Je erres comme un pantin sans âme dans cette maison sans coeur, ou du moins sans le mien. C'est même pas ma maison, c'est une putain de prison dans laquelle je suis enfermé pour raison thérapeutique. Mes fesses ouais. Je suis un fauve qui tourne en rond dans une cage trop petite, j'ai besoin d'air, de sortir de cet enfer, j'étouffe. Je suis Danaé Snow et c'est pas une connasse qui se prétend être ma femme qui va me dire quoi faire éternellement. Alors ce que je fais, ben je dis merde au monde qu'on essaie de me créer, j'enfile un manteau et je me casse de cet endroit maudit. Je me retrouve dans une rue que je ne connais que trop bien à force de l'avoir parcourue de long en large en essayant d'échapper aux voisins psychopathes qui sont de mèches avec ma blondasse de femme. Cette fois, je décide de m'enfuir comme un voleur en me disant qu'ils ont moins de chance de me reconnaître si je vais plus vite - idée stupide venant de ma part, je le reconnais -, j'arrive au bout de la rue, ça sonne comme un miracle, j'ai limite envie de hurler de joie, j'avais jamais pu dépasser cette limite avant. Sauf que je me retiens, ça pourrait alerter quelqu'un. Après je continue, j'enfuis mon visage dans mon manteau au cas où et je marche, je marche, sans savoir où je vais, je pars à la découverte de la ville. Et je vais surement me perdre mais je m'en fou, je veux me perdre, que plus personne ne me retrouve jamais, je veux être libre ! Je passe devant un salon de beauté et de tatoo. Et là, j'ai franchement l'idée du siècle. Si je suis tatoué, je peux prétendre être un sosie, non ? Ou du moins, je peux faire chier et ça me va. Alors j'entre, en espérant que je peux me faire tatouer dans l'instant, n'importe quoi d'imposant. J'espère qu'ils acceptent les payements en nature...

Le froid me brule les oreilles, mais je marche, droit devant moi, doucement, ma vision floutée par l'alcool qui coule encore dans mes veines, je sens l'effet des nombreux verres pris il y a quelques minutes dans ce bar, ouai on peut le dire clairement, je suis complètement ivre, et cela ne m'était pas arrivé depuis de nombreuses années, à vrai dire je ne sais même plus à quand ça remonte, être un bon père de famille et un mari parfait ça exclu les cuites, évidemment, mais là j'ai simplement lâché prise, pourquoi continuer à faire semblant, je suis foutu, piégé dans un mariage qui ne devrait pas exister, vivant à deux pas de mon ex avec qui je viens de coucher, mais qui de toute évidence, me hais toujours, normal après ce que j'ai fais. Alors pourquoi résister, perdre le contrôle, se laisser juste une fois n'a jamais fait de mal à personne! Je erre dans cette rue dont j'ignore totalement où elle mène, je ne sais même pas pour quelle raison je n'ai pas pris ma voiture, merde ma voiture ! Tant pis, ce n'est peut-être pas raisonnable de conduire de toute façon là. mais le froid me transperce  la peau telles des centaines de lames à travers mon manteau pourtant bien épais, je décide, du moins mes pieds me guident vers le premier bâtiment que je croise, je ne lis même pas l'écriteau, je m'arrête juste un instant, laissant entrer un homme qui me passe devant sans me voir visiblement, trop soûle pour lui faire remarquer, je le laisse entrer et fais de même. Je balaye la pièce du regard mais impossible de reconnaitre cet endroit, j'aperçois le type qui m'a dépasser dehors et me dirige vers lui en titubant. "Excuses-moi mec mais on est où là ?" Autant se renseigner.