La vie te semblait si terne depuis l'absence de ta meilleure amie. C'était dingue, mais son manque avait créé un vide dans ce petit appartement qui était très vite devenu le votre après son emménagement précipité. Tu n’arrivais toujours pas à croire ce qu'il s'était passé ces derniers temps. Ça semblait si irréel. Pourtant, plus les jours passaient, plus son manque de nouvelles se faisait ressentir et plus ça semblait prendre tout son sens. Tu n'avais jamais fait dans les sentiments, mais Judas était bien la personne que tu respectais et qui te faisais te sentir toi-même. Du coup, tu ne passais presque plus de moment dans cet appartement, c'était mieux de toute manière. T'y retrouver ce-soir là, c'était un vrai exploit. Et encore, ce n'était rien face à ce que t'étais occupée à faire. La cuisine. Le truc que tu ne faisais qu'aux rares occasions, un vrai privilège. Quand on en connaissait la raison, ce n'était plus étonnant. Après avoir goutter les sushis de Quentin, t'avais sous-entendu l'idée de lui faire découvrir un plat à son tour. Grave erreur puisque tu te retrouvais derrière les fourneaux à préparer un plat avec soin. T'étais même tellement concentrée que tu n'avais pas entendu la porte d'entrée s'ouvrir. « Rafaelle préparer à manger,c'est un évènement rare,dis donc » Quoi ! Ton frère. Grosse surprise. Dos à lui, t'avais presque sursauté. Putain, il joue à quoi lui. C'était vraiment la chose à pas faire avec toi. Mais, il avait osé alors la vengeance ne tarderait pas à lui tomber dessus. Tu faisais mine de rien et tu continuais ton repas sans prêter la moindre attention à ce petit abruti qui se permettait tout. Tu ne t'entendais qu'avec de rares personnes, mais lui en faisait partie. Bien que vous passiez tout votre temps à vous chamailler, à vous abrutir, à vous agresser. En clair, vous aviez bon ne pas faire dans les sentiments, vous restiez proche. Quand il était parti sans rien te dire, mis à part quelques mots griffonnés sur un bête papier, tu lui en avais voulu intérieurement de t'avoir laissé. De t'avoir laissée sans donner la moindre nouvelle. Plongeant les tortellinis dans l'eau, tu t'étais saisi d'une spatule. En te retournant face à lui, tu l'avais dans la tronche de ton frère en guise de bonjour. Tu n'étais toujours pas décidée à répondre à son ironisme et allait lui en faire baver. « Tu fous quoi ici ? »

Dans le genre petit merdeux, ce mec, il battait tous les record. C'était un sans gêne, nez pour faire chier son monde. Monsieur je fais ce qui me plait et qui disparait sans laisser la moindre trace quand l'envie lui prend. Bon dieu ce type, t'as juste envie de lui foutre une tonne de claque et pourtant, tu te retiens. Parce que oui, ce type, c'est ton putain de frère. Le dernier des abrutis qui ne pense qu'à sa petite personne. Aventurier dans l'âme, foutaise. S'il voulait faire son Indianna Jones, c'était son tripe. Limite qu'il aille se paumer dans alpes françaises à la recherche de bouchons de liège pour boucher une fontaine de chocolat qu'il accrocherait à une poutre apparente avant qu'elle n'explose, t'en avais rien à foutre mais qu'il ne le fasse pas avec toi et qu'il te prévienne de ses départs. Il te fait un petit accueil digne de sa petite personne et plutôt que de le fusiller d'insultes comme à chaque fois, tu préfères attendre un peu et frapper plus fort. Plus fort et pas surprise parce ce truc que tu vas faire là, lui balancer la spatule dans la tronche, tu lui avais encore jamais fait. Le pauvre coco, il semble vexé. C'est pas un grande perte, au pire, il va faire du boudin cinq minutes, de quoi préparer un bon petit apéro puis il t'embêterait à nouveau. Il est comme ça, tu le connais comme si tu l'avais fait. Parfois, s'en est même regrettable. « Aie, ça fait mal, t'es folle ou quoi? » Tu lui offres un joli sourire ironique en l'observant faire sa victime tout en se massant la crane. « Quoi, ne viens pas me dire que tu n'as pas aimer mon bonjour. Je suis déçue là. » Regard rempli de malice, tu te fou ouvertement de lui. Il va te haïr les dix