Un matin calme. L'automne était finalement présent et le soleil commençait à peine à se lever lorsque Rebekah se leva. Depuis que son aînée ne vivait plus chez eux mais en colocation, les réveils se faisaient vraiment plus calmes. Mais ce matin, de toute façon, Rebekah aurait fui la tornade pour rejoindre une tempête, la tempête de sentiments qui lui éveillait sa passion pour la photographie. En effet, après avoir petit déjeuné seule chez elle, elle était doucement partie en ville. Il y avait des jours où elle aimait prendre en photo la nature, mais ce jour-là, elle voulait être le témoin immobile de scènes qui semblaient à la fois si habituelles et dénuées de sens, mais qui, en soit, étaient toutes plus uniques et magnifiques les unes que les autres. Adossée au mur d'un des immeubles de la ville, elle se sentait presque privilégiée en pouvant observer ainsi tous ces détails d'un quotidien qui nous semblait parfois lugubre et qui là en fait, semblait apaisant. Elle n'arrêtait de prendre des instantanés qu'au moment précis où elle sentait que chaque moment capturé se répétait. Il fallut une heure avant qu'elle ne finisse par remettre son appareil dans son sac. Ses yeux scintillaient, elle était inspirée. Elle se dirigea ensuite vers chez elle où elle déposa son appareil avant de se changer. Elle avait décidé d'aller ensuite faire un tour au parc de la ville, pour respirer un peu d'air frais et de verdure, que nous prodigue la nature, mais aussi pour y retrouver une amie. Ses pas la menèrent donc finalement à ce lieu simple où elle marcha à la recherche de cette amie avec qui elle avait rendez-vous. Mais elle ne semblait pas là. Tant pis, cela ne pouvait l'empêcher de profiter du passage ininterrompu des gens. Nous étions samedi, et elle avait vraiment besoin de repos après une semaine à l'université. Elle ne s'asseyait pourtant pas sur un des bancs, préférant largement laisser défiler ce paysage à la fois naturel et artificiellement sculpté.

C'était une de ces journées où le monde vous semble si énigmatique. Une de ces journées où un rien peut vous émerveiller. Comme si le soleil qui faisait briller la rosée du matin était la plus belle chose du monde. Et en fait, peut-être que ce l'est. Ça, et tant d'autres magnifiques paysages que notre belle planète nous réserve. Et ces gens. Ces gens qui courent, ces enfants qui crient, ces vieilles dames qui lisent sur les bancs de parc, ces hommes qui courent, qui courent après les jeunes et qui courent après leur santé, ces chiens qui n'écoutent pas leurs maîtres parce qu'au fond, pourquoi ce ne serait pas le contraire ? Cette vie, cette ambiance, ce rythme du temps qui me faisait sourire alors que je marchais, complètement livrée à moi-même, dans le parc. C'est beau, la vie. C'est beau, le rire des autres. Alors que je déambulais dans les sentiers de pierres du parc, à travers les arbres et les gens pressés ou détendus, je regardais autour de moi. Je contemplais la nature. J'examinais les gens. J'essayais de me mettre à leur place ; de voir ce qu'eux voyaient. Et quand cette grande blonde, belle et élancée, entra dans mon champ de vision, je compris que je n'étais pas la seule. Je n'étais pas la seule à garder en mémoire chaque prise de vue, telles un million de photographies. Je n'étais pas la seule à apprécier la beauté de cette journée pourtant si normale à première vue. Il fallait s'attarder au temps qui passe, tout simplement. Je m'avançai vers elle, un sourire aux lèvres. Je ne me sentais pas abrutie de l'aborder ; je savais qu'elle me comprendrait. « Je pourrais passer ma journée à les regarder vivre dans ce décor, moi aussi. » Elle se tourna vers moi, visiblement - et évidemment - surprise d'entendre quelqu'un l'aborder, elle qui était plongée dans sa bulle et dans ses réflexions. Je lui adressai un sourire sincère, heureux, paisible.

