candy; you build up hope but fail is all you've known.

Il doit être prêt de vingt-et-une heure lorsque je quitte mon service au Hogan. Ayant conduit jusqu'à chez Cooper, je me presse de trouver la clé, normalement planquée sur le rebord au dessus de la porte et entre dans la salle obscure. Marilou n'est pas là, c'est normal. J'ai vu ça avec elle, elle devait sortir ce soir-là. Au moins, elle me laisse leur appart le temps d'une heure avant que Cooper ne rentre. Et par chance, lui non plus n'est pas encore rentré. Je ne sais pas ce qu'il peut bien faire, mais j'espère que ça ne lui prendra pas toute la soirée. J'allume les lumières, trouve mon chemin sans même le chercher. J'ai plutôt l'habitude de traîner ici ces derniers temps. Je pose les sacs sur le comptoir de la cuisine, avant de me mettre au boulot. Une soirée de repos, à deux, sans que rien d'autre n'existe autour, c'est ce qui nous manquait. Pour le coup, j'aurais bien cuisiné quelque chose moi-même si je n'étais pas aussi dangereuse en cuisine. Non, à la place, j'avais récupéré des plats restants au restaurant, qui risquaient d'être jetés. Alors rapidement, je m'attèle à ma tâche : je réchauffe les plats, dresse la table sur la petite table du salon. Les dîners romantiques ? Pas vraiment notre genre, même si, au fil du temps, on a réussi à créer notre propre version de ces dîners. Quelques restes encore intacts, avec une bière devant un film. C'est l'intention qui compte comme on dit. Cooper ne devrait pas tarder à rentrer à présent. Je me dirige vers la chambre d'amis de sa soeur qu'il squatte pour enfiler quelque chose de plus confortable - bon d'accord, d'un peu plus présentable que mon uniforme de serveuse - comme une robe toute simple lorsque j'entends le bruit de la clé dans la serrure. Je sors de la chambre en éliminant les derniers plis de la robe d'un geste de la main, quand je tombe face à Cooper dans l'entrée. « Salut. » Je souris presque instinctivement alors que son expression perplexe ne présage rien de bon.

Les yeux rivés sur l’écran devant moi, je soupire. Je ne peux m’empêcher de penser que je serais meilleur que l’acteur principal du film. En plus, l’actrice en face de lui est vraiment belle donc j’aurais adoré être à sa place. Mais bon, c’est sans espoir. Sans vouloir me vanter, je suis meilleur acteur que ce mec pourri. Mais on ne pardonne pas facilement aux gens qui font des erreurs. D’ailleurs, je ne mérite sûrement pas le pardon. Je tourne la tête en voyant une demoiselle bouger pour s’assoir à mes côtés. Je souris et elle fait de même. Peut-être arrivera-t-elle à m’occuper et à ne pas me faire regretter d’être venu au cinéma aujourd’hui. Elle penche la tête vers moi et elle me chuchote quelques mots à l’oreille. « Vous êtes bien Cooper Tate-Applewood ? » Eeeet merde ! Même au cinéma, on me reconnaît. Si c’est une journaliste, elle peut aller se faire voir directement. « Et vous êtes ? » « Oh mon dieu, c’est vraiment vous, mon patron va être tellement fier de… » Non mais les journalistes n’ont vraiment aucune limite. Je n’ai accordé aucune interview à qui que ce soit depuis six mois et ils espèrent que c’est en venant me faire chier au cinéma qu’ils vont réussir. Je n’ai même pas envie de la rembarrer, j’ai juste envie de partir. « Désolé, j’ai oublié que j’avais un rendez-vous, je dois partir. » Je me lève sans attendre de réponse de sa part, je me fiche des plaintes des spectateurs quand je passe dans leur champ de vision. Heureusement, elle n’essaye pas de me suivre. Elle m’a déjà assez énervé comme ça. Je sors du cinéma, je shoote dans une canette abandonnée