Adrienne n'était arrivée en ville que depuis deux petites semaines, mais déjà elle se sentait chez elle. Cette ville était épatante : paisible, tranquille et fleurie, elle n'avait absolument rien à voir avec Londres et son boucan parfois infernal, notamment dans le métro. Non, Montsimpa n'avait rien à voir et semblait être la ville idéale pour changer de vie. Changer radicalement de vie ; voilà ce que souhaitait faire Adrienne ici. Si elle avait gardé son emploi de psychiatre, elle avait du tiré un trait sur son passé, ses amis, et même sur sa famille avec qui elle n'avait plus beaucoup de contact.

Si Adrienne se rendait aujourd'hui à la galerie d'art de Montsimpa, ce n'était pas seulement parce qu'elle aimait beaucoup l'art, non. Adrienne avait un rendez-vous cet après midi, avec un jeune homme qu'elle avait rencontré à son arrivée à Montsimpa. Tristan, c'était le nom de ce jeune homme de vingt-deux ans qu'Adrienne avait décidé de prendre sous son aile, après que celui ci lui ait confié ses problèmes familiaux et son rêve de devenir artiste. Adrienne avait d'ailleurs pu jeter un coup d'œil aux dessins de Tristan. Elle en était tombée sous le charme ; le talent de Tristan l'avait impressionné. C'est pourquoi, cet après-midi, Adrienne avait donné rendez-vous à Tristan à la galerie d'art afin de passer un moment avec lui. Elle était très attentive aux problèmes de Tristan, et serait désormais toujours là pour lui venir en aide. Tristan savait qu'il pouvait compter sur Adrienne, dont le travail était justement de régler les problèmes des autres. Si ceux de Tristan n'étaient pas d'ordre mental, Adrienne savait que quelque chose ne tournait tout de même pas rond chez lui. Elle savait bien qu'elle ne parviendrait sans doute pas à le faire se réconcilier avec son père, mais elle essaierait. C'était certain. Après avoir attendu Tristan une dizaine de minutes -elle était en avance- le jeune homme se montra enfin. Adrienne se dirigea vers lui, tous sourires. « Tristan ! Cela me fait plaisir de te voir ! Je suis touchée que tu aies accepté mon invitation. Et puis... je sais que tu aimes tout particulièrement cet endroit. » En tant qu'artiste en devenir, Tristan était sans doute venu ici à plusieurs reprises. Adrienne, quant à elle, y posait les pieds pour la première fois.

A peine arrivé, Tristan parvenait à communiquer sa bonne humeur. Toujours très souriant, il avait accepté l'invitation d'Adrienne avec plaisir, ce qui ne pouvait que la réjouir. Elle savait que cet endroit était parfait pour se voir. Tristan était un jeune artiste en devenir, alors quoi de mieux que la galerie d'art pour un rendez-vous ? « C'est sur que comparé à moi, tu dois connaitre cet endroit comme ta poche. Je vais très bien, et toi aussi on dirait ! » Ça pour aller bien, il semblait aller bien. Malgré les petites choses qui faisaient que sa vie était difficile, Tristan ne laissait jamais vraiment paraitre sa tristesse ou sa colère. Et pourtant ces sentiments étaient bien là. Au fond de lui, ce jeune homme souffrait et Adrienne en était bien consciente... Elle ignorait si elle parviendrait un jour à l'aider, mais lui venir en aide était ce qu'elle voulait faire, à tout prix. Tristan la prit par le bras et tous deux avancèrent dans la galerie. Cette galerie semblait être le seul endroit où Tristan était réellement heureux. Adrienne le savait et ce n'était pas pour rien qu'elle lui avait donné rendez-vous ici. Elle espérait lui redonner le sourire. Tristan avait montré ses esquisses à Adrienne, qui en était tombée sous le charme. Ce jeune homme avait du talent, c'était certain ! Et qui sait, peut être qu'un jour ses œuvres seront exposées ici-même, dans cette galerie ? « Et alors Tristan... as-tu fait de nouveaux dessins ? As-tu de l'inspiration en ce moment ? » Adrienne s'intéressait beaucoup au parcours du jeune homme. Elle voulait tant qu'il réalise son rêve, qu'il devienne l'artiste qu'il a toujours voulu être et qu'il abandonne la plomberie. Sa réelle vocation n'était pas de réparer des installations, mais bel et bien de laisser parler son imagination et sa créativité.

