❝ Tellement chaud qu'au supermaché les portes automatiques s'ouvrent ! ❞

Une invitation avec un post-it collé dessus trouvé dans ma boîte aux lettres. Peux pas aller à cette soirée, vas-y à ma place et sors ce balai de ton cul Granger. Du Noam tout craché. Prête à jeter directement l’invitation, je décide d’y jeter un coup d’œil quand même. Sait-on jamais le beau monde qu’il peut y avoir. Et en effet, la fête est organisée par un people qui invite tout le temps plein de monde. Qu’est-ce que ça me coûte d’y aller ? J’ai l’invitation, je rencontrerais peut-être du monde. Et même si Noam a une façon assez dure de présenter les choses, il n’a pas tort, je devrais sortir plus souvent. Je suis encore jeune après tout, j’ai bien le droit de me détendre de temps en temps. Et ça fera taire Noam, au moins pour un moment. Je ne sais même pas pourquoi il refuse d’aller à cette soirée, il est peut-être occupé autre part. C’est pas son genre mais je ne vais pas m’en plaindre. Une robe courte noire, des talons, un peu de maquillage, les cheveux passés au fer à friser, je suis fin prête pour cette soirée. Comme il est de coutume, je n’arrive pas dès le début, mieux vaut arriver en plein cœur de la soirée. Je finis par entrer dans l’appartement de Bridgeport, un air confiant sur le visage. Le bar est en libre-service mais un homme m’offre quand même un verre. Je le remercie d’un sourire et je regarde autour de moi, essayant de voir si je connais ne serait-ce qu’une personne. Je n’aurais pas dû venir seule en fait. Partout où se posent mes yeux, il y a des inconnus. Qui ont l’air assez mal en point d’ailleurs. La plupart sont en train de consommer de la drogue et ça a l’air totalement normal. Je n’aurais vraiment pas dû venir. La drogue, je n’y ai pas touché depuis mon arrivée aux Etats-Unis et c’est encore un sujet assez dur pour moi. Après tout, on n’oublie pas en un instant le goût de ces choses-là. Ni comment on se sentait en en prenant. Et c’est seulement maintenant que je remarque l’odeur persistante et que je connais bien de la drogue, des joints et des drogues plus dures. Je finis mon verre, essayant d’ignorer cette odeur mais elle m’est insupportable. Enfin pas insupportable, au contraire. Et c’est bien ce qui me fait peur. Mieux vaut partir tant que j’en suis encore capable. Je me tourne rapidement vers la porte et j’avance au milieu des gens. Je ne vois pas le bout de l’appartement, de plus en plus inquiète. Et j’heurte quelqu’un. Je sens du liquide me couler dessus et je soupire, furieuse. Pas que contre cet inconnu, aussi contre moi-même. « Vous pourriez faire attention non ? » Le mec a l’air assez défoncé, rien de très étonnant.

Le seul avantage que me procurait le fait de venir de la famille Simpa ? L’invitation à toutes les fêtes du coin. J’étais le seul restant à Montsimpa, et franchement je m’en foutais plein la panse avec ces invitations à droite à et gauche. Ces pauvres cons ne savaient même pas que mon père n’était plus dans les parages. Pas grave, en tant que bon fiston à son père – ou pas -, je me pointais à ces soirées dans le simple espoir de me défoncer encore plus que d’habitude. Donc autant dire à deux doigts de l’overdose quoi. Par chance, l’invitation à la fiesta de cette semaine c’était mon pote Gary. Un mec simple, sans prise de tête, qui se droguait presque autant que moi. Je m’empressais d’accepter l’invitation, je savais qu’avec lui je pouvais passer une excellente soirée. Le jour J, je m’habillais simplement : chemise à carreau, jean troué, converses. La base. Je savais que là-bas, je pouvais trouver de la drogue comme si je cherchais de l’eau. Pas la peine de prendre la mienne. J’arrivais aux alentours de minuit, la fiesta venait de commencer depuis déjà quelques temps. Bridgeport, c’était cool quand même. Si jamais je n’étais pas en rade de fric sans arrêt, je m’installerai probablement là-bas. Je serais quelques mains, notamment celle de mon pote Gary en le remerciant de m’avoir invité. Je m’approchais d’une petite table basse, avec une boîte ouverte. Mais dans le genre boîte c’était presque un carton quoi. Il y avait des joints, partout. Je ne me faisais pas attendre pour me servir. Bon sang, j’aimais ce genre de soirée. Le paradis : alcool, drogue, filles. Je me servais un verre de whisky coca dans un grand gobelet rouge, tout en tirant sur mon joint resté dans ma bouche. J’avalais plusieurs gorgées de suite. Puis, je me surprenais à regarder le monde. C’était simple : c’était rempli à ras bord. Je bousculais quelques personnes au passage, pour aller me coller contre un mur. La tête penchée en arrière, je tirais sur mon joint plusieurs fois d’affilé. Ça va, c’était pas mauvais mais je préférais la mienne quand même. Je décidais de circuler, en mettant la main aux fesses des filles de temps en temps. Je soupirais de bonheur. Et là, le drame. Mon verre s’était renversé par une petite bousculade provoquée par une nana en face de moi. Le verre de whisky coca s’était renversé sur elle. La pauvre. J’aurai le temps, j’aurai pu compatir pour elle, mais là franchement j’avais la flemme. « Excuse princesse, mais j’suis loin d’être un char. T’a vu le monde là ? » Et à mon avis, ça n’allait pas aller dans le négatif. De plus en plus de monde débarquait dans ce petit appartement. Elle était mignonne celle là. J’attrapais un vieux mouchoir dans ma poche. « Tiens essuie-toi avec ça. Désolé, c’est tout ce que j’ai. » Pour une fois que j’étais serviable. Non, j’étais défoncé premièrement.

