« Aujourd'hui j'ai fait un rêve étrange, je vous regardais faire votre numéro sauf que cette fois vous étiez l'amie joyeuse du clown, et le clown en question c'était moi. » Voilà comment finissait le message que je glissais dans une petite enveloppe en signant d'un sobre « A.». Finalement après voir bien fermé l'enveloppe et avaler rapidement mon petit-déjeuner sous le regard affligé de mes parents. Je ne pouvais écrire que le matin, le soir puisqu'il n'y avait pas de lumière c'était difficile de voir plus loin que le bout de mon nez, alors pour écrire une lettre, imaginez...Mon dieu. Cette panne allait me rendre fou. Personne n'avait assez de cran pour aller réparer tout cela ? D'accord je critiquais alors que j'aurais été complètement incapable de faire quoi que ce soit armé d'un tournevis ou d'une clé de douze. Et puis c'était pas mon boulot. Je fixais ma boisson, l'air dans le vague, me perdant dans mes pensées. J'ai soupiré longuement avant de me décider à me lever et à aller m'habiller. Aujourd'hui c'était LE jour. Le jour de quoi ? Eh bien...Toutes les semaines environ j'allais déposer une petite lettre devant une caravane rose à pois jaunes, le genre de truc qui ne passait pas inaperçu. C'était devenu une habitude, j'y allais quand j'avais un petit moment de libre pendant mon taf ou alors pendant le week-end mais vu que tout le monde se baladait ces jours-là, c'était plus risqué.

A qui était destinée ces lettres ? Je ne sais pas. Du moins je ne connais pas l'identité de la demoiselle à qui je les adressais. Je ne la connaissais que de vue et rien que ça aurait pu me suffire. J'avais été tenté d'aller lui parler, mais je ne savais pas si c'était à cause de ma chance insolente ou alors mon adresse avec les filles que toujours quelqu'un ou quelque chose m'empêchait de lui adresser la parole. Une fois, mon père s'était ramené me cherchant partout et criant mon nom alors que j'essayais de m'approcher discrètement d 'elle, une fois un pot de fleur avait manqué de m'assommer... Pleins de petites choses comme ça qui m'avait désespéré si bien que j'avais fini par renoncer pour utiliser une approche plus douce et surtout plus sécurisée. Des lettres. Quelques mots griffonnés sur un papier dans une enveloppe choisie pour l'occasion. J'avais posé la première vers sa caravane et pour toutes réponses j'ai eu quelques sucreries. Je ne savais pas vraiment ce que cela signifiait mais en tous cas j'adorais ce petit manège. C'était avec cet état d'esprit que j'avais sauté dans mes pompes ce matin et que j'étais parti de chez moi, la lettre dans mon sac à bandoulière et un sourire niais sur le visage. J'étais excité que j'avais bien fait attention à tout ce que je faisais. On s'éloigne des passants, des chiens errants, des petites vieilles et des immeubles. Vous imaginez deux secondes ? Je venais d'arriver. Entier. Devant la caravane de la jolie blondinette. J'ai regretté la première fois où je n'avais pas pu lui adresser la parole. Je m'en étais voulu. J'ai aussi regretté une fois d'avoir posé la première lettre devant sa caravane. Sauf que mille fois après, quand j'ai eu mes sucreries, j'me suis dit que ça en valait vraiment la peine après tout. Après tout, si je le faisais pas, qui le ferai ? Qui rendrai ma vie plus.. excitante ? Je ne savait rien d'elle mais en tout cas elle m'avait sacrément tapé dans l'œil. Le clown triste. Au cheveux couleur soleil et aux yeux océan. Sa silhouette svelte. Son sourire envoûtant. C'est à force de m'énumérer toutes les qualités de la jeune femme que je restais planté là. Comme un idiot. J'aurais peut-être du me casser plus vite parce que j'entends des pas derrière moi. La seule réaction que j'aie c'est de me retourner...Pour me trouver en face de la blondinette qui me dévisageait.. « Quel con... » pensais-je. « Adriel, dans quoi t'étais encore allé te fourrer. »

Spoiler:

Quelques courtes semaines c’était écoulés depuis que Bobby était arrivé à Montsimpa, des semaines riches en rebondissements puisqu’elle avait rencontré énormément de personnes et revus des amis jadis disparut. En revenant ici elle s’était imaginé beaucoup de chose, elle avait rêvé rencontrer une espèce de prince charmant qui l’emmènerait se balader sur sa moto (oui, les chevaux c’est démodés voyons) , elle avait aussi imaginé se faire tout un tas d’amis, franc et sincère ou encore, elle s’était surprise à penser à un mariage… Pas le sien, bien évidemment, mais elle rêvait vraiment d’assister au mariage d’une ou d’un ami en dehors de la troupe, car il faut être honnête, les mariages dans un cirque c’est en général loin des clichés habituels malheureusement. Bref, tout ça pour dire que Bébé avait eut une imagination débordante, comme toujours, cela dit, si il y a une chose qu’elle n’aurait jamais pensé vivre ici c’était bien cette histoire de lettre… Oui, du jour au lendemain la belle se mit à recevoir des lettres devant sa caravane, des lettres plutôt mignonnes et qui lui était directement adressé, logique, à moins que son chien Thor est un admirateur secret. Toute femme normalement constitué aurait prit peur, après tout, si on y regarde de plus près, un inconnu déposait régulièrement des objets devant sa porte, il sait donc où elle habite et il arrive à se faufiler à travers un cirque en général bondé… En somme ; c’est un psychopathe. En tout cas, la plupart des gens serait arrivé à cette conclusion mais pas Bobby. Cette dernière voyait le côté plutôt « romantique » de la chose, se laissant même aller au jeu avec entrain, déposant des friandises devant sa porte pour remercier ce mystérieux « A » de ses petites attentions.

