Lunettes sur le nez et tongs aux pieds, Noam se laissa tomber dans un fauteuil de la réception qui faisait face à la plage. Il avait laissé les bagagistes s'occuper de ses valises d'un côté et Téo, se charger de la réception de l'autre. Sur ce point-là il n'avait pas eu à forcer puisque c'est elle, toujours, qui se chargeait de l'organisation. Enfin sauf quand Noam décidait de s'en mêler. Pas peu fière de son idée, il avait annulé la réservation d'une des chambres, histoire qu'ils soient obligés de partager la même. Naturellement ce n'était que provocation. Mais aux yeux de son assistante... Il ne préférait même pas imaginer, parce que en vérité, il s'en fichait. Lui ça l'amusait. Téo le voyait comme l'archétype même du type arrogant et con, ce qu'il n'était pas dans le fond, mais il se plaisait à jouer son statut de pauvre mec jusqu'au bout. Jouer, il ne savait faire que cela de toute façon. Et il savait pertinemment que ce séjour aux îles Twikkii serait un bon prétexte pour bien s'amuser encore. Annuler la réservation de la chambre n'était que le début. Quand il le voulait Noam pouvait devenir le pire des emmerdeurs. Les voisins confirmeraient cela si personne n'y croit. En tout cas, il voyait plus ce voyage comme des vacances, qu'un séjour professionnel. Il prévoyait déjà de partir faire du surf tout l'après-midi et de bronzer le reste du temps. Il avait bien dans l'intention d'embarquer Téo dans ses deux activités, mais il savait qu'elle se déroberait pour faire autre chose. Pire, peut-être viendrait-elle le forcer à travailler. Eurk, parfois il ressentait l'étrange impression de voir Hermione Granger face à lui. Comme là, à cet instant, alors qu'elle revenait vers lui, avec toujours cette expression mécontente collée au visage. Il avait fini par ne plus demander ce qui n'allait pas et les raisons qui la poussé à être de mauvaise humeur. Quand Noam était concerné, rien n'allait visiblement. C'est pourquoi il ignora cela et commença à marcher en direction d'un grand couloir, ne se souciant pas réellement de savoir si oui ou non Hermione-la-géniallissime-assistante-Granger suivait. Arrivé à la porte il fit gentiment un pas sur le côté pour laisser Téo passer la première. « Les dames d'abord. » Et ouais, il savait être gentil ce con.

Le soleil, les cocotiers, les plages interminables. Pour beaucoup de gens, c’est sûrement le paradis. Et ça le serait aussi pour moi si je n’étais pas là pour le boulot. Avec ce con arrogant qu’est Noam. Il faudra m’expliquer pourquoi ceux qui ont un don sont de vrais cons. Enfin il avait beau me mettre hors de moi, je dois avouer que je ne risque pas de m’ennuyer avec un tel ‘patron’. Accoudée contre le comptoir de la secrétaire, je pense que ça doit être dur de bosser là, de voir tous les vacanciers alors qu’on doit rester bien sagement derrière un bureau. Enfin il y a pire quand même. « Chambre 215, bon séjour. » Et elle me tend une clé. Une seule. Je crois au début à une erreur mais il s’avère que non. Elle a reçu un appel annulant la réservation d’une des chambres. Et ça ne sert à rien de chercher loin le coupable. Il commence bien. Je me tourne vers lui et tout ce qu’il trouve à faire, c’est me faire coucou depuis son siège. Je soupire, essaye de payer une autre chambre mais l’hôtel est complet. Je suis bel et bien condamnée à partager une chambre avec Noam. Et il doit être énormément fier de lui en plus. Je prends la clé et lui fais signe de me suivre. Il n’a vraiment aucun respect pour mon petit ami imaginaire. Enfin s’il espère encore pouvoir coucher avec moi, il est encore plus idiot que je le pensais. Il doit faire ça juste pour m’énerver. Et ça marche à merveille. « Les dames d'abord. » J’ai bien envie de lui refermer la porte au nez et de le laisser dehors pour le week-end mais je dois quand même rester professionnelle. Il dormira par terre, tant pis pour lui. « Si je ne te connaissais pas si bien, je pourrais penser que tu es un vrai gentleman. Ou bien que tu essayes de me mettre dans ton lit. » J’entre dans la chambre. Ce serait vraiment la suite parfaite pour un couple. Je penserais à amener mon faux copain ici un jour. « J’espère pour toi que tu as le dos solide parce que ton matelas ne sera que cette couette. Et encore, je suis gentille avec toi. » S’il est si galant qu’il essaye de le faire croire, il ne me laissera pas dormir par terre de toute façon. Mais quelque chose me dit que je ne suis pas du tout tranquille pour autant. Le séjour va être long…

Parfois Noam se disait qu'il devait être vraiment un gros con pour être autant méprisé par la gent féminine. Même quand il faisait de réels efforts, il était toujours autant mis de côté. A ses yeux, le fonctionnement d'une femme lui échappait, il n'y avait que ça à dire. Blythe le prenait pour son homme à tout faire, quoique elle perdait rien pour attendre celle-là, Marley-Sky s'amusait à casser sa voiture, et Téo le méprisait bien qu'elle faisait simplement des sous-entendus. Sérieusement, il allait falloir répliquer, et très vite. L'annulation de la chambre semblait être juste un aperçu de comment Noam pouvait se montrer insupportable au quotidien lorsqu'on se le mettait à dos. « Je suis un vrai gentleman avec les femmes moi madame ! » rétorqua-t-il du tac-o-tac. Il suivit Téo à l'intérieur de la chambre et balaya la pièce du regard avant de lever les yeux au ciel. Eurk, ça transpirait le romantisme dans cette chambre, un coup à ce que Noam fasse une syncope. « J’espère pour toi que tu as le dos solide parce que ton matelas ne sera que cette couette. Et encore, je suis gentille avec toi. » L'écrivain se tourna, l'air ahuris, vers Téo. Non parce qu'en plus elle était sérieuse là ? Même pas en rêve, se disait-il, mécontent. Voilà que maintenant il se retrouvait maltraité. Il secoua négligemment la tête avant de finalement croiser les bras et d'afficher un sourire narquois. « Tu me feras un massage demain matin alors, parce que bonjour la nuit que je vais passer à cause de toi. » Oui oui, à cause d'elle, après tout, c'est bien elle qui l'obligeait à dormir sur un vieux sol hyper dure. Très mauvais pour son dos cela. Puis de toute manière, elle était son assistante, elle pouvait très bien poser deux secondes ses feuilles et son crayon pour lui faire un massage. Il ouvrit la fenêtre de la chambre qui donnait sur la plage en grand et puis finalement il vint se jeter sur le lit, écarta les bras et fixa le plafond comme un idiot. La seule pensée qu'il eut à cet instant, c'était que les vacances pouvaient enfin commencer. « T'es égoïste n'empêche, tu pourrais partager le lit. » dit-il alors qu'il se relevait pour se tenir sur ses coudes. C'est vrai le lit était moelleux et c'était pour deux personnes. Naturellement elle devait s'imaginer que Noam avait d'autres choses en tête que dormir, et pourtant non. « T'as peur que ton Jules te fasse une crise de jalousie ou quoi ? Comment il s'appelle déjà ? » Il s'en fichait en fait, mais il se disait qu'il pourrait toujours faire des recherches sur lui pour voir qui était ce pauvre type qui occupait tant les pensées de son assistante.

« Je suis un vrai gentleman avec les femmes moi madame ! » Je me retiens de rire. Si lui, est un gentleman alors il faut arrêter de rêver du prince charmant. Parce qu’il ne traite pas bien les femmes, loin de là même. Enfin à moins qu’il ne soit comme ça qu’avec moi mais j’ai des doutes. Le personnage n’est pas dur à cerner. Au premier regard, on peut voir quel con il est. Et s’il espérait avoir une assistante docile, qui le laisserait montrer sa domination, il a dû tomber de haut. Parce que, même s’il a sûrement un bon fond, j’ai connu assez d’hommes comme lui pour savoir qu’il ne faut pas se laisser faire. « Tu me feras un massage demain matin alors, parce que bonjour la nuit que je vais passer à cause de toi. » Putain, il est doué en plus. Si je refuse le massage, il s’incrustera sans aucun doute dans le lit. Un massage, ce n’est pas si cher payé pour passer la nuit tranquille après tout. « Ok mais tu payes les huiles de massage. » Il gagne sur ce coup-là, il aura son massage s’il reste sage. Enfin si je ne joue pas les amnésiques demain matin. Mais je ne doute pas qu’il insistera. Et le voilà qui s’installe sur le lit. Il ne prend vraiment rien au sérieux, c’est fou. A la base, on est là pour le travail quand même. Enfin même si une ou deux heures de dédicaces sont peu comparé au temps qu’on va passer sur la plage. « T'es égoïste n'empêche, tu pourrais partager le lit. » Dormir dans le même lit que lui, hors de question. Et même s’il ne tente rien, je suis quasi sûre qu’il bouge en dormant. Il a voulu faire le malin avec le coup de la chambre, il assume les conséquences. « Je te rappelle que par le plus malheureux des hasards, je partage déjà la chambre, ça devrait te suffire. » Il a eu ce qu’il voulait après tout, faut pas être trop gourmand non plus. « T'as peur que ton Jules te fasse une crise de jalousie ou quoi ? Comment il s'appelle déjà ? » Ah oui, pas con ça. Parfois, j’oublie qu’à ses yeux, je suis en couple. Même si ça ne change rien en fait. « Tu pourrais au moins faire semblant de t’y intéresser mieux que ça, je te l’ai déjà dit des centaines de fois. Il s’appelle Gabriel et il n’a aucune raison de ne pas me faire confiance puisque tu vas dormir par terre de toute façon. » Le sujet est clos pour moi, il ne dormira pas dans ce lit qui a l’air si confortable. Maintenant, on a toute la fin de la journée pour se détendre. « Je vais me changer et si jamais tu essayes de forcer la serrure de la salle de bain, je te mets dehors sans aucun regret. » Il n’y a que les menaces qui marchent avec lui. Enfin parfois. Parce qu’il s’en fiche la plupart du temps. Mais de toute façon, la porte est fermée à clé de l’intérieur, il ne peut pas faire grand-chose. Je ressors quelques minutes plus tard vêtue d’un maillot de bain deux pièces encore couvert d’un paréo. Qui sera inutile bientôt mais je préfère retarder le moment où je serais à moitié nue devant lui.

