memories are fresh ۞ patrick.

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❝ never say goodbye because
goodbye means going away and
going away means forgetting. ❞
memories are fresh ۞ patrick. Tumblr_m7809sGmPy1r76pys

Il fait nuit, presque personne dans les rues. Je sors de soirée. Une soirée où je ne connaissais personne. Je serais d'ailleurs dans l'incapacité d'expliquer comment je me suis retrouvée là étant donné qu'aucune tête présente à la fête ne me disait quelque chose. Mes trous de mémoire n'étonnent de toute façon plus grand-monde. C'était une soirée posée, pas énormément de personnes présentes, mais suffisamment pour que l'ambiance soit au rendez-vous. Pour ma part on va dire que j'ai plutôt comaté toute la soirée dans un canapé à fumer des cochonneries puis à écouter les gens parler. Ça me plait bien, ça, écouter les gens parler. Leurs conversations toutes plus vides de sens les unes que les autres. J'sais même pas si c'est censé me faire rire ou pleurer, en tout cas, je les écoute. D'une oreille distraite et pas vraiment intéressée. Et puis, fatalement, le propriétaire de l'appartement et organisateur de la soirée a fini par en avoir marre de nous et nous a par conséquent congédiés doucement. Du coup je me retrouve là, à dévaler la rue aux côtés de deux mecs effrayants qui eux aussi étaient à la soirée. Je tourne la tête vers eux discrètement et je n'sais pourquoi mais je trouve qu'ils font peur. Lorsque je tourne ma tête à nouveau en face de moi pour regarder où je vais il est déjà trop tard, je viens de rentrer dans quelqu'un. J'ai la fâcheuse manie de foncer dans tout ce qui bouge ces derniers mois ; c'est bien ma veine. « Ben pardon. » je marmonne, tout en reprenant mon chemin. Mais la fille que j'ai heurtée par mégarde a l'air énervée, ou tout du moins un peu trop éméchée. Elle aussi. Elle commence à s'agiter, à m'insulter, à me pousser l'épaule brutalement. Je ne comprends pas tellement son manège mais je ne dis rien. Maman m'a toujours appris à ne pas répliquer lorsqu'un inconnu s'adresse à moi de cette façon. Ne pas provoquer, ne pas répliquer. Au moins un truc pré-accident donc je me rappelle. Va savoir pourquoi je me souvenais de ça et pas du prénom de mon frère, lorsque je me suis réveillée. Soit. La nana aligne des mots et des gestes tous plus vulgaires les uns que les autres et c'est plus fort que moi, je peux pas la laisser me traiter comme ça. Puis elle ne me laisse même pas partir de là, en fait peu de solutions s'offrent à moi. De toute façon si ça continue c'est elle qui va me mettre la râclée. Les deux mecs avec qui j'étais jusqu'à présent ont continué leur chemin sans même se préoccuper de moi en plus. Connards. Alors voilà on commence à se taper dessus, peut-être est-ce moi qui ait commencé, oui sans doute, mais la provocation venait d'elle. Evidemment, vu les kilos de malchance que je traine, j'entends la sirène de la police se rapprocher de nous, pas pour nous à la base, mais ils ralentissent et nous voient, alors, inévitablement on se fait embarquer. « Vous deux, vous montez avec moi. » Pas le temps de réagir que je me retrouve à l'arrière de la voiture en moins de deux. Au commissariat on nous, on me traite comme si j'étais une criminelle représentant une menace pour le pays, encore un truc qui me révolte, vive la justice. Voilà pourquoi à l'époque je manifestais contre ce gouvernement qui n'est pas mieux dans mon pays natal qu'ici. Tiens, un second truc dont je me souviens. Autant les noter, mes souvenirs se comptant sur les doigts d'une seule main. Ridicule réalité. C'est seulement une fois côte à côte dans la cellule de garde-à-vue que je me rends compte que la fille a les cheveux roses. La lumière du poste lui fait un sale teint, j'espère que ce n'est pas mon cas, non ce n'est sûrement pas mon cas. Je regarde ma montre, il est quatre heures du matin, ou du soir, ou peu importe ; personne ne va venir me chercher à cette heure-là, et je ne vais sûrement pas réveiller Louise pour cela. Alors je m'allonge sur un banc froid et j'attends. J'entends la grille s'ouvrir. Visiblement les flics ont fait carton plein en ville ce soir.