Ce petit jeu était même devenue assez routinier pour elle, à un tel point qu’elle n’attendait plus les lettres à une date précise, elle n’y pensait plus vraiment, comme le fait de manger ou de respirer, c’était devenue une habitude incontrôlable qui était presque indispensable. Ce jour-là, c’est donc une Bébé décontracté, un nez rouge sur le… nez (encore ma logique implacable) et emmitouflé dans un manteau bien trop grand pour elle, qui se rendit tout naturellement vers sa caravane, assise sur un petit vélo rouge pour enfant qu’elle avait volé à un collègue clown quelques temps auparavant et qui était devenue son moyen de transport préféré. Cependant, en arrivant devant sa demeure, une silhouette inconnu la surprit, elle avança tout de même d’un pas prudent, ou plutôt d’une roue prudente, suivit par son énorme chien, avant de se stopper à quelques mètres de cet intrus… Ce dernier lui fit face, aussi pétrifié qu’elle apparemment… Penchant la tête sur le côté Bobby resta tout d’abord silencieuse, évaluant la situation. Soit cet homme était un cambrioleur, dans ce cas là il avait touché le jackpot étant donné qu’un chèque de plusieurs millions de simflouz trainait sur son micro-ondes, soit il s’agissait d’un vendeur de lettre… Un vendeur de lettre? Attendez, ça n’existe pas ça! Alors que faisait-il avec une lettre dans les mains?… OH MON DIEU! Prit d’un éclair de génie la belle pédala jusqu’à cet inconnu, lui prenant la lettre des mains avant de lui lancer, reculant légèrement pour pouvoir voir son visage. « C’est pas très prudent de voler les lettres d’une femme qui a accès à des fauves affamés… » Oui… Bébé ne pensait pas qu’il était l’auteur de ses lettres mais bel et bien un voleur… de lettre… Ben quoi? Était-ce de sa faute si elle s’était imaginé un homme très grand , très musclé et très grand (oui doublement grand) comme étant l’écrivain de ses petits mots? Bon en fait non, elle s’était surtout dit qu’il était très moche, sinon pourquoi lui écrire des lettres en secret? Et comme ce petit bout d’homme était loin de l'être… Logique implacable again quoi. Bref, les mots qu'elle avait prononcé semblaient étonnement sérieux et voyant l’air déconfit de son vis-à-vis elle rajouta avec le sourire. « Je plaisante, fait pas cette tête… Mais ne vole plus mes lettres quand même! » Autant parfois Bobby faisait preuve d’un génie incroyable, autant d’autre fois….

Je resserrai la main sur l'enveloppe et vérifiais une dernière fois si je n'avais pas fait de fautes d'orthographe. Bah oui, c'était important tout de même. Je devais laisser paraître que j'étais quelqu'un de sérieux et d'assez intelligent, ce qui n'était pas très difficile. J'espérais vraiment que le clown triste reçoive mes lettres et qu'elle les lise. C'était un minimum vu qu'elles lui étaient entièrement destinées. En y réfléchissant bien, peut-être qu'elle les avaient déchirés et qu'elle les avaient jetés croyant sûrement avoir à faire à un malade mental, pervers et obsédé. Obsédé oui, mais pas au sens que vous croyez. Elle m'intriguait. C'était pas plus difficile que ça. J'espérais de tout mon être qu'elle les garde dans une boîte, qu'elle s'imagine ma tête et qu'elle pense à moi de temps à autre. Elle devait sûrement me prendre pour un incapable ayant peur d'aller lui parler en face, un mec qui se la joue mystérieux et romantique juste pour coucher avec elle, ou alors pour un mec horrible qui avait peur d'elle. Tout se ramenait à elle, c'est vrai mais dans ces cas-là je ne pouvais rien faire d'autre. C'était elle le centre d'attention de mon cerveau. Elle était mignonne. Ça c'était certain. Elle devait sûrement avoir une foule de prétendants à ces pieds et je ne faisais sûrement pas le poids donc je n'espérais pas grand chose à part lui parler juste pour voir si elle était vive d'esprit et si elle était sympathique. Pouvoir lui parler c'était mon seul but pour l'instant. Et ensuite ? Et ensuite j'aviserais...Je jouais un peu avec le feu en faisant ça mais cela me plaisait et il me semblait que la jolie jeune femme se prêtait au jeu également, à en signifier les quelques carambars que j'obtenais parfois de mes visites. Je les gardais précieusement dans une boîte en espérant un jour pouvoir les partager avec la blondinette.

