La journée avait était éprouvante. Le genre de journée où Lou-Ann serait bien restée chez elle, à essayer de trouver un but à sa vie. Sauf que non, être une jeune adulte impliquait beaucoup de choses et bien sûr, elles n'étaient même pas drôles à appliquer. Vouloir être indépendante avait été la dernière lubie de la jeune femme et maintenant, elle se demandait si c'était une bonne chose. Non pas qu'elle ne soit pas bien toute seule dans son appartement, avec pour seule compagnie sa télé. Mais les bons petits plats de sa mère, le linge propre et l'argent qui venait sans qu'elle n'ait eu à bouger le petit doigt, lui manquaient affreusement. A la place, elle devait se contenter d'hot-dogs, parce que c'était la seule chose qu'elle savait cuisiner, de linge lavé au pressing et de son boulot de caissière. Le premier point devait nettement s'améliorer d'ici peu, puisqu'elle s'était inscrite à un cours de cuisine du soir. Histoire d'améliorer cette compétence et surtout, de manger quelque chose de bon, pour une fois.

C'est en retard qu'elle arriva. Parce qu'en plus de tout le reste, Lou-Ann ne savait pas arriver à l'heure quelque part. Heureusement pour elle, le cours n'avait pas vraiment débuté et elle réussit à se trouver une place de libre. A côté d'une fille qu'elle ne connaissait pas. Elle se mit à prier pour qu'elle ne soit pas l'une de ses insupportables nunuches qui n'aspirent qu'à rencontrer le prince charmant. Tellement triste. Une fois installée à ses côtés, une odeur juste épouvantable l'interpella. Elle arrivait limite à ne plus pouvoir respirer. « - EUH, c'est moi ou bien, ça SENT la MOULE ? C'est juste.. HORRIBLE, quoi. » Oui, en effet, sa façon de parler était comment dire.. assez particulière. Mais on s'y faisait. C'était d’ailleurs peut-être pour ça qu'elle n'avait jamais réussi à tenir un mec plus de deux semaines. Peut-être bien, oui. « - Au fait, MOI c'est LOU-ANN. Et toi ? » La jeune femme retourna son attention vers la personne qui allait leur apprendre à cuisiner. Elle se présenta et annonça le plat qu’ils allaient préparer. De la bouillabaisse. Rien que le nom du plat était ridicule et ne présageait rien de très bon. Il présenta une liste d’ingrédients que les deux jeunes femmes s’empressèrent d’aller chercher. En effet, il y avait bien des moules et des rascasses. Tout ce qu’elle n’aimait pas et d’ailleurs, elle ne dérangea pas pour le signifier. « - Oh NON, putain, je déteste le POISSON. Ce n’est pas ENCORE aujourd’hui que je vais APPRENDRE à me cuisiner un PLAT digne de ce nom. » Oui, en effet.