Il fait froid. Sérieux, je serai en train de me geler les cacahuètes si j’en avais. Nan mais vous comprenez ce que ça veut dire ? Il fait froid. Donc, c’est l’hiver. Ou pratiquement. Et moi, l’hiver, j’aime pas ça. En fait, c’est un euphémisme. Je DETESTE ça. Quoi que j’aime pas l’été non plus. En fait, je suis jamais réellement contente du temps, mais ce n’est pas le plus important. Revenons au sujet. Il fait froid et je me demande ce que je fous dehors. C’est vrai ça, pourquoi ? J’ai le nez tout rouge, les joues gelées et ma respiration laisse une trace de brume derrière moi. Je marche vite pour me rendre à ma destination, mais je serais capable de me casser la gueule sur une plaque de verglas. Ouais, phénomène Jaiz, elle finit souvent à l’hôpital à cause de ses conneries. Donc je fais plus attention. Note à moi-même : ne pas marcher trop vite lors des matinées trop fraîches, penser à s’habiller plus chaudement. L’écharpe, elle est bien belle, mais elle est pas vraiment très utile. D’ailleurs, où est-ce que je vais ? C’est une bien bonne question. Peut-être que je pourrais prendre le temps d’y répondre si je n’étais pas aussi pressée d’arriver chez eux. J’espère qu’il y a le chauffage, chez eux. Quoi que non, avec cette panne, ce n’est pas possible. Connard de mes deux, si je l’attrape je lui ferai volontiers passer l’envie de s’amuser. J’espère que Suzie est déjà aux fourneaux, qu’elle a fait chauffer tout ce qu’elle pouvait faire chauffer pour répandre la chaleur dans la maison. Ou j’espère qu’ils ont des couvertures en plus. Parce que s’il fait aussi froid chez eux qu’il le fait chez moi, mes amis, je peux vous dire qu’on est vraiment pas dans la merde. Autant creuser sa tombe tout de suite, on aura certainement plus chaud dans une boîte en bois. Avec un peu de chance, les vers seront même de la partie. Génial, pas vrai ? Je m’égare. Mais justement, j’y suis enfin. Je grimpe leur magnifique porche et je toque deux fois à leur porte. Les Greggson. Max et Suzie. Personne ne semble répondre. Je toque une deuxième fois. Toujours personne. La porte n’est pas fermée, alors comme souvent, je prends mes aises et je rentre à l’intérieur. Après tout, je me suis gelée les fesses pour venir jusqu’ici, ils me doivent bien l’hospitalité ! « Max ? » Je tente, hésitante. J’avance doucement à travers l’entrée pour trouver le salon. « Suzie ? » Je jette un bref regard à travers la cuisine mais n’y trouve personne. Je soupire. « Si vous profitez de votre mariage, pitié, dites-le moi maintenant ! Autrement, ça risque d’être gênant pour tout le monde. » Ma remarque me fait sourire. Bon, apparemment, personne ne semble m’avoir entendu, mais je m’installe tout de même sur un fauteuil, j’entends du bruit à l’étage.

Quelle belle journée pour ne rien faire. En regardant par ma fenêtre ce matin, je me disais que j’avais vraiment de la chance d’être à la maison. La fin du monde est proche et ça se voit … Suzanna était encore une fois absente, et je n’allais pas me plaindre. Après tout, elle allait déjà râler en voyant que son parapluie était resté à la maison. Son brushing allait être détruit en quelques secondes, et je ne pouvais m’empêcher de rire en imaginant la scène. Une chose est sûre : Qu’est ce qu’on est bien chez soi. Pour une fois, j’allais me détendre devant un bon film, ou me gaver de marshmallow jusqu’à vomir et lire un livre que je n’aurais jamais le temps de finir. Enfin, j’étais réellement dans un choix complexe. Est-ce que je devrais monter dans la chambre pour être sous les couettes, ou rester en bas sur le canapé ? Oui, mais je ne pourrais pas manger dans mon lit vu que Suzanna le verrait. Alors, je devrais peut-être rester en bas pour avoir la cuisine à disposition. Oui, mais je n’ai pas de couette en bas … Bref, je ne voyais pas vraiment quoi faire à cet instant. Et puis, merde à la fin. Je regarde la télévision en bas. Néanmoins, j’avais oublié un détail … Pas de courant ! L’électricité n’était toujours pas là et je commençais sérieusement à en avoir marre. Pour une fois que je pouvais glander devant un film. La peine dans l’âme, je me décidais à me prendre un petit truc à grignoter afin de me rendre à l’étage pour me cacher sous mes couvertures. La cheminée est bien sympa, mais elle ne chauffe pas très rapidement. Allez, c’est l’heure de la sieste.

« Max ? Suzie ? » … « Si vous profitez de votre mariage, pitié, dites-le moi maintenant ! Autrement, ça risque d’être gênant pour tout le monde. »

Je me demande d’où lui vient cet humour ! Je savais très bien qui était encore une fois à la maison. J’étais toujours content de la voir, même si elle avait le don pour arriver à des moments de calme que je méritais amplement. Bon, il ne me restait plus qu’une chose à faire : redescendre. En sortant de mon lit, torse nu, j’avais réussi à me prendre le pied dans le drap pour m’étaler comme une merde au sol. C’est mon jour de chance. Allez, on se remet debout ni vu ni connu.