au sol. Elle atterrit sur un chien minuscule en train de laisser sa crotte sur le trottoir. La grand-mère qui tient sa laisse me crie dessus mais je n’en ai rien à faire et je lui fais un doigt. Elle crie encore plus cette mégère. Mais je continue à avancer jusqu’à ma voiture pour pouvoir enfin rentrer chez moi. Je n’ai qu’une envie : boire quelques verres tout seul et aller me coucher pour oublier cette soirée de merde. Mais visiblement, quelqu’un d’autre avait d’autres plans pour moi ce soir. Andie qui est déjà dans la cuisine de ma sœur quand j’entre chez moi. Je la regarde, déjà saoulé qu’elle soit là alors que je n’ai besoin que de solitude. Qu’est-ce qu’elle fait là déjà ? Je ne réponds pas à son « Salut. » je la regarde juste, espérant au fond que je sois en train d’halluciner. Mais j’ai beau cligner des yeux, elle est toujours là. «« T’entres par effraction chez moi quand tu t’ennuies maintenant ? Trouve-toi une vie Andie. » Ouais, j’suis un con mais pour le moment, je n’en ai strictement rien à faire. Je veux juste être seul ce soir mais elle ne me lâchera pas, je la connais. Alors j'ouvre le placard pour me sortir une bouteille de vin et un verre.

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Tout semble prêt et quand je vois enfin Cooper passer le seuil de la porte, je me dis que finalement, on va y avoir le droit, à cette soirée de repos. Il est vrai que les journées sont plutôt longues quand on enchaîne les services au Hogan, mais au final, la paye misérable et les pourboires finissent toujours par arrondir les fins de mois. J'ai attendu cette soirée toute la journée, pour enfin pouvoir respirer, mais apparemment, Cooper ne semble pas du même avis. Sa mine renfrognée ne dit rien qui vaille et j'entends ses ronchonnements d'ici. « T’entres par effraction chez moi quand tu t’ennuies maintenant ? Trouve-toi une vie Andie. » A l'évidence, je m'attendais à tout, sauf à ça. Je suis si déconcertée que je ne sais même pas quoi répondre. Je plisse les yeux, comme si ça allait m'aider à deviner s'il blague ou s'il est vraiment sérieux. Et finalement, je me sens conne. Comme ça, droite comme un piquet au milieu du salon, après que j'ai préparé tout ça pour lui. Après que je me sois changée pour lui. Merde, un pyjama aurait fait le même effet. Ce n'est pas comme si c'était la première fois, il m'arrive souvent d'entrer quand personne n'est là pour les attendre à l'intérieur, alors qu'est-ce qu'il lui prend, tout d'un coup, à me le reprocher ? « C'est toi qui m'as dit où tu planquais ta clé, je te signale. » De toute évidence, c'est plutôt mal parti. Oh, je commence à comprendre. A tous les coups, monsieur a passé une sale journée, et c'est une raison valable pour envoyer bouler tout le monde. S'il croit que je vais le laisser foutre en l'air tout mes efforts, et surtout ma seule soirée de repos de la semaine, il se trompe royalement. Ce n'est pas non plus une raison pour me faire passer pour, limite, la pire des criminelles. « Je pensais qu'on aurait pu passer une soirée sympa. » Ma main s'écrase de lassitude sur le comptoir de la cuisine. Je le regarde sortir une bouteille de vin ainsi qu'un verre - un seul, évidemment - me faisant comprendre que je ne suis pas la bienvenue ce soir. Il ne va donc pas s'asseoir avec moi pour dîner. Et en plus de ça, il m'ignore. « T'es vraiment trop con. » Je remballe rapidement tout ce que j'avais amené, essayant de maintenir la colère qui monte furieusement, mais s'il croit que je vais juste me barrer de son putain d'appartement comme si de rien n'était, c'est qu'encore une fois, il ne comprend rien.

