’heure, en lui disant qu’elle était belle.

« On devrait se dépêcher de se mettre au chaud ! » Tobias appuie ses dires en inclinant la tête, et adopte le même pas rapide que la jeune femme – avec toutefois le claquement des talons en moins. Quelques minutes plus tard, ils entrent dans un café et s’installent à une table pour deux. Ronnie commande un cappuccino avec supplément de crème, tandis que lui se contente d’un simple café. Observant sans le voir le serveur s’effacer derrière le bar pour actionner la machine, Tobias est finalement ramené sur terre par la voix de la belle. « Alors… qu’est-ce que tu voudrais savoir sur moi, aujourd’hui ? » Il se met à sourire, un souffle amusé s’échappant de ses lèvres. Singulière façon de reprendre leur conversation, mais ce n’est pas dérangeant. « Eh bien… c’est vrai que pris dans ce sens-là, je ne sais même pas par où commencer ! » Il s’accorde quelques secondes de réflexion, et puis tant pis, il se lance. « Par exemple : est-ce que… tu as quelqu’un, dans ta vie ? » Typique la formulation la plus impersonnelle pour aborder le sujet ! Bah alors, Tobias, où est passé ton tact rhétorique ? Il espère que ce n’est pas trop brusque, ou qu’il ne risque pas de la blesser si elle est en pleine déception amoureuse… Il se souvient qu’elle lui a dit aller bien, mais d’un autre côté, on ne confie pas sa vie intime aussi vite. Et puis, quand il y repense, il a bien senti que quelque chose se cachait derrière sa réponse.

« Eh bien… c’est vrai que pris dans ce sens-là, je ne sais même pas par où commencer ! ...Par exemple : est-ce que… tu as quelqu’un, dans ta vie ? » demanda-t-il, et elle rit, amusée par la tournure que prenait la conversation. Elle qui espérait quelque chose comme " c'est quoi le dernier film que t'as vu au cinéma " ou bien " t'écoutes toujours ce groupe de rock bizarre dont t'étais fan au lycée ? " non, Tobias allait droit au but et lui demandait si elle était avec quelqu'un, si elle avait quelqu'un dans sa vie, ce qui était à la fois une question précise mais relativement vague, car elle pouvait avoir "quelqu'un dans sa vie" au sens où son coeur pouvait être pris sans pour autant sortir avec quelqu'un; elle pensa directement à Jagger. Ce garçon qui lui avait fait tourner la tête très rapidement et dont elle n'avait plus de nouvelles aujourd'hui, suite à une violente dispute. Elle n'avait pas trop envie d'en parler, car sa relation avec Jagger avait été source de conflit avec son meilleur ami Tristan, que Tobias connaissait d'ailleurs assez bien puisqu'elle était déjà ami avec lui au lycée; et elle ne voulait pas se faire du mal en parlant de tout ça. Perdre Jagger et Tristan en si peu de temps était déjà bien assez douloureux. « Tu commences directement par le plus compliqué... » répondit-elle en roulant des yeux. Sauvée par le gong, le serveur arriva pour leur servir leur café. Elle lui adressa un sourire alors que celui ci s'écartait pour retrouver son poste au fond de l'établissement. Elle passait délicatement sa cuillère sur l'amas de crème qui dépassait de la tasse pour la porter ensuite à ses lèvres. Elle but une gorgée de son cappuccino et releva les yeux vers Tobias pour reprendre la conversation « Pour tout te dire, je sais pas vraiment où j'en suis de ce côté là. Y a eu quelqu'un, enfin c'était ce que je croyais, puis on s'est engueulé et il veut plus me voir, alors je sais pas, on verra bien comment les choses iront... Il reviendra peut être. » Elle n'était cependant pas assez naïve pour voir revenir Jagger vers elle. Bien qu'elle espérait au fond que ça arrive, elle savait que ça ne serait pas le cas car il était bien trop fier pour admettre ses torts et revenir vers elle. Elle lui avait exposé la situation relativement vite, ne s'attardant pas sur la complexité de sa relation avec Jagger qui relevait presque de la folie car les trois semaines avec lui avaient été un ensemble de bêtises en tout genre, entre le tatouage qu'elle s'était fait, la cuite mémorable dont elle avait été la victime, une cheville foulée, vol dans une épicerie, joints, alcools, saccage de la chambre universitaire du jeune homme, ils avaient enchaîné et aujourd'hui, alors qu'il était partie, elle ressentait un grand manque. Elle tentait tant bien que mal de passer outre. Ca ne faisait que trois semaines après tout. Elle s'en remettrait. « Et toi alors ? » demanda-t-elle curieuse « Me dit pas que t'es toujours célibataire ? »