Il allait m'entendre Noam. Il devait se douter que cette soirée serait aussi pleine de drogués. J'espérais tout de même qu'il ne m'y y avait pas fait venir exprès. Peu importe, je vais lui crier dessus de toute façon. Mais le problème, c'est que Téo n'a pas de raison d'être aussi énervée pour une histoire de drogues. Et je ne veux pas que celui pour qui je bosse puisse penser que j'étais une junkie avant. Je ne l'étais pas d'ailleurs. Puisqu'avec un peu de volonté seulement, j'avais réussi à devenir clean. Mais je trouverais bien une excuse pour Noam. Pour le moment, la priorité est de sortir de cet appartement étouffant, rempli d'une foule dense, défoncée et au milieu de laquelle ça devient compliqué de passer. Et bien sûr, il fallait que ça arrive, je fonce dans quelqu'un ou quelqu'un me fonce dedans, je n'en sais trop rien. « Excuse princesse, mais j’suis loin d’être un char. T’a vu le monde là ? » Tout en finesse le mec. J'ai dû tomber sur un des pires, ça se voit rien qu'à son regard paumé. Ce regard vide que je connais très bien. Mais il a raison, ce n'est pas vraiment sa faute. Ni la mienne. Mais il n'empêche que je me sens oppressée, prisonnière et je déteste ça. Donc je suis en colère. Et c'est en toute logique que ma colère retombe sur l'homme qui vient de renverser son verre sur ma robe. « Tiens essuie-toi avec ça. Désolé, c’est tout ce que j’ai. » Je regarde le mouchoir tout sale qu'il me donne et je soupire. Je ferais mieux de sortir tout de suite, de l'ignorer mais ça se voit qu'il essaye d'être gentil. À sa façon sûrement mais il essaye. « Et tu crois que c'est avec un mouchoir plein de je ne sais quoi qui va m'aider à essuyer les dégâts ? Si tu veux être utile, tu peux me montrer où sont les toilettes. » Mais alors que je prononce ces mots, une image me vient à l'esprit. Celle de toilettes remplies de filles en mauvais état. Le dernier endroit où je veux me retrouver. « Non, oublie. J'ai pas besoin d'être propre, j'ai besoin de tranquillité. Je vais continuer d'essayer d'atteindre la porte. » Je lui redonne son mouchoir et reprend mon avancée dans la foule. Je ne comprends pas comment les autres peuvent encore respirer. L'air que je respire me paraît de plus en plus irrespirable, je tousse de plus en plus et je sens les larmes envahir mes yeux malgré mes efforts pour les retenir. Et l'horrible impression de ne pas avancer est de pire en pire.

Pour une fois que j’étais serviable, je me faisais limite envoyer chier par la fille. Elles ont quoi les nanas en ce moment ? Des couilles qui poussaient entre leurs jambes ? C’est fou ça, avant elles étaient plus dociles. Avant je n’avais pas le moindre mal à en choper une. Il faut croire que les femmes s’étaient relevées, et maintenant elles décidaient de jouer les dures. Je n’étais pas du tout impressionné de son vent, même si ça me faisait chier. Je détestais ça, de plus en plus. J’étais nostalgique de la vieille époque faut croire. Les femmes étaient précieuses. Dès qu’il s’agissait de parler de fringues, c’était une guerre nucléaire. Alors je ne parlais pas des fringues tâchés. Moi je m’habillais surtout pour ne pas être à poil. Bien que ça ne me dérangerait pas mais bon. Un peu de pudeur voyons. J’haussais les sourcils, employant mon expression du visage la plus charmeuse. « Doucement honey, on se connaît à peine…» disais-je, en éclatant de rire. Je reprenais mon mouchoir puis la regardait s’en aller. Mais non, pas ça. Il ne fallait pas se tirer d’une fête de Gary, c’était pêché. Je piquais un verre à un mec innocemment, puis me lançait à la recherche de cette petite brunette piquante. Au passage, je sentais le verre. Merde, de la limonade. Je le balançais par-dessus bord. Tant pis si j’en mettais sur une autre gonzesse. Je la voyais enfin. « Hey ! Tu ne vas pas partir comme ça non ? » Je tirai une nouvelle fois sur mon joint puis lui tendait. « Tire la dessus, ça va te détendre. Et accessoirement te décoincer. » disais-je, avec un sourire coquin. J’étais bizarrement trop gentil ce soir. C’était probablement un effet du joint. Ou alors mon plan était déjà en marche pour ce soir : c’était elle que je voulais et pas une autre.

