Qu’est-ce que je fais là déjà ? Je ne sais même plus combien de verres j’ai bu, attendant au comptoir. Je devais retrouver Jilly au départ. Je suppose qu’elle a eu autre chose à faire finalement et qu’elle a oublié de me prévenir. Parce que là, elle a déjà une demi-heure de retard sinon. Et ce n’est pas vraiment son genre. Alors je décide de prendre un dernier verre avant de rentrer chez moi. Ce n’était pas vraiment la soirée que j’avais prévu. Si je venais aux guitares hurlantes, c’était pour m’amuser, pas pour rentrer sans rien n’avoir fait d’autre que boire quelques verres seul. Mais ici, les gens viennent accompagnés. Je reviendrais un autre soir, tant pis. Pourtant, alors que je me tourne vers la salle, je reste bloqué encore un moment. Je regarde les gens s’amuser, rire, chanter, délirer. Ça fait longtemps que je n’ai pas ri tout simplement comme ils le font. La vie m’a changé. En bien, en mal, je n’en sais rien. C’est assez compliqué à déterminé sans un œil objectif. Un homme se prend pour une rock star alors qu’il arrive à peine à tenir la note sur Highway to Hell. Ça me sourire. Il ne faut pas grand-chose pour avoir confiance en soi quand on le veut vraiment. Enfin certains jeunes le huent donc il ne va pas durer longtemps. Il aura eu son moment de gloire au moins. Et au moment où il descend enfin de scène, je décide qu’il est temps maintenant. Je me tourne et tombe nez-à-nez avec Danaé. Et merde, manquait plus que ça. « Tiens donc, si c’est pas mademoiselle blog 2012 ! Quelle surprise ! » Elle est seule apparemment. Ou bien elle est venue avec un ami invisible. Je lui en veux toujours, de m’avoir menti, d’avoir voulu me manipuler. Je la déteste encore plus que les autres de son espèce (oui les journalistes sont une espèce à part). Parce que je l’ai appréciée à une époque, parce que j’ai été assez con pour lui faire confiance. Alors qu’elle était devenue mon amie pour une raison précise. « Je t’offrirais bien un verre mais en fait, j’ai pas envie. Et t’irais directement le raconter sur internet non ? »

Les guitares hurlantes était l'endroit parfait pour passer une bonne soirée surtout avec un temps pareil. Alice, la meilleure amie de la jeune femme tenait à passer la soirée las-bas afin d'y rejoindre son rancard. Chaque semaine c'était la même rengaine, elles y allaient à deux et au finale Danaé ferait mieux de la déposer juste par soutien féminin. Malheureusement, elle lui était redevable, la jolie blonde ne pouvait pas se plaindre après tout elle l'obligeait à supporter la présence d'Adriàn bien qu'elle était consciente de l'animosité qu'il y avait entre eux. Actuellement on en était déjà à la phase où elle se retrouvait seule face à son verre. La solitude n'était pas un problème pour la demoiselle lorsque les autres autour d'elle étaient bien évidemment non-accompagné. Elle le savait, sa meilleure amie n'allait pas revenir avant le lendemain matin, alors il était temps pour elle de mettre les voiles. Elle avala d'un seul trait ce qui restait de son verre puis partie rejoindre la sortie. Danaé marchait d'un pas décidé, mais une tête familière l’interpella. Il s'agissait de Cooper comme celui qu'elle avait trahit pour son boulot. Dieu seul savait que si c'était à recommencer elle n'aurait jamais pondue cet article sur le jeune homme. Elle avait obtenu sa confiance et l'avait brisé sans état d'âme. Quand elle le voulait, la blondie était une journaliste comme les autres faisant passer son boulot avant le reste et tant pis pour les conséquences. La jeune femme était planté au beau milieu des gens ne sachant que faire. Si elle partait, elle se sentirait coupable de ne pas l'avoir