Elle est toujours là pour moi, que je le veuille ou non. Mais je n’ai pas besoin d’elle. J’ai besoin de solitude, ce qu’elle ne semble pas comprendre. Ce n’est pas parce qu’elle se sent seule qu’elle doit venir me faire chier. D’un côté, je pourrais être gentil avec elle pour le sexe mais je n’en ai même pas envie. Nothing personal, je veux juste être seul. « C'est toi qui m'as dit où tu planquais ta clé, je te signale. » Merde, j’avais oublié ça. Ça fait un moment qu’on se voit, c’est assez normal en fait. Et parfois, ça m’arrange. Mais pas ce soir. « Et alors ? Ça te donne le droit de débarquer quand tu veux comme ça ? » Je jette un coup d’œil à la maison, elle s’est vraiment installée. Elle a cru qu’on était ensemble ou quoi ? D’habitude, ça ne me dérange pas mais ce soir, rien de ce qu’elle fera ne pourra me rendre heureux. Je suis malheureux tout simplement, autant qu’elle parte pour me laisser déprimer tout seul. « Je pensais qu'on aurait pu passer une soirée sympa. » « A l’évidence, c’est raté, ma soirée est merdique et si tu as l’espoir de tout arranger pour moi, tu es vraiment naïve. » J’ai envie de boire, comme je l’avais prévu initialement. Je ne sors qu’un verre, tentant de faire passer un message. « T'es vraiment trop con. » « Fais pas comme si tu venais de le découvrir Andie. » Et je la regarde remballer ses trucs à manger. Ça a l’air bon en fait. Je bois une gorgée de vin, puis une autre, pensant naïvement qu’elle va partir. Mais non, elle reste plantée là, comme si elle attendait encore quelque chose de moi. « Si t’as faim, te prive pas pour moi. Ce serait con de gâcher la nourriture que tu as dû mettre si longtemps à préparer. » Bien sûr que je suis ironique, j’ai déjà pu constater par moi-même quelle piètre cuisinière elle fait. Et pour que ça sente bon, c’est forcément un truc à emporter. Embarquant la bouteille, je vais m’assoir dans le canapé. En fait, sa présence me fait du bien, mais hors de question que je l’avoue. Et peut-être que je devrais manger quelque chose, pour ne pas boire le ventre vide.

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Je ne sais pas ce qui m'énerve le plus : son comportement ou le fait que tous mes efforts soient vains. J'ai mis une robe, merde. C'est pas tous les jours. Et il n'en profite même pas. Tant pis pour lui. Et s'il croit, en plus, que je vais m'accrocher à lui, que je vais le supplier de se calmer pour finir la soirée tranquillement, ou même que je vais passer l'éponge sans rien dire quand il se pointera chez moi avec son air de chien battu, il se trompe encore une fois. Et même si j'ai juste envie de partir d'ici le plus vite possible, je ne vais pas me priver de lui remettre les idées en place. Si c'est un coup d'un soir qu'il cherchait, il n'avait qu'à aller voir ailleurs. Moi, je ne suis pas à sa disposition.« Si t’as faim, te prive pas pour moi. Ce serait con de gâcher la nourriture que tu as dû mettre si longtemps à préparer. » Un pingouin pourrait reconnaître l'ironie dans le ton de sa voix. Et d'ailleurs, il est plutôt doué en matière de "je-te-coupe-l'appétit-en-deux-secondes-avec-mon-caractère-de-merde". « Va te faire voir, Cooper. » Alors finalement, c'est un de ces jours. Un de ces jours où la moindre parole risque de déranger monsieur dans sa dépression-post-célébrité ou je ne sais quoi. Fais quelque chose, merde. Ne reste pas comme ça, regarde-toi. Tant pis pour toi, Cooper. Tu vas t'en prendre plein la gueule, comme à chaque fois que t'es comme ça, parce que t'es comme un gosse à qui l'on doit tout expliquer. Tu comprends jamais rien. Mais je sais que tu me le rends bien, va. « Merde, Coop, c'est quoi ton problème ce soir ? C'est pas la première fois qu'on fait ce genre de truc, tu m'as jamais fait de scène comme ça. Si quelque chose ne va pas, ais au moins le cran de le dire au lieu de me laisser plantée là comme une conne. » Au fur et à mesure que le ton monte, je comprends que ce n'est pas aujourd'hui que j'aurais ma soirée de repos tant attendue. Tu vas le regretter, Cooper. PERSONNE ne fout en l'air mes soirée de repos.

