i'm proud of my gay roommate (noam)

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« Sooo call me maaaaybee ! » Le chausson de Junon comme micro, je chante à fond dans la cuisine en attendant que mon lait chauffe. C’est long d’attendre de pouvoir manger mes céréales. Alors je chante pour attendre. Mais ce n’est pas au goût de tout le monde. Genre mes colocs, ils n’aiment pas. « Ferme-la Nicholas ! » Junon. Et les autres, ils sont plus malpolis alors je ne vais pas les citer. Y’a que Noam qui m’ignore, j’sais pas à quoi il pense. Sûrement à ses problèmes amoureux. C’est compliqué l’amour. Enfin je sais pas si Noam est le bon exemple en fait. Mais si je regarde autour de la table, il n’y a pas beaucoup d’autre exemple. Entre Dean qui n’a carrément pas de cœur, Junon qui… je sais pas quoi d’ailleurs… Ah si, il y a Andie ! Elle sort avec l’acteur préféré d’Olive je crois. Mais une sur quatre, ça fait pas beaucoup. Je me tais seulement quand le lait est chaud. Et puis je mange en parlant de tout et de rien à mes colocataires qui ont presque tous la tête dans le cul. Et puis quelque chose me vient à l’esprit. J’ai failli oublier. « Crotte d’éléphant, hier soir, y’avait un psychopathe qui me suivait. J’suis sûr qu’il sera encore là aujourd’hui ! Quelqu’un peut venir avec moi ? » Aucun ne prend la peine de lever la tête vers moi, tous des traîtres. « Noam ! » Il relève la tête vers moi, visiblement pas très réveillé. « Si tu refuses, je dis à tout le monde que… ouf, j’ai failli le dire. Tu sais très bien que je sais tous tes petits secrets de toute façon ! » C’est vrai que je sais pas mal de trucs embarrassants sur lui. Bon il en sait aussi sur moi mais on oublie ce détail. Il finit par accepter et je saute sur ma chaise. Ouf, je ne devrais pas aller à mon camion tout seul. Ce serait quand même plus simple si je pouvais le garer à côté de la maison mais la seule fois où j’ai essayé, j’ai eu un PV. Alors on évite, même si ça veut dire que je prends le risque d’être suivi par un psychopathe. Après le petit déjeuner et la salle de bain, on sort avec Noam. Il a l’air blasé, je veux le faire sourire moi. C’est ma spécialité de faire sourire les gens. Alors je chantonne sur le chemin et je prends des détours. Noam me suit sans rien dire, c’est chiant. On finit par arriver au parc et je décide de parler. « T’as vu comme il fait beau ? Dire que sans moi, tu ne serais pas sorti, trop occupé à penser à tes deux femmes ! » Si, j’vous jure, c’est un dom juan le Nono. Il y a encore quelques mois, il n’avait personne et voilà qu’il en a deux. A quand la troisième, on se le demande ? Enfin tant que ce n’est pas Lane, je ne peux rien lui reprocher. « Oooooooh regarde, y’a une manif là-bas ! J’ai toujours rêvé de participer à un truc comme ça ! S’il te plaaaaait ? » S’il refuse, je le force de toute façon. D’ailleurs, une fille habillée de toutes les couleurs nous tend déjà des pancartes. Je lis les slogans écrits dessus et je donne celle avec ‘Have a gay day’ à Noam. Il faut bien qu’il ait une journée heureuse. Si une pancarte peut l’aider, autant essayer. Je prends celle qui dit ‘Closets are for clothes’ en souriant. Je ne comprends pas pourquoi on manifeste mais ça a l’air rigolo. Ça parle de vêtements et de bonheur. Tout ce qu’il faut pour passer une bonne journée. « T’essayes de comprendre ce qu’ils disent pour qu’on chante avec eux ? » dis-je alors que je le pousse vers la foule. C’est pas une vraie manifestation si on n’est pas au milieu de tout le monde. Je sens qu’on va s’amuser.