abordé et si elle restait, elle avait peur de comment il réagirait. Laissant son cerveau en ébullition de côté la jeune femme fit marche arrière et partie à sa rencontre. Ce dernier se retourna d'un coup sec et les deux jeunes gens se retrouvèrent nez à nez. « Tiens donc, si c’est pas mademoiselle blog 2012 ! Quelle surprise ! » Elle le regrettait déjà. Apparemment, il n'avait pas l'air accompagné, par contre il empestait l'alcool à des kilomètres. Danaé avait bu quelques verres, mais pas assez pour ne pas être en colère. La jeune femme le savait, elle n'avait pas raison d'être dans tous ses états après tout c'était de sa faute, mais bon dieu lui et son caractère à deux balles avait le don de l’agacer au plus haut point. « Je t’offrirais bien un verre mais en fait, j’ai pas envie. Et t’irais directement le raconter sur internet non ? » C'était indéniable, il était toujours remonté contre elle. Elle le regardait droit dans les yeux, Danaé avait du mal à soutenir son regard revoyant encore des flashs du jour où il a découvert l'article posté sur blog. « Très drôle. Si je vais raconter ça sur internet, tu vas encore faire une crise d'adolescence. » dit-elle d'un ton qui se voulait plus provocateur qu'énervé, ce n'était pas du tout le ton qu'elle voulait prendre, mais tant pis. Il avait vraiment un sale caractère et disons qu'elle n'était pas facile non plus. « Je suis pas venue me battre avec toi Cooper. Je veux me faire pardonner pour ce que je t'est fait. » Danaé ne savait pas comment le prendre car même avec des pincettes, il était infecte. Elle comprenait que sa trahison l'avait affecté, mais elle aimerait au moins pouvoir se faire pardonner auprès de lui. Il n'avait pas l'air de faire le moindre effort pour sauver leur amitié, bon ok, c'était elle la fautive, mais bon sang il pourrait au moins essayer de faire semblant. « Laisse tombé, mauvaise idée en faite. » la jeune femme fit demi-tour elle s’apprêtait à le laisser ainsi, après l'avoir accosté et certainement pourri sa fin de soirée. Non, elle ne pouvait pas le laisser comme ça, Danaé était lunatique et ne savait pas ce qu'elle voulait. Il n'allait rien comprendre, tant pis, au fond elle s'en fichait de passer pour une folle. Danaé revint à sa hauteur et le poussa en arrière, légèrement en arrière, car même si elle voudrait le pousser fortement, elle avait la force d'une gamine de cinq ans ce qui ne l'avantageait pas des masses. « Tu pourrais au moins faire un effort, je veux dire c'est pas facile de venir te voir après ce que je t'est fait, je suis vraiment en train de prendre sur moi et mettre ma fierté de côté pour toi. »

Quand on pense que la nuit ne peut pas être pire, la vie nous prouve que tout est toujours possible. Et, ce soir, le pire, c’est Danaé. Comme si ça ne suffisait pas de se faire poser un lapin, il fallait que je tombe sur elle. Je pensais pouvoir lui faire confiance, que nous étions vraiment amis et elle m’avait trahi sans aucun regret. Un article sur moi publié sur son stupide blog. Elle m’avait caché son métier pour en apprendre plus sur moi et se foutre de ma gueule en beauté. Surtout que lire ce qu’elle pense de moi, ça avait été dur. La trahison, j’ai du mal à l’accepter. Alors je ne prends même pas la peine d’être poli avec elle, je ne prends pas de pincettes pour qu’elle comprenne à quel point je lui en veux. Elle va regretter de s’être jouée de moi. « Très drôle. Si je vais raconter ça sur internet, tu vas encore faire une crise d'adolescence. » Et elle veut me faire passer pour celui qui exagère, qui a mal réagi. Comme si ça ne suffisait pas. « Je pense qu’on n’est plus à ça près, va donc raconter que Cooper