Quitte à passer mes nerfs sur quelqu’un, autant que ce soit sur elle. Elle doit sûrement me détester en ce moment mais elle me connait, je la connais, on sait tous les deux que ça ira mieux un autre jour. Personne n’est parfait et surtout pas moi. Et elle non plus. On se pardonne, c’est tout. Mais ça viendra plus tard. Pour le moment, elle subit mon humeur de merde. Elle a voulu venir, tant pis. Mais je sais bien qu’elle ne va pas faire que subir. Ce ne serait pas elle sinon. Et on va s’engueuler comme des cons, comme toujours. « Merde, Coop, c'est quoi ton problème ce soir ? C'est pas la première fois qu'on fait ce genre de truc, tu m'as jamais fait de scène comme ça. Si quelque chose ne va pas, ais au moins le cran de le dire au lieu de me laisser plantée là comme une conne. » Maintenant, c’est elle qui me crie dessus alors que j’avais fini par la fermer. On se cherche mutuellement. En fait, j’pense qu’on y prend un certain plaisir. Je pose mon verre vide sur la table et je la regarde. « Mon problème, c’est que tu ne veux pas la fermer Andie ! Tu penses que j’ai besoin de toi quand je suis comme ça mais non. Je veux pas de ton aide ou de ta pitié ou je sais pas quoi ! Si t’as besoin de faire des bonnes œuvres, va sauver un oiseau, pas moi ! » Le ton monte et je ne peux rien faire pour m’arrêter. J’étais énervé au départ, je le suis encore plus maintenant. « Tu sais comment je suis Andie, ça ira mieux demain mais ce soir, j’ai vraiment pas besoin de ça. » Faux, même si je lui crie dessus, la savoir ici me fait du bien. Savoir que, pour une fois, je ne suis pas seul. « Tu peux me crier dessus, me traiter de con, me frapper, je mérite tout ça. Alors dis-moi ce que tu veux, dis-moi pourquoi tu es encore là Andie ! » Je me lève pour qu’on soit au même niveau et je la regarde, soudain calmé. Je reprends mon souffle après ces mots. « Frappe-moi si c’est ce que tu veux Andie, je m’en fiche. Mais fais quelque chose merde ! »

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« Mon problème, c’est que tu ne veux pas la fermer Andie ! Tu penses que j’ai besoin de toi quand je suis comme ça mais non. Je veux pas de ton aide ou de ta pitié ou je sais pas quoi ! Si t’as besoin de faire des bonnes œuvres, va sauver un oiseau, pas moi ! » On peut lui reprocher beaucoup de choses, mais je crois qu'au fil du temps Cooper a acquis l'art de raconter le plus grand nombre de conneries en un temps record. Il a aussi l'art de me foutre en colère, mais ça, je crois qu'il l'a toujours eu. « Tu te fous de ma gueule ? Pour qui tu me prends ? Tu crois que je suis là par pitié, par simple soucis de conscience ! Tu crois que j'aurais pas dégagé il y a longtemps, dès que j'ai compris que t'étais un cas désespéré si c'était vraiment pour ça ? » Alors tant pis. J'abandonne, moi aussi. Tu finiras bien par comprendre, que t'es le plus grand con de la Terre. Et que t'es encore plus con quand tu vois pas que je fais tout ça pour toi. Si on arrive pas à se le dire, les cris combleront les trous. « Tu peux me crier dessus, me traiter de con, me frapper, je mérite tout ça. Alors dis-moi ce que tu veux, dis-moi pourquoi tu es encore là Andie ! » Il marque un point. C'est vrai, qu'est-ce que je fais encore ici ? Il y a tellement de raisons que je ne pourrais expliquer, tellement de raisons dont j'ignore encore l'existence. Et quand je devrais lui dire que si je suis encore là c'est pas pour soulager ma conscience, c'est parce que ça me fait mal de le voir comme ça, je reste enfermée dans mon silence. Tant pis pour les justifications, tant pis pour les réconciliations. Et même si je ne veux pas crier parce que toutes les insultes qu'on s'est déjà balancées sont gravées sur les murs, il finit toujours par me mettre hors de moi. « Nan mais tu rigoles ? Tu ne crois pas que j'en fais déjà assez ? Regarde-moi ! Et regarde ça ! » Je désigne tour à tour ma tenue et la table que j'avais préparé. Finalement, je baisse le ton, trop fatiguée de tourner en rond. « Je fais bien trop d'efforts pour toi, Coop. Et toi, qu'est-ce que tu fais ? » Tu es bien trop occupé à tout foutre en l'air, mais même si on le sait tous les deux, ça doit faire partie de ces choses qu'on ose pas mettre sur le tapis, parce qu'elles dévoileraient bien trop de choses, parce qu'elles sonneraient trop vraies. Et qu'on ne pourrait plus faire comme si elles n'existaient pas.