« Aucun problème pour ça. » Il payait déjà tout dans la maison avec ses colocataires, donner encore de sa poche pour des huiles de massages, ça ne lui faisait pas grand chose. Téo acceptait quand même de lui faire le massage le lendemain matin, c'était déjà un très bon point. A ses yeux cela devait être un très bon compromis pour dormir seule dans le lit ce soir. Pour Noam, c'était juste une grosse arnaque cette histoire. La compensation était faible. Il irait dormir dans la baignoire ou sur la plage, il trouvait cela beaucoup mieux que le sol de la chambre. Il na savait pas encore quelle connerie il pourrait bien faire d'ailleurs cette nuit pour embêter un peu plus Téo. Disparaître et ne jamais revenir ? Pff, elle serait trop contente de ça. Il imaginait déjà pleins de plans, élaborant cela avec soin naturellement. Les conneries, c'est tout un art. L'écrivain releva finalement la tête vers son assistante, lorsque celle-ci lui reprocha de ne pas l'avoir écouté quand à maintes reprise elle lui avait dit que son fiancé s'appelait Gabriel. S'asseyant sur le bord du lit, Noam haussa les épaules avec désinvolture. Il se serait appelé Pierre, Paul, Jacques ou François que cela lui aurait fait le même effet. Rien du tout, il s'en fichait. La seule question qui restait en suspend, c'était de savoir si tout cela était vrai. Évidemment, il croyait Téo. Elle était d'une franchise irréprochable. Pourtant quelques doutes persistaient. Après tout Noam ne l'avait jamais vu ce fameux fiancé. Ni en chair, ni en os, ni en photo. Et aucun coup de téléphone. Malheureusement c'est pas avec le prénom Gabriel que ses recherches iraient très loin. « Je vais me changer et si jamais tu essayes de forcer la serrure de la salle de bain, je te mets dehors sans aucun regret. » Perdu dans ses pensées, il releva immédiatement les mains par réflexe. « T'avais oublié que j'étais un gentleman ?! Je suis pas un pervers, merci. » Et il lui adressa un grand sourire, genre « essaye de me prendre pour un con encore une fois ». Il la suivit du regard néanmoins lorsqu'elle gagna la salle de bain et claqua dans ses mains comme un idiot quand la porte fut fermée. Debout Noam retira sa chemise, ses tongs et vint sortir son ordinateur de sa housse. « Et il fait quoi dans la vie le beau Gaby ? » demanda-t-il alors qu'il allumait l'ordinateur. Il était persuadé qu'il était comptable, son instinct lui soufflait cette idée. Architecte, médecin... Mécanicien peut-être... « Faudra que vous veniez diner à la maison un soir, histoire que je rencontre le spécimen parce que... » ...parce que pour l'instant, il lui paraissait un peu légendaire le type, mais il ne finit même pas sa phrase qu'il fixait Téo qui venait de ressortir de la salle de bain. Il lui aurait dit qu'elle était belle ou parfaite, qu'elle l'aurait sans doute giflé. Il se contenta de lever les yeux au ciel quand il vit à quel point elle tenait son paréo contre elle. A croire que le mot « psychopathe » était inscrit sur le front de Noam. Il laissa donc son ordinateur sur une table et mit ses lunettes de soleil, avant de déclarer, joyeux : « Direction la plage Hermione ! »

Il accepte de payer pour les huiles. Encore heureux. Il a tellement d’argent qu’il ne sait pas quoi en faire de toute façon. Quelqu’un qui arriverait à le supporter pourrait très bien se faire entretenir grâce à tout l’argent qu’il gagne. Ses livres se vendent vraiment bien, il est riche. Mais bien souvent, la richesse fait ressortir le pire chez les gens. Dommage. « T'avais oublié que j'étais un gentleman ?! Je suis pas un pervers, merci. » Mouais, on vérifiera bien ça cette nuit. De toute façon, je sais me défendre si jamais il tente quoique ce soit. Je me change dans la salle de bain, détachant mes cheveux pour la première fois de la journée. Après tout, ce n’est pas parce que je suis là pour le boulot que je n’ai pas le droit de profiter de cette destination de rêve. « Et il fait quoi dans la vie le beau Gaby ? » Il me parle de ça à travers la porte, comme si c’était un sujet de conversation normal. Heureusement que je suis douée pour mentir, je serais déjà grillée sinon. Je ne réponds pas pour le moment, je suis prête donc autant sortir. Je sais par expérience que les gens croient plus ce qu’on leur dit quand on leur dit en face. « Faudra que vous veniez diner à la maison un soir, histoire que je rencontre le spécimen parce que... » Il faut vraiment que je cherche une excuse. Ou bien un faux copain mais c’est moins facile ça. « Premièrement, Gabriel déteste le surnom Gaby, c’est Gab ou Gabriel et c’est tout. Et il étudie le droit à New York, 4ème année. » Donner des détails faux, ça marche toujours bien. « Je ne le vois pas souvent donc tu comprendras que je préfère rester seule avec lui plutôt que te le présenter quand il vient. » Une relation longue distance, ça fait encore plus fille sérieuse non ? Parce que je suis la gentille petite amie qui reste fidèle même si elle ne voit pas souvent son copain. Un couple qui a confiance l’un en l’autre. Et dans lequel un homme tel que Noam ne peut pas s’incruster. « Direction la plage Hermione ! » Je lève les yeux au ciel en l’entendant encore prononcer ce surnom bidon qu’il a décidé de me donner. Enfin ça aurait pu être pire après tout. Hermione a réussi dans la vie, c’est pas si mal. Et à choisir entre une réputation d’intello et celle de salope, le choix est vite fait. Surtout devant celui que j’assiste. Je le suis dehors. La plage au bord de la chambre, c’est quand même parfait. « J’espère que tu sais nager parce que je ne suis pas vraiment douée pour faire la secouriste. » Et le bouche-à-bouche, encore moins. Je laisse tomber mon paréo sur une chaise longue et je profite du paysage paradisiaque. Et je m’assois, commençant à enduire mes jambes de crème solaire. « Tu sais, je ne te comprends pas. Tu pourrais vivre dans un endroit comme celui-ci toute l’année mais pourtant, tu restes à Montsimpa. Il y a une raison ? » Je suis sûrement la moins bien placée pour comprendre l’attachement de certaines personnes à des lieux mais s’il a une explication, je serais ravie de l’entendre.

« Un futur avocat, l'horreur ! » fut la seule réaction de Noam après la description du fiancé de Téo. Il le voyait déjà comme le petit prétentieux de l'université, les lunettes d'intello et cravate oblige. C'est certain que Noam ne devait pas être le genre d'homme de Téo à ce stade là. Facteur, et son style vestimentaire se composait à 98% de bermuda. D'un coup il semblait comprendre pourquoi il se prenait autant de reproche dans la figure. Il n'était pas le fils "de" et n'avait pas fait de grandes études à New York. Bonjour les préjugés. Sa fierté en prit un grand coup. « Il existe au moins ton Gaby ? » demanda-t-il quand elle expliqua qu'elle le voyait peu et qu'elle préférait rester avec lui quand il venait. En fait, Noam pensait qu'il existait bel et bien ce fils à papa, mais juste pour taquiner Téo, il faisait celui qui n'y croyait pas du tout. Ils se dirigèrent en même temps vers la plage, alors que Noam l'appelait Hermione. Il trouvait que ce surnom lui collait totalement à la peau. C'était une Granger en puissance cette Téo. Mais l'écrivain fut au moins soulagé de voir qu'elle ne lui reprochait pas ce surnom. D'un côté, il s'avérait plutôt gentil. Blythe avait hérité de Nellie Oleson alors bon, pas de quoi se plaindre quand on est finalement appelé Hermione. « J’espère que tu sais nager parce que je ne suis pas vraiment douée pour faire la secouriste. » Gentille à elle de prévenir qu'elle ne pourrait pas le sauver s'il venait à se noyer. Il se mit à sourire et alors qu'il s'installa sur un transat à côté du sien, il rétorqua : « J'ai pris mes précautions. Il y a une bouée dans ma valise. » Allongé sur la chaise longue il ne se gêna pas pour tourner le visage en direction de Téo et la regarda, de la tête au pieds, un sourire malicieux au coin des lèvres. Il n'avait jamais caché l'intérêt qu'il lui portait et d'ailleurs il l'avait toujours trouvé séduisante. Et alors qu'elle commençait se passer de la crème sur les jambes, Noam ouvrit les yeux en grand lorsqu'il entendit sa remarque. « Tu veux que je parte m'exiler en plus ? » première réaction. Il finit par s'allonger, blasé. Et alors qu'il regardait le ciel, il finit par ajouter passivement : « Je connais rien d'autre que Montsimpa. Et toute ma famille y vit. » Pas plus simple comme réponse, et il aimait bien étonner les gens à disant que oui, d'autres personnes partageaient le même sang que lui. Il racontait cela plus parce que c'est Téo qui le lui demandait et non par envie de se confier à quelqu'un. « Je te comprends pas non plus tu sais. » osa-t-il avouer néanmoins tandis qu'il fixait toujours les nuages dans le ciel. « Tu me détestes, tu veux que je m'exile, mais tu continues à bosser pour moi. Soit je te fais pitié, soit quelque chose m'échappe encore. »

