« Maman... maman... » La petite fille brune, assise à terre, était recroquevillée sur elle-même, les bras autour de ses genoux et la respiration saccadée. Les larmes ruisselaient le long de ses douces joues, et la seule vision qui se présentait à elle n'était autre qu'horrifiante. La seule pensée qui lui tourmentait l'esprit à ce moment-même était de prier pour ne pas se retrouver orpheline. Après le départ de son père lors de sa naissance, personne qu'elle déteste sans même l'avoir connue, sa mère était la seule personne qui lui restait. Le reste de sa famille habitait plus loin de Chicago, à Philadelphie. Un cancer. C'était la cause de son décès. La peau froide, la visage très pâle et les yeux ne reflétant rien à part le vide, la jeune Juliet venait d'assister à la mort de sa jeune maman. Une chose qu'elle n'oubliera jamais, même avec le temps.

« C'était... non, y'a même pas de mots pour décrire ça. Je peux pas. J'ai l'impression que tout ce que je ressens reste complétement bloqué à l'intérieur... et ça me fait tellement mal. J'en rêve même la nuit. Des cauchemars, j'en ai fait des tonnes et des tonnes depuis. J'arrive pas à faire mon deuil, ma vie tournait autour de ma mère, c'était la personne qui comptait le plus pour moi. La perdre a été un... bouleversement, chamboulement, ces mots ne sont même pas assez forts pour qualifier ce que j'ai pu ressentir à ce moment-là. Même si j'étais jeune, même si à cet âge on ne peut pas tout comprendre, je savais très bien comment ça se finirait. J'en étais consciente, indirectement certes, mais je m'en doutais. Sa santé chutait de jour en jour, elle souffrait de me voir comme ça et moi je souffrais encore plus de la voir si mal pour moi... » Elle laissa ses émotions dévaler son visage. C'en était trop, depuis ses onze ans, elle n'avait jamais raconté ça à quiconque. Et c'était la raison pour laquelle la jeune femme avait décidé de prendre les choses en main en allant consulter un psychologue.

Juliet avait passé le plus clair de son adolescence à faire semblant d'être heureuse. Recueillie par une famille d'accueil, elle avait été comblée d'amour et de cadeaux. Riche, c'est le cas de le dire, ses parents adoptifs ont tout fait pour qu'elle ne manque de rien. Mais quand c'est le manque maternel qui prend le dessus, comment peut-on y remédier ? Sourire. Rire. Ne pas pleurer. Ne pas se montrer faible. C'était sa préoccupation première. Pourtant gentille, drôle, rêveuse, personne ne la connaissant pas bien n'aurait pu songer au mal qui la rongeait de l'intérieur. Seul ses ami(e)s proches étaient au courant de ce qu'il s'était passé, mais sa détresse, elle ne voulait pas la montrer. Tout ce que désirait Juliet, c'était passer une adolescence normale, et ne pas devoir se plaindre tout le temps auprès de ceux qu'elle aime. Elle voulait s'amuser, danser, oublier. Et pour ça, elle buvait, fumait, sortait. À partir de ses quinze ans, oui, on peut avouer qu'elle en a fait pas mal voir à ses parents adoptifs. Elle répondait, se disputait tout le temps, se rebellait contre tout et ne supportait pas qu'on lui impose des règles. Ce qu'elle désirait, c'était simplement vivre. Faire ce qu'elle aimait.

Malgré les responsabilités qui lui étaient données à ses seize ans, l'âge de la majorité, c'est seulement à dix-huit ans que les choses furent prises en main. Aller voir un psy était la meilleure chose qui lui soit arrivée jusqu'à présent, apparemment. C'est à partir de là, que sourire n'était plus une façade qu'elle se forgeait mais seulement quelque chose de naturel qu'elle ne devait même plus forcer. Son mal-être semblait s'atténuer de jours en jours. Elle avait reprit goût à la vie, arrivait à faire son deuil petit à petit, et pouvait dessiner sans se dire tout le temps que ce don, elle le tenait de sa chère mère. Dessiner, plus particulièrement des vêtements. C'était sa passion, son échappatoire, un peu. Aimant beaucoup la mode et admirant les mannequins comme toutes les jeunes filles de son âge, Juliet avait pour projet de devenir styliste. C'est pour quoi aujourd'hui, elle en fait ses études.

Sachez que Juliet est quelqu'un de franc, et qui ne supporte pas les mensonges. La violence, encore moins. Cela dit, vous pourrez trouver en elle un cœur en or, et une personne généreuse et extrêmement gentille. Et même si elle a un peu de mal à exprimer ses sentiments et ce qu'elle ressent parfois, on lui pardonne. Rancunière, par contre. Certains considéreront ça comme une qualité, d'autre comme un défaut. Aussi, en n'importe quelle circonstance, vous pourrez toujours compter sur elle si elle vous aime.