« Doucement honey, on se connaît à peine…» Je ne prends pas la peine de répondre, trop occupée à chercher la sortie. Je me sens encerclée par la foule, comme si on ne voulait pas me laisser sortir. Je sais bien que cette sensation est renforcée – peut-être même créée – par le manque. Et plus ça s’accentue, plus je ressens le besoin de sortir. J’ai peur de devenir folle, de rester emprisonnée dans cet appartement maudit toute ma vie. Le manque, c’est vraiment une sensation horrible. On pense avoir tout surmonté quand on arrête de se droguer, quand on devient clean. Mais attendez donc de vous retrouver confrontée à une soirée comme celle-ci, vous comprendrez qu’arrêter, ce n’est rien. C’est résister qui est dur. « Hey ! Tu ne vas pas partir comme ça non ? » Je me retourne. Encore ce mec. Il a quoi lui ? Ça lui suffit pas de m’avoir tâché ma robe ? Et pourtant, malgré mon agacement, j’arrête d’avancer et je cale mon regard sur lui. Parce que ça me permet de me concentrer sur autre chose. Parce que je n’ai plus l’impression que la foule et les murs tournent autour de moi pour m’empêcher de sortir. « Qu’est-ce que tu veux toi ? » Et je le regarde fumer un coup. Je fais de mon mieux pour respirer normalement malgré l’envie d’arrêter pour ne plus jamais sentir cette odeur. « Tire la dessus, ça va te détendre. Et accessoirement te décoincer. » Il est sérieux là ou quoi ? Mais encore une fois, ce n’est pas compliqué de voir qu’il essaye d’être gentil. Allez savoir pourquoi ! Mais dommage pour lui, je ne vais pas accepter ses tentatives d’être généreux. Parce qu’entre un mouchoir usagé et un joint… on a connu mieux comme cadeaux. « Ecoutes, si tu veux filer ta came à une nana, t’as l’embarras du choix dans cet appartement. Mais moi, j’en prends pas. » Mais j’ai l’impression qu’il ne va pas me lâcher pour autant. Il ne doit pas comprendre qu’on peut être différent de lui. Mais pour le moment, je vois assez mal ce que je pourrais avoir en commun avec lui. « Ou plus en tout cas… » J’ai parlé tellement bas que je doute qu’il ait entendu avec la musique qui envahit la pièce. Je devrais sûrement repartir mais ça ne servirait sûrement qu’à me perdre encore plus dans le labyrinthe qu’est cet appartement. Alors on va essayer autre chose. « Ecoute, j’veux pas être méchante avec toi. J’ai juste oublié que je devais aller quelque part ce soir. Tu peux m’aider à sortir ? » S’il veut être gentil et utile, mieux vaut qu’il suive mes conseils plutôt que de le faire à sa façon. Mais peut-être qu’il se fichera royalement d’une fille qui ne souhaite que partir d’une fête.

