Il semblait à Nathaël, que pour tout employé lambda, l'illumination de la journée se divisait en deux points. Le premier, et le plus évident, était sans aucun doute quand l'horloge sur la grande place de Montsimpa sonnait dix-sept heures : la fin de la journée de travail. Le second se rapprochait plus de treize heures, quand l'estomac criait famine et que l'on comptait les minutes. La pause déjeuner était inévitable, et surtout très remarquée dans les centre-villes, quand tous les rues de Bridgeport voyaient défiler des centaines d'hommes en costume-cravate et se ruaient vers le restaurant le plus proche. Pour Nathaël, c'était un peu la même chose. Il attendait chaque jour avec impatience l'heure de déjeuner, à l'exception que lui, se voyait sa journée rallongée. L'endroit le plus proche de l'hôpital pour déjeuner, c'était cette fameuse camionnette qu'il croisait tous les jours. Une importante odeur de viande cuite et de fromage en émanait, autrement dit, un petit coin de paradis pour le jeune médecin qui s'y retrouvait chaque jour. Et aujourd'hui, il était prévu qu'il déjeune avec Jessie, à l'une des tables d'extérieur posées pas très loin du camion.« Salut future beau frère ! » Nathaël manqua de s'étouffer avec le hot-dog dans lequel il venait juste de croquer mais réceptionna l'étreinte de son amie avec grand plaisir. « Beau-frère ? Il y a une limite à la quantité de Beebel qu'un homme peut supporter, et j'ai déjà largement dépassé la mienne. » Un sourire taquin aux lèvres, Nathaël finit par s'asseoir à l'une des tables. Evidemment il savait que la soeur jumelle de la jeune femme ne le prendrait pas mal, puisqu'elle était parfaitement au courant de leur relation. Et même si cela lui valait bien quelques mauvaises plaisanteries, il était bien content de se retrouver dans la case "ami" des soeurs Losange que dans la case "ennemi". « Comment vas tu ? » Nathaël hocha la tête en avalant une autre bouchée de son déjeuner tandis qu'il voyait son amie déployer son festin sur la table. « Tu m'excuseras hein mais je peux pas manger ces cochonneries alors j'ai prévu avant de venir. » Une salade, vraiment ? Il décrocha un sourire à l'idée que jamais il ne pourrait se passer de tous ces aliments trop gras, trop caloriques qu'il adorait tant. « T'as tord. C'est délicieux. Alors, tu étais dans le coin ? » La raison de ce déjeuner impromptu lui échappait mais il était toujours content de passer du temps avec Jessie. Elle ressemblait à Beebel en tout point. D'ailleurs, il se demandait souvent pourquoi il s'infligeait toute cette peine, trop de Losange d'un coup finissait toujours par le rendre fou.

Cette journée était vraiment mauvaise pour moi mais pour ma part j'avais bel et bien envie de passer à autre chose que de me morfondre dans cette optique négative. On ne peut pas avoir tous ce qu'on veut dans la vie mais pour ma part j'essaye de réussir ce que j'ai envie. Mon rendez-vous d'avec Nate était une des meilleures nouvelles de ma journée et même si je savais qu'on aller déjeuner dans cette baraque à frites dégueulasse, ce n'était pour moi qu'un détail. Arrivant rapidement au lieu de rendez-vous il venait de croquer dans son hot dog alors que je venais le saluer comme il se doit. « Beau-frère ? Il y a une limite à la quantité de Beebel qu'un homme peut supporter, et j'ai déjà largement dépassé la mienne. » M'installant doucement en face de lui je venais me mettre à sourire ironiquement avant d'ajouter. « Tu sais bien que lorsque tu goute à une Losange tu ne peux pas t'en passer. » Je lui faisais un clin d'œil et souriais fière de moi. C'est vrai quoi, goutez losange et vous être aux anges ! #sbaff. Bon okay je me calme. Bref, déposant mon repas sur la table je venais rapidement lui expliquer mes raisons et l'écoutant alors je soupirais. « T'as tord. C'est délicieux. Alors, tu étais dans le coin ? » Délicieux ? Et mon cul c'est du poulet p'tete. Les gens n'ont plus gout à la bonne nourriture maintenant. « Tu ne sais pas ce qu'est la bonne nourriture toi. Bref, je vois que notre rendez-vous t’était sorti de la tête. Je retiens. » Je lui faisais un clin d'œil complice avant de sourire doucement et de piquer dans ma salade. J'étais vraiment ravie de passer du temps avec lui et j'espérais vraiment qu'un jour ma sœur ce rend compte qu'il est fait pour elle ce p'tit.