Tristan connaissait vraiment par cœur cet endroit. Il prit Adrienne par le bras et l'emmena dans une salle où étaient exposées de nombreuses peintures à l'huile. C'était magnifique. L'une de ses peintures attira leur attention : un très joli tableau représentant une femme regardant l'horizon, tout en finesse. En regardant Tristan, Adrienne voyait bien que le jeune homme espérait qu'un jour, il verrait aux murs de cette salle ses propres créations. Adrienne y croyait, car elle savait à quel point Tristan était doué. « Tu verras un jour, ce seront tes créations qui seront accrochées ! Moi j'y crois ! » Lorsque qu'Adrienne lui demanda si il avait fait de nouveaux dessins, Tristan devint tout rose. Puis il sortit une feuille de papier qu'il avait pliée en quatre. Il tendit à Adrienne cette fameuse feuille, qu'elle saisit et déplia. Là, elle découvrit le portrait d'une femme qui lui rappelait quelqu'un. Adrienne était gênée, et ne savait pas vraiment quoi dire. Elle était surtout très touchée par les paroles de Tristan qui se disait fier du personnage qu'il avait dessiné. Adrienne sourit. « C'est magnifique Tristan. Mais j'ai l'impression que tu m'as embellie, non ? » Adrienne plaisantait. Oui, elle s'était reconnue sur ce dessin de Tristan. Elle l'avait donc inspiré, ce qui ne pouvait lui faire que plaisir, et se sentir honorée. Ce dessin prouvait une fois encore le talent du jeune homme de vingt-deux ans, qu'Adrienne appréciait de plus en plus chaque jour.

« Tu verras un jour, ce seront tes créations qui seront accrochées ! Moi j'y crois ! » C'était officiel. Soit Adrienne lisait dans mes pensées, soit j'étais complètement fou et incapable de faire la différence entre une pensée ou une parole. Dans tous les cas, les mots qu'elle venait de prononcer m'avaient arraché un sourire. Elle croyait en moi et ça, ça c'était bien une des innombrables raisons pour laquelle je l'aimais autant. Adrienne croyait en moi ! Contrairement à mon père. Elle me voyait dans cette galerie plus tard et rien que cette pensée m'avait tiré une bouffée d'optimiste. « Merci de croire en moi Adrienne .. », avais-je chuchoté en la regardant. Et puis, alors qu'on était arrêté devant un magnifique tableau utilisant la peinture à l'huile, je lui avais montré mon dessins le plus récent. Celui qui la représentait. La réaction qu'elle avait eu m'avait fait sourire. Malgré son gêne flagrant, elle arrivait encore à plaisanter. Pour mon plus grand bonheur. En souriant, je me mis face à elle et plaçai le dessin à côté de sa tête, faisant mine de réfléchir. « Hum, je dirais plutôt que le dessin est franchement pas très réaliste. Je crois que je te préfère en vrai ! », dis-je en souriant. Puis, j'attrapais son bras pour lui montrer une autre peinture. Celle-ci était plutôt simple à vrai dire. Mais je l'affectionnais tout particulièrement. C'était un auto-portrait. Du peintre, lui-même. Il était derrière son chevalet, un sourire satisfait et dans ses yeux brillaient une lumière. « Tu vois, celle-là de peinture. Je l'aime beaucoup. La technique y est incroyable. Et regardes .. », déclarai-je en la prenant à nouveau par le bras pour l'approcher du tableau. « .. dans ses yeux, il y a dessiner un ciel avec des nuages, comme la liberté. Moi, je trouve que les nuages ont la forme de cœur, étonnant non ? » J'avais dit ça un sourire aux lèvres et avais reporté mon regard sur elle.

