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unset Valley m'avait manqué. Même si durant l'enfance je n'ai pas eu de très bon souvenirs de cette ville, je peux tout de même affirmer que l'ambiance paisible et la campagne m'avait manqué. Il faut dire que c'est complètement différent de la capitale française: le bruit constant, la circulation, la pluie et les gens grincheux... J'aime la France, c'est certain mais à petite dose. Je ne regrette en aucun cas d'être revenue à Sunset Valley, chaque jour je redécouvre des rues de mon enfance, des quartiers qui étaient ancrés dans mes souvenirs et même des personnes que je fréquentaient à l'époque. Ce ne sont pas les personnes qui étaient les plus chères à mes yeux, loin de là. Mes amis du lycée? Je n'en ai pas recroisé un seul. Mais je m'y attendais, ils sont sûrement partis de la ville pour faire leurs études ou trouver un travail, ce qui est normal. On prend tous notre envol un jour ou l'autre.

Aujourd'hui, je me lève tôt -ce qui est rare je dois dire. Mon réveil affiche 9.00 am, et sans plus attendre j'allume la musique à fond. Oui, déjà mais c'est une habitude que j'ai pris dès mon adolescence. La musique le matin, pour moi c'est un besoin. Surtout qu'aujourd'hui est un jour spécial... Ce matin, j'ai rendez vous avec un acheteur pour un contrat. Je suis excitée comme une puce, s'il apprécie mon travail il pourra promouvoir ma ligne et ça serait juste grandiose. J'ai déjà eu beaucoup de refus car je crée des vêtements assez hors du commun je dois dire et bien évidemment, ça ne peut pas plaire à tout le monde.  En sortant de la douche, les cheveux trempés et la serviette nouée autour de moi, je remarque que mes créations sont dans un désordre total et que mes dessins sont empilés sur la table basse sans la moindre organisation. Génial. En pressant le pas, je m'habille d'une robe d'été à motif et enfile une paire de talon. Je me dépêche de ranger mes dessins dans une grande pochette et mes créations préférées dans un sac, soigneusement pliées.

Il est à présent 10.00 am, mon rendez vous est dans une demi heure. Je sors de chez moi et ferme la porte, les bras chargés et les lunettes de soleil déjà posées  sur mon nez. En effet, le temps est radieux aujourd'hui et il n'y a rien de tel pour me mettre de bonne humeur. Une fois garée près de la place Mirabello où se trouve le bâtiment, je m'empresse d'entrer dans ce dernier. Waa, quelle déco! Honnêtement, j'ai rarement vu un design aussi épuré et si peu coloré. Ce n'est pas vraiment de mon goût, mais surtout ce n'est pas ce qui m'importe. Je suis pile à l'heure, direction l'ascenseur pour le 5ème étage.

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Sortant du bâtiment, presque essouflée à force d'avoir parlé et montré toute la motivation que je peux avoir, c'est toujours ma pochette sous le bras et le sac dans un main que je regarde aux alentours. Une grande horloge indique presque midi et mon estomac crie famine car je n'ai rien mangé ce matin. J'aperçois un bar et prend la décision de m'y rendre pour commander un café; seulement une musique m'interpelle. En effet, je remarque un peu plus loin sur la place un cercle de personnes semblant observer un spectacle. La musique est sympa, et ma curiosité me fait changer de direction. J'avance vers l'artiste en question dont je n'arrive pas encore à apercevoir le visage. Je pousse quelques personnes et soudain, mon coeur s'arrête de battre. Enfin presque. Je le connais, je le connais même très bien. Un sourire s'esquisse sur mon visage mais s'efface rapidement. Je ne sais pas comment réagir, si je dois partir en courant ou aller à sa rencontre. Je décide finalement de le laisser finir sa musique, en m'installant sur un banc un peu plus loin. Lorsqu'il termine, la foule s'eclipse doucement tandis que je me rapproche de lui davantage. Il ne m'a pas vu, je vais alors juste derrière lui et pose mes mains sur ses yeux. « Qui c'est ? » Ne voulant pas laisser plus de suspens, j'enlève délicatement mes mains le laissant se retourner et lui offre un grand sourire.

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n aucun cas, je n'aurais imaginé que ma journée prenne une tournure pareille.

