Je suis loin d'être en retard mais je suis également loin d'être prête. Depuis mon réveil ce matin, j'ai l'impression de courir partout. Ce qui n'est pas exactement faux, puisque j'ai passé ma matinée à ranger l'appartement. Oui oui, vous ne rêvez pas. Moi, qui ait l'habitude de vivre dans un désordre phénoménal, j'ai rangé l'intégralité des quatre petites pièces que nous possédons. Je crois que je ne suis encore jamais autant affairé dans cet endroit depuis que j'ai emménagé. Et ça ne m'avait jamais dérangée, puisque je passais la plupart de mon temps à l'extérieur de l'appart. Bien sûr, je me suis toujours débrouillée pour que l'endroit reste propre, mais à ce point-là, je crois que c'est encore du jamais vu. Mais depuis que Maya vivait avec moi, j'étais plus souvent là, et du coup, le bordel s'accumulait deux fois plus. Au moins, maintenant que tout était rangé à sa place, il nous faudrait un bon mois avant de retrouver la pièce comme elle l'était encore hier dans la soirée. Maintenant, je pouvais me préparer tranquillement et espérer passer un peu de temps avec Maya avant de partir bosser. D'ailleurs, justement, en parlant de la plus agréables de soeurs, il fallait que je lui parle. Frappant à la porte de sa chambre peut-être un peu brusquement, j'attendais appuyée contre le mur qu'elle ouvre la porte. Maya ? Maya ! Tu n'aurais pas vu mon gilet noir par hasard ? Je sais pas, peut-être bien... dans ton armoire ? Je soupire doucement, frappant une nouvelle fois à la porte. Que faisait-elle pour être aussi longue que ça ?

C'est le week-end. Et le week-end, j'ai pris l'habitude de dormir très tard le matin. Ou l'après-midi. Je sais pas. Est-ce qu'on considère que 12h c'est une heure de l'après-midi ou bien plutôt du matin ? Bref mon petit rituel du week-end c'était ce en quoi je croyais le plus. Et puis à vrai dire, Jaizy était -habituellement- du genre à ne pas me gâcher mon rituel. Sauf aujourd'hui. je ne sais pas vraiment ce qui lui prenait mais elle avait décidé de me réveiller alors que le rituel avait à peine commencé. J'entendis des coups à ma porte. Au début, je croyais que c'était dans mon rêve. J'étais dans mon village natale dans le Massachusetts et je voyais mes parents, dans une église. On avait vaguement discuté et ils m’avaient tellement énervée que j'avais prit une chaise et j'avais commencé à frap... Ok trop weird comme rêve j'voudrais pas qu'on me prenne pour une psychopathe quand même.. Bref le temps que je comprenne que les coups étaient des coups réels et non le fruit de mon inconscience, il me fallut quelques minutes. Le temps exact pour que Jaizlynn s'impatiente. Elle me parlait d'un gilet noir quelque chose comme ça. Si je l'avais dans mon armoire ? Pourquoi j'aurais son gilet dans mon armoire ?! En grognant, je me levai de mon lit et atteignis la porte avec difficulté. Je l'ouvris et je tombais nez à nez avec ma chère soeur. « Jaizyyyyyyyyy le rituel du week-end tu te rappelles ? Rah tu l'avais encore jamais brisé ! ». Je rerentrai dans ma chambre en laissant la porte ouverte et m'affalai sur mon lit à nouveau. « Et puis quel gilet ? J'l'ai pas ton gilet moi.. »