C’était de la bonne, je commençais déjà à planer. Tous les gens autour de moi, je ne les remarquais même plus. J’entendais la musique en fond alors qu’elle était simplement élevée à fond. Je ne voyais que cette nana, qui avait l’air complètement perdue. Non mais en fait je jettais toujours mon dévolu sur les femmes coincées, les femmes avec du fort caractère, les femmes qui me résistaient alors qu’en fait elles en pinçaient pour moi. Putain j’en pouvais plus, en fait mes conquêtes s’étaient donné le mot. Je continuais à avancer dans la foule pour la rattraper jusqu’à remarquer qu’elle s’arrête. Ah, j’avais touché quelque chose. Je lui sortais mon plus beau sourire de junkie défoncé. Toutes mes belles dents étaient au rendez-vous. « Faire ta connaissance chérie voyons ! Tu as l’air complètement paumée… » J’hallucinais mais en fait cette came-là me rendait gentil. J’en reprendrais plus, terminé. Mon dealer allait m’entendre. J’éclatais de rire, elle ne se droguait pas en plus… Mais c’était quoi cet ovni venu d’ailleurs ? « Et si tu te drogues pas, qu’est-ce que tu fous à une fête de Gary, le gros camé de Bridgeport hein ? » disais-je, en tirant sur mon joint. Elle était sûrement invitée par erreur ça ne devait être que ça. Je lui enfumais son visage avec la fumée. Elle partait de toute façon alors j’devais peut-être lâcher l’affaire. Mais j’allais faire mon gentleman et la raccompagner dehors. Trop gentil décidément. « Tu dois être au llit avant minuit c’est ça princesse ? Allez reste un peu, même dehors avec moi ! Tu me feras plaisir ! » disais-je, en piquant un verre au passage. Je lui tendais, galant. Méconnaissable.

« Faire ta connaissance chérie voyons ! Tu as l’air complètement paumée… » Paumée. C’est exactement le mot. Perdue au milieu de centaines de drogués, perdue dans cette tentation à laquelle je ne dois pas céder. Je n’ai plus de raison de me droguer, il est hors de question que ça recommence. Je dois sûrement être la seule personne à ne pas fumer un seul pétard ici mais je m’en fiche. Ce n’est pas moi qui gâche ma santé. « Et si tu te drogues pas, qu’est-ce que tu fous à une fête de Gary, le gros camé de Bridgeport hein ? » Bonne question. Qu’est-ce que je fais encore là moi ? Et pourquoi j’ai accepté de sortir en premier lieu ? De quoi me dissuader de recommencer. « J’en sais rien, je me suis trompée… J’aurais jamais dû venir ici. » Je dois avoir l’air complètement perdue. Tout le monde doit pouvoir se rendre compte que c’est le manque qui me rend folle. Mais j’essaye de me réconforter en me disant que le manque rend parano. Je dois avoir l’air normal. Il suffit de s’en convaincre. « Tu dois être au lit avant minuit c’est ça princesse ? Allez reste un peu, même dehors avec moi ! Tu me feras plaisir ! » A croire que je suis tombée sur un vrai gentleman. Quelle chance j’ai ! S’il dit vrai, je pourrais sûrement sortir de cet appartement maudit en un seul morceau. Il m’offre même un verre. J’en ai bien besoin. « Ouais, c’est ça. Si je ne suis pas rentrée à minuit, ma robe va se transformer en saloperies et ma voiture en citrouille. » Je me surprends à garder mon sens de l’humour dans une telle galère. Je bois presque entièrement le gobelet d’un seul coup. Ça va déjà mieux. « Si tu m’aides à sortir d’ici, je veux bien rester avec toi après. » Après tout, cette promesse ne m’engage à rien. Et j’ai pas l’impression que son unique but soit de coucher avec moi. Il a l’air gentil. Même si c’est assez surprenant. J’attrape deux gobelets et lui en donne un, esquissant même un sourire. Il a décidé de passer la soirée avec moi, autant que je sois gentille avec lui.

Oui, elle était franchement paumée. Et moi défoncé. Quelle paire franchement. Quelle paire de seins aussi. Mes yeux tentaient de regarder ailleurs, mais c’était bien trop… voyant on dira. Enfin, ce soir je décidais de me comporter en gentleman. La jeune femme était vraiment chanceuse. Me voir comme ça, c’était inédit. Et puis la pauvre quoi. J’avais pitié oui. Je me retrouvais dans un tel état, que j’arrivais à ressentir ou même à faire des choses qui n’étaient pas normales pour moi. Elle allait s’en souvenir d’être tombée sur Dean en mode gentil défoncé. « Ca ne peut être que ça… Tous les gens que tu vois là, ils sont tous déchirééés. » Et moi aussi par la même occasion. Je devais très certainement l’a faire flipper. Ou alors, elle était rassurée de tomber sur un type normal. Normal, non ce n’était pas le mot mais disons que je tentais d’être le plus serviable possible. Ceux qui ne se droguaient pas n’avaient pas leur place dans ce genre de fête. Est-ce que j’en arrivais à me préoccuper du bien-être des autres ? Ouf, faut arrêter là. « Ouais, c’est ça. Si je ne suis pas rentrée à minuit, ma robe va se transformer en saloperies et ma voiture en citrouille. » J’éclatais de rire à cette pensée. Je riais un peu trop fort d’ailleurs. Elle avait au moins accepté mon verre, ce qui était déjà une victoire en soi. « Et tu ne laisseras qu’une pantoufle de verre à ton prince charmant… » Quelle supposition je faisais là ! Si elle ne captait pas, elle était idiote. Je l’a regardais descendre son gobelet d’un coup. Ah, voilà qui était intéressant. « Bouge pas, je vais nous chercher une bouteille. » disais-je, en souriant. Je me faufilais dans la foule, poussant quelques mecs au passage. Ils étaient tous trop stone pour comprendre ce qui se passait. Je ramenais une bouteille de vodka quelques minutes après. « Allez suis moi. » disais-je, en avançant vers la porte de sortie. Gary s’approchait, me demandant où j’allais. « Je raccompagne cette demoiselle dehors. Quelle idée d’inviter une nana qui ne se fume même pas un seul joint, mec ! T’a déconné là ! » Je laissais Gary en plan, le laissant réfléchir à sa connerie. Ensuite, j’arrivais à atteindre la porte de sortie. Je me retournais pour voir si Téo me suivait toujours derrière. Ok, elle était là. J’ouvrais la porte en grand, assommant un mec au passage. « Oups… » Tant pis pour lui, fallait pas traîner derrière la porte. « Voilà princesse, la sortie est à votre portée. » disais-je, en faisant la révérence comme les princes dans les films. Je ne pouvais plus m’empêcher de rire.