« Jaizlynn, tu veux participer à nos ébats ? Tu sais que ma porte est toujours ouverte pour toi. »

Barbant. Je ne suis pas là depuis très longtemps, mais ces deux-là me font payer bien cher pour s'incruser dans leur intimité quand bon me chante. Je suis à la limite de me faire chier comme un rat mort. Peut-être que je devrais rentrer, que je devrais leur laisser un peu d'intimité. Après tout, je suis si souvent fourrée chez eux qu'ils ne doivent pas avoir une minute à eux. Quelque part, je suppose que je m'en veux de leur accaparer autant de temps, mais sans eux, la vie ne serait plus la même. Affalée en travers du fauteuil, je balance mes jambes comme le ferait un enfant. « Youhou, vous êtes là ? » Je soupire. Je suis la personne la moins patiente du monde. « Ne vous gênez surtout pas pour moi, hein ! » Puis je reprends d'une voix plus basse. « Je vais juste... attendre ici le temps que vous ayez fini... quoi que vous fassiez. » Je compte. Un mouton, deux moutons... Un p'tit bonhomme de neige, deux p'tits bonhommes de neige, trois... WOW. bruit sourd à l'étage. Genre, grosse merde qui s'étale sur le sol. « Tout va bien la haut ? » Pas de réponse. Je m'apprête à me lever - bien que j'ai un peu peur, imaginez que je les trouve sans vêtements, en pleine action, beurk quoi. De quoi être traumatisée à vie - mais finalement, j'entends l'escalier craquer. Tout va bien, donc. Et puis enfin, c'est Max qui se présente devant moi, à moitié fringué. Il me laisse des doutes sur ce qu'il était en train de faire là-haut. « Jaizlynn, tu veux participer à nos ébats ? Tu sais que ma porte est toujours ouverte pour toi. » Dégoût et grimaces en tous genres. Mon corps se secoue dans une gesticulation très particulière. « Eurk, non. Gardez vos habitudes pour vous, si vous voulez bien. » Malgré son humour défaillant, je suis contente de le voir. Il se dirige vers la cuisine, je ne sais pas ce qu'il compte y faire. Mais d'instinct, je le suis. J'espérais tout de même croiser Suzie, cependant. Mais à part nous, la maison semble vide. « Suzie n'est pas là ? » Je tente quand même, après tout, c'est le meilleur moyen de savoir, pas vrai ?

Je l’entendais déjà se plaindre. En faite, elle était vraiment douée dans ce domaine. Allez, si j’allais me plaindre un peu parce que j’ai faim, tiens non, finalement j’ai froid. Oh, je vais râler parce que j’ai faim et froid. Dès fois, je me disais que c’était un bon entrainement pour me préparer à l’arrivé futur d’un enfant dans notre maison, en espérant que cet enfant possède un meilleur caractère. Quelque part, je savais que ce n’était mon enfant, mais je la considérais comme telle. C’est étrange d’avoir ce devoir de protection envers une jeune fille qui a débarqué dans ma vie sans prévenir. Enfin, depuis elle était très bien installé dans ma vie, comme dans celle de Suzie. J’adorais la taquinais, lui offrir quelque trucs et être là pour elle, en cas de besoin. Je savais bien qu’elle avait des parents, mais je ne pense pas qu’elle soit très proche d’eux. Suite à ma mauvaise blague, j’avais vu son visage se transformer. Le dégout était présent dans ses yeux. « Eurk, non. Gardez vos habitudes pour vous, si vous voulez bien. » Je ris, en partant vers le cuisine. Mon repère secret qui n’était pas si secret que ça. « Suzie n'est pas là ? » J’étais sûr que je ne pourrais pas échapper à cette question. Sans m’en rendre compte, j’avais stoppé mes petites activités dans le placard en commençant à râler. Jaiz adorait Suzie, et j’étais heureux qu’elles s’entendent aussi bien. Mais, il est de plus en plus difficile de cacher qu’entre nous, ce n’est plus comme avant … Je ne savais plus vraiment quoi faire. Devrais-je lui dire la vérité ? Ou tout simplement dire qu’elle n’est pas là, point ? « Certainement en train de se promener, quelque part. A vrai dire, je ne sais pas vraiment. Elle cherche peut-être de l’inspiration pour écrire son livre… » J’avais finalement trouvé un paquet de gâteau qui était bien caché sans doute pour que je n’y touche, mais bon. Je m’installe au comptoir de la cuisine.

D'un oeil fouineur, j'observais la maison. Grande, spacieuse. Magnifique. J'y vois très bien courir leur future marmaille, peut-être deux ou trois monstres sur pattes. De petits rigolos farceurs à la gueule d'ange. Le genre de bouille, à laquelle on ne peut rien refuser. De toute façon, en les voyant tous les deux, leurs progénitures n'auraient pu être que parfaites. D'ailleurs, je me demandais s'ils comptaient s'y mettre bientôt. D'une certaine manière, je deviendrai "tata Jaizlynn", celle qui donne des bonbons même avant l'heure du dîner, celle qui leur apprendrait tous ses mauvais tours. A cette pensée, je souris doucement puis reporte mon regard sur Max, en train de marmonner je-ne-sais-quoi. Celui-là pouvait bien se moquer de ce qu'il voulait à propose de moi, passer du temps avec lui m'enseignait toutes ses mauvaises habitudes. « Certainement en train de se promener, quelque part. A vrai dire, je ne sais pas vraiment. Elle cherche peut-être de l’inspiration pour écrire son livre… » Alors ça, c'est vraiment ce qu'on peut appeler de la précision. Enfin, je n'insiste pas. « Oh, d'accord. » Je baisse le regard sur le paquet de gâteau qu'il vient de sortir. Miam. Il prépare tout ça sans la moindre parole, et je n'engage pas non plus la conversation. Pendant plusieurs instants, on aurait presque pu entendre une mouche voler. Je commence à croire que peut-être, je gêne. « Bon, tu vas me dire ce qu'il se passe à la fin ? Est-ce que c'est moi qui suis arrivée à un mauvais moment ou quoi ? »