Oh mon dieu, mais qu'est-ce qui pouvait bien lui prendre si longtemps pour ouvrir une porte ? Je continuais à toquer, une seconde fois, puis une troisième, jusqu'à ce qu'elle décide d'ouvrir la porte. J'aurais pu décider d'ouvrir la porte, seulement c'était quelque chose que je me refusais. L'appartement était déjà assez petit pour nous deux, je voulais au moins lui laisser un peu d'intimité, un petit endroit dans lequel je n'empiétais rien. Mais là, j'en avais marre d'attendre. Juste quand j'étais sur le point de tourner la poignée de la porte, Maya prit les devants et finalement, la porte s'ouvrir. « Jaizyyyyyyyyy le rituel du week-end tu te rappelles ? Rah tu l'avais encore jamais brisé ! » Oops. Je grimaçais doucement, j'avais complètement oublié son rituel. « Oh... Désolée. » Mais je n'oubliais pas la raison de mon attente : j'étais quasi sûre qu'elle avait mon gilet. Ce n'est pas comme si je parlais par expérience, non non ! J'adorais ma petite soeur, mais quand elle piquait mes fringues, elle avait le don de m'exaspérer. Alors qu'elle s'affale de nouveau sur son lit, j'en profite pour entrer dans sa chambre. « Et puis quel gilet ? J'l'ai pas ton gilet moi.. » Mais bien sûr, et moi je suis la Mère Michelle. D'instinct, j'ouvris sa penderie pour y trouver le gilet en question après quelques farfouillages. Je le sortis, victorieuse, un sourire ironiques aux lèvres. « Oh oui, tu ne l'as toujours pas ? » Finalement, je l'enfile et je me regarde dans son miroir, j'hésite. Je secoue Maya qui se rendort péniblement. « Dis Maya, tu penses quoi de ma tenue ? » Pas que je porte un intérêt tout particulier à ma tenue d'habitude, mais c'était plus fort que moi, quand je la vois, comme ça, allongée, c'était juste trop beau pour que je la laisse se rendormir. J'ouvre les rideaux et laisse la lumière pénétrer dans la chambre.

Ma soeur est adorable en général. C'est vrai que malgré le fait que je me sois pointée chez elle juste après avoir quitté la maison des parents sans vraiment le leur dire, elle m'a de suite acceptée avec grande gentillesse bien que je ne l'avais pas revue depuis une longue année. Je lui étais tellement redevable de ça que j'avais l'impression de lui devoir quelque chose. Et puis c'était un vrai bonheur de vivre avec elle. Bien que l'appartement avait l'air d'un vrai dépotoir ce qui est d'ailleurs étonnant venant de deux filles.. Enfin bref j'aimais vraiment beaucoup vivre avec elle et surtout quand je trouvais des choses très intéressantes dans son armoire. Et il est vrai, je l'avoue, que de temps en temps, il m'arrive d'oublier de lui rendre ce que je lui ai emprunté. Mais ce n'est jamais intentionnel. Et en l’occurrence, le gilet noir, je l'avais complètement oublié. Et alors que je m'affalais sur mon lit à nouveau, Jaizy entra dans ma chambre et je l'entendis farfouiller dans mes affaires. je n'avais rien à cacher et même si c'était le cas, je n'avais pas la force de protester. Elle trouva le gilet triomphante. « Oh oui, tu ne l'as toujours pas ? » Et elle l'enfila. J'émis un grognement étouffé par la couette. Elle me demanda ensuite comment était sa tenue. Je m’apprêtais à me relever histoire de voir de quoi elle avait l'air -je n'avais pas le choix, il était clair qu'elle avait décidé de me maintenir éveillée, mon rituel était définitivement tombé à l'eau- et je fus aveuglée par une lumière intense. le jour. Jaizy avait tiré les rideau et elle se tenait devant la fenêtre. « Ray-o-nnante, tu es ! » A contre-jour je ne voyais même pas la couleur de ses habits. « Dis t'as décidé de me tuer aujourd'hui ou quoi ?? »

Ah, c'est vrai que tout change, lorsque les rideaux sont ouverts. Il fait déjà beaucoup plus jour. Quel heure est-il ? Midi ? Oui, Maya a bien assez dormi comme ça, même si à l'évidence, elle semble penser le contraire. Maintenant que la lumière a envahit la pièce, Maya semble avoir encore moins envie de se lever. En plus de ça, elle est d'excellente humeur. « Ray-o-nnante, tu es ! » Mine renfrognée, sourire. « Oui, je sais. » Je ris légèrement tandis qu'elle ouvre doucement les yeux. Non, je ne compte aller nulle part. « Dis t'as décidé de me tuer aujourd'hui ou quoi ?? » Sourire maléfique. Si seulement elle savait. Oh oui ma belle, c'est seulement le début. « Oh non ma chérie. Tu pourras mourir une fois qu'on aura passé un peu de temps toutes les deux. Je ne t'ai pratiquement pas vu de toute la semaine ! » C'est vrai, lorsqu'elle rentre du lycée, je suis la plupart du temps déjà partie au bar. Il est rare que je la croise le matin ou le soir en rentrant, ainsi, nos seuls moments de véritable complicité se font plutôt le week-end. Enfin, pas tellement depuis qu'elle a mis en place cette "tradition". Je me laisse tomber sur son lit, de la façon la moins gracieuse qui soit. Et puis finalement, je me rends compte de qui Maya tient sa grâce légendaire. « Allez, debout ! » Je tente de ramener ses couettes vers moi. Elle est loin d'en avoir fini avec moi. « Tu as faim ? »