Tate-Applewood est méchant avec toi, tout le monde sera content de lire ça. » Je sais très bien ce qu’on dit de moi dans la presse, même si j’évite un maximum de lire des articles sur moi. Parfois, j’ai vraiment hâte de retomber dans l’anonymat, être enfin tranquille. « Je suis pas venue me battre avec toi Cooper. Je veux me faire pardonner pour ce que je t'est fait. » J’ai presque envie de rire tellement elle est stupide. Si elle espère vraiment que je vais lui pardonner juste parce qu’elle le demande, elle est vraiment naïve. Elle veut seulement redevenir mon amie pour pouvoir apprendre encore d’autres choses sur moi. « Laisse tombé, mauvaise idée en fait. » Bien, elle le réalise toute seule. Il y a peut-être encore un espoir pour elle. Et elle repart comme elle est arrivée. Elle n’en a vraiment rien à faire. Et moi non plus. Plus maintenant. Mais alors que je pense à vraiment partir cette fois-ci, elle revient vers moi et essaye de me pousser avec ses mains de bébé chat. Quoi encore ? « Tu pourrais au moins faire un effort, je veux dire c'est pas facile de venir te voir après ce que je t'est fait, je suis vraiment en train de prendre sur moi et mettre ma fierté de côté pour toi. » C’est officiel, elle se fout de moi. Maintenant, c’est de ma faute si on n’est plus amis, faudrait arrêter le délire un moment. « Tu sais quoi Danaé ? Je n’en ai rien à faire de ta fierté. Ce que j’aurais aimé voir, c’est ton intégrité, ton sens de l’amitié. » Elle ne doit sûrement pas avoir beaucoup d’amis si elle les traite comme ça. Une relation doit être basée sur une confiance mutuelle, c’est tout. « Et tu aurais pu penser à tout ça avant de publier un article sur moi non ? A moins que tu t’attendais à ce que j’adore ton boulot et que je t’offre une interview pour conclure le tout. » Le jour où j’étais tombé sur cet article, j’étais vraiment tombé de haut. Et heureusement que je ne lui avais pas tout dit sur moi non plus. « J’espère pour toi que ça en valait le coup, que tout le monde parle de toi sur internet parce que tu as réussi à faire un article sur moi, le grand raté d’Hollywood. Parce que tu as perdu ma confiance. Si jamais tu y tenais. »

« Je pense qu’on n’est plus à ça près, va donc raconter que Cooper Tate-Applewood est méchant avec toi, tout le monde sera content de lire ça. » Elle ne sait pas pourquoi elle essaye encore de se faire pardonner auprès de lui, c'était une cause perdu. Danaé avait tord dans tous les sens du terme. Elle l'avait trahit et en amitié ça ne pardonnait pas. Pourtant elle avait envie de s'accrocher, de se faire pardonner auprès de lui. C'était par conscience et surtout parce qu'ils avaient des tissés des liens qu'elle ne retrouvait pas avec d'autres personnes. Ils étaient devenus amis parfois il lui était arrivé d'oublier son objectif et puis un grain de folie est passé dans son cerveau. Danaé avait travaillé dur pour en arriver là où elle en était, elle avait toujours voulu être journaliste et l'amitié devait passé en second. Travaille, amis et tout le reste. C'était ça la hiérarchie. « T'est ridicule comme si ça allait intéresser les gens ce genre d'info. » se contenait-elle de dire. Elle l'avouait Cooper était une très bonne proie, elle n'avait pas eu de difficulté à lui sous-tiré des informations. Malheureusement, elle s'était trop attaché à sa victime. Le métier de Danaé lui pourrissait la vie parfois, il fallait éviter d'avoir des amis célèbre, se contenter des bonnes connaissances. Danaé était difficile à suivre en plus de changer d'humeur toutes les trente secondes, elle était sujet à des poussées de violences. Son but n'était pas de faire mal, quand bien même