prochaines minutes, mais c'est justement le plus marrant dans l'histoire. « Je suis revenu. Pour de bon. Je suis désolé de m'être absenté aussi longtemps, j'avais des trucs à régler. » Surprise de ses paroles, tu le regardes ayant du mal à le croire. « Tu es sérieux là où c'est juste histoire de préparer le terrain pour ton prochain départ en te disant que cette fois, je le prendrai mieux ? » Tu pousses un léger soupire blasé et tu reprends en t'approchant de lui, « Je deviens folle, et tu n'étais pas là. Je perds pied. » D'un coup, tu te tais te rendant compte de ce que tu venais de lui dire. C'était sortit tout seule. Tu lui avait presque avoué que tu avais besoin de lui. Tout était entrain de changer, t'étais occupée à te perdre sans comprendre le pourquoi du comment. Mais qu'est-ce qu'il se passait à la fin. Quentin, Judas, Judas, Quentin. Étaient-ce eux la raison de ces changements. Il fallait que tu retrouves la vraie Rafaëlle.

C'est à ce moment là, quand t'es au bout du rouleau et que tu trouves plus les justes mots que tout dérape. Tu ne voulais pas qu'il s'inquiète pour toi. Tu ne voulais pas lui dire. Ta langue avait fourchée et tout était sorti d'une traitre, trahissant à merveille l'image que tu voulais donner de toi à ce frère absent que tu maudissais. Tu avais toujours été très indépendante, à toujours prôner ta liberté et le fait de n'avoir besoin de personne pour vivre pourtant à ce jour, tu étais au pied du mur. Sans personne. Sans savoir quoi faire. « J'suis désolé. Vraiment Rafou. » Tu te laissais aller, or tu te devais d'être forte et de rester toi-même. Cette Rafaëlle toujours sure d'elle, qui n'a peur de rien et qui n'est pas du genre à déprimée. Laisser filtrer de léger sentiments ouvrait la porte à tous les autres sentiments enfuis. Tout se mélangeait et explosait en tout. C'était dingue. Dingue d'être piégée de la sorte par la connerie humaine. Tun enfonces alors ton regard perçant dans celui de ton frère, « Mais, tu es désolé de quoi au fait ? », léger soupire. C'est bon, tu avais repris le dessus. Au risque de passer pour l'insensible, tu lui avais répondu presque sechement. Tu avais d'ailleurs toujours préféré être vue comme un coeur de pierre plutôt que vulnérable. Être vulnérable à tes yeux, c'est comme être nue. Et ça, tu ne l'avais jamais été depuis ton plus jeune âge, depuis les paroles de tes parents, celles qui t'avaient blessées au plus profond de toi et pour lesquelles, tu t'étais promis de ne plus jamais te laisser atteindre. « Qu'est-ce qui s'est passé pour qu'elle soit partie? » Blanc. Il parle d'elle. Pourquoi faut-il qu'il parle d'elle. Putain, pourquoi il faut qu'il lâche le sujet sur le tapis de la sorte ? Pourquoi il faut qu'il te fasse repenser à elle, pourquoi il faut qu'il t'enfonce. Instinctivement, ton coeur s’accélère au creux de ta poitrine. Incapable de parler d'elle, tu gardes le silence et serre les poings quand d'un coup, tu ressens des bras se resserrer autour de tes épaules. Plus que surprise de ce geste, tu restes là, sans bouger, totallement inerte. Jamais au grand jamais il ne t'avais prise un jour dans ses bras. C'était tellement inattendu. Inespéré. Tu laisses alors tes bras tomber les long de ton flanc, mais tu ne bouges pas. A l'heure actuelle, c'était ta seule source de réconfort. « Merci. » Murmurais-tu de manière presque inaudible. Le tout premier merci. Tu restes dans ses bras de longues minutes, sans prononcer le moindre mots. Il faut que tu te changes les idées. Question drame et dépression, t'as eu plus que ta dose, il faut que tu bouges et que tu oublies tout. Fini de se lamenter, la vie est trop courte, tu ne peux pas te laisser faire. Te reculant d'un coup, tu offrais une petite tape amicale à ton frère. « Bon, c'est pas tout ça, mais si tu tiens pas à te ramasser des oeufs et un paquet de farine dans la tronche, je te conseil de dresser la table et en vitesse. » Petit clin d’œil et le jeu était lancé. Un peu de légèreté après ce moment difficile faisait vraiment du bien. C'était tout ce dont tu avais besoin.