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Jolan Scott @jolanscott
grande soirée de prévue au brightmore, on se ramène.

Et tout le monde est venu. Pour lui. Scott. Pour Jolan Scott on se déplace. Ils sont tous venus à lui. Eux. Ses fans. Des inconnus. Des amis. La clientèle de luxe. Ces enfants capricieux, vaniteux et prétentieux d'une génération frivole et complètement délurée. Une jeunesse volage et exigeante, parquée dans le même carré confortable que lui. Ils se sont réunis, simplement parce qu'il leur a demandé. La cigarette sur le bord des lèvres pour certains. Une coupe de bulles pour d'autres. Et puis lui, le roi de la soirée, le roi du monde peut-être même, avec son portable presque collé à sa main et une jolie fille enroulée dans son bras libre. Les gens gravitent autour de lui, répondant aux moindres de ses désirs. Même pas besoin de bouger. C'est jouissif cette sensation de posséder le monde au creux de sa main. Il observe la scène d'un œil satisfait, bien que depuis longtemps habitué à ce manège superficiel qui danse autour de lui. Il prend des photos. Il tweete. Il retweete. Un sourire s'immisce sur ses lèvres. Il ne pense même pas à boire. Plus amusé à l'idée de prendre des photos que de se retrouver ivre mort à la sortie du club. Demain, ses fans auront la chance de voir leur soirée mouvementée se retrouver sur son twitter. Parfois il songe à appeler la Cortès. Pour la voir. Pour passer un bref instant avec elle. Bref, mais intense. Pour qu'elle vienne se glisser dans ses bras. Grâce à l'héritière, il aurait la sensation brûlante de faire danser Roxane. De la faire rêver quelques minutes à coups de pas de danse dans une ambiance électrique. Il s'imaginerait la faire danser sous la Tour Eiffel ou à Venise. Mais il oublie cette idée aussi vite qu'il oublie Deva. Elle ne viendra jamais. Dommage pour elle, elle rate une soirée parfaite en compagnie du grand Scott. Il ne se demande même pas si elle va bien, si les préparatifs de son mariage avancent ou si elle est heureuse. Il est juste persuadé de lui manquer. Jolan manque à tout le monde. Fait universel.

Jolan Scott @jolanscott
Course-poursuite avec la police. même eux, ils me veulent.