« Un futur avocat, l'horreur ! » ça, il fallait s’y attendre. De toute façon, j’aurais pu dire n’importe quoi, il aurait sûrement réagi de la même façon. « Je ne vois pas ce qu’il y a de mal à vouloir défendre la justice. Enfin tu ne serais sûrement pas capable de réussir en droit toi. » L’avantage de ne plus avoir de passé, je pouvais inventer ce que je voulais. Noam ne savait presque rien de moi, il n’avait jamais vraiment posé de questions. Il savait juste que j’étais à New York avant de venir à Montsimpa pour devenir son assistante. De toute façon, la vie de Téo n’a rien d’extraordinaire. Une vie simple, comme celle que j’aurais voulu avoir. « Il existe au moins ton Gaby ? » Cette question revenait souvent. Mais il semblait me croire quand même puisqu’il n’insistait pas en général. « Je te trouverais une photo de retour à Montsimpa si tu veux des preuves. » Une photo d’un inconnu, ça ne devrait pas être trop compliqué à trouver. Même si, plus je m’enfonce dans le mensonge, plus je me dis qu’il va finir par comprendre qu’il n’y a pas de Gabriel. Une fois en dehors de la chambre, il ne se gêne pas pour me regarder. Je ne dis rien, ça lui ferait trop plaisir. J’ai l’habitude du regard des hommes, il n’est sûrement pas le pire à m’avoir matée. Un moment, je pense à la tranquillité à laquelle je devrais avoir droit s’il n’avait pas annulé la réservation. Mais en fait, je ne suis pas si mécontente de passer du temps avec lui. C’est amusant de lui dire ses quatre vérités. « Tu veux que je parte m'exiler en plus ? » Je soupire, n’ayant pas du tout pensé à ça. C’était une simple curiosité, en toute innocence. « Je connais rien d'autre que Montsimpa. Et toute ma famille y vit. » Famille ? Il n’en parle jamais en tout cas. « C’était une simple question, t’énerves pas. Je ne savais même pas que tu avais de la famille, t’es pas proche d’eux ? » On ne parle pas de nous en général, on se contente de faire le travail, il me drague, je le rembarre. Mais on ne parle pas de nos vies. Alors je ne sais même pas pourquoi je demande ça, peut-être parce que j’ai envie de plus le connaître, de savoir pourquoi il est comme ça. « Je te comprends pas non plus tu sais. » Je tourne la tête vers lui, surprise. « Tu me détestes, tu veux que je m'exile, mais tu continues à bosser pour moi. Soit je te fais pitié, soit quelque chose m'échappe encore. » Je souris. Sa question est assez logique en fait. Pourquoi je continue de travailler avec un homme que je ne m’aime pas ? Je continue de me tartiner de crème solaire, réfléchissant à ma réponse quelques secondes. « Je me pose la même question parfois. J’en sais trop rien, je suppose que je garde un espoir que tu ne sois pas un vrai con, que tu sois au fond celui que j’imaginais en lisant tes livres. » C’est vrai que j’étais tombée de haut en le rencontrant. Je l’idéalisais et voir qu’il était un tel salaud m’avait refroidie. « Et à vrai dire, je ne te déteste pas totalement. Même si je le devrais. Mais je t’envie en partie. Tu as cette désinvolture, cette façon de te foutre de tout et j’aime ça. Parce que moi, je n’en suis pas capable. » Je me surprenais moi-même à être aussi sincère. J’aurais pu trouver des raisons stupides, ça aurait sûrement aussi bien marché. « Et de toute façon, depuis quand un boulot devrait-il être une partie de plaisir ? » même s’il y a bien pire comme travail en fait. Il suffit de voir l’endroit où je suis en ce moment pour le réaliser. Je finis de mettre de la crème solaire sur mon corps avant de réaliser qu’il me reste le dos. Mais hors de question de lui demander de l’aide. Alors j’essaye un peu de me tordre dans tous les sens pour le faire moi-même mais le résultat doit être plus ridicule qu’autre chose.

Défendre la justice ? A ses yeux les avocats étaient les personnes les plus malhonnêtes qui pouvaient exister. Mais soit, chacun sa conception de la justice. Il préféra simplement ne rien ajouter quand Téo confia qu'elle lui montrerait une photo de Gabriel. Un fils à papa, il se l'imaginait très bien d'avance. « C’était une simple question, t’énerves pas. Je ne savais même pas que tu avais de la famille, t’es pas proche d’eux ? » Il éclata bêtement de rire. C'était pour cette réaction si naturelle que Noam aimait révéler que sa famille vivait près de chez lui. Ça étonnait toujours. Il n'était pas vexé, après tout, c'est lui qui avait décidé de ne rien dire avant. Surpris qu'elle lui pose autant de questions sur sa vie « privée », il afficha un sourire autant gentil que amusé par la situation. C'était rare qu'elle lui parle d'autre chose que du travail déjà en général. Comme quoi, ils pouvaient très avoir une conversation civilisée sans se chamailler. « Étonnant, mais oui. Surtout de mon grand-père paternel si tu veux tout savoir. Un héros ce type-là ! Et toi, elle est où toute ta famille ? A New York ? » Il répondait naturellement et gentiment aux questions de Téo, sans chercher à savoir si elle comptait s'en moquer après ou non. Il doutait qu'elle soit ce genre de personne. Elle était trop gentille pour venir lui faire un tel coup après. Puis, pour une fois qu'ils ne venaient pas à se tirer dans les pattes, c'était assez agréable. « Je me pose la même question parfois. J’en sais trop rien, je suppose que je garde un espoir que tu ne sois pas un vrai con, que tu sois au fond celui que j’imaginais en lisant tes livres. » Le regard toujours fixé sur le ciel, il ne pu s'empêcher de sourire à nouveau. Il ne lui avait jamais dis, et rares étaient les personnes d'ailleurs à savoir que le type de ses livres, c'était juste lui. Il s'inspirait exclusivement de sa vie et c'était marrant de voir que personne ne faisait le lien en lui et son personnage principal. Difficile à faire d'un côté, Noam jouait un autre jeu. Pour l'instant, c'était son secret, et il ne comptait pas le lui révéler. A la place il se contenta de hausser les épaules avec désinvolture et de tourner la tête, surpris, quand elle avoua ne pas le détester totalement. Il vint s'assoir sur le bord de la chaise longue quand elle disait l'envier en partie. Peut-être est-ce le Soleil qui tapait trop fort ! Jamais l'écrivain ne l'avait entendu lui faire le moindre compliment. Sur ses livres oui, mais sur lui, jamais. « Si je ne te connaissais pas, je pourrais penser que tu m'apprécies un peu. C'est gentil ! » Toujours souriant il glissa ses pieds dans le sable, trop heureux d'être ici. Et ouais, il lui en fallait très peu pour être heureux. Il avait beau faire croire que l'argent était important à ses yeux, ce n'était pas du tout le cas. Un baluchon et du sable lui suffisait amplement. Et comme il disait si bien, il vaut mieux être pauvre avec du sable entre les pieds, que riche avec du sang sur les mains. « Et de toute façon, depuis quand un boulot devrait-il être une partie de plaisir ? » Il hocha mollement la tête, assez d'accord avec ce qu'elle disait. Naturellement, tout dépendait du travail. Entre distribuer le courrier le matin et écrire quand l'envie lui prenait, Noam n'avait pas à se plaindre de ses conditions de travail. « Techniquement, quand on fait un travail que l'on aime, ça devient plaisant. » Mais la moue septique qu'il afficha le laissa songeur. Il finit juste par soupirer lorsqu'il la vit se débattre avec sa crème solaire, ne pouvant évidemment pas se la mettre toute seule dans son dos. Trop fière pour demander naturellement. « Allez, donne ! » dit-il en tendant la main dans sa direction pour qu'elle lui donne le tube de crème. « Pas de mains baladeuses, promis ! » Probablement pour cela qu'elle avait refusé de lui demander.