elle y arriverait, mais disons qu'elle s'énervait vite même quand c'était elle la fautive. Il n'y avait pas de logique à cela. « Tu sais quoi Danaé ? Je n’en ai rien à faire de ta fierté. Ce que j’aurais aimé voir, c’est ton intégrité, ton sens de l’amitié. » Elle avait mal au coeur, non pas qu'il lui faisait pitié, c'est juste qu'elle apportait une grande importance à l'amitié, mais peut-être pas assez pour la faire passer avant toute chose. Cet article avait été une stupide erreur, elle s'était trompé sur le vrai visage de Cooper, mais s'en était rendue-compte trop tard. Elle pensait qu'elle ne s'attacherait pas à ce genre de célébrité déchu qui allait certainement sombré tôt ou tard dans l'alcool ou encore pire, qui allait finir par avaler tout un tas de médicaments. « Et tu aurais pu penser à tout ça avant de publier un article sur moi non ? A moins que tu t’attendais à ce que j’adore ton boulot et que je t’offre une interview pour conclure le tout. » Elle baissa les yeux, il avait raison, Cooper avait raison. « Je m'attendais surtout à ne plus avoir à faire avec toi, mais je me suis trompé on était trop "amis" pour ça. » Elle détestait son caractère, mais bon dieu qu'elle détestait plus quand il avait raison ainsi. « J’espère pour toi que ça en valait le coup, que tout le monde parle de toi sur internet parce que tu as réussi à faire un article sur moi, le grand raté d’Hollywood. Parce que tu as perdu ma confiance. Si jamais tu y tenais. » Evidemment qu'elle y tenait, elle ne serait pas là aujourd'hui en face de lui. Malheureusement pour réparer les pots cassés il lui faudrait plus que des mots, des paroles balancés en l'air bien qu'elles soient sincères. Danaé était face à une impasse. Elle n'avait pas l'habitude de venir faire des excuses pour une erreur commise délibérément, il fallait qu'elle improvise. « J'y tenais, mais j'ai mis du temps avant de m'en rendre compte. Je le sais, j'ai merdé et franchement je m'en fiche si ça a marché ou non. Tant mieux si c'est le cas au moins j'aurais pas sacrifié notre amitié pour rien. » dit-elle sincèrement tout en reposant son regard sur lui. Elle regarda tout autour d'eux, afin de trouver ce qui lui manquait. Un serveur attira son attention, il était en train de faire une offre exceptionnelle au micro. Un comptoir, c'était la scène parfaite qu'il lui faudrait pour faire son discours. Un peu à la Seth Cohen & Summer Roberts, sauf qu'elle n'était pas Seth Cohen et lui n'était pas Summer Roberts. Danaé était certainement plus éméché qu'elle le pensait pour faire quelque chose comme ça. Elle s'éloigna de lui puis monta sur le dit comptoir avec un peu de mal, mais elle y était arrivé. La jeune femme se pencha vers un des serveurs puis lui arracha son micro des mains. Tous les regards étaient rivés sur elle, Danaé avait l'habitude à force de se montrer en public à faire de choses insensé. « Cooper, t'a pas le droit de t'enfuir et de me laisser toute seule en train de me ridiculiser pour toi. Cet article, je sais j'aurais jamais du le faire. Je fais passer mon métier avant toute chose et c'est ce que j'ai toujours fait. Je suis désolé de t'avoir blessé, je sais qu'on ne retrouvera pas ce qu'on a eu comme ça, en un claquement de doigt, mais je veux juste que tu comprenne à quel point je suis désolé Cooper pour tout le mal que je t'est fait. » Elle le regarda dans le blanc des yeux puis pris une grande inspiration. « Mesdames et Messieurs, Danaé Hawthorne est la pire des garces. » Elle fit un pas en arrière et tomba du comptoir sous les yeux choqués de la salle laissant un son désagréable à cause du micro qu'elle avait entraîné avec elle dans sa chute.