Les paroles d'Adrienne semblaient avoir fait plaisir à Tristan, qui la remercia de croire en lui. Adrienne savait que Tristan avait tous les atouts pour percer dans le milieu de l'art : le talent, la volonté et l'imagination. Il était selon elle promis à un brillant avenir, et elle comptait bien l'épauler tout au long de son parcours. Tristan venait tout juste de montrer à Adrienne le portrait qu'il avait fait d'elle. Un portrait d'un réalisme fou, vraiment très bien exécuté, bien qu'Adrienne trouvait que le jeune l'avait embellie. Selon Tristan, son dessin n'était pas réaliste. Le jeune homme manquait cruellement d'objectivité : son dessin était magnifique, et très réaliste. La preuve, Adrienne s'était tout de suite reconnue. « Au contraire, c'est très réaliste ! Les couleurs, les traits : c'est du grand Tristan ! » Adrienne souriait, et était sincère. Puis Tristan lui prit à nouveau le bras pour l'emmener devant une nouvelle peinture. Cette fois-ci, il s'agissait d'un auto-portrait du peintre, qui s'était représenté en train de peindre justement. Dans les yeux du peintre, étaient représentés un ciel et des nuages. C'était épatant, et Adrienne admira longuement la peinture. Chaque détail était très réfléchi, très travaillé. « C'est magnifique. Tu as d'excellents goûts en matière d'art ! Par contre je ne sais pas où tu vois que les nuages ont une forme de cœur, parce que... » Adrienne s'avança plus près encore de la peinture. Ah ! Si ! Les nuages semblaient bel et bien avoir une forme de coeur. Seulement il fallait un très bon oeil pour le remarquer. Tristan, de loin, l'avait remarqué lui. A croire que tous deux n'avaient pas la même faculté à remarquer les détails d'une peinture. « Ah mais si, en fait, tu as raison ! Et bien... tu as de très bons yeux. C'est à peine si je l'ai remarqué. » Adrienne rit. Elle ne s'y connaissait quand même pas grandement en peintures, comparé à Tristan.

De toute évidence, Tristan commençait à être mal à l'aise de recevoir autant de compliments de la part d'Adrienne. Ses joues devinrent sacrément rouges, ce qui fit sourire la jeune psychiatre. Mais parce qu'elle ne tenait pas non plus à le rendre plus mal à l'aise encore, Adrienne en finit là avec les compliments. Tristan avait observé sur le fameux tableau qu'il aimait tant des nuages en forme de cœur, qu'Adrienne avait bien eu du mal à voir. Il fallut qu'il l'y pousse pour qu'elle voit le tableau d'un peu plus près, et remarque finalement que le jeune homme avait raison. Tristan n'était donc pas fou ! Tous deux rirent avant de changer finalement de salle. Tristan emmena Adrienne dans une salle remplie de peintures acryliques, vraiment très jolies. L'une d'elle attira l'attention des deux protagonistes, qui s'en approchèrent pour l'admirer d'un peu plus près. Là, Tristan se tourna vers Adrienne pour parler un peu de la vie de la jeune femme. Il l'interrogea sur son travail, ses amis... et ses amours. Voilà une question qui embarrassa quelque peu Adrienne, qui tenta tout de même d'y répondre. « Et bien que veux-tu que je te dise... Hmm... Je dois dire que je me suis plutôt bien intégrée dans l'hôpital où je travaille. Bien sur ça n'a rien à voir avec mon cabinet de Londres, mais le personnel est adorable ici... » Adrienne saisit une mèche de cheveux qui lui tombait sur le visage, et la mit derrière son oreille, puis continua. « Dans la rue où j'habite c'est pareil, des voisins charmants... une bonne entente... J'en suis ravie. » Adrienne chercha comment elle pouvait bien répondre à la dernière question de Tristan. Qu'y avait-il à dire à propos des amours de la jeune femme ? Depuis qu'Eliott l'avait quittée, il y a deux mois de ça, Adrienne n'avait plus eu aucun homme dans sa vie. Il y avait ce charmant médecin, rencontré à l'hôpital, mais l'attirance venait plus d'Adrienne que de lui. « Les amours... hélas, il n'y a pas grand chose à dire de ce côté-là. Ma dernière histoire remonte à il y a trois ans, et il m'a quittée il y a deux mois. J'ai pris une bonne claque, et aujourd'hui je ne suis pas sure d'être à nouveau prête pour l'amour. Mais cela ne m'empêche pas de fantasmer sur de beaux inconnus... » A ces mots, Adrienne laissa échapper un rire. Elle réagissait toujours comme ça lorsqu'elle trouvait que sa réponse était ridicule. Elle ne pouvait garder son sérieux...