Chaque seconde était différente. Chacune d'entre elles avait une importance spécifique dans la journée qui ne faisait alors que commencer. Et pourtant, les uns comme les autres, nous avons tous cette tendance à regarder chaque seconde comme du temps qui file et qu'on doit saisir, sans chercher à les comprendre. Dans les grandes villes, cela se résumait même à courir, alors qu'en fait, il fallait utiliser tous nos sens pour percevoir la réalité qui nous entoure. Ainsi, silencieuse, Rebekah avait fait de cette philosophie une manière de vivre, marchant tranquillement dans cet univers de verdure installé au milieu de cette ville qu'était Montsimpa. Seconde après seconde, elle regrettait d'avoir été déposé son appareil photo chez elle avant d'être venus là, car le parc était un endroit encore plus vivant que les rues par le paradoxe qu'on y trouvait si régulièrement, ce paradoxe entre la nature et l'urbanisation, voyant des dizaines et des dizaines de corps se dépêcher, appareils électroniques sur les oreilles ou dans les mains, tandis que la nature les entourait de ses bras délicats. Puis, une fois parvint à ses oreilles, suffisamment près pour qu'elle comprenne qu'elle en était l'adresse. Elle en fut en effet surprise, ne connaissant pas la personne qui lui parlait, mais surtout ne s'attendant pas à être interrompue en pleine méditation et observation. Les paroles qu'elle entendit la firent néanmoins sourire. Parfois, quand quelqu'un vous abordait, c'était pour vous demander l'heure, un lieu, mais là, cette jeune femme venait lui faire comprendre qu'elle partageait la même vision des lieux. Sans aucune gêne, Rebekah répondit donc aussitôt, regardant sa nouvelle et inconnue interlocutrice "- C'est un lieu incroyable. J'ai toujours vécu ici, et pourtant chaque nouvelle journée y apporte un éclat de nouveauté que j'adore découvrir. Je suis rassurée de ne pas être la seule à être étonnée par ce théâtre de la vie." Elle aimait découvrir qu'elle n'était pas la seule à avoir ce genre de vision du lieu, savoir que ce décor et ce qui s'y passait n'était pas un spectacle étonnant que pour elle. Peut-être cette personne qui venait de lui parler avait-elle une âme d'artiste elle aussi. Peut-être même était-ce aussi une photographe, qui comme elle donc, cherchait dans chaque regard donné une image à immortaliser à jamais.

Il ne manquait qu'un élément pour que ce moment soit parfait. La musique. J'aurais tellement aimé pouvoir faire jouer de la musique n'importe quand, comme si celle-ci sortait du ciel, comme si celle-ci écartait les nuages pour nous faire entendre sa mélodie. En ce moment, je pense que je ferais jouer Bittersweet Symphony, de The Verves. Cette chanson-là me rendait nostalgique, zen, heureuse. Elle me faisait apprécier la beauté de ce qui m'entourait. Elle me plongeait dans une autre dimension où personne ne pouvait me déranger, où personne ne pouvait m'atteindre. Pour m'extirper de la musique, il fallait me secouer. Et là, en regardant cette magnifique grande blonde qui se tenait devant moi et qui me reflétait, en quelque sorte, je me chantais les paroles et les violons dans ma tête. C'était beau. Significatif. Je pense que c'est parce que j'étais tant inspirée par le moment que je m'avançai vers cette inconnue pour l'aborder, même si dans ce monde d'individualiste, ce genre d'intrusion dans la vie privée ne se faisait plus vraiment. Je m'en fichais, aujourd'hui. J'avais le sentiment que ce serait bien accueilli. Je ne me trompais pas. « C'est un lieu incroyable. J'ai toujours vécu ici, et pourtant chaque nouvelle journée y apporte un éclat de nouveauté que j'adore découvrir. Je suis rassurée de ne pas être la seule à être étonnée par ce théâtre de la vie. » Elle me souriait, d'un sourire franc qui me faisait penser au mien. Nous nous ressemblions - intérieurement, évidemment. Physique, nous étions aux antipodes. J'étais plutôt petite et rousse. Elle était grande et blonde. Deux beautés particulières qui se rejoignaient. « Wow. Tu parles comme une artiste. Je parie que tu en es une. » Non, je n'avais pas un radar à artiste. Seulement, juste par le fait qu'elle parlait du théâtre de la vie et qu'elle savait apprécier ce monde sans s'arrêter à la pollution et au capitalisme mais plutôt en allant plus loin, en profondeur ; cela prouvait tout. « J'aurais voulu être une artiste, moi aussi. Mais je ne trouve pas mon art. » Dis-je en haussant les épaules.