9000 pour toi mon amour de femme. ♥

« Mets ton orgueil de côté, être blessé est humain. » Jouer le grand frère compréhensif ne lui allait décidément pas. Reprenant le dessus sur tes sentiments, tu lui donnes une tape amicale. Ce n'était pas une question d'orgueil, loin de là. Tu avais été jusqu'à laisser de côté ta fierté alors... Ta putain de fierté qui faisait ta force, chose que tu n'avais jamais fait pour personne et ça n'avait servi à rien. Alors oui, il était à côté de la plaque, mais tu n'avais pas envie de te lancer dans une discussion guimauve et finir en pleure tandis qu'il tenterait de te consoler par n'importe quel moyen. Autant ça arrivait dans les films d'amour et à tout le monde, mais pas à toi. Changeant de sujet du tout au tout, tu lançais un ordre à ton frère avec une sentence s'il osait te désobéir. Le femme sur d'elle, dominatrice sur les bords était de retour. Ça c'était la Rafaëlle, la vraie. Celle qui n'hésitait pas à le menacer sachant qu'il préférait dresser la table que plutôt finir dans un sale état et d'attirer les mouches (bien qu'il n'ait pas besoin de ça, pour les entraîner jusqu'à lui). Alors que tu attendais qu'il s'exécute, il s'approchait de tes plats sur le feu avant de se pencher au dessus et d'oser faire une réflexion sur tes talents culinaire. « T'es sur que c'est bon ce que tu fais là? Tu préférerais pas commander une pizza, un truc comme ça ? » Tu le fixes, le regard noir. Il a pas osé. Si, bien sur, que n'oserait-il pas te dire ? Rien, c'est bien le problème des Coolidge. Ils n'avaient jamais leur langue dans leur bouche. « Ne me sous-estime pas Coolidge ! » Ton air malicieux scotché aux lèvres, tu appuies bien sur son nom de famille. Dès que tu l'appelles de la sorte, il peut s'attendre à une réplique de ta part. Il n'à qu'à bien se tenir. Tu te saisis alors du couvercle de la casserole et une odeur alléchante s'en échappe. Tu regardes la poêle, puis ton frère avant de reposer les yeux sur le repas qui mijotais. Lui enfoncer la tête dans la casserole ? Trop facile, il s'y attend trop. Sans plus attendre, tu détournes à nouveau la tête, « Tu préfères toujours une pizza ? », tu souris. « Je vais t'en faire une, tu m'en diras des nouvelles de mes talents culinaire tiens ! » Il te fixe l'air de dire, raconte pas de conneries, ça t'amuse. Il n'a encore rien vu, le pauvre. Tu te déplaces alors vers les placards pour en ressortir le paquet de farine, un petit sachet de levure, du sel et du sucre que tu ouvres avec soin. « Je peux te concocter une reine, j'ai justement des champignons frais au frigo. » Sans attendre, tu les sors du frigo et tu les nettoie vite fait avant de les découper et tu ouvres le concentré de tomate et le jambon. Tu sors ensuite un grand récipient où tu vas mélanger tous les ingrédients rassemblés. Tu mélanges le tout à l'aide d'un fouet jusqu'à ce que la pâte devienne un peu plus épaisse, mais avant qu'elle ne ressemble plus qu'à un gros bloque, tu attrapes le pots entre tes mains. Sans que ton frangin ne s'y attende, tu lui verses tout sur la tête. « Attends, attends, bouge pas, il mange les garnitures. » D'un geste, tout en pouffant de rire, tu balances le concentré, les champignons et le jambon. « Alors ma pizza, elle est comment ? »