Après qu'Adrienne ait évoqué son nouveau travail à l'hôpital de Montsimpa, bien différent de celui-ci qu'elle avait à Londres bien que la profession restait la même, Tristan la félicita. Il la félicita pour le courage qu'elle avait eu en quittant tout, du jour au lendemain, pour commencer une nouvelle vie loin de sa famille et de ses amis. Cela fit grandement plaisir à Adrienne, qui prit ensuite la main de Tristan. Le jeune homme était plombier, mais ce n'était pas sa véritable vocation. En effet, il se rêvait en artiste, et Adrienne savait qu'il avait un talent fou. Elle ne doutait aucunement du fait que, tôt ou tard, il quitterait la plomberie pour vivre de sa passion, l'art. « Il m'aura fallu pas mal de temps pour me rendre compte que je ne désirais pas vivre dans une ville comme Londres. Il me fallait un endroit paisible, et je l'ai trouvé. Alors Tristan ne fait pas la même erreur que moi. J'ai bientôt la trentaine, et toi tu es encore jeune : si la plomberie n'est pas ce que tu aimes faire, alors change de voie. » A l'âge de Tristan, il était souvent difficile d'exercer le métier que l'on voulait. Pourtant Adrienne y croyait, et elle était même prête à épauler Tristan dans son parcours, comme financièrement. « Il ne s'agit pas d'avoir du courage, mais juste de la volonté. Et ça, tu en as Tristan. » La volonté avait permis à la jeune femme de tout plaquer, et de réaliser une partie de son rêve. Maintenant qu'elle s'était installée dans la ville paisible dont elle avait toujours rêvé, Adrienne nourrissait un rêve ultime : fonder une famille avec l'homme de sa vie. En parlant d'amours, Tristan semblait s'intéresser à ceux d'Adrienne... Il lui avait d'ailleurs demandé où elle en était sentimentalement, et la jeune femme avait sèchement répondu qu'elle n'était sans doute pas prête pour une nouvelle histoire. Sa récente rupture était encore douloureuse. Elle peinait à oublier Eliott. Tristan évoqua le grand amour, celui qu'on ne vit qu'une fois dans sa vie... Il ne semblait pas y croire, tandis qu'Adrienne se plaisait à croire que cela existait. « Le grand amour... moi j'y crois. Il m'arrive de tomber amoureuse, bien sur, mais pour le moment je n'ai jamais rencontré un homme avec qui je me suis dit "lui, c'est l'homme de ma vie, le père de mes enfants"... » Adrienne pouvait facilement tomber amoureuse... cela lui arrivait souvent d'ailleurs. Il y avait un homme qui avait beaucoup plu à Adrienne... le fameux docteur Hodge. Ils s'étaient rencontré lors d'une situation cocace, et Adrienne en était littéralement tombée sous le charme. « Si, il y a un docteur qui ne m'a pas laissée indifférente l'autre jour à l'hôpital. Mais je me suis totalement ridiculisée devant lui. C'était affreux. Si tu veux mon avis, j'ai du plus lui faire peur qu'autre chose... » Adrienne était tombée sous le charme de nombreux hommes, et la plupart du temps ce n'avait pas été réciproque. Les déceptions amoureuses... elle connaissait. Elle s'était fait plaquée un nombre interminable de fois, et aujourd'hui elle ne semblait plus avoir confiance en les hommes. Si l'homme de sa vie se trouvait à Montsimpa, elle aurait sans doute très peu de chance de le rencontrer un jour.