Le soleil brillait en ce jour d'automne, et le visage de Rebekah rayonnait tout autant. Cette atmosphère pleine de grâce naturelle et de réalité artistique la rendait de bonne humeur. Nous n'étions pourtant encore que le matin, mais elle aurait pu parier à ce moment-là que la journée serait bonne. Rien ne peut séparer l'âme d'un artiste de son inspiration quand celle-ci vient au moment opportun. Ce n'est que lorsque l'inspiration n'a plus de forces qu'elle décide de s'en aller, laissant l'artiste seul face à une âme bien vide et bien pâle. L'inspiration ne l'avait pas quitté à ce moment-là, bien au contraire, mais elle avait pourtant décidé auparavant de quitter son appareil photo en le laissant chez elle. Elle s'empêchait parfois comme ça de passer la journée entière à faire des photos. Elle avait peur de se lasser de ce qui était son refuge le plus précieux. Elle ne regrettait pas cet abandon éphémère de son art au profit de la tranquille sérénité de ses pensées. Marchant simplement, elle avait entendu une voix commencer à l'accompagner. La phrase que cette jeune femme fit agrandir le sourire déjà creusé sur son visage. "- Eh oui, j'avoue. Enfin, j'essaye au maximum d'en être une. Après, tout dépend du sens que l'on donne à artiste. Il y a ceux qui attribuent ce mot pour le talent, donc qui y préfèrent le simple esprit à utiliser." Elle parlait calmement avec un ton chaleureux, comme si la présence féminine à ses côtés était une connaissance avec qui elle racontait des bons souvenirs. Pourtant, les deux jeunes femmes ne se connaissaient pas du tout. Mais c'est parfois ça le mieux. Découvrir un jour qu'une personne pense comme vous et apprendre à la connaître par ce biais-là. "- C'est pas très facile, je l'admets. Je crois que je suis passée par presque tous les arts avant d'atterrir à la photographie. J'espère que tu trouveras vite, car c'est assez frustrant de ne pas utiliser l'inspiration que l'on a." Rebekah était enthousiaste. Elle était toujours positive, et ne désespérait pas pour Billie qui trouverait certainement un jour ou l'autre un art qui lui permettrait de s'épanouir en atteignant un monde irréel qu'elle pouvait se créer elle-même. Sa matrice. Son refuge. Comme celui que Reb s'était construit depuis bien des années.

Mon refuge à moi, c'était mon imagination. Je crois que c'était ce qui faisait de moi une artiste, mais une artiste invisible. C'était ce qui se passait dans ma tête qui était un art ; mais je n'arrivais pas à le transmettre aux autres. Ni par l'écriture, ni par le dessin ou la peinture, ni par la danse ou la photographie. Quand je faisais quelque chose de mes doigts ou de mon corps, l'idée que je m'en faisais d'abord me paraissait alors fade. Pas du tout à la hauteur de ce que mes pensées lui donnaient comme grandeur. C'était triste d'emprisonner ainsi tant de magie dans la pauvre petite tête d'une rouquine qui n'est qu'un point parmi tant d'autres sur la carte du monde. J'aurais aimé que la blondinette m'enseigne à traduire mon art de façon à le rendre matériel. Parce que mon esprit débordait de couleurs, de beauté et d'idées. Et que j'aurais voulu exploiter les courbes que cela prenait. « Eh oui, j'avoue. Enfin, j'essaye au maximum d'en être une. Après, tout dépend du sens que l'on donne à artiste. Il y a ceux qui attribuent ce mot pour le talent, donc qui y préfèrent le simple esprit à utiliser. » Nous nous parlions d'une façon si naturelle, et la conversation coulait comme l'eau d'une rivière jusqu'à son lac. Je ne savais pas où ce lac était, donc je ne savais pas où ces mots nous menaient, mais peu importait. Cette jeune femme m'attirait - intellectuellement parlant -, je n'aurais su dire pourquoi. « Je sais pas, j'ai l'impression que tu pourrais correspondre à n'importe quelle définition de l'artiste, sauf pour ce qui est de celle qui dit qu'ils ont la grosse tête. » Je lui fis un clin d'oeil. Bien sûr elle connaissait probablement ces préjugés comme quoi les artistes étaient tous prétentieux quant à leur art. Elle ne donnait pas cette impression. « C'est pas très facile, je l'admets. Je crois que je suis passée par presque tous les arts avant d'atterrir à la photographie. J'espère que tu trouveras vite, car c'est assez frustrant de ne pas utiliser l'inspiration que l'on a. » Un grand sourire s'afficha sur mes lèvres quand elle parla de photographie. « Photographe, wow. La photographie me passionne. En fait, j'ai toujours désiré être mannequin. Certes j'adore les photographies de paysage, mais j'aime par-dessus tout les photographies de gens qui peuvent transmettre toutes sortes d'émotion par un regard. J'aimerais être de ces gens-là. » Malheureusement, j'étais petite, et on me retournait donc de bord sans même me donner une chance. Je ne demandais pas de défiler, je demandais juste d'être photographiée.

