priam&norah

« Il faut vous le dire en quelle langue ? Pour la énième fois, je m'appelle Caroline ! » « Bien sûr. Et moi je suis sobre, peut-être ? Écoute-moi bien Allia: tu ne vas pas t'en tirer comme ça ! » Cette idiote commençait vraiment à me taper sur les nerfs: j'étais tout de même capable de reconnaître une de mes ex-conquêtes, même avec un gramme de vodka martini dans le sang ! De toute façon, les petites brunes aux yeux verts et à l'air absent ne courraient pas les rues. Mais si cette fille était bel et bien Allia, pourquoi refusait-elle de me répondre ? À moins que... et merde. À y regarder de plus près, la demoiselle qui se trouvait en face de moi avait les yeux bleus et non verts, ce qui faisait de moi un harceleur de première catégorie. Un sourire navré sur le visage, je m'approchai de la dénommée Caroline et posai ma main sur son épaule. « Je suis désolé, je vous ai prise pour quelqu'un d'autre. Il faut croire que l'alcool me monte un peu à la tête. » Certes, mon excuse n'était pas des plus convaincantes: bourré ou pas, j'aurai dû me rendre compte que cette Caroline n'avait rien à voir avec la mère de mon futur enfant. Cependant, cela sembla lui suffire et la victime de ma malheureuse méprise tourna les talons avant de franchir la porte du club. Poussant un soupir, je m’assis sur un tabouret et frappai le comptoir d'un geste rageur: putain... cette Allia allait vraiment me rendre fou. Tout un coup, un rire familier attira mon regard, dirigeant ma colère vers une toute autre personne. En effet, à quelques mètres de moi se trouvait Norah, vêtue d'une robe particulièrement courte qui faisait le bonheur de son admirateur. Ce dernier, un brun plutôt bien bâti, ne pouvait détacher son regard des courbes de mon amie et à en juger par son air satisfait, cet abruti était bien parti pour finir la soirée en sa compagnie. Malheureusement pour lui, je ne l'entendais pas de cette oreille. Pour séduire Norah, il fallait tout d'abord obtenir mon consentement et ce depuis que j'avais découvert la triste vérité: cette pauvre enfant avait un don extraordinaire pour attirer tous les pires connards de la planète. Prenant donc mon rôle très à cœur, je me levai et fit quelques pas en direction d'Eden, avant de passer mon bras autour de ses épaules. « Alors mon cœur, tout va comme tu veux ? » m'exclamai-je, le sourire aux lèvres. Si monsieur Muscle voulait vraiment prendre du bon temps avec Norah, il allait devoir me passer sur le corps.

Tu me prends pour une quiche ?

Le bar le plus huppé de Montsimpa était peu à peu devenu comme un repère pour moi. J'avais beau avoir détesté cet endroit et tout ce qui s'y faisait, j'avais finalement pris goût à cette vie de débauche. Enfin, une débauche tout à fait raisonnable comparée à celle des drogués et alcooliques en tout genre. Je me contentais simplement de faire de nouvelles rencontres, de boire un peu plus et de porter des tenues un peu plus courtes. Rien de bien grave ni de bien méchant, simplement un radical changement de style de vie, qui ne pouvait que me faire du bien. Le rôle de petite fille sage et travailleuse me fatiguait, et j'avais surtout besoin de me débarrasser de cette fausse image de fille un peu trop naïve. Ce n'était peut-être pas le meilleur moyen, certes, mais ça ne coutait d'essayer. Après quelques verres offerts par de plus ou moins beaux inconnus, j'avais finalement trouvé le rancart idéal. Un bel homme, trop macho et prétentieux à mourir, mais qui m'apportait un intérêt suffisant. Peu m'importait qu'il soit intelligent ou intéressant, loin de moi l'idée de le revoir après cette soirée. Je riais sincèrement à l'une de ses blagues, bon public que j'étais. Malgré mon envie de me glisser dans la peau d'une fille libertine et peut-être un peu fausse, mon rire raisonna comme celui de d'habitude, joyeux et sincère. Ce mélange devait certainement faire tâche avec l'attitude aguicheuse voulue : mais que voulez-vous, chassez le naturel il revient au galop. Mon visage se rapprochait peu à peu de celui de l'inconnu, sans que je n'y fasse vraiment attention. Sans être ivre, j'avais déjà un petit coup dans le nez. Nous étions sur le point de commencer ce que l'homme attendait tant quand je sentis une douce présence autour de mes épaules. Un bras sûr et imposant mais délicat. « Alors mon cœur, tout va comme tu veux ? » La voix suave et confiante Priam se glissa jusqu'à mon oreille, tandis que mon prétendant gonflait le torse. Par habitude ainsi que légèrement aidée par l'alcool, je déposai un baiser sur la joue du jeune homme, dont je ne comprenais pas réellement les intentions. Après tout, c'était lui le fameux conseiller qui m'avait poussée à me dévergonder quelque peu. « Priam ! M'aurais-tu confondue avec quelqu'un d'autre ? » Son haleine alcoolisée titilla mes narines, ce qui expliquait peut-être sa présence près de moi. Ne m'intéressant désormais qu'au jeune homme, j'en oublias complètement ma rencontre nocturne, qui jetait un regard mauvais au nouvel arrivant.