On doit sûrement être le couple le plus improbable de la soirée. Le drogué qui semble déjà ailleurs et l’ancienne droguée qui veut juste sortir. Enfin personne ici ne sait ça. C’est juste pour moi que la situation est étrange. Le mec n’arrive presque pas à me regarder dans les yeux, descendant toujours sur mes seins mais j’y fais à peine attention. Je ne vais pas le renvoyer d’où il vient pour si peu alors qu’il semble vouloir m’aider. En fait, je ne suis même pas sûr qu’il sache ce qu’il fait tellement il a l’air défoncé. Mais c’est la meilleure solution qui s’offre à moi pour le moment. Et il a l’air gentil alors pourquoi pas ? Il est la meilleure chose qui me soit arrivée depuis que je suis entrée dans cet appartement. Et il est assez défoncé pour rire à mes blagues pas spécialement drôles. « Et tu ne laisseras qu’une pantoufle de verre à ton prince charmant… » Je souris, amusée de voir qu’il se considère comme un prince charmant. En tout cas, c’est mon sauveur ce soir. « Tu ne vas pas quand même me dire que tu feras tout pour me retrouver demain. » Exigeante ? Du tout. C’était juste une plaisanterie, il ne fallait pas qu’il le prenne au sérieux. « Bouge pas, je vais nous chercher une bouteille. » dit-il en me voyant vider rapidement mon verre. Il veut sûrement me bourrer. Mais après tout, plus d’alcool ne peut pas me faire de mal. Pour ce soir au moins. Je suis venue à cette fête pour me lâcher un peu, je vais le faire en dehors de la fête finalement. Ça compte non ? Et je l’attends sans bouger, espérant qu’il ne se perde pas ou n’oublie pas ce qu’il est parti faire. Mais il revient rapidement, une bouteille pleine de vodka dans la main. Il ne fait pas les choses à moitié. Et puis il me guide dans la foule, l’air sûr de sa route. Et dire que c’est lui qui est pété. Un mec l’arrête et lui demande pourquoi il part. « Je raccompagne cette demoiselle dehors. Quelle idée d’inviter une nana qui ne se fume même pas un seul joint, mec ! T’a déconné là ! » Je rêve ou il me défend carrément ? Je ne m’attendais vraiment pas à tomber sur un garçon aussi gentil dans une telle soirée. Mais on ne sait jamais ce que nous réserve notre destin non ? Je continue de le suivre dans la foule, sans jamais quitter des yeux son t-shirt. Et finalement, on trouve la porte. Il me la tient même, en vrai gentleman. On va de surprises en surprises ce soir. « Voilà princesse, la sortie est à votre portée. » Une fois à l’extérieur, je respire enfin. C’est vraiment apaisant d’être sortie de cet appartement plein de drogues. « Vous êtes mon sauveur mon cher. D’ailleurs je ne sais même pas votre nom ? » Je le vouvoie pour le côté classe de ma phrase. Et parce qu’il l’a fait juste avant aussi. Je remarque un homme assommé derrière la porte et je me demande ce qu’il fait là. « Oh merde ! Bon si on dit qu’on n’était pas là, on sera pas accusés, c’est bon. » Même si le mec devait déjà être mal en point avant de se prendre la porte en pleine tête, ça n’a pas dû arranger les choses. Mais on n’y peut rien. « Tu m’emmènes où maintenant ? » Il peut m’emmener à peu près partout, je m’en fiche. Tant qu’on part d’ici.