« Tu te fous de ma gueule ? Pour qui tu me prends ? Tu crois que je suis là par pitié, par simple soucis de conscience ! Tu crois que j'aurais pas dégagé il y a longtemps, dès que j'ai compris que t'étais un cas désespéré si c'était vraiment pour ça ? » Enfin il faudra quand même m’expliquer pourquoi elle s’acharne si je suis si désespéré que ça. Soit elle est complètement conne soit elle espère y gagner quelque chose. Ça me dépasse complètement. « Si je suis aussi désespéré que tu le dis, pourquoi ? Tu espères être celle qui réussira à me réparer ? » And I will try to fix yoou. Et moi ? Qu’est-ce que je fais encore là à m’engueuler avec elle ? Avec n’importe qui d’autre, je serais parti depuis bien longtemps, je ne prendrais même pas la peine de crier. Mais je suis toujours là, à la faire souffrir, à me faire souffrir. Sans même savoir pourquoi on fait ça. « Nan mais tu rigoles ? Tu ne crois pas que j'en fais déjà assez ? Regarde-moi ! Et regarde ça ! » Elle montre sa robe que je n’avais même pas pris la peine de remarquer. Elle ne mérite pas ça. Mais et si c’était tout ce que je pouvais lui donner ? Je suis foutu, elle le dit elle-même. Mais là, j’ai surtout honte. Honte de lui faire mal, de ne pas la mériter. « Tu es superbe Andie, comme toujours. » Toute once de colère a disparu de ma voix. On pourrait me qualifier de lunatique sans problème, changeant de caractère comme de chemise. « Je fais bien trop d'efforts pour toi, Coop. Et toi, qu'est-ce que tu fais ? » Je devrais lui demander pourquoi elle fait tous ces efforts pour moi, pourquoi elle s’accroche mais la réponse qu’elle pourrait me donner me fait peur. On a tenu sans en parler aussi longtemps, on peut sûrement continuer encore. Comme deux idiots aveugles. Ou peut-être que justement, on a compris comment ça fonctionne. Comment on fonctionne. « C’est sûrement ça le problème, tu en fais trop Andie. Ou bien tu attends trop en retour, je n’en sais rien. Mais je ne suis pas celui qu’il te faut, je suis trop brisé pour ça, foutu. Et toi, tu es… trop bien pour moi. » La vérité qui me blesse moi-même. Et pourtant, je viens caresser doucement son visage du pouce, mon regard ancré dans le sien comme si tout ne tenait qu’à ce simple contact visuel.