Rebekah se plaisait à discuter d'art dans un lieu aussi magnifique que ce parc avec toutes les âmes chaleureuses qui y passaient sans se rendre compte de l'impact qu'ils avaient tous sur leur futur. Un simple pas pouvait tout changer. Et Rebekah aimait pouvoir penser ça. Son esprit artistique lui donnait l'impression d'être un monde complètement différent de la plupart des autres gens, mais cela ne rendait les rencontres avec des gens comme Billie que plus appréciables encore. La réponse que Billie lui laissa encore à penser que cette dernière était quelqu'un qui savait apprécier les choses à leur juste valeur, une valeur qui allait au delà du simple regard, mais qui allait jusqu'à chercher l'âme de chaque personne, de chaque être, utilisant l'art pour apporter à ses yeux une force incroyable de compréhension. "- J'espère que tu as raison. Enfin par rapport à la grosse tête, ça c'est sur, mais pour la définition artiste-talent, je ne saurais dire encore. Peut-être d'ici quelques années !" Rebekah n'ignorait pas que même si l'art était une question d'inspiration, d'invention et d'impulsivité, l'expérience avait aussi son rôle à jouer. Il fallait du temps avant de pouvoir contrôler un art complètement. C'était même surement impossible, mais elle espérait se rapprocher du savoir maximum. L'entrain que montra Billie sur la photographie fit rayonner un peu plus le visage de Reb. Beaucoup voyait la photographie comme le métier de ces maudits paparazzis qui en fait ne connaissaient rien de l'art photographique. "- J'aime beaucoup ce genre de photos aussi, les gens sous-estiment souvent le potentiel humain du quotidien pour les photos, mais il y a toujours un regard, un geste qui fait qu'une scène ordinaire devient extraordinairement belle. Tu m'aurais croisé il y a une heure, tu m'aurais vu en plein travail là dessus !" Rebekah souriait comme elle le faisait souvent. Parler de son art était une raison de plus que d'habitude pour être de bonne humeur. Elle était plus qu'à l'aise quand elle abordait ce sujet. Après quelques secondes de réflexion, elle finit par avoir une idée qu'elle exprima aussitôt à Billie. "- Si ça te dit, je peux aller chercher mon appareil photo, et te montrer quelques unes de mes photos en même temps. Ou si tu veux, je crois que j'ai de quoi essayer tous les arts, je pourrais t'essayer à trouver l'art qui te correspond !" Rebekah avait vraiment envie de partager un peu plus l'art avec cette jeune femme, car pour elle, l'art était un repère essentiel à trouver dans sa vie. On a tous besoin d'une part d'art. Pour certains, juste écouter un peu de musique suffisait à satisfaire leur âme d'artiste, mais pour d'autres gens comme Bekah, il fallait plus, il fallait exercer un art, l'exercer de manière quotidienne, en faire un métier, un avenir.

« J'espère que tu as raison. Enfin par rapport à la grosse tête, ça c'est sur, mais pour la définition artiste-talent, je ne saurais dire encore. Peut-être d'ici quelques années ! » J’hochai la tête en souriant, replaçant derrière mon oreille une mèche de cheveux rebelle qui voulait probablement s’envoler dans le vent. « Oui, avec l’expérience, j’imagine que tu pourras encore mieux transmettre la beauté du monde dans ton art ! » Dis-je d’un ton sincère. Certes, certaines personnes avaient ce don inné pour leur art, et probablement la blondinette était-elle de ces personnes. Chaque photographie avait déjà son style, son cadrage, son angle, qui la rendaient magnifique à regarder. Mais avec le temps, elle apprendrait de nouvelles techniques, de nouvelles fonctions de sa caméra, et ses photographies deviendraient encore plus splendides. Toutefois, j’espérais qu’elle ne deviendrait pas trop professionnelle. Parfois, trop de contrôle tue le moment capté par la caméra. Et le reflet présenté par l’image est une fausse représentation de la réalité. Cela pouvait être dommage dans certains cas. Bref, je confiai à la demoiselle que j’avais un intérêt tout particulier pour les photographies humaines, soit qui comportaient des personnes dans le décor. D’ailleurs, j’avais toujours voulu être de ces personnes qui sont immortalisées à tout jamais. « J'aime beaucoup ce genre de photos aussi, les gens sous-estiment souvent le potentiel humain du quotidien pour les photos, mais il y a toujours un regard, un geste qui fait qu'une