Un coup d’œil à sa montre indiqua à Roxanne qu’elle serait libre de quitter le boulot dans cinq minutes. Il était donc une heure cinquante-cinq et le bruit des feuilles de papier qui se froissent et se rangent à la va-vite dans un sac était déjà présente. Il restait une pile de lettres non triées et un peu de paperasse sur le bureau de la jeune femme. N’ayant rien d’urgent à faire et détestant se faire bousculer dans la foule de fonctionnaires qui quittait les Tours des Bureaux Identiques à cette heure-ci, Roxanne décida de rester une petite demi-heure de plus. De cette manière, elle se ferait sûrement remarquer de son supérieur et avancerait plus vite vers une promotion. D’après ce que l’on disait autour d’elle, lorsque vous avez le poste de livreuse de journaux, vous êtes ensuite nommée vérificatrice de l’orthographe. Mais elle se bien moquait assez des fonctions par lesquelles elle devait passer pour atteindre son but : être présentatrice des actualités. Bien que si elle ne fut que rédactrice en chef, cela la comblerait tout autant. Pour l’instant, son job ne consistait pas simplement à livrer les quotidiens aux habitants de Montsimpa, mais elle passait aussi du temps –beaucoup- à faire ce que le reste des employés détestent. La paperasse et le tri des lettres entre autres.

Il était deux heures et demie passée lorsqu’elle quitta son bureau et se rendit dans le hall des Tours, par l’ascenseur, en direction de la sortie. Le moment de rush était fini et l’entrée du bâtiment était à présent vide. Roxanne fit un signe de la main à Ingrid, hôtesse d’accueil qui pianotait derrière son bureau, qui aussitôt lui rendit avec un sourire. Ces deux-là s’appréciaient bien et avaient déjà déjeuné quelques fois ensemble Chez Hogan. Soudain, devant elle, surgit une forme qu’elle n’a pas le temps d’identifier car un café –certainement celui de la silhouette- éclabousse ses chaussures. Roxanne aussitôt glisse sur cette minuscule flaque marron et, avant de se retrouver les quatre fers en l’air, est rattrapée par cet homme en face d’elle qui préfère que son téléphone se cogne contre le sol que de la laisser tomber. Les joues de la blonde virent sur-le-champ en un rose très pâle, signe de sa gêne, alors que le beau brun se confond en excuses dans un élan chevaleresque. « Ce n’est rien, ne vous inquiétez pas. Je n’aimais pas ces chaussures de toute façon », déclara-t-elle dans un léger sourire. « Merci de m’avoir… rattrapée », continua-t-elle puis ajouta encore: « Et je suis désolée pour votre portable, j’espère que rien ne s’est cassé. » Elle se rendit compte qu’elle faisant sans doute perdre son temps à ce jeune homme et s’en excusa puis compléta qu’elle ferait mieux d’y aller et le remercia à nouveau. Roxanne, arrête de parler et pars, mentionna-t-elle pour elle-même dans sa tête, mais il est vachement beau quand même.