« T'est ridicule comme si ça allait intéresser les gens ce genre d'info. » Quand j'étais acteur, on avait trouvé bien plus inutile comme info à raconter dans les journaux people. En fait, c'était assez libérateur de ne plus lire sans arrêt dans la presse dans quel café j'ai été ou quel shampooing j'ai acheté. La célébrité à tout de même ses désavantages à bien y réfléchir. Qu'est-ce que je raconte,moi ? Ça ne sert à rien d'essayer de me convaincre que je n'étais pas si heureux que ça quand je jouais dans ma série. J'étais heureux, j'avais tout ce que je souhaitais. À côté de la vie ridiculement simple que je mène aujourd'hui, ma vie passée était fantastique. Et je ne pouvais m'en prendre qu'à moi. Et aux journalistes. Donc à Danaé également. « Je m'attendais surtout à ne plus avoir à faire avec toi, mais je me suis trompé on était trop "amis" pour ça. » Quelle logique ! Ça donne envie d'applaudir - ironiquement bien sur. Mais il y a déjà assez de regards posés sur nous : des gens curieux de voir une dispute, d'autres se demandant où ils ont déjà vu mon visage et d'autres qui regardent juste pour pimenter leur soirée. « Ça m'arrangerai si tu n'avais plus affaire à moi. En ce qui me concerne, on n'est plus amis. Et je pense qu'à tes yeux, on ne l'a jamais vraiment été. Ou bien tu as des idées sur l'amitié assez étranges. » Des trahisons, j'en ai eu mon lot. Alors j'ai l'habitude que les pires traitres essayent de se faire pardonner, prononçant des paroles qu'ils n'ont sûrement jamais pensé. J'en avais fini de les croire, de pardonner tout ça pour se faire encore plus avoir en beauté la seconde fois. Fool me once, shame on you. Fool me twice, shame on me. C'était assez radical mais ne pas accorder de seconde chance quand on se fait avoir, c'est une façon comme une autre de se protéger. « J'y tenais, mais j'ai mis du temps avant de m'en rendre compte. Je le sais, j'ai merdé et franchement je m'en fiche si ça a marché ou non. Tant mieux si c'est le cas au moins j'aurais pas sacrifié notre amitié pour rien. » « Donc c'était ça pour toi ? Un sacrifice, un incident de passage que tu oublieras bien vite quand tu auras percé et que tu auras ton émission où je ne sais quoi ? » En prononçant ces paroles, je réalisais que je suis assez hypocrite sur ce coup-là. Tout le monde fait tout ce qui est en son pouvoir pour réussir à devenir célèbre et je n'avais pas dérogé à la règle non plus. Ne me gênant pas pour sacrifier ma copine de l'époque, j'avais sûrement pire que Danaé qui se contentait d'une amitié. Et, alors que je me demande pourquoi elle essaye encore d'obtenir mon pardon, je ne la vois pas prendre le micro avant qu'elle ne grimpe sur le comptoir. Le silence se fait dans le bar, tous les yeux virés sur elle - y compris les liens - et son visage dirigé vers moi. « Cooper, t'a pas le droit de t'enfuir et de me laisser toute seule en train de me ridiculiser pour toi. Cet article, je sais j'aurais jamais du le faire. Je fais passer mon métier avant toute chose et c'est ce que j'ai toujours fait. Je suis désolé de t'avoir blessé, je sais qu'on ne retrouvera pas ce qu'on a eu comme ça, en un claquement de doigt, mais je veux juste que tu comprenne à quel point je suis désolé Cooper pour tout le mal que je t'est fait. » Toujours aussi abasourdi, je ne comprends pas vraiment ce qui est en train de se passer. Des excuses publiques, presque une déclaration, je n'y ai jamais eu droit. Et je me retrouve comme un con à ne pas savoir quoi faire alors que les gens autour de nous commencent à réagir. « Mesdames et Messieurs, Danaé Hawthorne est la pire des garces. » Et elle finit en beauté par une chute en arrière, s'étalant de tout son long derrière le bar. Tout le monde crie et moi aussi. Je me hisse rapidement par-dessus le comptoir pour l'aider. Accroupi auprès d'elle, je réalise que je suis soulagé qu'elle aille bien. Ce qui