Tout le temps fatigué, toujours sur les nerfs, sous ordre de ton amie Primrose, tu as été mise sous repos forcé. Un mal-être et à la fois une bonne chose. Oui, ce congé te permettrait enfin d'emménager dans ton nouvel appartement. Bridgeport, très différent de Montsimpa et surtout loin de cette vie que tu avais eue autrefois, t'as paru un bon choix de nouveau départ. Nouveau départ... Effrayant et pourtant si excitant à la fois. Même si tout est morose dans cette vie que tu as acquise en ayant fait de mauvais choix, pour une fois tu peux dire que tout va bien. Oui avoir un chez soi y est pour beaucoup. Vêtu d'un débardeur blanc sous une chemise à carreaux avec un simple legging noir, tu attaches tes cheveux très rapidement sans faire attention à la texture. Pinceau en main, tu regardes le mur blanc de ta chambre. En plein milieu de la pièce tu décides de t'asseoir et de réfléchir. Comment pouvait-elle te représenter ? Chose sûr, le blanc ne fait plus partie de ta nouvelle vie, tu n'as confiance en personne pour laisser ce blanc exister. Purement inspirer, tu installes ton iPhone dans la chaîne de musique. A fond, tu laisses le son de can't touch this s'imprégner de ton appartement, tu peux mettre le volume à fond, tu sais que personne ne viendra frapper à ta porte. Un avantage de Bridgeport sûrement. Un petit pas de danse et tu commences à te déhancher inlassablement sur cette musique que tu mets dorénavant en mode repeat. T'emparant d'un pinceau moyen, tu plonges les poils de la brosse dans la peinture noire. Non tu ne vas pas peindre ta chambre en noir, mais tu vas écrire en noir. Tout ce qui te passe par la tête, toutes ses paroles de chansons déprimantes sur lesquelles tu as pleuré ses derniers mois. Ses mots seront là pour te rappeler qu'un jour l'on t'a blessé, mais que tu as fini par t'en relever, comme toujours t'as envie de dire. C'est fou ce que la vie peut-être gênante. Un jour tout va bien, un jour tout va mal sans que tu y sois préparé. Tu t'en sors de nouveau, mais la vie n'est jamais facile alors tu t'attends toujours au pire. Sur un dernier morceau blanc et libre de ton mur, tu inscris amen omen pour finir en beauté. Un sourire sur tes lèvres, tu sors de la pièce pour en voir le résultat. Passant la main sur ton front, ton pinceau effleure ta peau et y laisses donc tout naturellement une trace de son passage. La sonnette te fait signe. Un peu surprise, tu te regardes sur le miroir de ton hall d'entrée et tu ris en voyant à quel point tu avais l'air stupide avec ce noir sur ton front. Toujours te déhanchant sous la musique, tu ouvres la porte un peu beaucoup amusée. Un sourire que très rapidement tu perds en claquant la porte. Dans le miroir de glace, tu peux voir à quel point tu es décomposé. T'appuyant contre la porte, tu as un coup de chaleur. Trop de pression, tu réfutes une crise. Glissant contre la porte, tu soutiens ton visage de tes mains tremblotantes. Te refermant sur toi-même, tu hurles. « Va t'en ! » Je t'en supplie laisse-moi.

code par losing game.

Être derrière cette porte, te donne ce sentiment de prendre la fuite, mais tu ne la fuis pas, tu l’évites juste. Non, tu ne l’évites même pas, tu n’en prends plus la peine parce que pour toi tu tentais d’oublier son existence. N’est-ce pas ce que tu lui as dit ? Qu’elle était morte pour toi ? Alors pourquoi tu restes derrière cette porte en sachant pertinemment qu’elle ne se laissera pas convaincre par ton minable minaudement ? Entre quelques sanglots silencieux, tu entends Rafaelle t’implorer pour que tu l’écoutes. Relevant légèrement ta tête, tu voix ton reflet pitoyable sur le miroir en face de toi et tu attends. Dans son soupire, des mots s’échappent de sa bouche, mais tu as du mal à les entendre, car tu te concentres plutôt sur le fait que tu distingues que son corps frôle cette même porte. « Il n’y a pas de justification à ce que j’ai fait… J’ai tellement déconné. » « Je suis tellement désolée. Je ne suis pas parfaite, j’ai mes failles comme tout le monde. » Drôle d’excuse, pour ta part ce n’est pas avec ce genre de phrase surfaite que tu serais prête à oublier. Non, jamais tu ne cesseras d’oublier ce qu’elle t’a fait. Que Logan faute, encore ça ne t’étonne pas, mais que ta meilleure amie, celle que tu considérais comme ta sœur, en fasse de même, ça, tu ne serais pas prête à l’oublier, même si tu le voulais. « Judas, j’ai tellement besoin de toi. » Son ton est implorant, tu discernes des sanglots dans sa voix, oui elle s’en veut, mais tu n’es pas prête ! Est-ce si dure à comprendre que tu n’en as pas la force ? A cet instant, tu regardes ton image sur cette glace, dans ton regard tu ne discernes aucune haine, en fait tu ne discernes rien du tout. Il y a juste toi, Judas Vantini, si vide que même toi tu finis par te demander qu’est-ce que tu fais encore dans ce monde. Dans un élan, tu ouvres la porte brusquement en oubliant que Rafaelle est assise appuyé contre cette porte. Sans étonnement, à la suite de ton geste, elle tombe affalé devant toi. D’une certaine manière, la situation est comique. Sauf qu’il n’est pas le temps de rire, puis même ça fait tellement longtemps que tu n’as pas esquissé de sourire que tes muscles sont incapables de se décontracter. Par pure politesse, tu aides tout de même ton ancienne amie à se relever en lui tendant la main. Elle te regarde un moment, puis finis par accepter ton aide. Sans un mot tu poursuis dans ton appartement, lui laissant la porte ouverte pour qu’elle y entre. Tu te diriges dans la cuisine, profitant de mettre de l’eau dans la bouilloire pour te faire chauffer un thé. Tu entends le siège de la table bouger, Rafaelle s’installe. L’eau chauffe, de la fumée en sort, tu es absorbées, mais tu n’oses pas la regarder. Tes mains tremblent, tout ton corps tremble en fait. Soupire. « Qu’est-ce que tu attends de moi exactement ? »

code par losing game.