Il n’avait même pas l’air particulièrement gêné de parler de sa famille. C’était étrange vu que, jusqu’à aujourd’hui, j’aurais pu le croire orphelin vu que je n’en avais jamais entendu parler. Certes, notre relation était plus professionnelle qu’autre chose, nous n’étions pas proches mais parler de sa famille, c’est naturel. Enfin pour la plupart des gens. « Étonnant, mais oui. Surtout de mon grand-père paternel si tu veux tout savoir. Un héros ce type-là ! Et toi, elle est où toute ta famille ? A New York ? » J’imaginais assez mal Noam parler avec un vieillard. Il n’était pas assez gentil pour ça. Mais il faut croire que tout ce que je pense de lui n’est pas toujours vrai. Pourquoi me mentirait-il de toute façon ? « Oui, je suis née à New York. Enfin mes parents vivaient dans une ville de banlieue pas loin. » Je ne savais pas vraiment quoi dire de plus, comment décrire une relation qui n’existe pas ou plus. Mes parents, je ne les connais plus, je n’ai plus eu de nouvelles depuis longtemps. Ils me pensent sûrement morte, je n’en sais rien. Alors j’espère que Noam ne demandera pas plus de détails. Après tout, ce n’est pas notre genre de parler comme ça. Ça doit être le cadre parfait qui nous rend sincère, je n’en sais rien. « Si je ne te connaissais pas, je pourrais penser que tu m'apprécies un peu. C'est gentil ! » Je souris. Il a sûrement raison, je dois quand même l’apprécier un peu pour rester bosser pour lui. « Ne te fais pas d’illusions, tes nombreux défauts l’emportent largement sur les côtés appréciables de ta personnalité. » Je vais pas être gentille avec lui non plus, faudrait pas exagérer. Et c’est la vérité en plus. Il reste un vrai chieur, arrogant. Et ça, ça gâche tout. « Techniquement, quand on fait un travail que l'on aime, ça devient plaisant. » Il a sûrement raison. Des quelques travails que j’ai fait, assister Noam est de loin le plus plaisant. De toute façon, je ne sais pas vraiment ce que j’attends de la vie, ni ce que l’avenir me réserve. Alors je profite de cette vie calme. Finalement, il a pitié de moi qui essaye de m’étaler de la crème solaire dans le dos. Et il promet d’être sage alors qu’est-ce que je peux faire ? Je ne vais pas refuser son aide, ce serait idiot. Et ça me vaudrait sûrement un coup de soleil dans le dos. « De toute façon, si tu tentes quoique ce soit, je t’assomme. » dis-je en lui tendant le tube. Je me tourne vers lui et je soulève mes cheveux. Pour un peu, on croirait presque à des vacances en couple. Sauf que Noam et moi en couple, ça n’arrivera jamais. « Tu ne mets pas de crème toi ? Je suppose que ça donne un style les coups de soleil. »

« Tu vas souvent les voir au moins j'espère ? » demanda-t-il, véritablement intéressé, lorsqu'elle évoqua ses parents. Parce que pour Noam, la famille, s'était quelque chose de sacrée. Certes il ne l'avait jamais montré avant, mais cela parce qu'ils avaient instauré une relation professionnelle et qu'ils n'avaient pas pris l'habitude de parler d'autres choses que du travail. En tout cas, elle semblait enclin à apprendre à le connaître, ou peut-être parce qu'elle savait qu'elle devrait le supporter tout le temps du séjour. En tout cas il ne souhaitait pas trop insister. Non pas parce qu'il ne s'intéressait pas à Téo et sa famille, mais plus parce qu'il ne voulait pas se montrer insistant et trop curieux. Elle sourit, finalement, quand l'écrivain vint la soupçonner de l'apprécier un peu. Il se sentait flatté, après tout, il croyait vraiment qu'elle le détestait. Dans un sens, c'était une petite victoire. « Ne te fais pas d’illusions, tes nombreux défauts l’emportent largement sur les côtés appréciables de ta personnalité. » Naturellement. Pour seule réponse il haussa les épaules, son vieux tic qui le caractérisait si bien. Cela aurait été trop beau et irréaliste de penser qu'elle puisse changer si vite d'avis sur lui. Mais soit, il était habitué et après tout, il s'en fichait même. Finalement elle lui donna le tube de crème, non sans avoir oublié de le menacer pour l'avertir de ne rien tenter. « Ouh, je suis terrorisé ! » déclara-t-il, moqueur, alors qu'il claquait des doigts pour lui faire signe de se retourner afin qu'il puisse étaler la crème. Elle remonta ses cheveux et alors qu'il s'appliquait gentiment à lui mettre de le crème dans son dos, elle vint lui rappeler qu'il n'en avait pas mis. Même si elle ne le voyait pas, il haussa à nouveau les épaules pour seule réponse. Tirer des informations de Noam, même les plus simples, s'avérait bien difficile parfois. En tout cas, pour une fois, il ne cherchait pas à profiter de la situation, une grande première pour Noam. Ou pas. Quand il eut fini, il vint déposer un baiser dans le cou gracile de la belle avant de souffler : « Allez jeune fille, tu peux partir patauger dans la mer. » Son sourire d'imbécile heureux collé à son visage, il se leva, tourna le dos à Téo et se dirigea vers la mer, avec cette démarche nonchalante qu'on lui connaissait si bien.

« Quand j’ai l’occasion de revenir à New York, ce qui n’arrive pas si souvent que ça. » Rester vague est sûrement la meilleure solution. Au moins, ça m’évitera des bourdes possibles si jamais on reparle de nos familles un jour. Parce que de toute façon, personne ne saura jamais la vérité. C’est pour ma sécurité. Et pour la leur aussi. Je me suis habituée à vivre dans le mensonge. Le mensonge est devenu ma vie tout simplement. Alors qu’il me met de la crème dans le dos, je me détends progressivement. Je suis sur une plage de sable blanc, je peux bien profiter un peu non ? Et ce n’est sûrement pas Noam qui va me le reprocher. En le sentant venir déposer ses lèvres sur mon cou, je ne réagis même pas, fatiguée. Il s’attend sûrement à une remarque, à une insulte mais tant pis pour lui. Ça n’avancera à rien de le faire, il recommencera forcément. Il aime insister, quitte à être lourd. « Allez jeune fille, tu peux partir patauger dans la mer. » Je le suis du regard alors qu’il part vers l’océan. Et, juste avant de le rejoindre, je me souviens de quelque chose qui était mentionné dans la brochure de l’hôtel. Je repère un petit cabanon et en sors un matelas gonflable. Dommage qu’il soit déjà gonflé, j’aurais bien demandé de l’aide à Noam, juste pour l’entendre se plaindre. J’hésite à lui rapporter une bouée mais ça serait m’encombrer pour rien. Alors je referme la porte et j’avance dans le sable chaud. « Les poissons ne t’ont pas encore mangé ? » C’est sûrement une mauvaise idée de prendre ce matelas. Avec un mec comme Noam, c’est dangereux. Mais s’il fait quoique ce soit, je le coule. Mais je ne le menace même pas. Parce que ça ne me déplairait pas de lui mettre la tête sous l’eau. « Si tu veux, j’ai vu une bouée en forme de canard, elle t’irait parfaitement ! » Et je m’installe sur le matelas, du mieux que je peux. Je glisse un peu, il me faut plusieurs essais mais je finis par être couchée dessus, le ventre contre le matelas, les fesses en l’air. « Si le courant m’emmène au loin, j’espère que tu viendras me sauver prince charming ? » S’il veut vraiment se faire passer pour un homme galant, il a intérêt. Et il ne veut pas ma mort quand même, si ?

Il ne regarda pas derrière lui pour savoir si Téo le suivait ou non, après tout, il n'allait pas la suivre tout le séjour, ni se montrer trop lourd à son égard. Puis si elle n'avait pas dans l'intention d'aller nager, lui oui. Il s'avança dans l'eau turquoise, heureux comme un enfant de se trouver ici. Il adorait nager, et devait d'ailleurs être l'une des rares personnes à avoir une piscine mais à en profiter également. La piscine de sa maison n'était pas là uniquement pour montrer sa fortune. « Les poissons ne t’ont pas encore mangé ? » Un sourire apparu sur ses lèvres et il se retourna pour faire face à Téo. Il haussa les épaules avec désinvolte et fixa le matelas gonflable qu'elle tenait dans ses mains. Il s'imaginait déjà entrain de renverser son bateau de fortune pour qu'elle tombe à l'eau, mais il se disait qu'elle viendrait peut-être le noyer en retour. Et quand elle lui parla avoir vu une bouée en forme de canard pour lui, il se retint gentiment de rire. « Le ridicule ne tue pas, mais je vais éviter de provoquer les Dieux, tu vois. » Il se laissa couler un instant dans l'eau pour ponctuer sa phrase et pour se mouiller la tête. Quand il revint à la surface il vit Téo qui essayait tant bien que mal de grimper sur le matelas et il afficha un sourire moqueur quand elle tomba à maintes reprises. Après un peu d'effort elle réussit tout de même à monter dessus et s'allongea, l'air de rien. « Si le courant m’emmène au loin, j’espère que tu viendras me sauver prince charming ? » finit-elle par demander. Prince Charming ? Eurk, il revoyait par réflexe tous les dessins animés Disney avec leur lot de prince à la noix. Quoique, il s'identifiait pas mal à Flynn dans Princesse Raiponce. Mais voilà, c'était pas le prince charmant. D'un côté, Noam était révoltée lorsqu'il revoyait les princes dans les contes de fées, il avait envie de les baffer et de leur dire : « Imposez-vous ! ». Pour l'instant il soupçonnait Téo de le provoquer encore sur cette histoire de gentleman. Et effectivement, même si Noam pouvait être très gentil, il restait avant tout un pauvre type désinvolte et farouche. « Tu me prends pour le père de Némo ou quoi ? Je parcours pas l'océan pour sauver les gens moi. » Il rigola tout seul, avant d'ajouter dans la volée, toujours souriant : « Ça va je plaisante, je viendrai te sauver naturellement ! » Et après quelques brasses, il vint se poster à côté d'elle où il posa ses bras sur le matelas. « Attends, tu crois au grand amour, au prince charmant qui va venir sur son cheval blanc, au beau mariage et au " ils vécurent heureux " ? » Cette fois-ci, il éclata vraiment de rire.