implique que j'étais inquiet pour elle. Eh merde ! « T'es vraiment folle ma pauvre Danana. » Surnom ridicule que j'employais toujours pour la faire chier. Et voilà que je ne sais plus où j'en suis. Alors je tends juste la main vers elle pour l'aider à se relever. Une fois tous les deux debout, je me souviens que tout le monde nous regarde encore. Une femme crie « Allez pardonne-lui et embrasse-la ! » Et seulement là, je comprends que tout le monde nous prenait pour un couple en pleine dispute. À bien y réfléchir, ce n'était sûrement pas difficile de penser ça. Et voilà que toute la foule se met à réclamer un baiser. Si on ne le fait pas, je passerais pour le copain chiant qui ne pardonne rien du tout. Alors je me penche vers Danaé et je chuchote à son oreille « Tout ça est de ta faute, tu me revaudras ça. » Puis mes lèvres viennent toucher les siennes, dans un baiser rapide mais qui semble suffire à notre public. Le contact n'est pas désagréable, au contraire. Mais un des serveurs nous arrête rapidement. « C'est bon les tourtereaux, vous avez assez fait le show pour ce soir, dégagez maintenant ! » Et il nous pousse vers la sortie. Et ce n'est qu'une fois dehors que j'éclate de rire. Pas juste un petit rire, un rire incontrôlable. Parce que je repense à la tête de Danaé alors qu'elle tombait, au spectacle que nous avons assuré à l'intérieur. Je mets un moment à me calmer, remarquant que la blonde ne partage pas vraiment mon délire. « T'as l'habitude d'être aussi ridicule en public ou bien c'était juste ce soir mademoiselle Hawthorne ? » Je saisis ses épaules, la forçant à soutenir mon regard. « Tu tiens autant que ça à moi ? Réponds-moi sincèrement, je verrais bien si tu mens maintenant qu'on est intimes. » Malgré le sérieux que je voudrais inclure à la conversation, c'est assez compliqué à chaque fois que je repense à ce qui s'est passé dans le restaurant.

« Je n'ais jamais dit ça. J'ai toujours fait passer mon travail avant toute chose. J'en est bavé pour arrivé où j'en suis, je ne dois ma réussite à personne d'autre que moi. Parfois, il arrive de faire des erreurs de parcours et l'erreur est humaine. C'est sur que toi tu es parfait, tu as certainement dû faire de grandes choses pour en arriver où tu es. » Elle se compare à moi, ce qui m’énerve encore plus. Parce que je sais bien que j’ai aussi fait des sacrifices pour devenir célèbre. J’ai abandonné du monde derrière, j’ai fait souffrir certaines personnes mais au moins, j’avais assez de respect pour ne pas regarder en arrière, ne pas contempler les ruines que je laissais derrière moi. Elle, elle s’attend à obtenir mon pardon, à regagner ma confiance perdue alors qu’elle est la cause du chaos. Elle me semblait si inoffensive avant toute cette histoire, juste une excellente amie avec qui je passais de bons moments. Maintenant, j’ai du mal à la voir autrement que comme un démon qui est venu sympathiser avec moi pour mieux me manipuler et me voler. Et la voilà qui veut recommencer. En fait, je n’en sais rien. Si je dois la croire ou non. Si elle regrette vraiment ou pas. Une chose est sûre, je n’ai plus confiance en elle. D’ailleurs, je ne devrais avoir confiance en personne, ça serait sûrement la meilleure façon de m’en sortir en un seul morceau. Mais j’ai beau me dire ça, il y a toujours un moment où je baisse ma garde. Et je finis par le regretter. Toujours. « Et bien je suis ravi que tu aies réussi dans la vie. J’espère que tu retomberas aussi bas que moi rapidement. Tu pourras peut-être comprendre ce que je ressens et écrire un bon article à ce moment-là. » La chute comme je l’appelle souvent. On ne vous dit que du bien de ce moment où vous êtes célèbre, où tout le monde vous admire, où la lune semble être à votre portée. Mais personne ne vous dit que revenir au point de départ est encore plus difficile et frustrant qu’autre chose. Et ce n’est pas une petite