Et elle commence par rire, et Tobias se dit que ouf, finalement ce n’était pas une question si sensible. Mais il sent qu’elle pense directement à quelque chose, dès l’instant où ces mots lui parviennent. Seulement, il sait que si la relation à laquelle elle pense était simple et belle, et sans embûches, alors elle n’attendrait pas pour répondre. Chose qu’elle fait. « Tu commences directement par le plus compliqué... » Elle est coupée par le serveur qui dépose leurs tasses avec habileté sous leurs nez. Le brun entoure la sienne des doigts d’une main, sentant la chaleur brûlante du liquide âcre se diffuser à travers la céramique. Il regarde Ronnie adresser un sourire au serveur, et il se doute que c’est un signe de malaise plus ou moins clair. Passant sa cuillère sur la crème qui déborde de sa tasse, elle finit par boire une gorgée de son breuvage et semble enfin se souvenir de la question du jeune homme. Celui-ci s’apprête à lui dire qu’elle n’est pas forcée de lui donner une réponse, lorsqu’elle reprend. « Pour tout te dire, je sais pas vraiment où j'en suis de ce côté là. Y a eu quelqu'un, enfin c'était ce que je croyais, puis on s'est engueulé et il veut plus me voir, alors je sais pas, on verra bien comment les choses iront... Il reviendra peut être. » Il hoche légèrement la tête, absorbé par ce qu’elle vient d’annoncer, l’air de dire : « ah, je comprends. » S’appuyant contre le dossier de sa chaise et plongeant ses yeux dans ceux de la belle, il lui dit doucement : « si c’est ce que tu souhaites, alors j’espère qu’il reviendra. » Il lui sourit, toujours avec délicatesse, ne sachant que trop bien combien ce genre d’embrouilles peut faire mal, quelques fois.

« Et toi alors ? » Son regard reflète soudain une profonde surprise, tandis que ses sourcils s’arquent d’une expression interrogative. Il n’avait pas pensé que la question puisse lui être retourné. Pour lui, c’est tout ce qu’il y a de plus normal que de n’avoir personne. Ou du moins, sur un assez long terme (plus de quelques mois, s’entend). L’expression de son visage doit marquer de façon plutôt explicite le fait qu’elle le prend au dépourvu, puisque Ronnie enchaîne aussitôt, curieuse : « me dit pas que t'es toujours célibataire ? » Le sourire de Tobias est à la fois amer et amusé. Comme si c’était une tare, d’être célibataire… Pour lui, c’est juste le seul moyen de se protéger. Il ne savait pas que les querelles d’amour pouvaient être si douloureuses, avant Ronnie, alors maintenant qu’il en a fait l’expérience… Il veut éviter de la vivre à nouveau. Mais ça, bien sûr, il ne va pas lui dire. Il ne va pas lui dire qu’en un sens, s’il est désillusionné de l’amour au point de proscrire l’attachement réel à quelqu’un, c’est de sa « faute. » Que si il ne fait qu’enchaîner les simples relations charnelles pour combler ce manque qu’il ne veut peut-être tout bêtement pas s’avouer, au fond – tout au fond, – c’est parce qu’elle l’a quitté. Il ne va pas lui dire. Et de toute façon, il ne lui en veut pas. Ce mode de vie – se vautrer sans retenue dans la luxure et dans l’excès, – ça lui convient, finalement. Il soupire avant de répondre : « eh bien… si, toujours. » Il se sent stupide de ne lui fournir qu’une si maigre annonce, mais il ne sait trop quoi ajouter. Se saisissant de sa tasse d’un geste peut-être un peu trop décidé, il engloutit une gorgée de café – laquelle lui brûle la gorge, chose qu’il se retient d’exprimer même si ça doit se lire, l’espace d’une demi-seconde, sur son visage. Une fois la tasse redéposée dans un cliquetis sur sa soucoupe, il reprend parfaitement au hasard : « je sais pas, je… Je ne sais pas si je suis fait pour les relations longue durée. Ou même courte durée, en fait. Quand ça dure plus d’une semaine. » Il hausse vaguement les épaules, laisse échapper un nouveau soupir à travers son sourire moitié amusé par la façon dont il vient de dire les choses.