J'étais vraiment le pire des inconscients. Mon manège allait sûrement bien être découvert un jour, sauf que le plus tard aurait sûrement été mieux. Je ne m'y attendais pas. Je ne m'attendais pas à la voir là. Devant moi. Euh...sur une bicyclette de gamins avec un petit sourire sur les lèvres, un nez rouge de clown...Je restais immobile devant elle ne savant pas quoi faire. Elle s'approcha de moi en pédalant tandis que je restais planté là comme un idiot. Elle eut l'air contrarié en jetant un coup d'œil à ce que je tenais dans mes mains, et me prit la lettre des mains. « C’est pas très prudent de voler les lettres d’une femme qui a accès à des fauves affamés… » Soit elle rigolais soit elle était vraiment sérieuse. Elle pensait que j'étais en train de voler sa lettre. Qu'est-ce que vous feriez dans cette situation ? « Euh...c'est pas c'que tu crois...Je... »J'étais complètement intimidé. J'avais la « chance » de lui parler et j'étais entrain de tout foutre en l'air. « Je plaisante, fait pas cette tête… Mais ne vole plus mes lettres quand même! » J'émis un petit rire jaune, essayant d'avoir l'air le lus naturel possible pour autant. Allez Adri, tu décolles tes lèvres et t'essaye de dire quelqu'un si tu veux pas passer pour un imbécile devant la fille. « Ne crois pas que je voulais voler ta lettre, je me suis perdu. » Pas génial, mais c'est tout ce qui me vint à l'esprit à ce moment là, le rejet de la faute, et c'est sans attendre sa réponse que je remarquai que je ne m'étais pas encore présenté. Drôles de manières pour un jeune homme poli comme moi. « Je suis Adriel. » Je mourrais d'envie de savoir comment elle s'appelait. Je priais en même temps pour qu'elle ne fasse pas le rapprochement entre le mystérieux «A.» et la première lettre de mon prénom. « Tu fais partie du cirque ? » La question était complètement idiote mais il fallait vraiment que je fasse comme si je ne savais rien d'elle, que j'étais perdu dans cet endroit et qu'elle seule pouvait m'aider.

« Tu habites ici ? » Je désignais la caravane multicolore d'un geste de la tête en souriant. Les conversations n'étaient pas mon fort, je me souvenais encore de lorsque que j'étais enfant, la famille se réunissait chaque premier jeudi du mois autour d'une table ronde, à parler et à jouer aux cartes. Tous ces jours là pendant un moment, quelques années, je m'étais toujours contenté de répondre par oui ou par non, aux questions qui m'étaient adressées. Chose que je n'avais pas perdu en grandissant et qui me mettait mal à l'aise au plus au point lorsqu'il s'agissait de prendre parole. Mais étrangement, j'étais vraiment en confiance et m'adressait assez à l'aise à une parfaite inconnue, enfin, voilà quoi...

Spoiler:

Une nouvelle fois Bobby avait été trop hâtive dans ses déductions… Il faut dire que la situation prêtait à confusion! Après tout, si vous voyez un homme avec un objet à vous devant votre porte, vous supposez en général qu’il a tenté de vous voler, c’est logique, tout du moins dans l’esprit de la belle ça l’était. Et puis était-ce de sa faute si elle n’imaginait pas du tout son admirateur secret ainsi? Elle s’attendait simplement au pire, histoire de ne pas être déçu, alors évidemment, quand elle a vu un jeune homme charmant devant sa caravane elle n’a pas tout de suite pensé qu’il pouvait être son mystérieux écrivains… Bref, toujours sur sa bicyclette, après lui avoir arraché la lettre des mains, la belle tenta de détendre un peu son vis-à-vis, ce dernier semblait particulièrement stressé, incapable d’enchainer deux mot correctement même si pour le coup, elle ne l’avait pour l’instant pas vraiment laissé parler. Pire encore, voilà qu’il lui racontait un mensonge maintenant… Car oui, elle ne croyait pas une seule seconde qu’il s’était perdu dans le coin, c’était assez peu crédible et surtout, le bougre ne savait pas réellement mentir, une qualité comme un défaut. Encore une fois elle préféra tout faire pour qu’il se sente plus à l’aise, moins crispé, ne perdant pas se sourire avant de lui répondre. « Oui, tu t’es perdu… Évidemment… » Elle essayait d’être convaincante mais il était inutile d’être Profiler pour deviner qu’elle ne le croyait qu’à moitié. Cela dit, quelle importance au fond! Le cirque n’était pas du genre sectaire, ils accueillaient régulièrement des inconnus chez eux, n’empêchaient jamais qui que ce soit de venir visiter leur lieu de vie, en clair, ils étaient plutôt ouvert d’esprit, alors évidemment, Bobby n’allait pas poursuivre ce pauvre Adriel avec une hache pour qu’il quitte son domaine. Oui, Adriel, c’était son prénom. Polis la belle décida de se présenter à son tour, se levant pour retirer son nez rouge tout en souriant. « Enchantée! Moi c’est Bobby mais tu peux m’appeler Bébé » Malgré tous ses efforts, notre clown ne semblait pas parvenir à détendre ce petit bout d’homme, pour preuve, il lui demanda si elle était membre du cirque…

