Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre.

Juliet regardait d'un oeil torve le bar. Depuis qu'elle est arrivée à Montsimpa, on lui a beaucoup parlé de cet endroit et l'envie de le découvrir s'empara d'elle. Le Hogan était déjà en pleine ébullition quand Juliet pénétra dans la salle. Elle vérifia ses messages sur son portable et si elle n'avait rien oublié d'important dans son sac. La blondinette se frayait entre les tables, elle s'accouda au comptoir du bar et finit par s'asseoir sur une des grandes chaises. « Un chocolat chaud s'il vous plait. » dit-elle à la serveuse qui semblait paniquée à l'idée de voir le nombre de clients s'agrandir. Juliet se retourna pour observer qui étant présent, elle crevait de chaud avec les couches de vêtements qu'elle avait sur elle.

Cinq minutes sont passées et la serveuse semble arrivée les bras chargés. Elle lui sert son fameux chocolat chaud avec un sourire gêné et s'active pour servir les autres clients. Juliet attrape sa tasse et boit quelques gorgées en évitant de se brûler la langue comme la dernière fois. Il pleut et l'orage va certainement arriver par la suite, le fait de rentrer à pied sous la pluie ne l'enchante guère. C'est pour cela qu'elle prend tout son temps à le boire et à profiter de la chaleur que l'endroit dégage. « Ça fera 3e60 s'il vous plait. » lui dit-elle, les cernes sur le visage de la jeune femme commencent à s'apercevoir, elle semble fatiguée et débordée. C'est alors qu'elle renverse la tasse sur Juliet, elle s'excuse plusieurs fois paniquée à l'idée de décevoir une de ses clientes. « Oh mais ce n'est pas grave... Ne vous inquiétez pas ! » La serveuse quitta son bar pour rejoindre d'aussitôt Juliet, elle tapota plusieurs fois à l'aide d'un mouchoir le vêtement tâché. « Je suis vraiment... vraiment désolée. Quelle idiote... » s'exclama-t-elle. Juliet ne savait pas quoi dire, ni quoi faire. « Oh puis... tu sais, je l'aimais pas ce tee-shirt. » dit-elle accompagnée d'un sourire rempli de compassion.

Spoiler:

La fin d'après-midi touchait -enfin- à son terme, en effet depuis la matinée, le café ne se désemplissait pas, au contraire même, les clients semblaient profité de cette journée maussade pour venir traîner entre amis devant quelques verres. Arabella avait eu à peine le temps de prendre sa pause qu'elle devait déjà retourner travailler au risque de s'attirer les foudres de son patron légèrement -beaucoup- despotique avec ses employés. Elle enchainait les tables et les commandes, prenant soin d'être toujours courtoise avec les clients et de les servir rapidement. Mais elle avait beau y mettre toute la bonne volonté, la cloche de la porte ne cessait de vibrer dans ses oreilles, et elle se devait de toujours jeter un coup d'œil par-dessus son épaule pour ne pas oublier quelqu'un, au risque de se prendre malencontreusement les pieds d'une chaise. «Arabella, la table 7, attend sa commande.» ronchonna derrière elle l'homme au crâne dégarni qui lui servait de hiérarchie. D'accord, elle essayait de n'oublier personne. Elle bafouilla quelques mots d'excuse, mais il était déjà reparti derrière la caisse. Elle souffla et fila à ladite table prendre la commande, puis en passant devant le bar pour aller en cuisine, elle remarqua une nouvelle venue et s'empressa d'aller la voir. «Un chocolat chaud s'il vous plait.» Elle sortit le crayon qu'elle posait derrière son oreille et prit note rapidement. Elle lui fit signe des doigts qu'elle reviendrait dans deux secondes. Elle dépose au volant deux verres vides sur son plateau et repart en cuisine.

Le temps de mettre en verre les six boissons qu'on lui a commandé et de les déposer méticuleusement et avec précaution sur le plateau, elle le dépose dans le creux de sa main et s'élance vers la salle. Comme la demoiselle au chocolat chaud est la première sur sa gauche, elle lui pose son chocolat avec un petit sourire pour excuser les minutes d'attente. Arabella n'est pas vraiment habituée à un tel rythme, et ses pauvres pieds commencent à être meurtris de la dizaine d'heures durant lesquelles ils n'ont cessés de piétiner et de faire des allés-retours. Elle servit successivement les autres boissons, et enchaina d'autres commandes qui affluaient de part et d'autre de la petite salle. Elle profite de l'accalmie momentanée pour s'occuper de quelques notes, et comme elle remarque que la jeune femme blonde de tout à l'heure a presque fini sa boisson, elle s'approche d'elle. «Ça fera 3e60 s'il vous plait.» lui dit-elle d'une petite voix fatiguée en tendant la main vers la blonde. Sauf qu'elle fit un très mauvais mouvement, et que sa main ramassa le verre pas encore vide et celui-ci se renversa sur le t-shirt de la cliente. Arabella, confuse, porta sa main à sa bouche dans une intonation de surprise. «Oh mon dieu. Excusez-moi, excusez-moi..» Elle dut répéter cette phrase au moins une bonne dizaine de fois avant de se rendre compte qu'elle devait probablement aller chercher quelque chose pour éviter davantage de dégât. Si son patron remarquait ce petit accident, elle allait passer un très mauvais quart d'heure, comme on dis. «Oh mais ce n'est pas grave... Ne vous inquiétez pas !» tenta de rassurer la blondinette, mais Arabella fit derechef volte-face pour contourner le bar et essayer de sauver le chemisier de la demoiselle, éviter que la chocolat ne reste imbibé dans le tissu. «Je suis vraiment... vraiment désolée. Quelle idiote....» s'excusa-t-elle de nouveau tout en tapotant, légèrement penchée, le mouchoir qu'elle avait pris au passage près du comptoir sur la tâche de chocolat. Quelle idiote, ça c'est certain. Elle se sentait vraiment mal à l'aise, surtout que des regards commençaient à se poser sur les deux jeunes femmes, mais Arabella préférait les ignorer. «Oh puis... tu sais, je l'aimais pas ce tee-shirt» Arabella leva les yeux vers la demoiselle. Il était gentil de sa part de ne pas l'incendier, ni de faire un scandale comme Arabella a pu déjà assister avec une serveuse qui travaillait ici. Ancienne serveuse. Tout à coup, elle sourit et pouffa légèrement en se remémorant ce qu'elle avait dis malgré la gène qu'elle éprouvait. «Quoique maintenant, il sentira bon le chocolat, c'est plutôt sympa.» sortit-elle soudainement, un sourire en coin. «Que faites-vous Arabella ? Je ne vous paie pas pour discuter avec vos amis. Qu'est-ce que .. ? Me dîtes pas que vous êtes à l'origine de cette tâche ?!» La jeune femme pencha la tête vers l'homme, affichant une moue qui voulait en dire long sur sa réponse. «Je.. hmm...»