« si c’est ce que tu souhaites, alors j’espère qu’il reviendra. » dit-il pour tout commentaire quant à l'histoire qu'elle venait de lui raconter et elle haussa les épaules avant de baisser les yeux sur sa tasse. Évidemment que c'était ce qu'elle voulait. Elle voulait voir Jagger revenir, l'entendre dire qu'il s'était trompé, qu'elle lui avait manqué, tout ça.. Mais on avait pas toujours ce que l'on voulait, malheureusement, et elle savait que les choses allaient être compliquées.. car le jeune homme était lui même assez imprévisible. Elle attendrait. Elle retournerait vers lui s'il tardait trop. De façon enjouée, elle avait retourné à Tobias sa question, s'attendait à ce qu'il lui étale son bonheur et lui raconte qu'il sortait avec une fille super, depuis longtemps, six mois.. voir un an peut être, ou plus.. Mais ce ne fut pas le cas. Il affirma simplement être "toujours" célibataire et elle pinça les lèvres, se demandant si elle avait bien fait de lui poser cette question. En fait, elle ne savait plus rien de lui. Elle l'avait connu au lycée, et depuis, il semblait être devenu quelqu'un d'autre, quelqu'un qu'elle ne connaissait pas malgré leur relation très forte qu'ils avaient partagé quelques années plus tôt, et ces pensées se confirmèrent lorsqu'il lui expliqua « je sais pas, je… Je ne sais pas si je suis fait pour les relations longue durée. Ou même courte durée, en fait. Quand ça dure plus d’une semaine. », elle fut surprise, haussa les sourcils et ne put se retenir de lâcher un « Ah bon... » soupçonneux. Avait-il tant changé que ça ? A l'époque où elle l'avait connu, elle aurait mit sa main à coupé que Tobias était un garçon sérieux, avec qui il était possible d'avoir une relation, il était plutôt mature, rien à voir avec Jagger à qui elle n'envisageait même pas de demander s'il avait l'envie quelconque de quelque chose avec elle, sachant très bien que ça n'était sans doute pas le cas, même avant leur dispute. Mais Tobias lui, elle l'imaginait largement au dessus de tout ça. Elle l'aurait vu comme un adulte responsable et équilibré, capable d'entretenir une relation amoureuse plus ou moins longue... Pas un coureur de jupons. « Depuis quand ? » pensa-t-elle à haute de voix, et elle regretta rapidement de lui avoir posé la question, ne désirant pas vraiment savoir la réponse, mais elle se demandait vraiment.. depuis quand Tobias était-t-il devenu ainsi ? C'était peut être la fac qui l'avait fait comme ça.. ou autre chose. Son regard balaya la pièce avant de se reposer sur Tobias « Enfin peu importe mais ça m'étonne un peu c'est tout... » elle n'avait pas envie de commencer à le juger, elle ne le connaissait plus, mais elle était déçue de voir qu'il faisait partie de ces garçons incapables d'avoir une relation et qui en était totalement conscient. Ca ne semblait pas non plus trop le déranger. Ronnie pensait autrement, elle avait tendance à enchaîner les relations certes, mais elle ne sortait pas avec quelqu'un sans ressentir quelque chose pour lui; mais elle s'autorisait à tomber amoureuse, l'amour n'était pas quelque chose qu'elle fuyait. Elle préférait vivre un tas d'expérience que se priver pour ne pas souffrir. La souffrance faisait partie de la vie, et c'était parfois lorsqu'on souffrait le plus qu'on se sentait le plus vivant. Paradoxalement. « Je vois pas pourquoi toi en particulier tu serais pas fait pour une relation durable, c'est pas une caractéristique innée que t'as ou que t'as pas.. c'est juste une question de volonté... Si tu pars du principe que t'en es pas capable, c'est sûr que tu vas pas réussir. » Éternelle optimiste, elle lui lança un regard en biais avant de boire une nouvelle gorgée de son cappuccino. « Tu connaitrais pas quelqu'un qui vend ou donne un chat.. ou un chien ? » demanda-t-elle finalement comme un cheveux sur la soupe.