En fait, ça a ses avantages de devoir partager la chambre de Noam. Enfin je doute que je pense pareil cette nuit mais pour le moment, j’en avais appris pas mal sur lui. Même s’il restait toujours le même au fond et je ne m’attendais pas à un miracle. « Le ridicule ne tue pas, mais je vais éviter de provoquer les Dieux, tu vois. » Je souris et le regarde se mouiller la tête. Dommage, j’aurais sûrement bien rigolé en voyant son bassin entouré d’une bouée en forme de canard. J’aurais pu me vanter d’être la seule à avoir vu ça. Je le vois se moquer de moi alors que je galère à monter sur mon matelas mais je ne fais rien, il est trop loin de toute façon. Et une fois que je suis installée, je ne vais pas risquer de redescendre. Je lui lance une plaisanterie pour savoir s’il sait vraiment être un gentleman. Parce qu’il a beau s’en donner les airs, il en est loin. « Tu me prends pour le père de Némo ou quoi ? Je parcours pas l'océan pour sauver les gens moi. » Je ne peux m’empêcher de rire à sa réponse. « Dis tout de suite que j’ai une nageoire qui déconne comme Némo ! Mais je suis déçue, t’aurais été pas mal en poisson clown. » Je souris, même si je doute qu’il s’en rende compte puisque mon visage est presque à la surface de l’eau. C’est agréable d’avoir une plage pour nous, il n’y a personne pour nous déranger et le seul dragueur qui matte sans gêne qu’il y a dans les environs, c’est Noam. Finalement, il dit qu’il viendra me sauver, encore heureux. Je suis sûre que je lui manquerais, s’il n’avait pas son assistante à faire chier. « Ouf, me voilà soulagée ! » Je le regarde d’un œil inquiet lorsqu’il vient près de moi, venant jusqu’à installer ses bras sur mon matelas. « Attends, tu crois au grand amour, au prince charmant qui va venir sur son cheval blanc, au beau mariage et au " ils vécurent heureux " ? » Je secoue la tête, lasse de ce qu’il peut penser de moi. Les contes de fée, ça fait bien longtemps que je n’y crois plus. « J’aime pas les chevaux. » dis-je très sérieusement avant de craquer et de sourire. « Non, il se passe bien trop de choses mauvaises dans le monde pour que les histoires de princesse existent. En plus, aucun homme n’est assez parfait pour être le prince charmant qui sauve la princesse, l’aime jusqu’à la fin de ses jours et la traite comme une reine. » Je suis loin d’être naïve, il le sait très bien. Mais il joue, il me taquine. « Enfin il y en a quand même qui s’en rapprochent. Dont mon Gab. » Ouf, j’avais failli l’oublier lui. Pour une fille en couple, je pourrais au moins donner l’impression d’aimer l’amour. Enfin avec un peu de chance, Noam ne m’a même pas écouté. « Et toi ? Tu attends ta princesse ? Une fille qui ne te dira jamais rien, qui te sera totalement soumise ? »

« Dis tout de suite que j’ai une nageoire qui déconne comme Némo ! Mais je suis déçue, t’aurais été pas mal en poisson clown. » rétorqua-t-elle du tac-o-tac alors que Noam riait toujours de cette histoire. De toute façon, dans Némo il préférait Squiz la tortue, et son père, plutôt que Marin le poisson clown. Sérieux, Noam se tapait des fous rires à chaque fois. Non pas qu'il regardait souvent Le monde de Nemo, mais le peu de fois où Allyssandre lui faisait regarder autre chose que Grey's Anatomy, ils avaient songer à voir Nemo et il en gardait depuis un excellent souvenir. « Tous les poissons dans Nemo ont quelque chose qui débloquent de toute façon... » lâcha-t-il avec simplicité, plus par constat que par envie de faire la conversation sur les poissons. Enfin, il n'était plus à cela près, avec Danaé ils parlaient bien de E.T l'extraterrestre. Et sans que Noam ne comprenne réellement pourquoi la conversation avait bizarrement dévié vers les princes charmants. Sujet qui écœuré totalement l'écrivain. Et pour bien casser le mythe du conte de fée, Téo confia ne pas aimer les chevaux. « Je comprends. Moi j'aime pas les lapins. » Aucun rapport mais c'était sorti tout naturellement. Ce n'était pas dans son caractère de se confier et de parler de lui, pourtant là il le faisait, sans se forcer. Pour l'instant il ignorait si un jour les confidences faites à Téo se retournerait contre lui, si elle en profiterait pour acheter un lapin et le libérer dans la maison de l'écrivain. Ou pire, mettre des photos des Lapins Crétins dans les dossiers. Il y a des chances qu'il s'évanouisse ou qu'il parte en courant. Mais il lui avait semblait normal de dire quelque chose sur lui en retour. Naturellement il fallait pas s'attendre à ce que cet exploit se reproduise souvent. Et quand elle évoqua la raison pour laquelle elle ne croyait pas au prince charmant, Noam haussa les sourcils, septique. Pour une fille amoureuse, elle avait une drôle notion de l'amour. « Ton Gaby ? Compare pas un pauvre type à des kilomètres de toi à un prince charmant, c'est scandaleux ! » Quoique à côté Noam passait pour un super-héros, c'était pas si mal. « Tu vas détruire le rêve de millions de gamines avec de tels propos. » Il lui adressa un grand sourire, hésitant entre lui dire la vérité ou simplement lui mentir lorsqu'elle lui demanda s'il avait trouvé sa princesse. Quand bien même il dirait la vérité, elle aurait pitié pour la fille en question. Même à Deva, sa meilleure amie, il n'avait rien dit, pourquoi le ferait-il avec son assistante. Il secoua la tête de droite à gauche et déclara : « Le célibat, c'est la vie. » Il ne mentait pas totalement en réalité, il y avait bien une fille qui lui plaisait, mais elle était déjà en couple. A croire qu'il s'attachait toujours aux filles qui avait déjà un copain. Un clin d'œil à l'intention de Téo, et il se laissa glisser totalement, à nouveau, dans l'eau, bien décidé à nager un peu.

C’était assez surprenant de l’entendre parler d’un dessin animé pour enfants. Enfin d’un côté, ça ne l’était pas tant que ça puisqu’il était assez gamin parfois. Mais plutôt, de l’entendre avouer qu’il regarde des films comme ça. Ça casse le mythe. « Tous les poissons dans Nemo ont quelque chose qui débloquent de toute façon... » C’est le propre d’un dessin animé, d’avoir des personnages assez cinglés pour faire rire les enfants. Je préfère d’ailleurs largement ces films aux films de princesse. C’est vrai qu’entre deux heures de rire et une histoire niaise à s’endormir, le choix est assez vite fait. A se demander comment certaines femmes peuvent croire aux contes de fées et les apprécier. « C’est ce qui fait tout leur charme. » En fait, je n’ai rien de spécial contre les chevaux, c’était juste une plaisanterie mais Noam semble sérieux quand il dit ne pas aimer les lapins. « T’es sérieux ? Comment on peut ne pas aimer les lapins ? C’est tout mignon avec leurs petites dents là. » Et je mets mes doigts devant ma bouche pour essayer d’imiter un lapin. Je ne connais personne qui déteste les lapins, c’est ridicule. Mais je ne pense pas que Noam ait menti. « Ton Gaby ? Compare pas un pauvre type à des kilomètres de toi à un prince charmant, c'est scandaleux ! » Et pourquoi mon Gabriel ne serait pas un prince charmant hein ? Il devait l’être pour que je reste avec lui malgré la distance. Enfin tout ça n’était qu’imaginaire, je ne pouvais pas le savoir. Ni dire que je connaissais quoique ce soit à l’amour. « Ne sois pas aussi jaloux de lui, tout le monde ne peut pas être parfait… » Un sourire taquin sur les lèvres. C’est vrai que comparé à mon petit ami imaginaire, Noam était vraiment nul. Enfin il existait lui au moins. « Tu vas détruire le rêve de millions de gamines avec de tels propos. » Je ne suis sûrement pas la seule fille à ne pas croire à l’amour. Tout le monde s’en est rendu compte depuis longtemps, que l’amour n’existe pas vraiment. « Tu connais beaucoup de femmes qui rêvent encore du prince charmant, de l’amour éternel ? Parce que ce serait gentil de les prévenir que rien de tout n’existe. Tout ce qu’on peut trouver, c’est quelqu’un de pas trop mal avec qui partager sa vie. » Vision assez pessimiste de l’amour mais je me vois assez mal jouer les filles naïves, même devant Noam. Même si, au fond de moi, j’espère trouver celui qui réussira à changer l’avis que je me fais de l’amour, à me montrer que celui-ci existe vraiment. « Le célibat, c'est la vie. » Tout le monde croit en l’amour, même sans le savoir. Même Noam, j’en suis sûre. Il veut faire croire que non mais il voudrait bien trouver une fille avec qui se poser. « Si tu le dis. » mais il ne doit pas m’entendre puisqu’il est parti sous l’eau. Il s’éloigne de mon matelas, semblant vouloir finir la conversation. Quelle politesse ! Quand je crois qu’il peut être gentil, il fait tout le contraire. « Tu vas finir vieux garçon mon pauvre Noam ! » Ce n’est même pas mal vu chez un homme de rester seul pour toujours. Alors qu’une femme, on imagine tout de suite la vieille mégère avec ses chats. Je le regarde s’éloigner encore un peu et je ferme les yeux, me laissant bercer par les vagues.

