Aujourd'hui était une journée comme les autres. Je me réveillais tôt à cause des pleurs de ma fille qui réclamait à manger. Je prenais mon café, je me lavais. J'avais l'impression de vivre dans une spirale perpétuelle qui n'arrêtait pas de tourner. Cela faisait maintenant bientôt six mois que j'avais arrêté d'écrire. Je devais absolument sortir un nouveau bouquin pour les gosses avant la fin du mois pour ma maison d'édition. Celle-ci ne manquait pas de me mettre la pression et je devais l'avouer... Je l'avais. Il me manquait l'étincelle de l'inspiration, celle qui venait comme un flash de lumière dans le cerveau et qui dévastait tout ton corps pour que tu t'y mettes. J'avais besoin à nouveau de ressentir cette étincelle et c'était dans le parc de Montsimpa, la vallée du bois que je décidais de fréquenter aujourd'hui. Peut-être que l'inspiration viendrait avec ça. Peut-être pas. Je me motivais en fin de matinée. Je plaçais dans ma sacoche mon ordinateur portable, quelques feuilles pour réaliser des croquis ainsi que les affaires habituelles de ma fille. Bien sûr que non, je n'allais pas la laisser toute seule ! C'était de la folie. Je partais en trombe au parc. J'y arrivais assez rapidement. Après avoir défait le matériel essentiel de ma fille, sa poussette, je me baladais dans le parc en cherchant un coin tranquille d'herbe où je pouvais m'installer. J'avançais vers le coin du jardin d'enfant, où quelques gamins jouaient au ballon. J'installais une serviette sur le sol, prenant Bonnie dans son couffin et la déposant à côté de moi. J'observais les gamins, rêveuse tout en essayant de me concentrer tant que je pouvais. Mais la tâche semblait plus difficile que prévu.

Fatigue perpétuelle. Trevor avait fait la fête et avait un peu la gueule de bois. Il avait participé à une soirée avec ses potes,au début ils étaient censés boire un verre,puis deux,puis trois,puis quatre puis on connaît la suite. Cacophonie totale dès le lendemain. Y'avait même de la vodka dans l'aquarium. Trevor eut du mal à immerger du canapé. Il titubait dans le couloir et se regarda dans le miroir. Tête affreuse. Merde. C'est pas aujourd'hui qu'il se tapera une nana. Il prit une douche,un café et quitta les lieux comme un voleur.Il aurait pu rendre visite à sa sœur ainsi qu'à Judas à qui il lancerait des regards tendres, quand bien même sa soeur tournera le dos,sauf qu'il avait juste envie de s'aérer les pensées et surtout récupérer. Il atteint le lieu. Le parc de Montsimpa. Il était pas très bondé de monde étant donné qu'on était en matinée. Tant mieux,pas qu'il était anti-social,mais il était pas d'humeur à supporter les cris, les paroles des autres personnes,ses oreilles étaient sensibles ce soir. Lorsqu'il tomba sur ses potes. Il l'entraîna dans une partie de lancée de balle. Comment leur refuser? Il accepta quand sans trop attention,la balle heurta la tête d'une fille. Il courut vers elle et se retint de rire, mais quand il vit la petite fille à ses côtés,il fit moins son malin. Je suis désolé, ça va tu n'as rien ?

Je commençais à griffonner dans mon carnet quelques ballons, des balançoires. Un brin d'histoire commençait à me venir en tête. Il fallait désormais que je la mette en forme. Quand on est écrivain, c'est très difficile de trouver une inspiration lorsqu'on n'avait pas pratiqué depuis des mois. Mais l'écriture c'était comme le vélo, ça ne s'oubliait pas. J'allais bien réussir à finir par pondre un bouquin un jour où l'autre. Il ne fallait pas que ça me prenne non plus trop de temps, j'avais des délais à respecter. J'étais officiellement sortie de mon congé maternité, il fallait donc qu je mette les bouchées doubles et pour ça, le parc et le jardin d'enfant était la meilleure façon pour essayer de trouver une histoire à faire avaler aux gosses. Je rêvais de tellement plus au fond... J'en avais besoin. Puis la mine de mon crayon se cassait. Et moi, je me prenais un ballon sur la tête. AIIIIIIIIIIE ! criais-je dans le parc. Au moins, c'était clair. Je devais avoir une belle marque de ballon sur la joue. Tout en frottant ma joue brûlante par le choc, je constatais qu'un jeune homme venait à ma rencontre. Probablement celui qui avait lancé ce foutu ballon. Par chance, il n'avait pas atterri sur Bonnie. J'aurai probablement fait une affaire d'état si jamais le ballon touchait ma fille. Non non ça va. Enfin ça pique un peu. disais-je, en frottant ma joue. Faites attention quand vous lancez, je n'aimerai pas que ce ballon se retrouve sur ma fille. Je n'étais pas méchante, j'étais une maman. Je l'aurai probablement engueulé comme un gosse si je me l'étais permis.

Il l'avait pas cherché. Il n'avait pas vu que la fille était accompagnée d'un enfant sinon il aurait probablement intercepté la balle,du moins aurait fait un plus grand effort pour tenter de l'intercepter. Un sourire gêné aux lèvres. Il avait l'air d'un gamin de douze ans qui venait de faire une connerie et qui ne savait pas comment se faire pardonner. Il avançait doucement vers elle. Il ne la connaissait pas. Il ne l'avait pas croisé. En même temps,Montsimpa était une ville assez grande et il n'était pas du genre à connaître toutes les personnes qui habitaient ici. Il s'avançait doucement vers elle, comme un voleur et saisit la balle qu'il lança à ses potes au loin,qu'il l'entendait râler parce que Trevor mettait du temps à ramasser une simple balle. Putain,il les haïssait eux, avec leurs conneries. Euh ouais.. Je comprends. Phrase ridicule, tête ridicule. Bonjour la honte,il aurait préféré encore entendre tomber sur quelqu'un qu'il connaissait parce qu'il n'aurait pas eu à être aussi jeune. euh très mignonne votre fille ! Enchainant maladresse sur maladresse,il finit par rire,mais un rire gêné,tentant de détendre l'atmosphère.

Est-ce que je m'enflammais pour rien ? Non franchement, je devais être aussi beaucoup plus prudente pour m'installer à côté des aires de jeux. Fort heureusement, le ballon n'avait pas touché ma fille. Sinon j'allais avoir droit à un concerto de pleurs. Je l'a connaissais. Mon petit bout se tenait tranquillement dans son couffin, comme si rien ne s'était passé. C'était tout de même impressionnant à quel point un bébé était l'innocence incarnée. Parfois, j'aurai aimé retourner à ce stade. Je constatais que ce jeune homme avait rapidement lancé l'objet de la brûlure sur ma joue. Il semblait être tout aussi gêné que moi. Je décidais de le mettre un peu plus en confiance. Allez, c'est pas grave. Avec un peu d'eau froide ça passera. disais-je, avec un sourire sincère. Oui, j'allais être une maman cool. C'était décidé. J'étais cool de toute façon non ? Je n'étais pas plus vieille que lui, mais bon j'avais pris énormément de maturité d'un coup avec la naissance de ma fille. Merci ! Elle s'appelle Bonnie ! disais-je, en jetant un coup d'oeil au couffin. L'inconnu pour vous, n'est-ce pas ? C'était bien entendu évident pour lui.