Il sait qu’il n’aurait pas dû dire ça lorsqu’il la voit hausser les sourcils, laissant échapper un « ah bon... » qui ne semble d’ailleurs pas volontaire. Est-elle si surprise que ça ? L’imaginait-il en couple depuis des années, bientôt marié peut-être ? Ca ne lui ressemble pourtant tellement pas… Peut-être parce qu’il se connaît autrement. Mais si ça trouve, au contraire de ce qu’il dit, il est « fait » pour ça. Après tout, un proverbe dit que trois personnes vivent en nous : celle qu’on voudrait être, celle qu’on croit être, et celle qu’on est vraiment. Laquelle de ces trois connaît-il, lui ? Sûrement pas la dernière. Non, le vrai Tobias, il ne le connaît pas. Et puisqu’on pousse la réflexion philosophique, il n’est même pas sûr de savoir ce qu’il voudrait être. « Depuis quand ? » Les mots de Ronnie le tirent de ses pensées. Ils sonnent comme… un je ne sais quoi de déception, voire de… mépris ? Mêlés à la surprise, certes, mais Tobias, même si ce n’est sûrement pas vrai, est persuadé d’avoir entendu cet accent dans sa voix. Il entrouvre les lèvres mais la demoiselle, regrettant apparemment d’avoir posé une telle question. « Enfin peu importe mais ça m'étonne un peu c'est tout... » Il baisse les yeux, cherchant ses mots. Ne les trouvant pas, il préfère se passionner soudainement pour la dégustation de son café. Il a l’impression que Ronnie le juge à ce qu’il vient de lui confier, et ça lui a piqué le cœur.

« Je vois pas pourquoi toi en particulier tu serais pas fait pour une relation durable, c'est pas une caractéristique innée que t'as ou que t'as pas.. c'est juste une question de volonté... Si tu pars du principe que t'en es pas capable, c'est sûr que tu vas pas réussir. » Il ne peut s’empêcher de se remettre soudain en question, mais la pensée qu’il puisse aimer éperdument quelqu’un qui n’éprouve pas des sentiments d’une même force lui semble tellement… tellement douloureuse, et tragique, qu’il en vient à la conclusion trop rapide qu’il ne veut pas être fait pour les relations longue durée. Question de volonté, elle a raison, pas de capacité. « Ouais, t’as raison. J’ai juste l’impression qu’une histoire d’amour vraiment forte, le genre d’histoire qui vaut le coup d’être vécue… ça ne dure jamais. Et que ça finit toujours mal, dans les larmes et la souffrance qui reste. » Ce n’est pas comme s’il avait vécu l’expérience de nombreuses fois. Mais juste une, une seule et unique fois, ça lui a suffi pour savoir que ce qu’il dit est juste. La souffrance reste. Même lorsqu’on la croit oubliée, elle finit toujours par revenir vous narguer. Après, Tobias… c’est où tout l’un, où tout l’autre. Il ne peut imaginer une relation qui durerait sans la passion fougueuse qui fait vibrer les cœurs. Quitte à vivre l’amour, autant le vivre à fond. Et dans l’excès. En acceptant l’invariable côté destructeur, autre face – cachée pour les inconscients – de la lune, qui est purement inéluctable. Chose que Tobias n’a pas encore réussi. À accepter.