L'avantage d'être au lycée, c'est qu'on part pas trop tôt le matin, et qu'on rentre pas trop tard le soir. En général, je n'arrive pas à la maison en avance, mais je suis toujours là à l'heure. Ce qui me permet de faire le plus rapidement mes devoirs et ensuite de me poser devant la télé ou l'ordinateur ou bien de sortir avec des amis. En plus, quand je pars le matin, Jaizy est déjà partie travailler, et quand je rentre le soir elle est toujours au bar. Ce qui fait qu'on se voit pas souvent. certes ça me permet de faire un peu ce que je veux, mais j'aimerais bien avoir plus de temps avec elle. C'est tout de même ma soeur et je l'aime beaucoup alors pourquoi pas lui accorder du temps pour la remercier encore de m'avoir hébergée. Bon dans l'état où j'étais ce matin, j'avais du mal à me dire que c'était cool de vivre avec elle. Elle avait décidé de me réveiller et de toute façon je n'y pouvais rien. Elle m'avait donc complètement aveuglée en ouvrant les rideau et quand je lui demande si elle a décidé de me tuer, elle me souris. « Oh non ma chérie. Tu pourras mourir une fois qu'on aura passé un peu de temps toutes les deux. Je ne t'ai pratiquement pas vu de toute la semaine ! » Elle est trop mignonne. « C'est gentil ! Une fois que tu seras partie, donc, j'organiserai mon suicide. » Je fais la grimace puis je lui souris. « Oui je sais on se voit pas souvent. Mais c'est ma dernière année de lycée et même si j'ai aucune idée de ce que je veux faire plus tard, j'aimerais quand même avoir un bon dossier et un bac avec mention.. Et puis les profs sont genre déchaînés depuis deux semaines ils nous bombardent d'interros ! ». La moue de la grosse victime. Jaizy s'affale sur mon lit et me dis de me lever. Puis elle se mets à tirer les couvertures. « Tu as faim ? ». Je tire moi-même sur la couverture. « Owiiiiiiih ! Tu m'apportes le déjeuner au lit ? ». Sourire colgate.

Je repasse en vue les derniers moments que nous avons partagé Maya et moi, et je me rends compte que finalement, ils ne sont pas si nombreux que ça. Evidemment, on se croise tous les jours, mais entre mon emploi du temps complètement décalé et ses obligations de lycéennes, sans compter nos sorties chacune de notre côté, nous ne nous voyions que très peu. Pourtant, je ne manquais jamais de la taquiner. Après tout, c'était ce que je savais faire de mieux. Se chamailler, créer la dispute, se courir après, ne plus se parler. Puis se réconcilier. Surtout se réconcilier. « Oui je sais on se voit pas souvent. Mais c'est ma dernière année de lycée et même si j'ai aucune idée de ce que je veux faire plus tard, j'aimerais quand même avoir un bon dossier et un bac avec mention.. Et puis les profs sont genre déchaînés depuis deux semaines ils nous bombardent d'interros » Pauvre chaton, dix-sept ans et déjà débordée par les évènements. Enfin, c'est vrai que depuis que nos parents nous avaient exclus de leur vie, j'avais dû prendre la relève concernant le rôle parental, mais je n'avais jamais vraiment à faire la police avec Maya. De toute façon, elle se débrouillait pour que je n'ai pas à le faire. « Justement, tu pourras bosser demain. Aujourd'hui, je veux tout savoir de ta semaine au lycée avant d'aller au Hogan ! » Grand sourire. Ca s'annonçait comme une bonne idée. Je retiens un rire tandis que Maya fait son possible pour tirer les couvertures sur elle. « Owiiiiiiih ! Tu m'apportes le déjeuner au lit ? » Je reste muette un instant. « Tu rêves. » Je ris un instant puis finalement je reprends le chemin de la cuisine. Je jette un coup d'oeil derrière moi, pour remarquer que Maya n'a pas bougé dun poil. « Au fait, tu trouveras une corde dans le placard de l'entrée. Tu sais, pour ton suicide. » Je lui lance le même grand sourire qu'elle m'a donné quelques secondes avant, puis me dirige vers la cuisine.