Adrienne n'avait aucun doute quant à l'avenir de Tristan dans l'art. Avec les dessins qu'il faisait, il ferait probablement un carton. Cela lui fit d'ailleurs penser que ce genre de dessins plaisaient énormément à Paris et à Londres. Certains peuvent facilement se vendre à prix d'or. Seulement avant cela, il faut parvenir à se faire un nom et c'était bien le problème que soulignait Tristan : il était difficile de vivre de l'art, au moins au début. Alors à vingt-deux ans, en arrêtant la plomberie, rien ne pouvait réellement garantir à Tristan qu'il parviendrait immédiatement à la notoriété artistique dont il rêvait. Les paroles du jeune homme firent prendre conscience à Adrienne que, contrairement à elle, il ne pouvait se permettre de tout laisser tomber. Elle se trouvait même quelque peu égoïste, car elle parlait de suivre son exemple, mais elle ne connaissait aucun problème d'argent ! Tristan était plombier, Adrienne psychiatre. Ce n'était pas comparable. « Oui tu as raison. Je ne peux pas comprendre les soucis financiers que tu pourrais avoir en faisant ça... J'ai un peu trop pensé à moi sur le coup, et je m'en excuse. En tout cas si tu as besoin de quoi que ce soit ; un toit, de l'argent ou autre chose ; tu sais à quelle porte venir frapper, hein ! » Adrienne était tous sourires, mais à l'intérieur elle avait beaucoup de peine pour Tristan. Elle ne pouvait se résoudre à le voir rester plombier pendant des années encore, alors que ce qui le passionnait vraiment était l'art. Elle ne pouvait malheureusement rien faire, à part l'épauler. La crise n'arrangeait rien. Elle ne la subissait pas, mais elle songeait à ceux et celles qui ne pouvaient réaliser leur plus grand rêve à cause de soucis d'argents. Tristan l'emmena ensuite devant une nouvelle peinture nommée "l'amour". Puis il se tourna vers la psychiatre, lui disant que le docteur dont elle avait évoqué la rencontre humiliante avait probablement adoré leur "ridiculisation". Voilà un mot qu'Adrienne ne connaissait pas, et qui la fit beaucoup rire. « Notre quoi ? Ah, Tristan il me semble que tu viens d'inventer un mot... Enfin j'ai compris. Mais tu sais cela m'étonnerait beaucoup que cela lui ai plu, car vraiment j'avais l'air cruche. Oulala ! » Cruche, elle l'avait été ! De toute manière, Adrienne commençait à avoir l'habitude des situations gênantes et humiliantes. C'était une femme qui pouvait très vite devenir ridicule, par une phrase ou un geste. Mais que voulez-vous ? On ne se refait pas. Tristan porta finalement son attention sur le nouveau tableau. Rien qu'à y voir le titre, Adrienne ne l'aimait pas. Du rouge... Du noir... Bon sang, mais qu'est ce que cela pouvait bien représenter ? Ni Tristan ni Adrienne ne semblaient en avoir idée. Et comme Tristan, Adrienne le trouvait très spécial, ce tableau. « Ah oui ce tableau est vraiment... Pfiou je ne saurais trouver de mot pour qualifier ça. Cela ne correspond pas mon plus à ma vision de l'amour, non. » Adrienne se mit à rire à son tour, et un rire de quelques secondes se fit entendre dans toute la salle. Ce tableau semblait beaucoup amuser les deux protagonistes. Et pourtant le thème les concernait tout autant que l'autre. Adrienne ne savait pourtant rien des amours de Tristan. Mais puisque celui-ci s'était montré curieux sur les siens, elle pouvait tout à fait faire de même, non ? « Et alors Tristan ? Si tu me parlais un peu de tes amours, toi aussi ? Une petite amie peut être ? Ou une fiancée ? » Adrienne voulait savoir si Tristan était tout de même heureux. C'était important pour elle. Enfin il y avait tout de même une part de curiosité, mais bon... ça vous l'aviez compris.