« Tu sais bien que lorsque tu goute à une Losange tu ne peux pas t'en passer. » « Je crois que je peux faire une exception. » Nathaël était ami avec les deux soeurs Losange, et malgré leur ressemblance parfaite, il arrivait toujours à les distinguer dès que l'une d'elle se mettait à parler. Jessie était définitivement la Losange avec laquelle il s'entendait le mieux, mais avec Beebel, c'était différent. Avec Beebel, c'était plutôt l'agacement perpétuel mais néanmoins délicieux. Et au final, peut-être que l'héritière avait raison, peut-être qu'il ne pouvait plus se passer des soeurs Losange. Après tout, il se demandait parfois encore pourquoi il était toujours dans les parages après toutes les misères qu'elles prenaient plaisir à lui infliger. « Tu ne sais pas ce qu'est la bonne nourriture toi. Bref, je vois que notre rendez-vous t’était sorti de la tête. Je retiens. » Il reconaissait bien là le principal attrait des Losange, celui de bouder à n'importe quelle occasion. « Oublier ? Tu rigoles ? Je ne vis que pour ce déjeuner. » Nathaël se souvint de ses quelques cours de théâtre qu'il avait pris au lycée et termina sa plaisanterie dans un geste théâtral. « Et puis, c'est ce que tu appelles de la "bonne nourriture" ? » dit-il en montrant la salade de son amie d'un air faussement dédaigneux. Non, il y avait aucun doute, il était absolument comblé avec son hot-dog. Et il fallait bien l'avouer, le plaisir de manger résidait avant tout dans le nombre de calories qu'un plat pouvait contenir. Plus c'était mauvais pour la santé, mieux c'était, donc. « Tiens, tu devrais essayer. Après ça, tu ne connaîtras même plus le nom de cette feuille verte sans vinaigrette. » Il plaça le hot-dog sous le nez de Jessie alors qu'il s'empêchait de rire en voyant sa réaction. Sa bonne humeur finissait par revenir, finalement. C'était la seule option possible de toute façon, quand Jessie était dans les parages.

Non mais Losange ou non tu peux pas tester. C'est juste la classe et de toute façon les personnes qui ont eu la chance de croiser l'une de nous ont vu tout simplement des déesses. Je me la pète pas, je suis réaliste tout simplement. Bref, je venais rire à ces paroles, il ne peut même pas imaginer qu'il est déjà foutu le pauvre petit. « Mon pauvre petit Nathaël, t'es foutu. »Je riais doucement avant de le regardais. Cet homme est tout simplement parfait pour ma petite soeur d'amour, il est drôle, gentil, intentionné, bon par contre c'est clair qui va devoir s'arracher les cheveux pour ce contenir avec ma sœur. Rien n'est simple dans la vie, surtout pas en amour alors avec ma Beebel internationale, je l'avoue, il va devoir s'accrocher. Mais bon l'amour rend fort non ? Enfin je dis ça, je dis rien, moi et l'amour on est pas ami du tout. Je venais alors soupirais en l'écoutant. « Non mais avoue que t'avais oublier gros naze. Pff, je te jure là je suis vraiment vexée.» Je faisais mine d'être triste avant de sourire à grande dent, oui j'aime le taquiner et cela ne changera pas avec le temps. Il venait critiquer ma salade et lui tirant la langue je venais lui répondre avec franchise. « En tous cas c'est pas de la graisse. C'est plus sain pour ma ligne. »Je lui jeter un clin d'oeil avant de le voir avançais le hot dog vers moi et dans une grimace je venais lui faire retirer ça de ma vue et de mon odorat. « Raah. Tu m'agaces ! J'aime pas ça, alors ça suffit maintenant. » Non que je le commandais mais il était clair que j'aimais pas cette odeur de graisse et de calorie alors lorsque je sens cela je deviens plutôt agressive, mais bien sur il sait bien que je l'aime ce p'tit bonhomme là.

« Non mais avoue que t'avais oublier gros naze. Pff, je te jure là je suis vraiment vexée. » Bon, d'accord. Il l'admettait. Peut-être que ça avait pu lui échapper, quelque part dans la matinée. Peut-être aussi qu'il s'en était souvenu à la dernière minute. Peut-être aussi qu'il avait prévu de dévaliser le distributeur avant de se rendre compte qu'il devait déjeuner avec Jessie. Repoussant tous ses plans à plus tard, il avait sacrifié son quart d'heure de bataille avec la machine pour qu'elle lui rende sa satanée monnaie. Et tout ça, pour passer un moment avec son amie. Sa bonté le perdrait, il en était certain. Au moins, le hot-dog le confortait dans sa décision. « Il y a bien quelque chose que je puisse faire pour me rattraper, pas vrai ? » Admettant ainsi qu'il était certainement un terrible ami, Nathaël était au moins prêt à faire des efforts pour sauver leur amitié d'un ton plaisantin. Jessie, tout comme sa soeur d'ailleurs, était pleine de ressources, et il ne doutait pas une seconde qu'elle sauterait sur l'occasion pour lui en faire voir de toutes les couleurs. Parfois il se demandait pourquoi il continuait de se jeter dans la fosse aux loups. Peut-être qu'il aimait cette attention particulière que les deux soeurs lui portaient, au fond. Même si l'une comme l'autre étaient tout aussi éprouvantes. « Raah. Tu m'agaces ! J'aime pas ça, alors ça suffit maintenant. » Reprenant son délicieux sandwich pour mordre à nouveau dedans, Nathaël réfléchit une seconde sur la question. C'était tout bonnement impensable. N'importe quel américain de base aimait tout ce qui comportait la moindre trace de graisse ou de sucre, et il aimait penser qu'une partie de son travail de médecin consistait à en apporter la preuve. D'un autre côté, il admettait combien les Losange pouvaient se montrer différentes et il était tout à fait possible qu'elles aient un organisme différent des autres, dans cette logique. « Alors raconte-moi tout. Quel pauvre type pense encore avoir une chance avec toi ? » C'était surprenant à quel point il pouvait se laisser aller avec Jessie. Il n'avait pas peur d'être lui-même avec elle, parce qu'il savait qu'elle ne le jugeait pas. Il ne devait pas peser ses mots avec soin de peur de vexer la jeune femme, parce qu'elle savait toujours où il voulait en venir. Et c'était ce que Nathaël appréciait dans leur relation. C'était rafraichissant, surtout quand c'était très différent de ce qu'il partageait avec Beebel, eux qui n'étaient jamais d'accord sur rien.