Bobby était arrivé avec un nez de clown , sur un vélo pour enfant et de toute évidence elle vivait dans une caravane rose à pois jaune au sein d’un cirque… Alors combien de chance y avait-il pour qu’elle soit elle-même membre de cette troupe? A moins de squatter les lieux, comme ça, comme un cheveux sur la soupe… Vous comprendrez que cette question la fit légèrement rire, amusé par cette sorte de maladresse que lui offrait cet inconnu. « Bien sur que non, on m'a forcé à me promener avec un nez de clown tout ça sur une magnifique bicyclette pour enfant juste pour me torturer! » Bien sur , elle le taquinait, essayant encore et toujours de le rendre un peu moins statique, ce qui ne semblait toujours marcher qu’à moitié… Se rapprochant de sa caravane, alors qu’il venait de lui demandait si elle vivait ici, la belle en ouvrit la porte, toujours pleine d'allégresse. « Oui je vis ici ! » Elle entra alors à l’intérieur, laissant la porte ouverte, bien sur notre aventurière attendait que son nouveau camarade la suive ce qu’il ne semblait pas vraiment faire, elle sortit alors seulement la tête de la caravane avant de lancer, l’air de rien. « Ben… Rentre voyons! » Bobby retourna sans attendre à l’intérieur, déposant sa lettre dans une boite se trouvant sur la table, une boite ouverte évidemment, ce n’était pas un secret honteux après tout et puis qui irait fouiller dans ses affaires. Enfin, une fois tout se petit monde à l’intérieur la jeune femme referma la porte, trop frileuse pour la laisser ouverte, avant de se tourner vers son invité toujours aussi naturelle. « Alors, thé, café ou chocolat? … Ho et au fait, je suis sourde, alors quand tu m’expliquera la vrai raison de ta venue au cirque, dit le quand je te regarde uniquement que je puisse lire sur tes lèvres! » Comme à son habitude, la blondinette avait dit ça avec un naturel déconcertant, affichant ce même sourire radieux… D’un côté, pourquoi se prendre la tête à mettre en forme une affirmation aussi clair et limpide que ça? …

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« Oui, tu t’es perdu… Évidemment… » J'hochais énergiquement la tête. Je ne savais pas vraiment décrire les réactions des gens en général mais là, je voyais bien qu'elle ne croyait pas trop mon (gros) mensonge. Je n'avais pas vraiment envie d'avouer que tout ça venait de moi. Je la regardais encore un moment sur sa bicyclette, et restais planté là avec un sourire niais sur le visage. Un ange passa. C'était vraiment angoissant, j'avais enfin le moment de lui adresser la parole et je restais là. Je m'encourageais intérieurement et décidais d'essayer de paraître le plus à l'aise possible. Décidément la peur des filles de mon enfance restait un peu toujours là, en ce moment surtout avec les inconnues. J'étais soulagé qu'elle n'ai pas fait le rapprochement entre moi et la lettre. Est-ce que j'allais lui avouer ? Peut-être pas aujourd'hui si l'on se revoyait mais sinon, je ne pensais pas non plus. Je crois que je casserais tous ces espoirs de trouver un grand mec baraqué avec des muscles plus développés et avec une dentition parfaite et un regard de braise. La dentition je l'avais, le regard de braise ça dépend avec qui, les muscles...à voire et je n'étais pas grand-grand mais je la dépassais, c'était déjà ça. « Enchantée! Moi c’est Bobby mais tu peux m’appeler Bébé » Je souris, d'accord d'un sourire un peu crispé. Ça lui allait plutôt bien, son côté enfantin et son grand sourire me faisait un peu penser à une petite fille, je me suis mis dans un petit coin de ma cervelle qu'elle s’appelait Bobby. C'était pas courant mais moi j'aimais bien. Malgré qu'elle ait pris un ton si amical, je n'arrivais pas vraiment à être détendu. Pourtant d'habitude, cela venait tout seul, je tutoyais même des gens dans la rue. Je me mordis la lèvre et me giflais intérieurement d'avoir posé une question idiote. « Bien sur que non, on m'a forcé à me promener avec un nez de clown tout ça sur une magnifique bicyclette pour enfant juste pour me torturer! » Je crois que c'est cette réponse de sa part que j'arrivais maintenant à rire pour de bon. Je savais très bien que c'était de l'ironie et elle avait un bon sens de l'humour. Bon point. Je ne dis rien, je ne voulais surtout pas m'enfoncer plus. « Oui je vis ici ! »