Oui je suis peut-être une gamine en lui cachant les yeux mais je voulais que ces retrouvailles commencent de manière amusante. Pourquoi ? Tout simplement parce que je sais que la suite ne le sera pas forcément. J'ai peut-être fait une mauvaise approche, mais ça ne l'étonnera pas, il me connaît parfaitement bien. Il se retourne et découvre mon visage comme la première fois qu'on s'est rencontré. Il est figé et sous le choc, et malgré mon sourire qui se voudrait chaleureux, il ne semble pas être content de me revoir. Il prononce mon prénom dans un souffle, et sans que je m'y attende, mon coeur se met à battre plus fort à ce moment-là. Je suis tellement heureuse de voir son visage que j'ai envie de lui sauter dans les bras, je ne sais pas ce qui me retient de le faire. J'allais presque me jeter à l'eau, jusqu'à ce que son ton change radicalement. « Qu'est-ce que tu fous là ? » Mon sourire s'efface en un quart de seconde, je ne sais plus comment réagir ni où me mettre. Lévi et moi, ça date du lycée, je m'en souviens comme si c'était hier. on était inséparables tous les deux, on se réconfortait et on était toujours présent pour l'autre. C'est une des personnes les plus chères à mes yeux et pourtant, je ne l'ai connu qu'un an. J'ai dû partir en France du jour au lendemain en ayant même pas le temps de lui dire au revoir en face. Je lui ai laissé un message, rien qu'un pauvre message. Il m'en veut c'est certain autant que moi je m'en suis voulu pendant des années et encore aujourd'hui, je le regrette amèrement.

« Levi... » Mes yeux ne peuvent plus se détacher de son visage, son beau visage. Ayant toujours été tactile, chose qu'il sait parfaitement bien vu que nous l'étions à l'époque, je ne peux m'empêcher de toucher du bout de des doigts ses cheveux châtain clairs, et de descendre au niveau de sa joue dans une légère caresse. « Tu es si... » changé ? beau ? grand ? Je ne sais même plus comment finir cette phrase. Mais je dois dire que c'est complètement inapproprié pour le moment alors je me reprends vite et retire soudainement ma main de son doux visage. J'éclaircis ma gorge et avant qu'il puisse me reprocher quoi que ce soit, je veux avant tout qu'il entende mes explications du début jusqu'à la fin.

« Je suis sincèrement désolée, il faut que tu le saches même si c'est probablement trop tard. Je ferais tout pour revenir en arrière, j'aurais même adoré que tu viennes avec moi en France tu sais, c'est un magnifique pays que je voudrais que tu découvres. Je tenais à toi, tu sais hein, tu le sais ? C'est toujours le cas d'ailleurs, je... oh Levi, excuse moi. » J'ai parlé d'une vitesse hallucinante même si ma voix est devenue quelque peu hésitante vers la fin et que j'ai eu de plus en plus de mal à le regarder dans les yeux. C'était loin d'être convaincant mais je ne suis pas la plus douée pour m'excuser pour me justifier. J'espère juste qu'il comprendra que ça vient tout droit du coeur.

« Tu chantes superbement bien. » Aucun rapport mais je tenais à lui dire. Je ne pense pas qu'il me pardonne tout de suite, j'ai même peur qu'il parte en courant, chose qui me briserait le coeur atrocement. Mais j'ai brisé le sien, alors il n'a sûrement aucun scrupule.

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ais qu'est ce que je fais? Pourquoi est ce que j'ai l'impression de perdre tous mes moyens et absolument toute ma crédibilité? C'est sûre, je ne suis pas fière de ce que j'ai fais mais ne pensais pas que ça allait me réduire autant à néant. De toute façon, il a décidé qu'il m'en voulais, ce n'est donc pas près de changer je le connais par coeur, il n'est pas du genre à se laisser influencer. Quoi qu'à l'époque, il écoutait mes conseils et les appliquait en toute confiance, mais je ne sais pas si c'était pareil avec les autres. Oui c'est ça en fait, j'ai de plus en plus l'impression d'avoir gâché une superbe relation en étant partie sans prévenir. Quelle idiote, mais pourquoi j'étais une adolescente aussi stupide ?

Reprends toi, Anna, tu peux le faire. Je ne peux m'empêcher de l'observer, ses expressions de visage, ses mimiques et surtout ... « Moi aussi, je tenais à toi Anna. » Sa voix. J'aimais entendre sa voix et même si elle semble différente aujourd'hui, je ne peux qu'apprécier de l'entendre, même si c'est un ton que je n'apprécie guère. Je ne peux pas le blâmer, il a toutes les raisons du monde de m'en vouloir. Pourquoi semble-t-il si crispé ? Comme s'il gardait quelque chose au fond de lui qui donnerait tout pour sortir, comme s'il emprisonnait une émotion au fond de son corps et de son coeur. La colère. Il est en colère, ses mains se crispent et l'une d'entre elle effleure ne cicatrice qui m'était inconnue jusqu'à ce jour sur son sourcil. Mes yeux s'écarquillent.  