C'est vrai que je ne savais pas ce que j'allais faire de ma vie. Lorsque j'étais plus jeune, mes parents m'avait "proposé" plusieurs métiers différents qui seraient susceptible de me convenir, mais c'était à chaque fois des métiers trop proche de la religion et il était hors de question pour moi de me lancer dans ce genre de vie. Seulement je n'avais pas d'autres idées.. J'aurais pu suivre l'exemple de Jaizy, mais barmaid, ce n'était pas mon truc non plus. Moi j'aime aller dans les bars mais surtout pour rester devant à commander et pas derrière à servir des alcolos qui ne te respectent pas. Je me suis d'ailleurs longtemps demandé pourquoi Jaizy faisait ce métier. Enfin bref. je me plaignais donc auprès d'elle comme quoi je devais travailler un minimum afin d'avoir un bon dossier et elle avait l'air de prendre ça ironiquement. Bah elle avait pas tord. Après tout, je n'étais encore qu'au lycée et je savais pertinemment qu'il y avait des études bien plus compliqués après le lycée et que ce que je faisais pour le moment c'était que tchique ! Après m'avoir demandé si j'avais faim, je lui demande -sans le moindre espoir- si elle m'emmenait le déjeuner au lit. « Tu rêves. » Elle se lève du lit puis une fois à la porte, elle se retourne et avec un sourire « Au fait, tu trouveras une corde dans le placard de l'entrée. Tu sais, pour ton suicide. ». Puis elle continue son chemin. Je râle et finalement, je me lève. De toute façon c'est loupé pour que je me rendorme. Et j'avais moi aussi envie de discuter avec ma soeur. Je prend un élastique sur la table de nuit et m'attache les cheveux. J'enfile ensuite un jogging et je rejoins Jaizy dans la cuisine. Je m'approche d'un placard et sort deux bols. « Tu sais ma vie de lycéenne est pas passionnante du tout. Je vais en cours, je mange avec Charlie la plupart du temps, puis je rentre à la maison, je fais mes devoirs et je me pose pour la soirée.. » Je me sers ensuite en céréales et en propose à Jaizy. « Et toi quoi de neuf alors ? »

En la regardant se traîner lentement jusqu'à la cuisine, je me souviens du jour où je l'ai trouvé sur le pas de ma porte. Il pleuvait et elle se tenait là, un sac avec le peu d'affaires qu'elle avait réussi à récupérer, les yeux humides. Je ne l'avais pas vu depuis trois ans, mais quand j'ai vu son expression, je crois que je n'ai jamais autant vu notre ressemblance que ce jour-là. Évidemment, la ressemblance n'est pas tellement physique et sur ce point, nous sommes tout l'opposé l'une de l'autre. Mais elle aussi avait subi les jugements de notre ville natale, de notre propre famille et contre mon gré... l'abandon de sa soeur. Nous ne parlons pratiquement jamais de cette époque, mais je suis sûre que même si Maya comprend désormais un peu mieux les raisons qui m'ont poussé à partir, il y a toujours cette vieille rancune qui sommeille au fond d'elle. Et qui tôt ou tard, refera sans doute surface. En attendant, je préfère profiter des moments que nous avons avant que cette colère se réveille. « Tu sais ma vie de lycéenne est pas passionnante du tout. Je vais en cours, je mange avec Charlie la plupart du temps, puis je rentre à la maison, je fais mes devoirs et je me pose pour la soirée.. » Finalement, je reprends mes esprits et commence à faire chauffer la gazinière pour nous préparer un déjeuner digne de ce nom. Même si Maya se contentera de son petit-déj' habituel, il est plus de midi et je meurs de faim. « Il y a des restrictions budgétaires au Hogan. Beaucoup de serveuses ont dû partir, j'ai peur de devoir y passer aussi. » Mon sourire se fane face à cette réalité. Mais je me reprends rapidement, car la dernière chose dont j'ai envie, c'est de l'inquiéter. « L'avantage, c'est que lorsqu'on vivra sous les ponts, je pourrais toujours vendre ton corps pour nous payer une bonne pizza. »

