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Je regarde la fumée s’élever de loin, et je me dis que j’aimerai bien y aller. La soirée de Noël de Montsimpa. La bonne humeur, le feu qui réchauffe le cœur et, qui sait, peut-être l’âme sœur qui se promène dans le parc. Mais je rêve certainement, comme toujours. Il n’empêche que ça me changerait certainement les idées, qu’un chocolat chaud me ferait du bien, et que tout cela éviterait que je me sente trop seule le soir de Noël. Le réveillon que je partageais avec Perry me manque, mais j’ai choisi de vivre ici, et je dois assumer. Je soupire et je me motive. J’attrape mon manteau, mon bonnet à pompons et mes gants, et je m’aventure dans le froid glacial de l’hiver. Les étoiles brillent dans le ciel, et j’imagine que ce sont des milliards de petits êtres qui observent le monde, du plus pervers au petit être le plus avenant… Je fermerai mes rideaux la nuit, désormais. A mesure que j’approche du feu de camps, je sens la chaleur s’infiltrer à travers mon manteau, et je ne peux m’empêcher de sourire lorsque j’entends le bruit joyeux de la foule qui est venue fêter Noël. Ca me donne envie de m’amuser, de profiter de l’instant quoi. Un bénévole m’aperçoit et me force à prendre du chocolat chaud, je lui souris et l’accepte avec plaisir. Les mains réchauffées par le gobelet, je me sens comme une enfant, un peu intimidée par tout ce monde. Je croise quelques têtes connues, certaines personnes me saluent, mais il me semble que tout le monde a trouvé compagnie. J’avance, la tête en l’air, et bouscule quelqu'un. « Oh, pardon ! » Je jette un coup d’œil à mon gobelet, mais l’accident a été évité. « Heureusement, l’esprit de Noël veille et je n’ai rien renversé ! Bonne soirée. » Je souris à la personne et bois un petite gorgée de chocolat.

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C’est un jeune homme que j’ai percuté, assez mignon d’ailleurs - mais il a l’air un peu plus jeune que moi donc j’arrête de penser à un flirt de Noël. Je m’apprête à repartir alors qu’il me souhaite poliment une bonne soirée, parce que je suis certaine qu’il s’en va rejoindre des amis à lui (après tout, je dois vraiment être la seule à passer Noël seule, non ?) mais, pourtant, il se met à discuter, quoiqu‘un peu timidement. Je souris alors chaleureusement, contente de trouver quelque un avec qui papoter un peu, même si ce n’est seulement que pour le début de soirée. « Ca ne semble absolument pas bizarre que tu connaisses personne. » Je ris un peu, me moquant gentiment. Je mens, bien sûr, ça paraissait totalement bizarre mais je n’allais pas lui asserter lui contraire alors que je suis moi-même seule pour cette soirée. « Comme tu le vois, je suis dans le même cas que toi. » Il se présente alors, et je lui serre la main, prenant garde cette fois-ci à ne pas faire n’importe quoi avec mon chocolat chaud. « Enchantée alors! » je m’exclame, tout à fait ravie. L’esprit de Noël encore une fois, certainement. « Pour ma part ce sera Eli. Je ne te révèlerais pas mon prénom entier, je suis ici en couverture. » Je ne sais absolument pas ce que je raconte, mais je m’amuse, et le lait a dû me monter à la tête (pour certains, ça fait ça avec l’alcool, mais ces gens là ne sont pas normaux - c’est ce que je me dis tout le temps pour me rassurer). « On va t’attraper un chocolat chaud, qu’en dis-tu ? Les enfants adorent ça ! » Je me rends compte que je le taquine et que certaines personnes n’aiment pas ça, mais je ne peux pas m’en empêcher en voyant son visage un peu juvénile emmitouflé dans ce bonnet… Allez, disons que c’est encore l’esprit de Noël ! (j’adore reporter la faute sur des choses qui ne peuvent pas se défendre, c’est facile et sans danger !)

La fête. Ils ne parlent tous plus que de ça. Je ne vois plus que ça. Même la nuit, gouffre habituel de ma solitude, s'est jointe à la partie. Je vois toutes ces attractions, vile illusion du bonheur. Un jour, ils comprendront que ce n'est là qu'une oasis, et que ce sont les petits bonheurs que l'on croit le plus futile qui sont réellement bien. Au fond, cette fête n'est rien, elle n'apportera rien. C'est uniquement ce que les gens en font qui peut la rendre magique. La magie se crée, elle s'attise, elle grandit des actions des hommes. Il n'y a rien de surnaturel là-dedans. Et croyez-moi, je suis pourtant bien placée niveau surnaturel. Très peu savent se servir de cette magie, apparemment. Ils préfèrent tous se pencher sur les objets, vouloir faire les meilleures affaires, et en oublient de profiter de cette ambiance faite pour être familiale. Si elle n'est pas familiale, elle pourrait être amicale, elle pourrait être faite pour renforcer de beaux souvenirs une relation même débutante. Mais ils n'ont rien compris. Ils sont tellement matériels. Quand on ne connaît plus la possession, on se rend compte que seuls les sentiments restent là. Les pires vous assaillent alors, vous secouent de regrets. Et vous vous retrouvez alors comme moi, complètement prisonniers, à ne plus pouvoir rien faire, si ce n'est les voir vivre, les voir faire la même erreur. Je ne peux pas dire que si je retrouvais la même vie, je ne ferais pas la même erreur. Emporter dans le tourbillon, pouvons-nous réellement contrôler notre place au milieu de tout, pouvons-nous nous estimer au dessus de ce lien que le monde entier s'est créé ? Ce soir, c'est pire que jamais. C'est Noël, et ils se font tous avoir par ce qu'il croit être la magie de Noël, mais qui est depuis bien des années seulement le commerce, toujours davantage. J'ai entendu parler du feu de camp qui se déroule ce soir, alors sans vraiment m'en rendre compte, je me laisse moi aussi emporter dans cette tempête commerciale. Je n'ai pas de cadeaux, mais je rêve de pouvoir tenir dans mes mains un lait de poule et de m'asseoir près du feu. J'aimerais me protéger du froid avec une couverture que je partagerais avec quelqu'un que j'aime. Mais je n'ai aucune sensibilité au froid, et je suis cloîtrée dans une solitude infinie et inévitable. Je vois que pas mal de gens se sont réunis pour cet événement. J'en reconnais d'ailleurs certains. Je les vois tous se rassembler autour de ce feu de camp qui éclairent chacun de leurs visages, et probablement chacun de leurs cœurs. Je me laisse moi-même gagner par cette chaleur humaine qui m'adoucit le cœur et supprime quelques unes de mes amertumes et quelques regrets. Des têtes familières arrêtent alors mon regard. Je vois alors cette blonde. Je la connais, pour sûr. Je m'approche alors vers elle, zigzaguant entre les gens comme si je devais me frayer un chemin, alors qu'en réalité, je les traverse dès que je le veux. Je déteste cette sensation alors j'évite. Je m'approche d'elle pour savoir ce qu'elle fait en ce moment. Andie, c'est son prénom. Me voilà désormais derrière elle, et je n'ai aucune possibilité pour me montrer présente. Soudain, je sursaute. Quelqu'un passe exactement où je suis, et je passe donc au travers. Bon sang, il pouvait pas faire attention ? Je soupire alors, oubliant que chaque parole que je prononce peut être entendue.