« T’es sérieux ? Comment on peut ne pas aimer les lapins ? C’est tout mignon avec leurs petites dents là. » Et elle essaya d'imiter le lapin. L'écrivain afficha un grand sourire amusé par son imitation enfantine. Il ne pourrait jamais réellement expliqué ce qui l'effrayait chez les lapins, ça avait toujours été ainsi. Alors pour toute réponse il haussa les épaules. Personne ne comprenait sa hantise à l'égard des lapins et après tout, il s'en fichait un peu. Tant qu'on ne l'embêtait pas avec ça, tout irait bien. « Ne sois pas aussi jaloux de lui, tout le monde ne peut pas être parfait… » Il ne releva pas sa remarque quand au fait qu'il soit jaloux, ce n'était pas le cas mais elle ne le croirait pas, alors inutile d'insister. « Gaby n'est pas parfait. » se contenta-t-il de dire. Il ne savait pas pourquoi il s'obstinait à tourner autour de Téo. Elle était jolie, drôle, honnête et la seule à lui dire ses quatre vérités quand il jouait au pauvre mec, mais lui, il apparaissait toujours comme le garçon arrogant, macho et complètement nul. Il pourrait faire tous les efforts du monde, elle ne changerait pas d'avis. Il ne savait même pas non plus pourquoi il avait commencé à se confier à elle, peut-être pour lui montrer que finalement il pouvait être quelqu'un de bien. Ça ne marchait pas visiblement. Pourtant, il s'en fichait pas mal, il n'était ni vexé, ni blessé. Question d'habitude sans doute. Puis même, il fallait faire beaucoup pour venir ne serait-ce que l'énerver, alors le vexer. « Tu connais beaucoup de femmes qui rêvent encore du prince charmant, de l’amour éternel ? Parce que ce serait gentil de les prévenir que rien de tout n’existe. Tout ce qu’on peut trouver, c’est quelqu’un de pas trop mal avec qui partager sa vie. » A cet instant, Noam avait juste envie de prendre Téo dans ses bras tellement qu'il était d'accord avec elle. Parce que c'était rare de voir une femme qui descendait autant l'amour en flèche. Il était totalement fasciné par la façon dont elle fonçait dans la vie, qu'elle dise tout haut ce qu'elle pensait vraiment. « Tu es absolument géniale comme fille. » s'était-il simplement contenté de répondre, avec ce sourire d'imbécile heureux qu'il affichait souvent. Après avoir dit que le célibat c'était la vie, il avait fini par s'engouffrer totalement dans l'eau afin de nager un peu. Il ne s'en vantait pas, et pourtant il était un très bon nageur. A cet instant, il hésitait néanmoins à rejoindre l'accueil de l'hôtel afin de réclamer une autre chambre. Il savait qu'il n'y en avait pas de libre, mais jouer de son statut de célébrité lui avait souvent permis d'obtenir des choses qu'il n'aurait jamais eu en tant que simple client banal. Ce n'était pas pour sa fierté personnelle, ni même pour avoir un lit cette nuit, non, c'était juste pour faire plaisir à Téo. Elle ne l'appréciait visiblement pas, il ne voulait pas non plus qu'il y ait des répercutions sur leur relation professionnelle. En sortant la tête de l'eau, il entendit juste : « ...finir vieux garçon mon pauvre Noam ! » A quoi il répondit, un sourire sournois collé au visage : « On reparlera de ça dans quelques années Téo. » Il ne lui accorda pas même un regard et il sortit de l'eau, se dirigeant vers les transats où reposaient les serviettes de bain. Il s'installa sur l'un d'eux, heureux, près à joué au flemmard tout le reste de la journée.

« Gaby n'est pas parfait. » Bien sûr que si, toute cette invention était faite pour être parfaite. C’était bien mieux pour notre relation professionnelle s’il me pensait en couple et heureuse. Même si ça ne l’avait jamais empêché de regarder mes fesses ou bien de me draguer. Mais ce Gabriel était une sécurité pour moi. Même si, si je voulais repousser les avances de Noam, je pouvais le faire sans évoquer un copain imaginaire. Mais depuis que nous sommes arrivés à l’hôtel, il est différent. Je ne saurais l’expliquer mais il est presque gentil. Il espère peut-être qu’il méritera une place dans mon lit s’il est gentil. « Tu es absolument géniale comme fille. » dit-il après avoir écouté mon avis sur l’amour. Je ne suis quand même pas la seule à penser ça, si ? A moins que personne d’autre n’ose le dire. L’amour éternel, ça n’existe pas, c’est juste une invention stupide. Mais les couples peuvent durer sans que l’amour continue. C’est plus de la cohabitation au bout du compte. Mais je souris quand même en entendant sa phrase. Parce qu’il a l’air de vraiment le penser. « On reparlera de ça dans quelques années Téo. » S’il y avait bien quelqu’un qui allait finir seul, ce serait lui. Enfin pas seul à proprement parler, juste pas en couple. Quelques filles de passage dans sa vie, rien d’important. Je l’imaginais assez mal changer. Mais ne dit-on pas qu’il faut s’attendre à tout ? Je le regarde regagner la plage, ne pouvant retenir mes yeux de regarder ses fesses. Un sourire vient éclairer mon visage, je suis vraiment contente d’être là. Et je reste comme ça, sans trop bouger, somnolant au soleil, secouée légèrement par les vagues. Mon matelas se promène, sans trop s’éloigner de la plage. Et, alors que j’essaye de me tourner pour être couchée sur le dos, je tombe la tête la première dans l’eau. Je viens toucher le sable du bout des pieds et j’admire la vue sous-marine avant de remonter à la surface. Je jette un coup d’œil vers la plage, pour voir si Noam a remarqué que j’étais tombée mais je ne crois pas. En même temps, il est assez loin. Alors je décide de retourner sur la plage, je pourrais aussi y bronzer après tout. J’attrape le matelas et abandonne d’avance l’idée de remonter dessus. Alors je le traîne jusqu’à la berge en nageant du mieux que je le peux. Noam ouvre les yeux mais les referme rapidement, ébloui par le soleil sûrement. Je laisse le matelas sur le sable et me dirige vers les deux chaises longues. Et innocemment, j’essore mes cheveux au-dessus de son torse déjà sec. « C’est pour ton bien, tu risquais une insolation mon lapin. » Je souris, fière du surnom que je lui ai trouvé. En fait, j’aime bien le faire chier aussi, je dois l’avouer.

Il avait bien dans l'intention de profiter un maximum de ce séjour et alterner joyeusement bronzage et surf. Il savait qu'une séance de dédicace était organisée – sinon pourquoi était-il là ? - mais pour l'instant, ce n'était pas dans ses priorités. Allongée sur un transat, les pieds en éventails, les yeux fermés, il ne faisait qu'une chose : profiter. C'était le mot d'ordre en fait. Rien ne pouvait venir perturber un tel séjour. Même pas Téo. Il n'avait eut aucun scrupule à la laisser en plan dans l'eau, et peut-être que ça la soulageait finalement. Un bref instant il ré-ouvrit les yeux pour voir si elle ne se noyait pas d'ailleurs, et quand il l'aperçut entrain de sortir de l'eau avec son matelas gonflable, il referma les yeux, le Soleil le dérangeant également. Téo avait visiblement dans l'idée de venir bronzer à son tour, ou pas, en tout cas il pouvait l'entendre arriver à ses côtés. Mais il se contenta de rester neutre, et de continuer son bronzage. Jusqu'au moment où elle vint essorer ses cheveux au dessus de lui. L'écrivain sursauta et s'assit sur le transat alors qu'il lâchait un juron. Réflexe. « C’est pour ton bien, tu risquais une insolation mon lapin. » Il ouvrit les yeux en grand et tourna la tête dans sa direction. Il avait envie de se frapper pour avoir osé lui confier sa phobie des lapins. De plus, il avait l'impression de voir Marley-Sky en face de lui. Agaçante blonde qui s'amuse à lui pourrir la vie. Sauf que Téo était brune, mais ce n'était qu'un détail à ses yeux. Il se vengerait, ça, en tout cas, c'était certain. Cette nuit, demain, en rentrant à Montsimpa, il allait pourrir la vie de son assistante, mais cela façon Noam. C'est-à-dire, de façon comique et foireuse. « Mooonn lapin ? Genre, mon lapin ? » répéta-t-il, d'un ton dégouté, comme ci il devait parler d'amour et de choses romantiques. « J'me vengerai de cet affront ! » Il attrapa doucement le poignet de Téo et la tira à lui pour la faire basculer sur ses genoux. La forçant gentiment à venir contre lui alors qu'il riait et qu'il l'enfermait dans ses bras. « Sérieusement Laura Ingalls, va falloir calmer tes ardeurs ! » lâcha-t-il avec malice. Grand sourire sur ses lèvres, il prenait un malin plaisir à la serrer fort, faisant quand même attention à ne pas lui faire mal. Il ne savait pas trop pourquoi il en était venu à la surnommer Laura Ingalls, c'était sorti tout seul. Il s'allongea sur le transat, entrainant Téo dans sa chute avant de déclarer : « Et maintenant... on dort ! »