Elle était très joyeuse en tout cas, elle s'approcha de sa caravane et je la laissais passer en m'écartant un petit peu vers la droite. Son nez rouge de clown toujours sur elle, un grand sourire sur les lèvres, elle laissa sa bicyclette sur le côté et pénétra dans sa caravane. Est-ce qu'elle allait me fermer la porte au nez ? Est-ce que je devais maintenant partir pour qu'elle puisse vaquer à ses occupations ? Je ne savais pas trop quoi faire alors je ne fis rien. Les mains dans les poches, me balançant sur mes pieds, je n'allais tout de même pas la suivre et m'incruster chez elle sans même qu'elle m'y ait invité ! Gentleman ? Un peu sur les bords, mais surtout très poli et bien élevé. Depuis tout petit on m'avait tellement rabâché ce genre de phrases que maintenant cela se faisait presque naturellement. Je vis sa tête dépasser de l'encadrement de la porte. « Ben… Rentre voyons! » Elle pivota et disparut à l'intérieur de sa caravane. Sans me faire prier plus longtemps, j'entrais à mon tour dans son petit chez elle. C'était pas ça, mais on se caillait un peu les miches dehors ! J'observais l'intérieur de sa caravane. C'était joli chez elle. Coloré, un peu petit (elle devait sûrement vivre seule), et tout ceci dans un style un peu maison de poupée. Elle se tourna vers moi et j'eus un petit sursaut tellement cela m'avait surpris tout à coup. « Alors, thé, café ou chocolat? … Ho et au fait, je suis sourde, alors quand tu m’expliquera la vrai raison de ta venue au cirque, dit le quand je te regarde uniquement que je puisse lire sur tes lèvres! » Je rougis violemment et me surpris à faire comme si je n'avais rien entendu. « Chocolat. » Ma réponse fut brève et rapide, mais c'était normal, je ne buvais que du chocolat. Dès que j'en avais l'occasion...Ainsi donc elle était sourde, oh... J'avais de la chance qu'elle puisse lire sur les lèvres, j'ignorais absolument la langue des signes. Je savais juste comment on faisait le « A. » Je vins m'asseoir sur le canapé rouge et attendait que nos boissons furent prêtes. En attendant, ce fut un véritable combat dans ma tête pour savoir si je devais réellement lui avouer la raison de ma venue. Une petite voix me disait que la vérité était toujours bonne à entendre. Et une autre petite voix me criait que Bobby m'en voudrait après pour différentes raisons. Je laissais mes doigts pianoter sur la table ; BéBé vint s'assoir en face de moi et je pus la regarder dans les yeux. « Euh... » Je baissais les yeux quelques secondes pour les replonger dans les siens. Je sentais le rouge me recolorer les joues, c'était désagréable, surtout que je rougissais souvent surtout en compagnie des demoiselles. « La lettre, j'étais pas venu pour te la voler tu sais... » Allez Adri, tu peux le faire. « Mais seulement c'est... » Ma phrase restait en suspension, est-ce que j'avais vraiment bien faire de choisir le premier choix ?

Spoiler:

Le moins que l’ont puisse dire c’est que ce jeune homme n’était pas très à l’aise avec les filles, ou alors il était comme ça avec tout le monde? Après tout elle l’avait retrouvé seul, devant sa caravane, lettre en main, comme si il s’apprêtait à la voler, alors serait-ce si surprenant si le bougre était une espèce de dépressif tout juste sortit de l’adolescence et incapable d’aligner deux mot devant une tierce personne sans ressentir l’envie irrépressible de se jeter d’un pont, ou d'éventrer vivant son interlocuteur? Bon d’accord, là j’exagère, mais il avait l’air si coincé le petit Adriel alors que Bobby faisait tout pour le rendre moins nerveux, le détendre, sans résultat. Après des présentations en bonne et dut forme la belle invita son invité à entrer dans sa caravane si coloré et de but en blanc, sans une once de douceur, presque brutalement, elle lui annonça sa surdité tout en lui proposant un thé, et en plus de ça rime si ça c’est pas digne des pâtes à la carbonafrime! C’est vrai que la jeune femme lui avait lancée ça avec un naturel déconcertant, mais elle n’aimait pas foncièrement mentir sur ce qu’elle était et ne pas lui dire la vérité à ce sujet aurait pu causer tout un tas de problème par la suite. Elle en avait fait l’amer expérience durant son adolescence, époque où elle détestait son handicape, Bébé le cachait donc au gens, résultats, parfois, des amis lui parlaient quand elle avait le dos tourné, elle n’entendait bien sur rien, mais eux, prenait ça pour du snobisme… Et puis il y a eut aussi cette histoire de demande en mariage, un type lui avait posé la question alors qu’elle regardait dans une vitrine de noël, elle ne l’a donc pas entendu, il l’a mal prit et il est partit, ce qui n’a pas aidé leur relation à s’améliorer, la pauvre n’a apprit la cause de ce malentendu que quelques années plus tard… Autant vous dire qu’il y avait tout un tas de raison qui fait qu’elle ne pouvait se permettre de cacher ce petit problème. Enfin, Adriel fit comme si il n’avait rien entendu, choisissant de prendre un chocolat au lieu de s’attarder sur ce sujet et c’était tant mieux, à quoi servirait-il d’en parler? Souriante, comme d’habitude, elle répondit. « Excellent choix, j’ai apprit à faire le chocolat chaud durant un voyage en Suisse, ils font vraiment le meilleur du monde là-bas et ça tombe bien, j’en ai fait aujourd’hui! » Sans attendre elle laissa le jeune homme s’installer sur le canapé, mettant en route sa gazinière avant d’y poser dessus une espèce de petit cafetière en métal, rapidement, l’odeur presque enivrante du chocolat fait maison se mit à envahir la caravane.