Partir de cette fête au final était un mal pour un bien. Certes, je n’étais plus avec mes copains drogués mais j’étais en charmante compagnie. Une princesse comme ça, il fallait se la garder. Je n’étais pas aussi fou que ça. Même si j’avais peu de Q.I. En tout cas, même défoncé, j’arrivais quand même à trouver des portes de sorties. Gary allait m’entendre demain. Plus jamais cette drogue qui venait de je sais pas où là. J’étais devenu mielleux, gentil et franchement je me filais presque la gerbe. Mais bon quitte à être gentil, autant le faire jusqu’au bout. Et puis cette princesse ne méritait pas un gros connard comme moi. « Tu ne sais pas de quoi je suis capable ma beauté, pour une jolie fille comme toi ! » disais-je, en lui faisant un clin d’œil. J’étais loin d’être un prince charmant. J’étais plutôt le bouffon du roi. Le dindon de la farce. Mais surtout le tombeur de ces dames. Reste à savoir si cette princesse pouvait venir dans mes filets. En tout cas pour elle, j’étais son sauveur. J’avais déjà ça de gagné. « Dean, mademoiselle. A qui ai-je l’honneur, princesse ? » C’est vrai je n’allais pas l’appeler princesse jusqu’à la fin de la soirée même si j’en étais capable. J’allais surtout la gonfler avec ces surnoms niais. Donc autant que je sache son prénom, si bien sûr elle voulait me le dire. Là, c’était une autre histoire. J’observais le mec qui était assommé par terre. Merde, j’y étais allé un peu fort là. J’haussais les épaules. « Il mettra ça sur le compte de la drogue. Il ne m’a pas vu de toute façon, et puis si c’est le cas, je l’attendrai avec joie. » J’étais un gros bagarreur, et je m’attirais vraiment trop d’ennuis parfois. Mais comme j’adorais emmerder le peuple, je m’en sortais plutôt bien. Avec des bleus et des points de sutures, mais je m’en sortais. En tout cas, la princesse semblait vraiment vouloir partir des immeubles. Tant mieux parce que fumer son joint dans un couloir d’immeuble c’était pas top. « Il y a un petit parc en bas, autant y aller et respirer un peu. » Respirer, oui bien sûr. Moi j’allais respirer les vapeurs de mon joint et elle, bah elle allait boire. Peut-être qu’une soirée à deux n’était pas si mal que ça finalement.

« Tu ne sais pas de quoi je suis capable ma beauté, pour une jolie fille comme toi ! » Je ne devrais sûrement pas croire ce qu’il raconte, c’est du baratin pour séduire les femmes. Mais il m’a tiré d’un mauvais pas alors je lui dois bien ça. Je ne vais pas le planter là quand même. Surtout que je suis sûre que c’est un chic type quand il n’est pas drogué ? Mais est-il clean parfois ? A vrai dire, je n’en ai aucune idée et je ne vois pas comment je pourrais le savoir. Alors tant pis, je vais passer la soirée avec lui. Parce qu’il n’a pas l’air de vouloir me lâcher. « Dean, mademoiselle. A qui ai-je l’honneur, princesse ? » On continue de jouer avec ce délire de la princesse qui a besoin d’être secourue et du prince qui arrive et la sauve des dangers. Utopique. Je ne vois pas qui pourrait y croire. Et être sauvée de la drogue par un mec complètement défoncé, on a vu plus romantique quand même. Mais je lui dois quand même une fière chandelle, je dois le reconnaître. « Enchantée. Je suis Téo mais princesse, ça me va bien. » Un clin d’œil. Je me surprends moi-même. C’est peut-être à cause de ces quelques verres que j’ai descendu à toute vitesse. Il a l’air d’en avoir strictement rien à faire du mec assommé par la porte. Et moi aussi à vrai dire. Le mec devait sûrement être sacrément drogué pour s’installer derrière une porte qui risque de s’ouvrir tout le temps. Il l’a un peu cherché quand même. Et on ne peut pas grand-chose pour lui. « Il y a un petit parc en bas, autant y aller et respirer un peu. » Ce serait toujours mieux que de rester ici. Et il ne fait pas froid dehors donc autant en profiter. Surtout que ça ne m’étonnerait pas que Dean veuille fumer donc au moins, la fumée s’en ira, ce qui ne serait pas le cas dans un endroit fermé. « Ça me va, allons-y. » Et j’appuie sur le bouton de l’ascenseur qui arrive rapidement. Une fois à l’intérieur, je décide qu’il est temps d’ouvrir la bouteille et d’attaquer. J’en bois une gorgée avant de tousser un peu. Je bois vraiment trop irrégulièrement pour être habituée. « T’en veux ? Je vais pas boire la bouteille toute seule de toute façon. » J’ai beau avoir besoin d’oublier cette fête pleine de drogues, une demi-bouteille devrait suffire.