Alors que je me traînais lourdement en direction de la cuisine vers ma chère soeur, je la vis les yeux dans le vague. Elle me regardait avec un air nostalgique et j'avais une petite idée de ce qu'elle avait en tête. Cette histoire avec nos parents étaient la seule chose à laquelle nous ne faisions pratiquement jamais référence. Car nous savions, aussi bien l'une que l'autre, que si jamais la discussion venait à apparaître, les choses tourneraient d'une manière que nous aurions voulu éviter. Et c'était peut-être une mauvaise chose de ne pas en parler. Surtout de ma part. Jaizy ne savait pas ce que je pensais de son départ soudain de la maison. Et pourtant, dans toutes relations, il est conseiller de dire ce que l'on pense et le plus vite possible. mais ça me faisait peur au final. Je n'avais aucune envie de me fâcher avec elle. Après tout c'était la seule famille qu'il me restait. J'avais perdu mes parents il y a peu et je ne voulais surtout pas la perdre elle. Et de son côté, c'était certainement le même sentiment de ne rien gâcher et de faire semblant que tout roule dans le meilleure des mondes. Elle commençait à sortir des casseroles et tout le bonze pour préparer un bon déjeuner. J'avais sorti des bols et des céréales pesant que j'allais me nourrir pour un petit-déjeuner. A vrai dire j'avais pas vraiment faim pour un grand repas même s'il était certain que j'allais grignoter dans la journée, ce qui était pas forcement une bonne chose d'ailleurs... Enfin bref. J'avais vaguement parlé à Jaizy de ma vie teeeeeellement passionnante et je lui avais demandé s'il y avait quelque chose de nouveau dans sa vie à elle. « Il y a des restrictions budgétaires au Hogan. Beaucoup de serveuses ont dû partir, j'ai peur de devoir y passer aussi. » Elle avait l'air vraiment inquiète. Le Hogan était un super bar qui fonctionnaient pourtant très bien et les serveuses y étaient toutes très sympas. j'étais venue pas mal de fois pour faire un coucou à ma soeur ou pour boire un verre avec des amis et j'ai toujours trouvé que le bar était vraiment agréable. « T'inquiète t'es trop géniale comme serveuse tu risques pas d'être virée t'es trop utile au bar ! » Je pris une bouchée de céréales. « Shuper. j'avale la bouchée. T'es en train de me faire regretter de t'avoir complimentée là ! ». Je lui fais une grimace puis j'avalai une nouvelle bouchée. « Remarque j'pourrais prendre un emploi moi aussi nan ? Enfin un job qui me prendrais pas trop temps histoire que je ramène un peu d'argent... Et d'ailleurs tu me fais penser que cow-girl ça me plairait bien tiens ! ». Je lève les yeux un peu rêveuse, la cuiller sur la bouche.

C'est vrai, je ne voulais pas inquiéter Maya avec mes probables soucis financiers. Pourtant, elle était la seule à qui je pouvais parler de tout ça ouvertement, la seule en qui j'avais une confiance aveugle. J'étais certaine qu'elle comprendrait, même si au fond, je ne voulais pas qu'elle ait du soucis à se faire. Elle était encore au lycée, et avait donc bien d'autres problèmes à régler, comme la couleur de la veste qu'elle aillait porter demain ou terminer son devoir de maths à temps. Les problèmes les plus importants, comme par exemple la façon dont on allait bien pouvoir payer le loyer si je me faisais renvoyer, c'était une autre histoire. Une histoire dont elle n'avait certainement pas à s'occuper.« Remarque j'pourrais prendre un emploi moi aussi nan ? Enfin un job qui me prendrais pas trop temps histoire que je ramène un peu d'argent... Et d'ailleurs tu me fais penser que cow-girl ça me plairait bien tiens ! » Sa remarque me fit sourire. « Oui, on ferait la paire toutes les deux. Toi en train de danser sur le bar, moi en train de servir les verres. Les soeurs Pierce, une occasion unique ! » J'espère qu'elle comprenait bien que j'étais en train de blaguer. Je savais que Maya n'était pas non plus un ange tombé du ciel, mais moins j'en savais de ce côté là, mieux je me portais. « Hônnetement, c'est adorable de te proposer, mais c'est juste hors de question. C'est moi l'aînée, c'est à moi de subvenir à tes besoins. » Je m'accoudais sur la table en face d'elle. « Ne t'en fais pas, je trouverai un moyen. Et puis, je ne suis pas encore virée, pas vrai ? » Sourire rassurant. Finalement, je retourne à mes fourneaux, je trouve quelque chose dans le frigo prêt à cuire que je met directement dans la casserole. Oui, la cuisine et moi, est on est vraiment super copines.