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« Si je suis aussi désespéré que tu le dis, pourquoi ? Tu espères être celle qui réussira à me réparer ? » « J'ai cessé de jouer à ça il y a bien longtemps. Si tu veux de l'aide, il faut la demander. Mais t'as l'air plutôt bien parti dans ta débauche, alors je ne vais pas te retenir plus longtemps. » Je m'apprête à partir, laissant les plats où je les avais placé quelques minnutes auparavant, pourtant, les derniers mots de Cooper me retiennent. Il fait un compliment sur ma tenue, et pourtant je ne réponds rien, si ce n'est un maigre sourire. Parce que ça ne fonctionne pas comme ça. Il ne suffit pas d'un mot gentil et d'un sourire pour tout effacer et recommencer à zéro. Surtout quand il enchaîne derrière, plus calmement cette fois-ci. « C’est sûrement ça le problème, tu en fais trop Andie. Ou bien tu attends trop en retour, je n’en sais rien. Mais je ne suis pas celui qu’il te faut, je suis trop brisé pour ça, foutu. Et toi, tu es… trop bien pour moi. » Sa voix finit par s'éteindre dans un souffle alors que je réagis brutalement. Tu es trop bien pour moi. Ca résonne encore en moi. N'importe quoi. Et même s'il s'approche de moi, qu'il caresse mon visage du doigt, et que je voudrais qu'on reste comme ça toute la vie, je recule d'un pas, me dégageant de son étreinte. Parce qu'il m'énerve, parce qu'il pense qu'il suffit d'un rien pour tout arranger. A l'entendre, on dirait que je passe pour la fille ultra collante, celle qui demande toujours plus. Echanger quelques banalités et passer une soirée devant un film, c'est pas non plus ce que j'appelle être super exigeante. C'est pas non plus comme si j'avais demandé le téléphone d'un homme des cavernes. « Arrête de te trouver de te trouver des excuses, Cooper ! Moi j'en demande trop ? Mais tu t'attendais à quoi ? Une soirée, c'est trop te demander ? J'suis pas en train de te demander en mariage, merde ! » Même si j'étais plutôt mal placée pour faire la morale à qui que ce soit, je pouvais au moins témoigner de mon expérience. On est pareil, au fond. A en vouloir à la vie, à se foutre du destin. C'est peut-être aussi pour ça que je reste quand tout le monde a déjà foutu le camp.

« J'ai cessé de jouer à ça il y a bien longtemps. Si tu veux de l'aide, il faut la demander. Mais t'as l'air plutôt bien parti dans ta débauche, alors je ne vais pas te retenir plus longtemps. » Et pourtant, elle est toujours là. Je ne sais pas ce qu'elle espère. Je ne sais pas ce qu'elle veut. J'ignore même ce que, moi, je fais là, avec elle. Et je n'aime pas ne pas comprendre, ne pas maîtriser la situation. Mais elle sait, tout comme moi, que ce n'est pas fini, que ça ne le sera sûrement jamais. Et pourtant, je la provoque encore. Probablement pour voir si elle y tient vraiment, je n'en sais rien moi-même. « Ma débauche m'attend si tu veux bien nous laisser en tête-à-tête... » Et puis je me calme, comme si je ne venais pas de piquer ma crise dans le salon. Mais ça ne lui convient pas, ce n'est pas aussi facile. Pourtant, dieu sait que c'est ce que je veux. La tempête pour relâcher toute cette pression qui pèse entre nous puis le calme, la réconciliation. Mais ce soir, j'ai vraiment été loin. « Arrête de te trouver de te trouver des excuses, Cooper ! Moi j'en demande trop ? Mais tu t'attendais à quoi ? Une soirée, c'est trop te demander ? J'suis pas en train de te demander en mariage, merde ! » Et voilà que je suis le seul fautif dans l'histoire ! Peut-être que ce soir, c'est le cas mais c'est notre histoire à tous les deux, notre combat ou qu'importe le nom qu'on peut lui donner. « Non mais arrête toi aussi Andie ! Je suis quoi pour toi ? Le mec que tu viens voir pour un dîner romantique ? On n'est pas un couple, on n'est pas normaux ! » Boum, le mot qu'on ne prononce jamais. Couple. Ça paraît con comme ça mais c'est un mot qui fait peur. « Et tu ne peux pas espérer que je sois tout gentil, tout heureux juste parce que tu viens manger avec moi. C'est pas moi, c'est pas toi ! Si tu veux manger, viens, on va les manger tes trucs ! » Sauf que maintenant, ça va être froid mais je n'en ai rien a faire. Je suis tellement en colère que je pourrais manger n'importe quoi, juste pour lui montrer que je peux le faire. J'ouvre un sac, je fourre la fourchette dedans et la ressort avec des lasagnes dessus je crois. « À toi l'honneur Andie. » Et la fourchette vient effleurer ses lèvres, espérant y faire apparaître un sourire. Parce que, même si je suis la seule cause de ce regard noir, je veux la voir heureuse. J'y comprends rien moi-même.