Bien sur, tout en préparant tout son petit bordel, Bobby jeta quelques regards à Adriel, histoire de saisir ses paroles ou en tout cas une partie, car oui, soixante-dix pour cent de son travail de lecture sur les lèvres se résumait surtout à savoir faire preuve de logique en interprétant les paroles de l’assaillant en fonction du contexte. C’est assez simple en fait, par exemple, les phrases « Tu veux à boire? » et « Tu veux une poire » se lisent pratiquement de la même façon sur les lèvres, cela dit, si vous êtes dans un night club avec votre copain, il y a peu de chance qu’il vous propose un fruit tout en dansant sur sex machine. De la logistique, voilà tout ce qu’il fallait en plus d’un talent indéniable. Passons. Durant toute la préparation Adriel garda le silence, ce qui arrangea la belle, cette dernière put concocter ses chocolats sans souci. Elle versa donc la boisson chaude dans des tasses colorés et assez imposante, avant d’y verser une grosse cuillère de crème fouetté, on est gourmand où on ne l’est pas, puis elle posa le tout sur la table, prenant place devant lui avant de prendre en main sa tasse, sans boire, simplement pour humer le parfum et surtout ce réchauffer les mains. Bien vite son vis-à-vis reprit la parole, l’air gauche, ce qui était presque attendrissant, il essayait apparemment de dire quelque chose mais ça ne semblait pas vraiment vouloir sortir… Pas concrètement en tout cas. Laissant échapper un petit rire elle finit par le couper, même si il s’était surtout stopper lui-même en cours de route. « Je vais pas te manger tu sais! Vas y parle Adriel, qu’est-ce que tu faisais avec cette lettre ? … » Là, notre clown eut une espèce de révélation, prenant une pose de réflexion, elle laissa échapper à plusieurs reprise le prénom « Adriel » , comme si elle cherchait une quelconque réponse entre ses cinq lettres. Tout en continuant elle attrapa l’un des petits mot qu’elle avait reçu, jusqu’ici Bobby n’avait pas fait le rapprochement mais les initiales de son mystérieux admirateur et de son invité si timide étaient les mêmes! Prise d’une fugace énergie elle cria presque. « MAIS! C’est toi mon mystérieux A???!!! » C’était à la fois une question et une affirmation, car elle en était sur, il n’y avait pas d’autre explication possible! Sans attendre Bobby se laissa aller un rire généreux, avant de le rassurer, histoire qu’il ne s’imagine pas qu’elle se moquait de lui. « Je suis désolé, mais je t’imaginais pas du tout comme ça! Je voyais plutôt une espèce… De boutonneux de treize ans incapable de faire ses lacets tout seul! » Autant dire qu’elle avait franchement gagner au change.

Spoiler:

J'ai toujours été comme ça. Incorrigible. Je n'étais pas impoli mais juste assez timide avec les filles du moins quand je les rencontrais dans des circonstances spéciales. Comme là. En fait je n'avais pas de gestes prédéfinis avec les filles. Cela dépendait, d'elles (physique, humeur...), du contexte et de moi aussi. Je n'étais pas un grand séducteur, au contraire, j'avais tendance à être cœur de chewing-gum et coller un peu les personnes. Cœur d'artichaut, ouais, ça c'est sûr mais pas que. J'ai tendance à prendre des initiatives quand je suis à l'aise ou bien carrément être pétrifié et cloué sur place si la fille m'intimide. Là. Maintenant, tout de suite, c'était entre les deux. Je ne savais pas comment réagir face au handicap de la jeune femme, incapable de pouvoir m'exprimer, vu qu'elle ne pourrait pas m'entendre. C'est pourquoi j'attendis qu'elle revienne avec un récipient de chocolat. Rien qu'à l'odeur, je pouvais sentir que c'était un pur régal. Et d'après les explications de Bobby, la recette était Suisse, de quoi vous mettre l'eau à la bouche !

Alors que je me lançais dans mes explications maladroites, elle me rit au nez. Je ne me vexais pas mais je lui lançais un regard interrogateur, me demandant pourquoi je déclenchais en elle cette réaction soudaine. Elle resta silencieuse et d'un coup, bondit de sa chaise en s'exclamant : « MAIS! C’est toi mon mystérieux A???!!! » Je rougis en opinant du chef, me demandant intérieurement si j'avais le temps de me cacher sous la table. « Je suis désolé, mais je t’imaginais pas du tout comme ça! Je voyais plutôt une espèce… De boutonneux de treize ans incapable de faire ses lacets tout seul!  » Je ris, tout de suite sentant qu'un poids s'était dégagé dans ma poitrine. C'était dit, du moins, elle l'avait deviné et c'était bien comme ça. « Boutonneux de treize ans, quelques années plus tard... » Je plaisantais bien sûr. Je restais quelques secondes à observer ses réactions qui m'amusaient. Et puis maintenant quoi ? J'étais venu pour lui avouer mais maintenant, qu'est-ce qui allait se passer ? Je n'avais plus rien à dire de spécial. Repartir, rentrer chez moi et l'oublier à jamais ? Pourquoi pas mais c'était dommage d'avoir fait tout ça pour ne pas avoir de résultat.