J’ai du mal à me souvenir de ce que j’avais imaginé pour ce séjour. Sûrement passer deux jours à bronzer, me baigner tranquillement, dans une chambre à moi, accompagner Noam faire ses quelques dédicaces et repartir, tout ça sans aucun problème. Mais rien de tout ça ne se passe comme prévu. Enfin j’aurais sûrement dû m’y attendre avec Noam. Moi qui aime tout organiser à la lettre pour tout contrôler, je suis assez perdue aujourd’hui. Mais en fait, ça a ses avantages. Parce que je m’amuse vraiment. Et j’embête Noam, pour me venger un peu de tout ce qu’il me fait subir depuis que je travaille pour lui. Même si je vais sûrement le regretter le connaissant. Surtout vu que j’utilise sa peur des lapins pour lui en faire un surnom. Petit plaisir sadique. C’est son truc les surnoms d’habitude, à mon tour pour une fois. « Mooonn lapin ? Genre, mon lapin ? » C’était exactement la réaction attendue. En fait, il n’est pas si dur que ça à cerner. « J'me vengerai de cet affront ! » Encore une fois, c’était prévu. J’y ai réfléchi avant d’agir. Mais voir l’énervement sur son visage plutôt que sur le mien pour une fois, c’est vraiment le pied. Il m’attrape et je ne cherche presque pas à me débattre. « Maintenant que j’y pense, tu ressembles un peu à un lapin, surtout quand t’as un peu de moustache ! » et je souris, joueuse. Il me serre plus contre lui et je me demande à quoi il joue. A part se tremper contre mon corps encore mouillé, je ne vois pas l’intérêt. « Sérieusement Laura Ingalls, va falloir calmer tes ardeurs ! » Quand il veut, il raconte vraiment n’importe quoi lui. Je voudrais bien me libérer mais il me tient trop fort maintenant. Je suis prisonnière. Enfin je pourrais toujours le frapper pour me libérer mais j’attends de voir le sort qu’il me réserve avant de lui faire mal. « As-tu seulement une petite idée de l’effet que tu me fais ? » S’il veut jouer, je peux suivre. Une voix aguicheuse, un sourire malicieux. Pas sûr du tout qu’il y croit mais le connaissant, il jouera le jeu. Juste parce que c’est la première fois que je lui fais un coup pareil. Et le voilà qui nous allonge sur la chaise longue. Enfin lui sur la chaise longue et moi sur lui. « Et maintenant... on dort ! » Son corps n’est pas si inconfortable en fait. Il ne me tient presque plus, ses bras juste passés autour de ma taille, mais je ne me dégage pas pour autant. « T’es un bon matelas en fait, j’aurais jamais cru. » C’est assez dur de devenir si un homme va être confortable en fait. Et c’est pas vraiment la première interrogation qui te vient à l’esprit en général. « Et tes heures de sport se voient, j’avais jamais fait attention. » dis-je en glissant mes mains sur son torse. J’ai beau joué à un jeu – assez dangereux au passage – je ne peux m’empêcher de penser que c’est vrai. Il a un torse bien formé. « Fais une bonne sieste mon lapin, je dormirais plus tard dans mon super lit moi… » Et pourtant, je pose mon oreille contre son cœur, sûre qu’il ne s’attendait pas à ça de ma part. Ce week-end est plein de surprises, pour lui comme pour moi.

Lorsque Téo le compara à un lapin une nouvelle fois, l'écrivain eut un imperceptible mouvement de recule, déserrant légèrement l'étreinte qu'il avait autour du corps fragile de son assistante. Cette comparaison, aussi enfantine soit-elle, écœurée plus Noam que ne le rendait joyeux. Il haïssait tellement les lapins qu'il n'arrivait pas à plaisanter sur le sujet. Il se contenta de rester allonger, les yeux fermés, ignorant sa présence entre ses bras. « As-tu seulement une petite idée de l’effet que tu me fais ? » demanda-t-elle d'une voix douce et charmeuse. Il aurait bien aimé continué de l'ignorer, de faire comme-ci sa remarque était anodine et sans intérêt, mais c'était plus fort que lui, Noam ouvrit les yeux, un sourire collé au visage, mi conquis, mi amusé par la situation. Il n'en croyait pas un mot, mais il appréciait le retournement de situation et la bêtise que Téo s'apprêtait à faire. « Tombe pas amoureuse de moi, je suis pas Ron Weasley hein ! » Ce n'était pas une mise en garde à proprement dit mais bon. Pendant un bref instant, il se demanda si Téo n'était pas pote avec la Marley-Sky. A ses yeux c'était obligé. Déjà la blonde qui le surnommait de vibro, et maintenant la brune qui essayait de le charmer. Il y avait un truc de pas claire qui se tramait entre c'est deux là, il en était convaincu. Quand Téo lui fit une espèce de compliment par rapport au matelas, Noam referma les yeux et se contenta de dire, amusé : « Profite. C'est pas tous les jours que tu pourras dormir sur un corps d'athlète. » Égocentrique comme toujours, mais il restait fier de voir que ces matinées passaient sur son vélo payées au moins. Même Téo le reconnaissait, pour preuve, elle ne pouvait s'empêcher de glisser ses mains sur le torse de l'écrivain qui se mit à sourire à son contact. C'était agréable, il n'allait pas non plus s'en plaindre. « Arrête, c'est toi le poney ! » ronchonna-t-il quand elle vint poser sa tête contre son cœur et qu'elle le surnomma de « mon lapin » une énième fois, ce qui agaça pleinement l'écrivain. Il fit doucement glisser ses mains dans le dos de la belle, s'amusant à caresser son dos et à sourire en constatant qu'elle ne partait pas malgré ce qu'elle pouvait dire. A cet instant il était partagé entre l'irritation et l'amusement. Parce qu'il ne pouvait s'empêcher de détester la façon qu'elle avait de l'appeler « mon lapin », un surnom qu'il n'aimait pas, mais à côté, Téo jouait l'aguicheuse et Noam ne restait pas indifférent. « Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour que tu tombes dans mes bras quand même... » souffla-t-il avant de rire bien que techniquement c'est lui qui l'avait fait tomber, mais il s'en fichait, il continuait de faire parcourir ses doigts dans le dos de la jeune femme profitant du moment.

La situation dans laquelle nous nous retrouvons me paraît totalement impensable. Et pourtant, je suis bien couchée sur lui, jouant à un jeu dangereux. Mais je suis habituée, je sais quand je joue la comédie et quand je ne la joue pas. Et là… En fait, je ne sais plus trop. Pourquoi devrait-il y avoir cette limite maintenant ? Je n’ai plus besoin de faire la différence entre ce que je ressens vraiment et ce que fais semblant de ressentir. Je ne suis plus prisonnière de ses bras, je peux me lever dès que je ne supporterais plus la situation. Mais pour le moment, je m’amuse. « Tombe pas amoureuse de moi, je suis pas Ron Weasley hein ! » Et pour une fois, je rigole à son humour pourri. « Parle pas trop vite, tu commences à avoir des reflets roux. Par… ici ! » dis-je en effleurant quelques mèches. Bien sûr, il est loin d’être roux mais qu’est-ce qu’il en sait lui de la couleur que prennent ses cheveux au soleil ? Et d’ailleurs, je ne suis pas non plus rousse comme Hermione Granger. « Profite. C'est pas tous les jours que tu pourras dormir sur un corps d'athlète. » Toujours tout en modestie bien sûr. Mais pour une fois, il ne se vante pas pour quelque chose qu’il ne possède pas. Enfin il ne faudrait pas non plus qu’il se prenne pour un homme super musclé comme dans les magazines donc je ne vais pas me gêner pour le rabaisser un peu. « C’est vrai que tu offres une bonne solution de remplacement quand je n’ai pas le torse de Gabriel. » Lui rappeler tout en douceur que j’ai un copain. Même si je ne suis toujours pas sûre à deux cents pour cent qu’il y croie. Ce Gabriel est de plus en plus parfait plus je m’enfonce dans ce mensonge. Mais quitte à m’inventer une vie, autant qu’elle soit intéressante. « Arrête, c'est toi le poney ! » Et j’esquisse un sourire, la tête toujours appuyée sur son torse. Pour une fois, je peux l’embêter avec quelque chose, l’embêter comme il m’embête depuis déjà quelques mois. Et il ne le supporte pas. Il a vraiment un problème contre les lapins. Certains imaginent la vision d’une vieille grand-mère toute ramollie pour débander. Je suis sûr que pour Noam, il visualise un lapin et c’est bon. A cette pensée, je rigole toute seule. Cette histoire de lapin, je ne vais pas la lâcher en tout cas. Pendant que mes pensées s’égarent, je sens ses mains me glisser dans le dos. Le contact de sa main chaude sur mon dos encore humide est loin d’être désagréable. En fait, si j’oublie sur qui je suis couchée, je pourrais presque croire que je suis avec ce Gabriel. Et j’apprécie le moment. « Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour que tu tombes dans mes bras quand même... » Et il rigole, fier de lui. « S’il faut que tu me payes un voyage paradisiaque juste pour pouvoir me tenir dans tes bras, j’espère que tu as de l’argent ! » dis-je sur le ton de la plaisanterie avant de réaliser ce que je viens de dire. Bien sûr, ça n’implique rien pour lui. Mais parler d’argent comme ça, ça me gêne. Parce que j’en ai honte. Alors je reste silencieuse, comme si j’avais fait une bêtise. Pourtant, il va peut-être se poser des questions si je change de comportement tout à coup. Ou bien il ne va rien remarquer et je me fais des idées. « J’ai faim, pas toi ? » Et je relève mon visage, me soulevant un peu à l’aide de mes bras. Et je remarque son regard un brin pervers. A moins qu'il ait toujours le regard un peu pervers ? « Pas de ça idiot ! » Je lui donne une petite tape sur le ventre avant de me relever difficilement. Je m’étire sans me soucier de son regard sur moi. On a vu bien pire. « Self-service ou on essaye le restaurant ? » Je lui laisse le choix, qu’il en profite. Même si je me sens tellement fatiguée que je serais plus tentée de rester dans le confort de la chambre d’hôtel.