Certes, si Jaizy était renvoyée, on serait vraiment dans la merde. parce quà vrai dire, il n'y avait qu'elle qui ramenait de l'argent à la maison pour payer tout ce que nous avions à payer et moi je me reposais un peu sur elle. Ce qui ne me plaisait pas tant que ça étant donné que j'ai horreur d'avoir à m'appuyer sur des gens, mais je n'avais pas le choix finalement. Je ne pouvais pas me permettre de vivre toute seule et de me payer un loyer toute seule simplement parce que je n'étais pas encore majeure, et donc si j'avais un boulot, ça serait certainement un truc minable qui ne paie même pas smic. Alors c'était tout de même meux de rester avec Jaizy et de l'aider du mieux que je peux plutôt que de me pourrir la vie. Et quand je lui proposait de l'aider en faisant cow-girl, j'étais à moitié sérieuse. Dans le sens où j'aurais bien pris un job pour gagner un peu d'argent quoi.. J'étais bien sûr moins sérieuse pour le genre du job. Même si nous étions dans la merde, je trouverais forcement un meilleur moyen de gagner de l'argent que de danser à moitié sur une scène pendant qu'une bande de vieux alcolos pervers me regardent.. « Oui, on ferait la paire toutes les deux. Toi en train de danser sur le bar, moi en train de servir les verres. Les soeurs Pierce, une occasion unique ! » J'avais plus pensé à baby-sitter genre en dehors des cours, ou bien serveuse dans un fast-food au pire.. Ou animatrice en centre de loisirs à la limite étant donné que j'adore les enfants.. « Hônnetement, c'est adorable de te proposer, mais c'est juste hors de question. C'est moi l'aînée, c'est à moi de subvenir à tes besoins. » Elle s'accoude sur la table en face de moi. « Ne t'en fais pas, je trouverai un moyen. Et puis, je ne suis pas encore virée, pas vrai ? ». Elle me sourit, comme pour me rassurer. puis elle retourne à ses fourneaux. J'ai un peu la tête dans mes pensées. ça phrase sonne comme si c'était ma mère qui disait qu'elle devait s'occuper des histoires d'argents et que moi, qui étais sa fille, je ne devais pas m'en préoccuper. « Tu sais Jaizy même si tu es l’aînée, c'est mon devoir de t'aider. Tu n'as pas à remplacer maman dans mon éducation ou je ne sais quoi. » Je ne veux pas être méchante en disant ça mais je me rends compte qu'elle pourrait mal le prendre. Je souris un peu. « Tu m'as accueillie après mon départ de chez les parents et la moindre des choses après tout c'est de te rendre la pareille non ? »

C'était tellement gentil de sa part de proposer de m'aider, mais je ne pouvais pas accepter. Je me sentirai vraiment mal si je la voyais prendre un boulot et ne plus avoir de temps pour elle quand j'aurais pu faire plus. Je pourrais essayer de prendre un second emploi, de m'arranger avec les horaires du Hogan. J'aurais tout fait pour ne pas que Maya en passe par là. Pourtant, une seconde aide financière n'aurait pas été de trop, au stade où on en était... Nous n'étions pas au bord du gouffre, mais j'avais du mal à tenir jusqu'à la fin du mois sans priver Maya de quoi que ce soit dont elle avait besoin. Et cette idée semblait lui tenir à coeur, et je ne voulais pas la contrarier non plus. Après tout, jamais je n'avais encore outrepassé mes devoirs de soeur et agir comme une mère. J'avais toujours été plus une amie qu'un parent, et j'étais loin connaître les règles, le fonctionnement d'un parent. Ce n'est même pas étonnant quand on regarde le seul modèle que j'ai eu. « Tu sais Jaizy même si tu es l’aînée, c'est mon devoir de t'aider. Tu n'as pas à remplacer maman dans mon éducation ou je ne sais quoi. » Je soupire. Evidemment, quand elle aborde la question des parents, c'est tout mon jugement qui se remet en question. Et elle le sait. Je suspecte qu'elle sorte cet argument exprès chaque fois qu'elle a besoin de mon aval. Le pire, c'est que je finis toujours par céder. Ah, Maya, on reconnait bien de qui tu tiens. « Tu m'as accueillie après mon départ de chez les parents et la moindre des choses après tout c'est de te rendre la pareille non ? » Je la regarde une dernière fois, comme pour être sûre de ce que je m'apprête à dire. « Bon, c'est d'accord. Mais c'est seulement si tu y tiens vraiment, je ne veux en aucun cas t'obliger. A la moindre seconde où tu te sens trop occupée, ou que ça a un effet sur tes notes, on arrête tout. D'accord ? » Pourtant, je sens que je regrette déjà cette décision.