Spoiler:

C’est vrai, j’étais un gros baratineur. Je ne me rappelais même plus la dernière fois où j’avais été sincère avec une femme. J’étais un goujat, un salopard qui prenait les femmes pour des soulagements. Un passe-temps, comme un animal de compagnie. Sauf que moi, c’était pour une nuit. En tout cas, cette princesse semblait être terre à terre et parfaitement lucide. Moi ? Un simple pantin, complètement aveuglé je devais l’avouer, par la beauté de cette fille. Elle n’était vraiment pas comme toutes les autres, qui ne cherchaient qu’à passer une nuit avec moi. Pour une fois, qu’une femme n’avait pas envie de coucher avec moi… C’était un grand jour ! De plus elle avait un prénom tout à fait charmant, et peu courant. « Alors va pour Princesse Téo ! » disais-je, avec un petit sourire taquin. Non mais franchement s’il fallait jouer au prince charmant et à la princesse en détresse dans son donjon, j’étais prêt à faire ça. Juste si je pouvais la passer dans mon lit. Mais celle-là, elle allait être coriace. Il fallait que j’y tienne pour l’avoir. Enfin, je m’enflammais peut-être trop vite elle avait peut-être un copain. Je l’observais dans l’ascenseur, tousser après sa gorgée de vodka. C’est vrai que malheureusement, ce n’était pas un alcool de femme. Je rigolais. « Doucement, princesse ! J’ai pas envie que tu finisses étouffée ! » disais-je, en lui prenant la bouteille des mains. Une fois arrivés au rez de chaussée, je sortais rapidement de l’immeuble qui donnait sur ce fameux parc tranquille. Pas un vieux à l’horizon, bon sang ce que je pouvais respirer là ! « Pardonne-moi ma curiosité mais… Est-ce que la princesse a un prince dans sa vie ? » disais-je, en prenant une gorgée de vodka. C’était comme si j’avalais de l’eau. Un vrai alcoolique en plus d’être défoncé. D’ailleurs, je tirais encore une grosse bouffée sur mon joint. Histoire d’accuser le coup on ne sait jamais.

D’après moi, on peut trouver l’amour n’importe où. Même dans une fête à laquelle on n’aurait pas dû aller. Mais je doute que Dean soit l’amour de ma vie. Premièrement parce qu’il se drogue et que c’est une caractéristique non négligeable. Rester avec lui pour la soirée est sûrement déjà une erreur alors je ne vous parle pas de le revoir. Et ce, même s’il est gentil avec moi. Parce que je ne pourrais pas rester avec lui s’il fume des joints. Eviter la tentation pour y résister. Voilà comment je réfléchis. Ce soir, je fais une exception parce que Dean m’a sortie de là. Et parce qu’il ne semble pas vouloir me lâcher de toute façon. Mais ma soirée est beaucoup mieux depuis que nous sommes en dehors de l’appartement. « Doucement, princesse ! J’ai pas envie que tu finisses étouffée ! » dit-il alors que je bois une gorgée de vodka. C’est vrai que je n’ai pas l’habitude de boire autant. Et surtout de l’alcool non dilué. Mais on ne va pas remonter pour chercher du jus de fruits quand même. Alors je vais me contenter de ça. Et je devrais pouvoir m’y habituer. « Un vrai gentleman dis-moi ! » Enfin il me prend la bouteille et je doute que ça soit pour me sauver la vie. C’est surtout pour pouvoir boire aussi. Et il le prouve un prenant une gorgée. L’expression sur son visage ne change rien, il doit avoir l’habitude de boire lui. Pas étonnant quand on voit où je l’ai rencontré. Nous sommes maintenant dehors et je respire l’air frais de la nuit. Ça fait du bien d’être vraiment sortie. Je ne sais pas ce que nous réserve le reste de la soirée mais ça ne peut pas être pire que le début. « Pardonne-moi ma curiosité mais… Est-ce que la princesse a un prince dans sa vie ? » Je souris, amusée qu’il s’en inquiète. Pourtant, il ne doit pas être le genre à en avoir quelque chose à faire. « Faut croire que je n’ai pas encore embrassé assez de crapauds. » Tant qu’à rester dans la comparaison avec les contes de fée, autant ne pas faire les choses à moitié. Mais mon prince charmant n’est pas encore arrivé, c’est vrai. Il prend une bouffée de son joint et de la fumée m’arrive dessus. Je secoue ma main devant mon visage en toussant. « T’es obligé de fumer ? » S’il veut vraiment faire le gentleman, il arrêtera. N’est-ce pas ?

