| Sujet: MOVES LIKE JAGGER ▬ p e r r y & d a n n y Sam 12 Nov - 3:16 | |
| DANNY W. STONEM & PERRY W. JAGGER Moves like Jagger ! Tandis que Sergi ronfle sur l’un des pouffes du salon, je me retrouve vautré sur mon canapé, part de pizza en main, à fixer telle une otarie complètement stone l’écran de ma télévision. Aujourd’hui, c’est l’histoire d’une jeune fille obèse, qui, pour enfin trouver l’amour, a décidé de passer sur le billard pour se faire charcuter l’estomac. On découvre sa vie, sa famille, ses petites habitudes, ses rêves, ses espoirs, et ses coups de blues. Bref, c’est une histoire parmi tant d’autre que l’émission «c’est ma vie» a décidé de conter. Choix judicieux ! Si on prend en compte le fait qu’une grosse majorité des ménagères sont friandes de ce genre de sujet, et qu’une partie non négligeable de dépressifs comme moi n’ont rien d’autre à foutre de leur journée. Je tire mon chapeau. La réalisation est soporifique à souhait, mais tant que je n’ai pas appuyé sur le bouton arrêt, je suis partisan de l’audience. On devrait d’ailleurs me donner une médaille pour ça. Je gaspille du fric pour une série documentaire totalement inutile, avec comme protagonistes des personnages dénués de tout sens de l’honneur et sans aucune fierté ; des pigeons bêtes comme leur pied qui courent après une médiatisation résolue à n’être vécue que l’espace d’un court Dimanche après-midi. Enfin, passons. Je croque dans ma pizza aux trois fromages, je mâche brièvement et j’engloutis le tout comme tout bon Américain en surpoids qui se respecte. Mon ventre vibre sous le trop plein de gras, puis s’en contente, et en réclame. De la drogue cette merde, voilà c’que c’est. Et légale en plus. Elle vous bouche les tuyaux et vous étouffe dans votre lard lentement, avant de vous clouer dans un lit et ainsi vous confronter au temps qui passe sans que vous n’en profitiez. Vous devenez des larves. Je deviens une larve. Non, attendez. J’en suis une depuis déjà une bonne semaine, si j’en juge par l’odeur plutôt douteuse de mon enveloppe charnelle. Oui, ce n’est pas très frais tout ça. Tant pis, Sergi lui ne s’en plain pas. A moins que ? […] Putain. Putain de putain de putain de merde. Qui ose sonner en plein milieu de la journée ? Journée destinée au repos, de surcroît ! J’attends que la personne en question parte. Mais la sonnette retentie de plus belle. Une deuxième fois. Une troisième. Moment de blanc. Une quatrième fois. Je grogne, Sergi se réveille et semble me jeter un regard de compassion. Oui, lui aussi il voulait continuer à comater sur son pouffe douillet. Cinquième coup de sonnette, avec en prime une porte martelée. Je décide de me lever, sans prendre la peine de remettre correctement mon haut de pijama XXL difforme et tâché, troué de tous les côtés, ni même de m’essuyer le coin de la bouche, marquée par des traces oranges de sauce tomate. Et encore moins de me recoiffer vivement, ou de mettre un coup de déo sous les bras. Non. J’y vais à la wanegen bistoufly. Tant pis pour les petits yeux et les petites narines fragiles de celui qui se trouve derrière la porte. Il n’avait qu’à choisir un autre jour ! […] J’ouvre alors, découvrant un jeune homme brun, de ma taille. Mignon. Mais qu’importe, j’hausse un sourcil, empruntant un ton rauque, désintéressé, blasé. « C’est pour quoi ? »
(c)LF&D. |
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