Et dans le rétroviseur, il les voit. Les lumières. Bleues et rouges. Elles clignotent dans la nuit comme un vieux néon pourrit d'un bar miteux. Il soupire, las et fatigué. Mais il ne prend même pas la peine de cacher son téléphone. Celui-ci est toujours planté dans sa main, l'écran allumé, ouvert sur sa page twitter. Au moins le tweet a été envoyé. Il baisse la vitre, la policière se penche, il lui adresse un sourire charmeur avant de lever les mains et de clamer d'un ton moqueur qu'il est innocent. Elle se contente de lever les yeux au ciel avant qu'ils n'échangent deux, trois mots. Il ne cherche pas à se justifier qu'il sort déjà de la voiture pour suivre la femme au commissariat. Téléphoner et tweeter en conduisant lui semblait normal jusqu'au moment où on l'oblige à déposer son téléphone dans un bac en plastique. Ainsi que sa montre et son portefeuille. « Je peux garder mon portable ? » La policière lève une énième fois les yeux au ciel et lui fait signe de rentrer dans la cellule. Et c'est avec un désintérêt profond qu'il observe du coin de l’œil les deux femmes se trouvant déjà à l'intérieur. Il baisse les yeux vers sa main, prêt à lancer un tweet à ses millions de fans. Réaction inutile puisqu'il n'a plus de portable. « Mes fans ont besoin de moi. Vous ne pouvez pas les priver de Jolan. » qu'il dit, alors que la policière, moqueuse, s'éloigne déjà. Il s'accroche aux barreaux comme un malheureux. Mais voyant que son jeu d'acteur et de persuasion ne marche pas, il se retourne pour faire face à une femme aux cheveux roses. Il réajuste sa veste, resserre sa cravate et avance d'un pas dans la cellule. « Mesdemoiselles. » Un sourire illumine son visage, et il hoche la tête comme un gentleman, ne voulant pas entacher sa réputation d'homme idéal. Fier de lui il s'avance encore un peu. La fille contre le mur lui semble sans grand intérêt, aussi fade et laide qu'un camion d'éboueurs. Fille aux cheveux roses et aux allures de junkies, il fait une croix sur elle. Ses prunelles sombres se dardent alors sur la fille allongée sur l'autre banc. Elle fait tâche dans le décor. Mais elle n'attire pas le regard pour autant. Elle n'a juste pas sa place ici. Trop fragile pour un monde comme celui-ci. Trop sage, trop lucide, trop mignonne. L'opposée de la junkie aux cheveux roses. Il photographie ses traits mentalement avant que son image ne se heurte à un vieux souvenir. A la fois le meilleur et le pire de ses souvenirs. Celui de la française. La seule fille qu'il aura aimé. Il s'approche de son banc, décidé à jouer l'emmerdeur profond plutôt qu'à l'ex qui essaie de se cacher. « Hé, la française, laisse-moi une place sur ton banc ! » Il tapote doucement sur son épaule pour la faire réagir. Et un grand sourire s'étire sur son visage lorsque ses pupilles croisent les siennes. Elle n'a pas changé. Elle a toujours cette fragilité qui borde ses pupilles et cette douceur rassurante et séduisante qui émane d'elle. Non, vraiment, elle n'a pas changé. Ou peut-être que si mais il aime l'idée qu'elle soit restée la même. La française qui l'a aimé. La française qu'il a abandonné sans regrets. L'impression de retourner des mois en arrière l'envahit. Elle le regarde sans rien dire. Son absence de réaction ne l'étonne pas. Il sait qu'elle ne va pas tarder à s'énerver contre lui, peut-être même qu'elle va vouloir le gifler. S'il avait pu garder son portable avec lui, il aurait demandé à la fille en rose de filmer la scène. « Ouais ouais, moi aussi je préférais quand on partageait le même lit. Mais un banc, c'est cool aussi. » Silence. « Le prince veut s'asseoir, mais je t'autorise à venir sur mes genoux. » Il penche le visage sur le côté, l'observe, elle n'a pas l'air d'avoir grossi. Au moins elle ne sera pas lourde à porter.