nouvelle, une bloggeuse encore peu connue, qui peut comprendre ce sentiment. Elle semble tellement tenir à mon pardon qu’elle monte sur le bar et s’excuse publiquement, devant les yeux attentifs de toute l’assemblée. On finit par se faire virer du bar, faisant croire à tout le monde que nous sommes en fait un couple qui vient de s’offrir la plus belle scène de ménage de tous les temps. Mais non, nous sommes juste deux amis – anciens amis – qui essayons de régler le problème. Enfin moi, je n’essaye même pas. Si Danaé ne l’avait pas voulu, je ne serais même pas en train de lui parler en ce moment. Je serais rentré chez moi et je regarderais la télévision avec une bière à la main. Ou bien j’aurais été voir Andie. On ne saura jamais puisque Danaé a décidé de monopoliser ma soirée. « Disons monsieur Tate-Applewood que c'est une facette de ma personnalité que je n'aime pas vraiment me vanter. C'était un cas de force majeur. » Le côté ridicule de Danaé. Assez divertissant, même si ça avait fini par m’humilier aussi. A croire que c’est contagieux et que Danaé est dangereuse. « Tu ferais une excellente présentatrice télé en tout cas. Enfin si tu arrêtes de tirer tes idées de séries télévisées pour adolescents. » Le rapprochement avec The OC n’est pas difficile à faire. Seth et Summer, déclaration sur le comptoir pour toucher personnellement l’autre. Facile mais efficace. Comme quoi, les séries télé ne sont pas totalement surréalistes. Enfin je doute de croiser un jour quelqu’un d’autre que Danaé assez fou pour faire une scène comme celle-ci. « Je me bat rarement autant pour obtenir le pardon de quelqu'un que j'ai volontairement blessé. Je savais où j'allais lorsque je t'est rencontré, mais je ne savais pas que je me sentirai autant mal. Ce que je t'est fait, c'est vraiment moche. Je sais que la confiance pour toi c'est important et que j'ai brisé quelque chose en te faisant cela. » Elle avoue avoir su ce qu’elle faisait dès le départ, elle sous-entend que ce n’était pas une erreur. En fait, elle se sent juste coupable, elle regrette. Mais pourquoi ne pas y avoir pensé avant ? Cette question qui ne sert jamais à rien, juste à se torturer l’esprit pour rien. Le propre d’une erreur, c’est qu’on ne peut rien y changer, qu’on n’aurait pas dû la faire. « Je tiens à toi Cooper, vraiment. (...) Ce ne sont pas des paroles en l'air, pas cette fois. » Pas cette fois. Ces mots résonnent dans mon esprit. Comme si elle me rappelait qu’elle m’avait menti, trahi. Alors je ne sais toujours pas ce que je devrais décider. J’ignore si je devrais lui pardonner, en prenant le risque qu’elle recommence à jouer avec moi. Ou bien si je devrais écarter tout risque. « Donnes-moi une seule raison de te faire confiance à nouveau Danaé. » Une requête simple, raisonnable. Je ne sais pas si la réponse qu’elle va me donner va me suffire ou pas. J’ignore même si une réponse pourra me convenir, m’aider à prendre une décision. Peut-être que je devrais partir maintenant et y réfléchir. La nuit porte conseil parait-il. Moi, je pense plutôt que ça va me causer une insomnie. « J’aimerais savoir ce qui était vrai pour toi, ce sur quoi tu n’as pas menti. Parce qu’à mes yeux, tu n’es plus qu’une inconnue. Qui es-tu Danaé Hawthorne ? A part une journaliste qui manipule pour arriver à ses fins ? Est-ce que tu en vaux la peine ? » Sa scène sur le comptoir a au moins eu le bénéfice de me calmer mais le vrai problème est toujours là. Alors je lui laisse sa chance de s’expliquer, sa chance de gagner mon pardon. Pas ma confiance, c’est encore trop tôt. Mais il faut y aller pas à pas si elle y tient vraiment. « Le chemin va être long Danaé alors si tu veux abandonner, tu as encore le choix. Parce que tu avais raison dans ton article, Cooper Tate-Applewood est chiant, con et compliqué. » Autocritique du jour, ça suffira. A toi de jouer Danaé, la balle est dans ton camp.