Je souhaitais en savoir plus sur elle, sur ses passions et pour ça, il fallait sérieusement que je prenne des initiatives. « Adriel Berlioz Fawkes. J'ai dix-neuf ans. Je suis célibataire mais c'est un peu compliqué. J'ai toujours vécu à Montsimpa. Je travaille en ville. Je suis adopté. Je joue de la guitare et je suis un peu magicien. J'adore les jeux-vidéos. Je déteste faire le ménage. Je suis bavard et chiant quand j'en ai envie/besoin. J'aimerais voyager. Je suis un féru de natation. » J'avais débité ça d'un bloc, assez lentement pour qu'elle puisse me comprendre. A son tour maintenant.

Dans l’esprit sinueux de Bobby, elle venait clairement de faire la découverte du siècle, plus important que la tombe de Toutankhamon, plus culte que les restes de Michael Jackson, la découverte du nom de son mystérieux admirateur. Oui, c’est vrai, elle avait toujours imaginé un gamin pré-pubère, incapable de sortir des jupons de sa mère et qui envoyait des lettres à des inconnus pour se sentir exister, peut-être même un futur psychopathe tueur, qui sait. Elle avait aussi imaginé qu’il s’agissait d’une fille, qui venait tout juste de découvrir sa sexualité et qui s’imaginait qu’elle était née pour rencontrer Bobby, surement aussi une futur sérial killeuse (ouais, Bobby en voit partout de ses gens là) … En clair elle avait imaginé beaucoup de chose plutôt négative, car soyons honnêtes, il n’y a que dans les films que le gars qui envoi des lettres d’amour anonyme se trouve être un beau gosse de la maurt-ki-tue prêt à vous offrir un bouquet de rose bleu tout les jours et à vous murmurer des « ornithorynque » (« je t’aime » en langage courant, mais chez la demoiselle ses deux mots étaient si peu utiliser qu’ils voulaient forcément dire la même chose) au creux de l’oreille en vous préparant le petit déjeuner… Hors, ici, c’était la réalité, donc évidemment, dans son inconscient notre aventurière avait imaginé un garçon craquant, hyper gentil et avec qui débuterait une grande histoire d’amour passionnelle et torride, cela dit, elle n’y croyait pas vraiment… Ce n’était qu’un rêve utopique. Vous imaginez donc bien sa surprise en comprenant que son psychopathe personnelle était en vérité ce charmant jeune homme au sourire ravageur, qu’elle avait l’impression d’avoir déjà croisé plus d’une fois sans vraiment y avoir fait attention jusqu’ici… Ouais, il était beau, il était sexy dans son genre, malheureusement en règle général son type c’était plus des gars grands et tout en muscle, elle ne lui aurait donc surement jamais adressé la parole pour autre chose qu’une gentil amitié si il n’avait pas envoyé toutes ses lettres. Bref, toujours amusé par tout ça la jeune femme ne put s’empêcher de laisser échapper un petit rire lorsque Adriel plaisanta sur le sujet, au moins il n’avait pas mal prit tout ça, après tout, il aurait pu être vexé qu’elle l’imagine en adolescent boutonneux.