Alors que Tristan et Adrienne se trouvaient devant cette bien étrange peinture qui ne reflétait pas vraiment leur vision de l'amour, leur discussion allait bon train. Adrienne venait de lui proposer son aide, que ce soit financièrement ou pour se loger. L'offre fut déclinée par le jeune homme, qui refusait catégoriquement qu'Adrienne lui verse le moindre sou. Le message était passé, Adrienne ne lui viendrait donc pas en aide de manière financière. Mais attention cela ne signifiait aucunement que la jeune femme ne souhaitait plus se mêler des problèmes de Tristan, non ! Au contraire elle y portait une grande attention et s'inquiétait beaucoup pour lui. Le jeune homme de vingt-deux ans était devenu son fils, en quelque sorte. Elle se devait de veiller sur lui et de le protéger. Le fait qu'il refuse son argent ne la dérangeait pas. De toute manière elle savait que si il était vraiment dans le besoin, il viendrait probablement la voir. Probablement. « Très bien Tristan. Mais n'oublies pas qu'Adrienne sera toujours là pour toi, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. » Adrienne se cru philosophe, pendant un moment. Quelques instants plus tard, elle avait questionné le jeune homme sur ses amours. Cela l'intriguait beaucoup, et elle voulait savoir si Tristan avait une jeune femme dans sa vie... Une fiancée ou une petite amie, peut être... Pour commencer, Tristan affirma qu'il n'était pas fiancé. Et qu'il n'avait pas non plus de petite amie. Puis après avoir reprit son respiration, il enchéri en disant qu'il avait une relation avec une certaine Rafaelle. Non, il avait dit qu'ils "couchaient" ensemble. Ce terme aurait pu choquer Adrienne, jeune femme peu habituée à employer de tels termes, mais ce fut d'avantage le prénom de sa colocataire qui attira son attention. « Tu as bien dit Rafaelle ? Alors soit il y a plusieurs Rafaelle à Montsimpa, ce qui est tout à fait possible, soit je la connais. » En effet ce prénom était bien loin d'être étranger à Adrienne. A vrai dire elle avait rencontré une jeune femme nommée Rafaelle dans un supermarché, l'autre jour. Elle avait été intriguée par le comportement de la jeune femme, perturbée selon elle. Quand Adrienne lui avait proposé un rendez-vous à son cabinet, Rafaelle lui avait tout simplement dit d'aller se faire voir. « Figure-toi que je connais une Rafaelle, moi aussi. Une belle et jeune blonde, non sans caractère... Enfin, disons que nous ne sommes pas vraiment les meilleures amies du monde, elle et moi. Mais peut être qu'il s'agit d'une autre Rafaelle. » Tristan semblait partagé sur ce qu'il ressentait pour sa colocataire. Peut être qu'il était amoureux d'elle sans en avoir conscience... Leur relation semblait d'avantage basée sur des relations sexuelles. Mais Adrienne était bien placée pour savoir que notre inconscient pouvait nous jouer des tours. Des sentiments pouvaient être enfouis... « Oh mais dis-moi, tu rougis Tristan ! C'est incroyable, tu évoques ta colocataire Rafaelle et voilà que tu rougis. Tu ne me cacherais pas quelque chose, par hasard ? » Adrienne aimait bien le taquiner. Un sourire vint illuminer son visage. Si elle le prenait pour son fils, elle se considérait également comme sa grande sœur. Tristan avait probablement pris conscience, au fil du temps, qu'il pouvait avoir confiance en Adrienne et qu'il pouvait tout lui confier. Adrienne était psychiatre, alors si il y avait bien quelqu'un qui savait garder les secrets dans cette ville, c'était bien elle !