Il se contenta d'un soupire pour seule réponse lorsqu'elle vint lui faire une remarque sur sa couleur de cheveux et le fait qu'il était une « bonne solution de remplacement ». Peut-être qu'elle disait vrai à propos des cheveux roux, ou peut-être qu'elle mentait, Noam ignorait cela. Et sur le moment il s'en fichait bien. Puis si c'était vraiment le cas, la logique faisait qu'ils termineraient ensemble puisque c'était le cas pour Hermione et Ron dans la saga. Franchement, à bien y réfléchir, Noam n'allait pas s'en plaindre si des cheveux roux lui apparaissaient sur la tête. Par contre, la remarque concernant Gabriel, c'était un coup à refroidir l'écrivain. Il ouvrit les yeux et lui adressa un regard mécontent. Il détestait la façon qu'elle avait de toujours venir le casser dans ses délires, à croire que justement elle cela l'amusait. Noam continua à faire glisser sa main dans le dos de son assistante quand il lança doucement : « Quitte-le. » Il ne pouvait pas être plus claire. Inutile de préciser qu'il parlait de Gabriel, c'était assez évident et Téo le comprendrait toute seule. Ça lui était égal de savoir qu'il était parfait ou plus attentionné, pour l'instant il courait sur le système de Noam et ça commençait à doucement l'énerver. Et cela bien qu'il parut quand même soulager de constater que Téo avait décidé d'arrêter de le tanner sur cette histoire de lapin. Sérieusement, ça le faisait flipper. Il continua de caresser son dos, ne se stoppant même pas lorsqu'il sentit Téo rire contre lui. La voilà qui se tapait des délires toute seule. Mais de nature peu loquace et pas spécialement très curieux non plus, Noam ne lui posa aucune questions alors qu'il continuait son manège. Il ne pu néanmoins s'empêchait de lançer une remarque à laquelle il rigola tout seul, tandis que Téo rétorquait à son tour en plaisantant : « S’il faut que tu me payes un voyage paradisiaque juste pour pouvoir me tenir dans tes bras, j’espère que tu as de l’argent ! » Le sujet n'avait pas spécialement l'air d'amuser son assistante et Noam baissa les yeux vers elle pour chercher son regard. Mais elle resta là, allongée contre son torse et gardait le silence. Peut-être que Noam se faisait des idées après tout, ils ne se connaissaient pas tant que ça dans le fond. Alors étrangement, craignant d'avoir blessé la jeune femme, il se contenta de passer son autre bras dans le dos de Téo, comme pour la rassurer et la réconforter. « J'achète pas les gens ma belle. » avoua-t-il néanmoins. Mais elle semblait vouloir changer de sujet de conversation et releva le visage vers Noam, lui avouant avoir faim alors qu'elle se retenait sur ses mains, son visage se trouvant au dessus de celui de l'écrivain. Là, comme ça, il s'imaginait tout un tas d'autres choses que partir manger et le regard entendu qu'il lui adressa prouvait qu'il avait de meilleures idées pour eux. « Pas de ça idiot ! » Il se mit doucement à rire lorsqu'elle lui fit une tape sur le ventre et qu'elle se mit debout pour s'étirer alors que Noam ne se gênait pas pour à nouveau laisser son regard parcourir le corps de son assistante. Autant en profiter hein. Et lorsqu'elle lui demanda de choisir entre self-service ou restaurant, l'écrivain rétorqua simplement d'un ton désinvolte : « Je m'en tape. Fais ce que tu veux. » lâcha-t-il, retrouvant son côté emmerdeur qu'on lui connaissait si bien alors qu'il se levait enfin. Quelle délicatesse ! Son sourire de merdeux s'agrandissait tandis qu'il passait à côté de Téo. Il entra dans la chambre et attrapa son ordinateur qu'il avait laissé allumé avant de partir se baigner. Le restaurant, ça le branchait pas trop. Ok ouais il aurait pu jouer au mec super galant qui accompagne la fille qui l'intéresse au restaurant, mais sérieux, non, Noam il faisait jamais ça. Et cela ne commencerait pas maintenant. Il ferma le clapet de son ordinateur et retourna vers le lit afin d'en retirer la couverture pour la poser sur le sol. « T'as le droit au lit mais on a jamais dit que tu aurais la couverture en plus. » expliqua-t-il le plus naturellement du monde avant d'attraper délicatement la main de son assistante et de la tirer vers lui afin de coller son corps contre le sien. Une de ses mains vint se poser habillement sur la hanche de la jeune femme. Il plongea doucement son regard dans le sien alors qu'un sourire espiègle apparu aux coins de ses lèvres. Ses idées qu'il avait pu avoir quand Téo lui avait demandé si il avait faim lui revinrent doucement en mémoire. « Tu ne veux toujours pas dormir avec moi ? » C'est qu'il était borné en plus d'être con.

« A tous les hommes sur le point de se marier, fuyiez pendant qu'il est encore temps. » récita-t-il après la remarque de Téo sur le mariage. C'était la citation écrite à chaque début des romans que pouvait écrire Noam. Parfois ça n'avait aucun rapport avec le contenu du livre, mais ce n'était pas un soucis. Cette citation, il se sentait obligé de la mettre. Non pas qu'il ne croyait pas au mariage, mais bon, à ses yeux c'était comme la Saint Valentin, un truc commercial juste pour se faire remarquer. Cela dit Noam échappait toujours au 14 Février en amoureux, parce que c'était son anniversaire ce jour-là. La bonne excuse, ça l'arrangeait bien. Il avait simplement fini par garder le silence, laissant Téo faire ses commentaires ou rire toute seule contre lui. Même le sujet sur l'argent semblait clos car il paraissait mettre de toute évidence Téo mal à l'aise. Quand à cette histoire de repas, Noam s'en fichait. « Ok, laisse tomber. Je vais commander deux-trois trucs. » répondit-elle d'un ton sec et froid. Voilà qu'elle se vexait. Il n'y pouvait pas grand chose Noam si son ton désinvolte et je-m'en-foutiste reprenait sans cesse le dessus. Il ne savait pas se montrer gentil plus de trois secondes, de toute façon Téo c'était tellement fait une mauvaise image de Noam qu'elle ne voyait pas au-dessus de cela, et l'écrivain n'avait pas dans l'intention de démentir quoique se soit. L'opinion des autres n'était pas quelque chose à laquelle il s'intéressait particulièrement. Bien au contraire. Mais voir que Téo semblait blessée par ses paroles dérangea Noam qui la suivit du regard tandis qu'elle prenait le téléphone en main et qu'il posait la couverture sur le sol. Il leva les yeux au ciel, blasé par les propos que Téo lui adressa après. Finalement il haussa les épaules, pas plus perturbé que ça. Ça commençait à doucement l'agacer de constater qu'elle le méprisait. Parfois il se disait qu'il devrait la virer, peut-être qu'elle se sentirait soulagée de ne plus avoir à s'occuper d'un mec arrogant comme lui, parce que visiblement c'est la seule image qu'elle se faisait de lui. « Crois-moi Téo, je sais me contrôler, je viens de penser à Bugs Bunny. » dit-il, alors qu'il lui adressait un clin d'œil complice. C'était faux naturellement, mais il était doué dans l'art de mentir et puis comme il n'avait pas dans l'intention de s'excuser. Pourtant il restait là, face à Téo, à la regarder doucement et gentiment, cette lueur joueuse qui animait ses pupilles habituellement avait disparu. Sa main libre vint se glisser à nouveau dans celle de son assistante tandis qu'il cherchait le regard de la belle qui s'obstinait à l'éviter. Noam aimait se dire que c'était dû à leur proximité qu'elle était gênée, et non parce qu'elle ne l'appréciait pas. Il resserra doucement l'étreinte qu'il avait autour de Téo alors qu'il vint lâcher sa main pour la poser sur le menton de la jeune femme. Doucement il tourna son visage pour retrouver son regard et plonger le sien dedans. Et pour une fois, l'écrivain n'avait aucune remarque déplacée à lui dire. Il aurait pu, certes, comme toujours, mais il trouvait que ce n'était pas le bon moment pour faire une plaisanterie douteuse. Noam ignorait si c'était le côté fragile de Téo qui le touchait réellement ou si c'était parce qu'il s'en voulait de l'avoir vexé, en tout cas pour une fois il voulait faire quelque chose de bien. Les yeux toujours ancré dans ceux de son assistante il approcha son visage du sien et doucement il lâcha : « Bon bah, bon appétit. » Ah bah non finalement, il restait fidèle à lui-même. Un con.