scène ordinaire devient extraordinairement belle. Tu m'aurais croisé il y a une heure, tu m'aurais vu en plein travail là dessus ! » Je ne pouvais être plus d’accord avec elle. J’hochai donc vivement la tête en souriant. Cette fille-là me rejoignait totalement d’un point de vue artistique. Je ne savais pas pour le reste ; mais là-dessus, nous allions nous entendre à merveille. « Tu photographies les gens à leur insu ?! T’es courageuse. J’aurais peur qu’on me le reproche. Mais j’avoue que ce sont ces moments, inattendus, qui font les photos les plus vraies et les plus belles. » J’étais en totale admiration devant cette grande blonde et je ne m’en cachais pas. Peut-être la gênerais-je à force de presque me mettre à ses pieds, mais tant pis. Je jugeais important de complimenter les gens sur ce qu’ils font. Il faut bien un peu de gentillesse dans ce monde de fous. De fous individualistes, qui plus est. « Si ça te dit, je peux aller chercher mon appareil photo, et te montrer quelques unes de mes photos en même temps. Ou si tu veux, je crois que j'ai de quoi essayer tous les arts, je pourrais t'essayer à trouver l'art qui te correspond ! » Je fus surprise de sa proposition. Elle était si généreuse, si ouverte ! « Tu ferais tout ça pour moi ? Wow. Mais oui, j’adorerais ! Vraiment ! » Je marquai une pause durant laquelle je ne cessai de sourire. « En passant, moi c’est Billie ! » Nous n'allions tout de même pas rester des inconnues pour toujours !

Rebekah était vraiment à l'aise là, à discuter auprès de cette jeune femme fraîchement découverte. Son sourire était grand, et il le demeura quand elle lui parla de transmettre la beauté du monde dans son art. Elle venait de décrire un rêve inexprimable en quelques mots à peine. C'était exactement cela. Elle voulait transmettre la beauté du monde le mieux possible à travers son art. "- Je l'espère en tout cas" se contenta-t-elle de dire, bêtement, mais essayant ainsi d'exprimer assez clairement le fait qu'elle était d'accord avec elle et qu'elle avait su pointer son but d'artiste. Ce n'était peut-être pas compréhensible par ces simples paroles, mais son regard s'était allumé, illuminé par la passion de l'art plus que jamais. Il ne lui en fallait pas beaucoup pour que sa passion la consume depuis ses entrailles. Elle était vraiment imprégnée de l'art. Elle pensait art et voulait un jour vivre art. On ne pouvait guère faire plus artiste que cela. Mais en fait, artiste c'était surtout un état d'esprit, une manière de voir le monde, et c'est pour cela qu'elle voyait Billie comme une artiste autant qu'elle, car elles semblaient avoir la même vision, ce même regard sur le monde les entourant de ses bras chauds. Elle écouta d'ailleurs les mots prononcés par Billie concernant la photographie des gens dans la rue. "- En fait, quand je sens qu'une photo nécessite d'être exploitée avant même de l'avoir développé, je vais voir les personnes et leur demande si je peux exploiter la photo, sinon, je supprime pour ne pas être tenté d'y utiliser quand même. Les autres photos, je les garde juste pour moi. Parfois, il arrive que je ne découvre vraiment le potentiel d'une photo que développée, et alors j'essaye de voir qui sont les personnes, après tout Montsimpa n'est pas si grand ! Et puis, si certains n'aiment pas que je prenne des photos comme cela, je me tourne pour prendre des photos ailleurs. Si on attend que les gens sachent qu'on prend des photos pour en faire, l'esprit même de l'art est brisé." Elle détaillait presque sa manière de travailler à Billie, et cela ne lui faisait pas peur. Après tout, elle ne lui livrait aucunement la manière de prendre les photos, que ce soit les angles, éclairages, mais juste comment elle triait son travail en essayant de rendre ses résultats les mieux représentatifs de la vie réelle et les plus époustouflants à la fois. Elle eut ensuite cette envie d'aider l'art à atteindre complètement cette artiste en herbe qu'elle côtoyait désormais depuis quelques minutes. "- L'art n'attend pas, le plus tôt il nous trouve, le plus il nous possède et embellit notre âme. Donc oui, je ferais tout ça pour toi" dit-elle, terminant sur un petit rire assez discret que tous ses amis lui connaissaient bien. En entendant le prénom de la personne à qui elle parlait, elle répondit ensuite aussitôt. "- Et moi c'est Rebekah !"