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Il n'y a rien à faire ici, dans cette cellule de quelques mètres carrés seulement alors qu'on est plusieurs dedans. Il n'y a rien à faire alors j'attends. Ma vue se brouille et mes paupières se closent. Quand j'y repense, c'était vraiment une soirée pourrie. Les uns qui font des jeux d'alcool débiles, d'autres qui dansent comme des biatchs alors que personne ne les regarde, ceux qui auront terminé la tête dans la cuvette ; puis il y a moi. Moi en plein milieu de la foule, moi qui ne sait pas ce que je fous ici, moi la paumée heureuse. Pour changer. Peut-être que c'est ce à quoi ma vie se résume, peut-être que j'ai toujours été ainsi. Seule au milieu des autres. Et je m'en fous. Ça me plait. On ne peut compter que sur soi-même de toute façon. Et Rhea. Et Louise. C'est tout. Si j'avais su que ma soirée se terminerait ainsi, je ne serais sans doute pas sortie. Ou peut-être que si. Peut-être que je m'en fous pas mal de me retrouver allongée sur un banc au poste, peut-être qu'au moins j'ai un endroit où dormir, parce que, et cette fois c'est certain, j'aurais pas su comment rentrer à pieds toute seule dans la nuit. Puisque les deux mecs qui m'accompagnaient m'ont abandonnée. Je m'en fiche. J'ignorais tout d'eux jusqu'à leur prénom. Et ça m'importe peu. Ce n'est pas la première soirée où je me rends et où je ne connais personne. C'est une sensation que j'aime. Celle de devoir prendre sur moi. Mais avec tout ce que j'ai fumé et mon esprit embrouillé, je ne saurais retracer l'historique de ma soirée. Whatever. J'ouvre un œil et jette un regard à la fille aux cheveux roses, de l'autre côté de la cellule. Elle a l'air de s'ennuyer, mais on dirait qu'elle m'observe. Peut-être qu'elle me surveille. Quoi, on a plus le droit de dormir maintenant ? Je roule des yeux et peu importe si ça l'offense. Elle ne sait pas ce que je pense. J'ai limite envie de lui taper la discute et de lui demander comment c'est arrivé pour ses cheveux roses, si elle l'a vraiment voulu ou si c'est un accident. Mais j'ai la flemme. Flemme de tout, flemme de parler, flemme de vivre. Alors je ferme les yeux à nouveau. Mais ma sensation de sérénité dure peu de temps. Les barreaux grincent et quelqu'un entre, visiblement. Je ne bouge pas ; j'imagine que ça va être comme ça toute la nuit de toute façon. Flic, quel métier. « Mesdemoiselles. » Je soupire et passe une main dans mes cheveux, les yeux toujours fermés, avant de changer de position de sorte à être face au mur. Ça devrait être plus confortable pour dormir. Quelques secondes me suffisent pour constater qu'en fait, non, c'est une position tout ce qu'il y a de plus désagréable, alors je me remets comme avant. #A5B592« Hé la française, laisse-moi une place sur ton banc ! » J'ouvre les yeux. Comme Rosie ne répond pas, j'imagine que c'est à moi qu'il parle. Française, oui c'est moi je crois bien. Comment le sait-il, je l'ignore. Il a sans doute dû entendre parler de ma famille à la télé. Bref, je ne vois pas pourquoi je me bougerais pour cet inconnu. Il y a de la place à côté de la rose en plus. Enfin, vu la taille de ses cuisses je comprends qu'il ait peur de tomber du banc à cause d'elle. Je mets ma main devant ma bouche avant de bailler puis me relève un peu, de sorte à m'appuyer sur mes coudes. « Seulement si tu vas leur demander un coussin pour que je puisse dormir. » je fais, désignant d'un coup de menton la secrétaire du service de police qu'on voit un peu plus loin, à travers les barreaux. Ce banc est tellement froid et inconfortable qu'il me faudrait au moins ça. Et puis, s'il est aussi gentleman qu'il s'en donne l'air, il va bien faire ça pour moi. C'est la moindre des choses, je trouve. Il est plutôt pas mal en plus. « Ouais ouais, moi aussi je préférais quand on partageait le même lit. Mais un banc, c'est cool aussi. » Je secoue la tête en fronçant les sourcils. Wtf. Le mec plane vraiment. « On se connait ? Je sais pas si t'as autant de grammes que moi mais j'pense que tu dois confondre. » C'est même sûr. Mais bon, faudrait pas trop le brusquer, il a l'air sacrément perché déjà. Vu l'heure en même temps, c'est compréhensible. Peut-être que c'est simplement la fatigue qui lui fait cet effet-là. Ça m'arrive aussi parfois, quand je ne trouve pas le sommeil. Autant dire tous les soirs. C'est une habitude, ça ne me perturbe même plus. Je préfère la nuit au jour, d'ailleurs. Tout change et tout devient différent, lorsque le soleil se couche. Je n'ai jamais su expliquer ce phénomène, mais je trouve ça fascinant. « Le prince veut s'asseoir, mais je t'autorise à venir sur mes genoux. » Je pense que j'avais compris, il l'a dit tout à l'heure. Quelle énergie dès le matin. On dirait une pile électrique. Moi, j'ai juste envie de dormir. Pour une fois. Faudrait pas louper le train du sommeil. « T'es un prince ? » Ça ne m'impressionne pas plus que ça mais c'est la première fois que j'ai affaire à quelqu'un de sang royal, il doit sans doute avoir des tonnes de trucs à raconter. Ça m'arrange, c'est pas Rosie qui m'aurait fait la conversation à l'autre bout de la cellule. « Et j'attends toujours mon coussin. » Condition sine qua non.

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