La soirée avait été assez longue. Mais Charlie ne s'en plaindrait pas. Il aimait cet endroit. Il s'y sentait comme chez lui. Il s'y sentait tellement bien que c'était un bonheur de se lever tous les matins pour aller travailler. Peut-être Charlie était-il un peu légèrement masochiste dans sa tête. Mais qu'importait. Il aimait cet endroit. Et le contact avec les client lui faisait du bien. Certains étaient assez rabougris, on ne pouvait le nier, mais la plupart étaient chaleureux, aimables et ne créaient pas de problèmes tant que les barmen étaient aimables et respectueux eux-mêmes. Et à vrai dire, Charlie aimait être aimable avec les clients. Certains étaient des habitués et adoraient, visiblement, que Charlie les servent. Ils étaient de bons clients et avaient la parlote facile. Ainsi de grands sujets de discussions s'engageaient parfois au bar entre les clients et Charlie.
Mais il fallait tout de même avouer que parfois certains clients étaient relativement crevants. Vous savez ces gens qui viennent dans un bar quasi défoncés au LSD et qui commande trois shoots de vodka alors qu'ils ne tiennent même pas debout et qui, si on les sert pas, vous hurlent dessus, alors que tout ce que vous faites est certainement un plus grand bien qu'un mal. Ce genre de clients étaient peu réguliers, bien sûr. Mais quand ils arrivaient, un bras de fer acharné s'engageaient entre eux et Charlie, ou les autres barmen. C'était de loin la partie la moins plaisante du métier de barman.
En dehors de ces clients, la plupart étaient respectueux et ne commandaient que deux ou trois verres d'alcool et en ressortaient très bien. Et si Charlie sentait que l'alcool commençait à leur monter à la tête, alors il les avisait d'arrêter.
Certains clients le prenait très mal bien sûr, mais la plupart comprenaient que leur sécurité était le plus important.

Ce soir, il n'y avait eu aucun trouble quelconque, mais Charlie était fatigué. Il lui restait trois bonnes heures avant de pouvoir fermer, mais il les supporterait. Le contact avec certains clients, devenus amis l'aidait à tenir. Il avait passé sa soirée à servir des clients, mais aussi à rigoler et à trouver des sujets de conversations avec les gens assis au bar. Mais la soirée avait été pesante tout de même. De plus il n'avait pas dormir la nuit précédente, foutues insomnies. Donc son état ne faisait qu'empirer, ce qui n'arrangerait pas le mal de tête qui lui pesait désormais comme le poids d'un lourd secret.
Mais le mal de tête partirait sûrement à un moment ou un autre.

(…)

Une cliente entrait. Charlie tentait d'apercevoir son visage, caché par la capuche qui lui couvrait le haut de la tête et faisait de l'ombre sur son visage. Quand la jeune fille eut enlevé le heaume qui lui recouvrait la tête, l'aidant à échapper tant bien que mal à la pluie qui s'abattait sur la ville, alors que celle-ci était censée ne jamais venir vers nous, Charlie comprit qu'il ne la connaissait pas. Non, il ne connaissait pas cette jeune fille, au visage soyeux.
Elle s'avançait vers le bar, sa capuche goutant sur le sol.
'Je vous sert quelque chose?', demanda Charlie, alors que la jeune fille lui tendait le bras pour qu'il vienne à sa rencontre.