Pourquoi mon compliment sonne faux alors qu'il est sincère ? Non pas que j'essaye de changer de sujet, mais j'ignorais ses talents de chanteurs et il sait aussi bien que moi que quand je veux dire quelque chose, je le dis sans attendre une minute, que ce soit dans le contexte ou non. Je m'en veux, je n'arrête pas de m'en vouloir. « C’est qu’on s’ennuie pas mal en taule, fallait bien que je m’occupe à faire quelque chose. Enfin, j’veux dire, en dehors des moments où j’me faisais passer à tabac. » Déjà que je m'en voulais, là il vient juste de m'achever. « Ah oui, c’est vrai, t’étais plus là quand je suis allé en prison. J’avais presque oublié. » Il a complètement raison. Mon visage se décomposent, mes yeux sont amplis de tristesse et de douleur, je ne comprends même plus ce que je fais là à le regarder. J'allais m'exprimer, mais aucun son ne sort, ma voix est inexistante je n'ai plus la force de répondre tellement je suis en état de choc. Plus rien autour de moi n'existe, je ne vois que lui, je lis dans ses yeux la souffrance qu'il a vécu et j'ai une furieuse envie de m'effacer, de disparaître comme s'il ne m'avait jamais connu. Peut-être que si ça avait été le cas, il aurait moins souffert. Peut-être qu'au fond, je suis la seule et unique fautive de sa douleur.

Je passe une main dans mes cheveux, je n'ose même plus le regarder. Oh quelle idiote, pourquoi faire comme si de rien n'était ? Je n'ose plus me confronter à la réalité car je suis tout à fait capable de fondre en larme juste là, maintenant, tout de suite. Mon coeur bat, il bat très fort et mon estomac se noue. Les larmes montent, elles montent à toute vitesse. parle, Anna, parle, ne pleure pas. Parle. « Tu n'aurais pas dû vivre ça, c'est ma faute. Mes excuses ne valent peut-être rien à tes yeux donc autant que je me retire à tout jamais de ta vie n'est ce pas ? Je te fais du mal en partant, ensuite en revenant donc je crois que j'en ai assez fait. » Ca y est, il suffit que je le regarde dans les yeux e et les miens laissent venir ces larmes du plus profond de l'âme. Je pleure rarement, donc autant préciser que je ne suis pas entrain de m'effondrer physiquement. Seulement mentalement et il fallait bien que mes émotions se montrent, par ces légères gouttes que je sens rouler sur mon visage.

Je ne sais plus quoi dire, ni quoi faire. Est ce que je dois partir maintenant ? Probablement. Alors pourquoi, diable pourquoi j'ai une envie irrésistible de le serrer dans mes bras et de lui donner tout l'amour que j'ai ? Je ne veux pas partir, pas encore. Pourtant, je suis sûre que c'est ce qu'il souhaite, je le sens. Je viens à peine de dire que je dois partir de sa vie, et j'en suis incapable. Est ce que je ne suis pas digne de confiance à ce point ? Allez, sèche tes larmes Anna. Je me retourne, dos à lui et respire. Du moins j'essaie. En vain, car je sens soudainement une colère monter en moi. Une colère contre moi-même bien entendu. « PU***N ! » Toute la place a dû m'entendre et se retourner. J'en ai complètement rien à faire. Ce qui m'importe, c'est Levi. Il a dû fuir, je n'ose même pas regarder. Finalement, au lieu de ravaler mes larmes, elles se montrent encore plus présentes. Je me déteste.

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ever there... je me souviens de cette chanson. A l'époque, on la chantait sans arrêt, lorsque je venais chez lui on dansait en sautant sur son lit, on criait les paroles à tue tête. Je n'ai plus osé la réécouter depuis mon départ, car soudainement j'avais l'impression que cette chanson parlait de nous. Oui, bien-sûr que j'avais conscience du mal que je lui avais fais en partant de la ville mais la question que je me pose maintenant c'est comment j'ai été capable de ne pas prendre de ses nouvelles, j'ai été si égoïste que ça ? Cela semble si évident qu'il ne puisse pas me pardonner,je ne peux pas être étonnée et encore moins lui en vouloir. J'ai envie de renouer avec lui, mais je dois être la seule et c'est décidé, je ne penserais pas qu'à moi cette fois ci. Il ne souhaite pas me revoir, très bien, ce sera le cas. J'ai le coeur en morceaux.