Ronnie continue de siroter son capuccino, puis décide soudain de changer radicalement de sujet. « Tu connaîtrais pas quelqu'un qui vend ou donne un chat. ou un chien ? » Un mince sourire, un brin triste, étire les lèvres du brun. Il comprend qu’elle veuille éviter cette conversation ; lui aussi il sent qu’elle ne les mènerait sûrement pas vers le calme et la sérénité. Mais bon. Il se sent un peu… mis de côté. « Ah non, désolé. Le seul chien que je connais, c’est le mien, et je ne le donnerais pour rien au monde ! » Il a soudain un large sourire. Penser à sa Griotte lui remonte un peu le moral. Lorsqu’il imagine sa petite bouille innocente. Terminant son café, il décide de mettre la conversation précédente dans un coin de sa tête, et reprend avec un enthousiasme nouveau : « c’est pour toi, pour quelqu’un d’autre… ? » Tobias, il est comme ça. C’est rare qu’il laisse entrapercevoir ses faiblesses, et lorsqu’il le fait, il se dépêche de les cacher et de les oublier parfaitement.

Confortablement assise dans son siège, Ronnie avait les yeux fixés sur Tobias et se demandait ce qu'il était devenu. A l'entendre, il était un de ces types qui enchaînaient les relations courtes, ça l'étonnait et la décevait un peu, car elle connaissait trop bien ce genre de garçons pour savoir ce que ça entraînait. Elle avait espéré que Tobias serait resté le même et finalement, elle en venait à se demander si elle même avait changé. Sauf physiquement bien sûr car là le changement était indéniable. Ronnie avait toujours été une fille assez optimiste et joyeuse, elle aimait les plaisirs simples, se contentait de peu, mais elle était inconstante, c'était la raison pour laquelle elle n'avait pas non plus de longue relation et c'était pourquoi la première fois avec Tobias n'avait pas marché. Si elle tombait facilement amoureuse, elle se lassait également assez vite lorsque les choses commençaient à devenir un peu trop pareille tout le temps. C'était pour ça qu'elle avait tant misé sur sa relation avec Jagger, car elle était différente et qu'elle avait espéré qu'elle dure. Elle se sentait toujours prête à rencontrer des hommes, elle leur laissait leur chance, mais elle ne tombait pas toujours dans le panneau, et elle s'ennuyait vite. « Ouais, t’as raison. J’ai juste l’impression qu’une histoire d’amour vraiment forte, le genre d’histoire qui vaut le coup d’être vécue… ça ne dure jamais. Et que ça finit toujours mal, dans les larmes et la souffrance qui reste. » répondit Tobias à sa remarque sur le fait que l'amour était une question de volonté et non pas de capacité. Elle fut tout de même surprise par sa réponse et elle arqua les sourcils, fronçant légèrement le nez, encore une fois, les mots sortirent trop vite « Et alors ? C'est dingue ça.. On dirait Tristan, la souffrance.. toujours la souffrance, comme si c'était le résultat de la relation qui importait. C'est l'expérience vécut avec l'autre non ? C'est ça dont tu devrais te souvenir, pas.. la façon dont ça s'est terminée.. je sais pas... C'est comme ça que je vois les choses. » elle pinça les lèvres, but.

Elle changea finalement de sujet, ce qui sembla soulager un peu Tobias qui lui accorda un faible sourire. Elle lui rendit pour lui montrer que malgré leur désaccord, elle ne lui en voulait pas et qu'elle n'avait absolument rien contre lui. Il lui répondit qu'il avait un chien mais qu'il ne le donnerait pas, et après un court silence, il lui demanda si c'était pour elle ou quelqu'un. « Pour ma soeur... » répondit-elle avant de boire une nouvelle gorgée de son café. « T'as un chien toi ? Quel genre ? Il est beau ? »