Spoiler:

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Je sais même pas comment on en est arrivé là. Il n'aura pas fallu grand chose, mais est-ce que ça a déjà demandé autant d'efforts ? Chaque dispute est plus dure que la dernière encore, parce que les mots sonnent toujours plus vrais, toujours plus cruels. C'est la vérité qui nous revient chaque fois un peu plus en pleine gueule. Et puis on se dit que ça ira mieux demain, que de toute façon, ça finit toujours par passer un jour ou l'autre, qu'on finira par apprendre de nos erreurs et pourtant, on se laisse toujours avec la désagréable sensation de déjà-vu, parce qu'au fond, on ne fait rien d'autre que de tourner en rond. « Non mais arrête toi aussi Andie ! Je suis quoi pour toi ? Le mec que tu viens voir pour un dîner romantique ? On n'est pas un couple, on n'est pas normaux ! » Et finalement, je crois que c'est ce qu'il faut pour me la fermer. Je reste plantée là comme une conne, à n'avoir rien à rétorquer. Parce que sans s'en rendre compte, il vient tout juste de mettre le doigt sur notre point faible, sur la discussion à laquelle on semble mettre un point d'honneur à éviter. Un couple. Qui a parlé de ça ? C'est bien tout ce qu'on est pas, je suis la première à le savoir. Mais ça n'empêche pas de me frapper plus fort que de raison. On est pas un couple. C'est encore pire qu'une gifle, pire que de tomber du 3e étage, pire que les arraignées et pire encore que de rester coincée dans un ascenceur. Au début on se dit que c'est pas grave et au final ça finit par vous bouffer, parce que finalement, vous devez savoir. Ce que vous êtes, même si ce que vous êtes, ce n'est pas un couple. Ca en devient presque vital. « Et tu ne peux pas espérer que je sois tout gentil, tout heureux juste parce que tu viens manger avec moi. C'est pas moi, c'est pas toi ! Si tu veux manger, viens, on va les manger tes trucs ! » Et il continue dans sa lancée, parce qu'il est comme ça, parce qu'il se fout de l'effet que ça me fait. Et comme pour me provoquer il sort sa fourchette pleine de lasagnes et me la tend, comme si tout allait finir par s'arranger, comme si finalement, on allait l'avoir, notre soirée. Pourtant je tourne la tête, presque dégoûtée par la nourriture, dégoûtée de tout, finalement. J'attrape son verre de vin, je m'apprête à en finir le contenu et pourtant je n'en avale qu'une gorgée. Je balance l'autre moitié au visage de Cooper, et tant pis si ça colle, tant pis si ça fout en l'air tout espoir de réconciliation. « Bon appétit à toi aussi, Cooper. » On aurait pu croire que ça me soulagerait, que finalement, la colère finirait par redescendre, qu'on était à égalité maintenant. Et pourtant, ça ne change rien. Je suis toujours aussi frustrée, mal à l'aise de me rendre compte que je n'ai plus ma place ici. Et finalement, tout semble trop petit, trop restreint ici. S'il restait une dernière partie de moi qui souhaitait arranger les choses, elle est bien loin maintenant. Alors, j'abandonne, moi aussi. J'attrape mon sac à la volée et je prends bien soin de claquer la porte derrière moi, sans un dernier regard vers Cooper. Tant pis pour la nourriture, je suis persuadée qu'il se chargera bien de finir les restes.