Et maintenant ? C’était une bonne question… En règle général Bobby est du genre à toujours trouver quoi dire pour meubler la conversation, mais là, étrangement elle ne savait quoi rajouter, tapotant ses doigts sur sa tasse de chocolat chaud, avec un sourire, observant de temps à autres la déco’, comme si elle la découvrait pour la première fois. Pourquoi tant de réserve ? Aucune idée, mais la situation était tout de même particulière, je veux dire, ce n’est pas tout les jours qu’on rencontre un pseudo-admirateur, alors peut-être qu’au fond, la jeune femme craignait qu’il ne soit déçu. Il s’attendait surement à rencontrer une belle blonde incandescente, hors il se retrouvait face à une belle blonde, certes, mais sourde et légèrement cinglée. Contrairement à elle, Adriel ne gagnait pas vraiment au change. Enfin, ce dernier brisa le « silence » en se présentant tout d’un bloc, ce qui amusa Bébé, qui en fit autant. « Enchantée. Moi c'est Bobby Cora Steadworthy mais on m’appelle Bébé la plupart du temps. J’ai 22 ans, enfin bientôt… Je suis célibataire et ce n’est pas vraiment compliqué. Je suis née dans une réserve en Afrique du Sud et à huit ans j’ai commencé à voyager à travers le monde avec le cirque, depuis quelques années on reste au minimum un an dans une ville, pour que je puisse continuer mes études. J’étudie l’art du cirque dans une petite école et à côté je continue d’être clown triste, acrobate et parfois même assistante magicienne, même j’aime pas trop me faire couper en deux, j'adore les tour de passe-passe par contre. Moi aussi j’ai été adopté, par un couple africain quelques semaines après ma naissance. J’ai un gros problème avec l’informatique, je ne sais pas me servir de mon téléphone portable, quand j’essaie de lire mes messages je me retrouve sur twitter ou à faire des photos de mon mur… Je suis impétueuse et un peu handicapé des relations sociales en règle générale ! J’aimerais officiellement devenir clown triste parce que je ne sais pas raconter les blagues. Et je ne sais pas nager parce que j’ai peur des grandes étendues d’eau, genre lac, mer, rivière profondes… » Elle fit un large sourire, presque fière de sa présentation avant de rajouter, l’air de rien. « Après tout ça je n’aurais qu’une affirmation et deux questions… Déjà, tu peux parler normalement, tout à fait normalement, je lis parfaitement sur les lèvres ne t’inquiète surtout pas, et croit moi, je ressens chacune des intonations de ta voix à défaut de l’entendre…» Bobby lui fit un sourire rassurant, comprenant que ça pouvait ne pas être facile, puis elle enchaina. « …Célibataire et compliqué, ça veut dire quoi exactement ? Que t’es genre dans une relation libre, donc ni en couple ni célibataire, ou que tu pense être amoureux de ton meilleur ami mais t’ose pas l’avouer ? … Et surtout… Ton second prénom c’est vraiment Berlioz ? » Évidemment, pour la dernière question, elle plaisantait, c’était une boutade pour détendre l’atmosphère, cela dit, elle se demandait vraiment en quoi c’était compliqué qu’il soit célibataire ? Bébé s’imaginait déjà qu’il était un homo refoulé qui refusait toute relation pour le moment ou encore qu’il craquait secrètement sur sa sœur adoptive, si tentait qu’il en est une… Oui, imaginer le pire c’est un peu le job préféré de notre clown triste.

Bobby venait littéralement de mettre du soleil dans ma journée. C'était vraiment sympathique de sa part. J'espérais vivement qu'on se reverrait après tout ça. Je souris en l'entendant déballer sa vie. Wow, c'était vraiment ce qu'on appelait une présentation complète. Est-ce que j'allais vraiment pouvoir retenir tout ça ? Je bus une gorgée de chocolat chaud, essayant de rentrer dans ma cervelle ses goûts et ses habitudes. Quand elle eut fini, elle me fit un sourire. « Après tout ça je n’aurais qu’une affirmation et deux questions… Déjà, tu peux parler normalement, tout à fait normalement, je lis parfaitement sur les lèvres ne t’inquiète surtout pas, et croit moi, je ressens chacune des intonations de ta voix à défaut de l’entendre... Célibataire et compliqué, ça veut dire quoi exactement ? Que t’es genre dans une relation libre, donc ni en couple ni célibataire, ou que tu pense être amoureux de ton meilleur ami mais t’ose pas l’avouer ? … Et surtout… Ton second prénom c’est vraiment Berlioz ? » Je ris de bon cœur à ces questions, ma présentation n'était sûrement aussi détaillée et claire que la sienne et le fait qu'elle me posait des questions après ne me surpris pas. « Célibataire mais c'est compliqué, non, je ne suis pas amoureux de mon meilleur ami, non. Je ne suis pas non plus dans une relation libre, disons surtout que je crois tomber amoureux toutes les dix minutes et que beaucoup de filles s'amusent avec cela. » J'émis une courte petite pause en me remémorant ce que je venais de dire là. J'avais un peu l'impression de me confesser à quelqu'un sur mes problèmes de cœur, c'était étrange, je ne me sentais pas gêné de me dévoiler ainsi mais j'avais tout de même peur qu'intérieurement, même si elle ne le montrait pas, Bébé se moque de moi. « Enfin je ne sais jamais me comporter avec les demoiselles. J'comprendrais jamais rien aux filles. » Je ris en baissant les yeux sur mon chocolat. « Et oui Berlioz c'est mon deuxième prénom. »

Je l'aimais bien, elle était surprenante, vraiment. Je me figeais et osais une regard vers elle. « C'est étrange de vouloir être un clown triste, c'est dommage surtout. Raconter des blagues, c'est tout un art certes, mais ce n'est pas sorcier, si ? Faut-il vraiment un diplôme pour ça ? C'est vrai quoi, je suis sur que tu ferais un très bon clown joyeux. » J'hochais la tête comme pour auto-approuver mon affirmation et recommençait à parler. Je ne savais pas du tout ce qu'il me prenait tout-à-coup mais mon côté bavard ressurgissait et je déglutissais des tonnes de paroles. « Si tu veux je t'apprendrais à nager, j'ai une piscine chez moi, comme ça on pourra se revoir. » Petit sourire en coin et yeux de chien battu. Il paraît que ça les faisaient craquer.