L’amour ? Ah non, ce mot ne figurait pas dans le dictionnaire Dean. Les seuls mots qui y figuraient dedans c’était sexe, drogue, alcool. Trois mots qui me permettaient de survivre. J’aimais mon train de vie et je n’étais pas prêt de le lâcher. Je ne savais pas ce que ça faisait de tomber amoureux. A vrai dire le jour où ça arrivera, j’arrêterais de prendre les femmes pour des trous à combler. Et ce n’était pas prêt d’arriver malheureusement pour elles. J’étais aussi loin de me douter que cette jeune femme avait une relation particulière avec mon cousin Noam. C’est vrai que ce soir je me comportais autrement. J’étais gentil avec personne sauf avec Andie mais elle c’était particulier. Ma meilleure amie quoi. Et aussi le fait que je sois défoncé y était pour beaucoup. Téo était chanceuse d’avoir ce Dean. Si elle était tombée sur l’enfoiré de service, elle serait déjà partie. « Profite en princesse, c’est pas Noël tous les jours. » disais-je, en tirant plusieurs fois sur mon joint. Oui je fumais encore mais j’avais bientôt terminé. Après il fallait que je redescende. Ca me déconnectait tellement de la vie réelle. J’étais un rêveur sans le savoir. Un sourire se dessinait sur mes lèvres lorsqu’elle m’annonçait à sa façon ou plutôt à la mienne, qu’elle n’avait personne dans sa vie. « Moi je suis un vilain crapaud… » disais-je, en la regardant dans les yeux. Bah quoi, je n’avais pas oublié mon premier objectif : me la faire. Mais celle-là, j’étais presque sûr de ne pas l’avoir. Trop compliqué, trop… princesse quoi. « Pour mon équilibre vital… oui. Mais t’inquiète, j’ai fini. » Et c’était vrai en plus. J’écrasais mon joint au sol, pas vraiment inquiet de savoir que les flics pouvaient le ramasser par terre et m’identifier. J’arrivais toujours à m’en sortir, pourquoi allez savoir. Je lui tendais la bouteille. « Parle-moi un peu de toi, princesse. Tu vis dans un château, entouré par des dragons féroces ? » disais-je, presque euphorique. Mon dieu, elle devait me trouver complètement à côté de mes pompes. Mais ça me faisait rire.

Je ne sais même pas qui est ce mec, il pourrait être dangereux et pourtant, je reste avec lui. Mais un homme dangereux ne m’aurait pas aidée, n’est-ce pas ? Et il a l’air tellement stone que je pourrais sans aucun doute courir plus vite que lui si jamais je devais fuir. Ou même me défendre s’il m’attaquait. Mais ça n’a pas l’air d’être son genre. Je ne sais pas pourquoi mais je me sens en sécurité avec lui. Peut-être parce qu’il joue au prince charmant alors que son attitude montre bien qu’il ne l’est pas. Mais il a l’air d’y croire à cette mascarade. « Quel dommage, j’aime bien les gentlemans moi. » Mais il a raison, il n’en est pas vraiment un. Ce soir, nous jouons tous deux des rôles. Je ne suis pas une princesse, il n’est pas le prince qui vient me sauver du terrible dragon. Et pourtant, on continue de parler de ça. « Moi je suis un vilain crapaud… » Voilà que tout à coup, il n’est plus le prince charmant. Quoique, le crapaud se transforme en prince dans les contes de fée. « J’ai connu bien plus vilain que toi, désolée de te décevoir. » C’est vrai qu’il y a bien pire et surtout bien plus dangereux. Lui a l’air totalement inoffensif. Si ce n’était pas le cas, je serais déjà partie. Il éteint même son joint quand je le lui demande. Surprenant. Mais je ne vais pas m’en plaindre. L’odeur de la drogue, c’est le pire. « Merci. Et tu sais, c’est tout le contraire de l’équilibre mental cette saloperie. Mais chacun son avis je suppose. » Je ne suis pas là pour lui faire la leçon après tout. Il sait très bien ce qu’il doit faire tout seul, sans que j’ai besoin de lui donner mon avis. C’est sa décision après tout. Comme ça a été la mienne d’arrêter en arrivant aux Etats-Unis. Je bois une gorgée dans la bouteille qu’il m’a rendue et je me retiens de tousser encore une fois. C’est vraiment trop fort pour moi. C’est bien meilleur dilué avec autre chose. « Oooh non, mon colocataire est tout sauf un dragon ! Et le seul animal qu’il y ait chez moi est un chat qui passe son temps à dormir. Et toi alors, tu vis dans une mare avec les autres crapauds ? » On apprend à faire connaissance à notre manière, assez particulière, il faut l’avouer. Mais ça fonctionne, j’en sais déjà plus sur lui.