« Tu es sûr de ne pas vouloir venir aussi Coop ? » Encore un soupir qui sort de ma bouche. A croire qu’elle ne compte pas abandonner avant d’avoir une réponse positive. Ma sœur a accepté de partir rejoindre mes parents quelque part en Asie orientale et dans leur logique, je dois y aller aussi. Sauf que je n’ai rien à y faire et je ne comprends même pas la décision de Marilou à vrai dire. Peut-être que s’il n’y avait rien pour me rattacher à Montsimpa, je ferais comme elle. Mais ce n’est pas le cas. « Il faut bien que quelqu’un reste pour s’occuper de la maison maman. » L’excuse facile pour ne pas avouer que je n’ai aucune envie de retrouver mes parents et faire un bout de leur tour du monde avec eux. « Et il faut que je trouve un boulot aussi. » Faux aussi. Même si ça serait bien vu que je n’ai pas travaillé depuis plus de six mois, ça ne fait pas partie de mes priorités pour le moment. Tant que j’ai encore assez d’argent pour vivre, je ne compte pas chercher en fait. « Bon ok, appelle-nous si jamais tu changes d’avis ! » Et elle raccroche son téléphone aussi sec. Elle a toujours été comme ça. Et là, je sais qu’elle fait la tête. Mais en fait, ça ne change pas grand-chose vu le nombre de coup de téléphone que j’ai reçu de sa part cette année. Je n’ai jamais compris l’intérêt que mes parents peuvent tirer de leur tour du monde. Et que ma sœur cadette parte les rejoindre me surprend encore plus. Surtout qu’on est assez proches en ce moment et voilà qu’elle part. Bien sûr, elle me laisse la maison quand même, ça pourrait être pire. Mais elle va me manquer ce petit bout de femme. Je range mon téléphone dans ma poche et je finis la bière posée devant moi. Je suis au Hogan, en train d’attendre l’arrivée de Deva qui a déjà pas mal de retard. Mais ce n’est pas surprenant. Deva est une diva, je le sais depuis que je la connais. A l’époque, j’étais pas mal dans mon genre non plus. C’était peut-être même ça qui nous avait rapprochés. C’était une des premières fois que je la voyais depuis ma disgrâce et j’étais assez surpris qu’elle veuille toujours m’adresser la parole alors que je ne suis plus une star. A croire que la demoiselle n’est pas si superficielle malgré les airs qu’elle se donne. « Comment tu vas ? Tu n'as pas changé, toujours aussi canon ! » « Et toi, toujours aussi discrète ma belle ! » je réponds en la saluant. L’extravagance, on a l’impression qu’elle ne vit que pour ça. Une vraie petite Paris Hilton mais en moins salope puisque la brune est fiancée depuis un moment déjà. Ce qui est toujours aussi surprenant puisque peu de couples réussissent à durer avec la célébrité. « Je vais prendre un mojito. » Je fais signe au serveur d’en amener deux et je me retourne vers Deva. « Alors, qu’est-ce qui s’est passé dans ta vie récemment ? Je ne parle pas de ce que tout le monde peut lire dans les journaux, je veux de l’inédit Miss Cortès. »

Spoiler:

« J'te remercie ! » Qu’elle prenne ma phrase comme un compliment n’est même pas étonnant. Elle a toujours été comme ça et ce ne sont pas quelques mois sans me voir qui l’ont changée. Pour elle, c’est une fierté et ça, je l’ai très vite compris. Et au final, c’est un trait de caractère appréciable chez elle. Tout comme sa manie à vouloir tout commander. Mais ça, c’est le propre de la plupart des gens qui sont célèbres. J’étais pareil à l’époque. Tout comme la façon dont elle fait venir le serveur vers nous en seulement quelques secondes. La commande est prise rapidement alors que le bar est plein à craquer. Et je ne doute pas que notre commande sera sur la table dans quelques minutes à peine. Les avantages de la célébrité. « Je t'ai dit que j'allais bientôt tourner dans un film ? » Je ne peux m’empêcher d’être jaloux de sa réussite. Mais je sais que ça fait un moment qu’elle le souhaite donc je suis heureux pour elle. Juste que je voudrais bien que la même chose m’arrive. « J'ai vendu l'exclu à US Weekly, mais bon du coup tu le sais avant tout le monde. Content ? » Cooper qui sait quelque chose avant un magazine mondial, c’est parfait ça. Surtout que Deva Cortès qui va jouer dans un film, c’est du bon scoop. Limite, je pourrais revendre l’information au magazine concurrent avant qu’US Weekly ne l’annonce et je me ferais de l’argent. Mais ça ne servirait à rien, je ne suis pas comme ça. Je ne vais pas trahir Deva alors que nous nous retrouvons après quelques mois de séparation. « Tu vas jouer avec qui ? Jude Law ? Ou bien un beau gosse du genre ? Tu veux rendre jaloux Nolan, c’est ça ? » A vrai dire, je ne connais pas beaucoup les détails de la vie privée de Deva. Je sais juste qu’elle est fiancée. Elle semble heureuse, elle doit l’être. Si elle n’en parle pas, c’est que tout doit bien aller. « Et toi alors, quoi de nouveau dans ta vie ? Du croustillant aussi, bien entendu. » La vie de Cooper. Comparée à la vie de Deva, il ne se passe pas grand-chose. Elle va jouer dans un film, je n’ai pas de boulot. Elle est célèbre, je ne le suis plus. Elle accorde des interviews aux plus grands magazines, je refuse toute question venant d’un journaliste. Mais je vais bien trouver un truc qui pourrait l’intéresser. « Je suis avec quelqu’un en ce moment. Et je n’ai même pas vendu l’info aux journaux. » De toute façon, qui s’intéresserait au fait qu’un acteur déchu soit en couple avec une serveuse ? C’est la vie de tous les jours, la réalité, rien de bien passionnant pour le monde entier. Mais moi, ça me suffit. « Et… c’est à peu près tout ce qui se passe dans ma vie. Mais parle-moi de toi, tu le fais si bien. » L’entendre parler de sa vie, ça va occuper ma journée. Je sais que Deva peut être très bavarde quand elle le veut – et même quand elle ne veut pas.