J'aimerais tellement le connaître à nouveau pourtant, savoir tout ce qui lui est arrivé de bon comme de mauvais. Je voulais le réconforter lors de ses mauvais jours comme à l'époque, et qu'on choisisse une autre chanson sur laquelle danser à nouveau. On se comprendrait d'un regard, et on rirait à des blagues que nous deux seuls comprendraient. En fait, je voudrais que tout redevienne comme avant. Est ce que ça serait possible, même s'il me pardonnait ? Au fond, j'en doute. Je ne peux pas me voiler la face, on a bien grandi depuis, lui et moi. Séparément en plus. Mais mon âme d'enfant... j'en ai besoin, je veux la retrouver avec lui. Est ce qu'on peut se permettre d'agir comme des enfants dans un monde d'adulte ou est ce que ce dernier doit forcément nous rattraper? Peut-on se permettre de pleurer et de crier sa colère ainsi lorsqu'on est adulte ? Je m'en fiche, je ne veux pas être adulte.

Je sens son bras attraper le mien. Je me retrouve à nouveau face à lui, alors que je pensais ne plus jamais revoir son visage. « Anna, c’est parce que tu es partie que je t’en veux, c’est clair. Le truc c’est que ne veux pas te voir repartir. Mais le problème est que je ne sais pas comment te pardonner. Je…» Pourquoi devrait-il le faire ? Soyons des enfants bon dieu, comme quand les querelles étaient oubliées en un sourire et que le pardon n'était pas nécessaire pour avancer. Il regarde le ciel et continue dans sa lancée. « Je t’aimais. Le pire, c’est que je crois que c’est toujours d’actualité. Mais j’ai cette colère en moi et je ne sais pas comment la faire partir. »

Je parle du monde de l'enfance et celui des adultes depuis tout à l'heure, je peux vous assurer que si j'avais su ce que je viens d'entendre je n'en aurais pas mentionné un seul mot. Mon âme d'enfant vient de s'envoler, juste là, maintenant. L'amour, bon sang. Qu'est ce que l'amour vient faire ici ? Je suis tout aussi touchée que stupéfaite. Les larmes ne coulent plus, elles ont laissé place à des yeux ébahis et un visage figé ne sachant pas comment réagir. Toujours d'actualité ? « Je... » Il faut que j'arrête de commencer des phrases si je ne sais jamais comment les finir. Mais sérieusement, qu'est ce que je peux dire ? Il y a une minute à peine, je comprenais qu'il me détestait et là il me dit qu'il pense m'aimer ? Je ne pensais pas qu'une situation pareille pouvait arriver. Et je ne pensais pas non plus pouvoir le prendre dans mes bras sans qu'il me rejette complètement et pourtant j'essaye quand même. Il ne me regarde pas, je redresse alors légèrement son visage et m'approche de lui pour l'enlacer avec douceur pour contrecarrer avec la vulgarité dont j'ai pu faire part quelques minutes plus tôt. Je respire à nouveau, cette étreinte a le pouvoir de me détendre. Tous les souvenirs remontent à la surface, à l'époque on était très tactile il faut dire. En ayant laissé quelques secondes de silence, je finis par lui murmurer à l'oreille comme si l'on était dans une bulle ou que je voulais qu'on soit que nous sur terre. « Écoute, je veux apprendre à te connaître à nouveau. Je veux tout savoir de ta nouvelle vie. Si tu ne veux pas me pardonner, je comprends, tu n'es pas obligé de le faire. Mais je veux être honnête avec toi, je ne pourrais pas rester dans la ville que toi si on doit être fâchés, si on doit se croiser dans la rue en s'ignorant. Ça me fendrait le coeur. » J'ai du mal à me détacher de lui, mais je finis par m'écarter en lui laissant un léger sourire. « Ne me pardonne pas, simplement dis moi de partir ou de rester. » Bien-sûr que j'ai envie de rester, j'en crève d'envie. Ça serait un miracle que tout redevienne comme avant, comme lorsque je débarquais chez lui à 10h sans prévenir et qu'il était même pas habillé, juste en caleçon ( ce qui peut se comprendre dès le matin ) et que pour se venger il me chatouillait sans s'arrêter, ce qui était une véritable torture! Mais je voudrais au moins qu'on rit comme avant, et qu'on parle de tout et de rien sans aucune gêne. Après tout, malgré mon départ il était le plus grand ami que j'ai jamais eu et je pense que personne ne pourra l'égaler. Des sentiments ? honnêtement, je suis moi-même dans le flou à ce sujet. Il m'aimait... je suis encore sous le choc, j'ai vraiment été naïve de ne pas me rendre compte qu'il était toujours grincheux lorsque je me rapprochais dangereusement d'un autre garçon. Évidemment, cela n'a jamais été du sérieux, je n'ai jamais réussi à tomber amoureuse allez savoir pourquoi...

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