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Une colonie de vacances. Voilà à quoi ressemblait la cohabitation entre Noam et tous ses colocataires. Rares étaient les moments où ils se retrouvaient tous ensemble dans la même pièce, mais ce matin-là, Noam se demanda s'ils ne s'étaient pas donnés rendez-vous pour assister à un show privé de Nicholas. Mais quel boulet ce mec, fut la seule pensée de l'écrivain lorsqu'il vint s'assoir sur le plan de travail à côté du lavabo. Il aurait bien aimé rester dormir un peu plus, mais le « call me maybe » du glacier était un appel au suicide social, Noam venait secourir les autres habitants de la maison. Ou pas. Il se contentait simplement d'observer, de soupirer, et de lever les yeux au ciel. Surtout qu'ils commençaient tous plus ou moins à se lancer des noms d'oiseaux parce que Nicholas chantait. C'est vrai qu'il était pénible parfois. Enfin, tout le temps ouais. Alors il soupira une nouvelle fois, croqua dans une pomme et donna un morceau de fruit à Marcel venu se lover sur ses genoux. Il songea au fait qu'il devrait passer voir Deva, trainer un peu avec elle, aller distribuer le courrier tiens aussi, envoyer une nouvelle lettre anonyme à l'une de ses voisines, emmerder les gens, et donner à Siam la fin de son nouveau roman. Mais sa paresse le dissuada de faire la moitié de ses choses et il préféra nettement l'idée de partir voir Téo. « Noam ! » l'interpella Nicholas. Qui d'autre après tout ? Il releva le visage, totalement indifférent. Ce n'était qu'un réflexe à l'entente de son prénom. Son cerveau semblait encore endormi et ses yeux luttaient pour ne pas se refermer. A bien y réfléchir c'est le ton enjoué de Nicholas qui réussissait à maintenir l'écrivain éveillé. Qu'est-ce qu'il avait encore à dire le vendeur de glaces d'ailleurs ? « Si tu refuses, je dis à tout le monde que… ouf, j’ai failli le dire. Tu sais très bien que je sais tous tes petits secrets de toute façon ! » Il lui adressa un regard mauvais avant de capituler, voulant éviter que Nicholas se mette à raconter sa vie à tout le monde. Bon il ignorait dans quoi il venait de s'engager et il interrogea ses colocataires du regard. Dean haussa les épaules, totalement impuissant, Junon se foutait de sa gueule et Andie souriait gentiment. Super la solidarité dans cette baraque de dingues ! Il avait fini par regagner la salle de bain afin de se changer puis ils étaient sortis. « Tu veux pas que je te tienne la main aussi pour traverser la route ? » lança-t-il, moqueur. L'écrivain fourra ses mains dans ses poches, agacé néanmoins, et avança aux côtés de son colocataire et il finit par garder le silence. Pas d'humeur à parler. Jamais d'humeur à parler de toute façon. Son pied cogna dans un caillou et il suivit Nicholas qui empruntait des chemins étranges. Normal que des psychopathes le suivent vu les rues qu'il prenait pour atteindre son camion. Arrivés au parc Noam s'apprêtait à laisser son ami ici et à repartir en direction de la maison, mais Nicholas brisa le silence et engagea la conversation tout naturellement, comme ci l'écrivain allait le suivre jusqu'au bout. « T’as vu comme il fait beau ? Dire que sans moi, tu ne serais pas sorti, trop occupé à penser à tes deux femmes ! » Pourquoi s'était-il confié à ce type déjà ? Il se souvenait pas avoir bu ce soir là, quand il avait raconter sa vie à Nicholas, mais que aujourd'hui ce celui-ci lui balance ses confidences à la figure l'agaçait. Il lâcha un juron et leva les yeux au ciel, encore une fois. Niveau de lassitude : 230. Nicholas arrivait à faire sauter les scores et à blaser l'écrivain jusqu'au bout. « Ouais, et le Soleil brille et les oiseaux chantent, c'est trooooop cool. » se moqua-t-il alors qu'il levait – pour la millième fois au moins – les yeux au ciel avant d'ajouter : « Et puis, tu ne sais même pas de quoi tu parles, t'es juste jaloux que je ne pense pas à toi, du coup t'inventes des psychopathes pour passer du temps avec moi. Tu crains. Va voir Lane. » L'envoyer passer du temps avec Lane était sûrement la meilleure décision qu'il prendrait durant la journée. Il comptait même lui demander à quoi ressemblait cet étrange psychopathe qui le suivait ou même savoir s'il existait ce type, mais comme d'habitude Nicholas eut le don de changer de sujet et de l'entrainer vers une manifestation qui se déroulait dans le parc. « Oooooooh regarde, y’a une manif là-bas ! J’ai toujours rêvé de participer à un truc comme ça ! S’il te plaaaaait ? » Il s'apprêtait naturellement à refuser à prétexter n'importe quelles excuses bidons afin d'échapper à cette manifestation, mais une fille lui fourra une pancarte dans les mains. Bon, ils manifestaient pourquoi déjà ? Le regard de l'écrivain s'ouvrit en grand lorsqu'il posa ses yeux sur le slogan inscrit sur le carton qu'il tenait, et la bonne humeur habituellement communicative de son colocataire sembla ne pas l'atteindre. Nicholas ne devait même pas savoir quelle était la cause soutenue par tous ces gens, peut-être même qu'il pensait que c'était un parti politique pour l'écologie. Ok, Noam soutenait leur cause, mais de là à manifester, non merci. « Tous à égalité, pour un monde en paix. Ce genre de truc. » lança l'écrivain, au hasard, inventant les mots au gré de ses pensées. Il finit par tirer son ami par le poignet, avant de le lâcher précipitamment. S'il le touchait, ça n'arrangerait certainement pas les choses. « Viens on part. »

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« Tu veux pas que je te tienne la main aussi pour traverser la route ? » Je suis sûr qu’il n’en est même pas cap. Mais sa mauvaise humeur ne va pas m’atteindre, il peut toujours rêver. Nicholas n’est jamais de mauvaise humeur. Il va plutôt faire sourire Noam. Parce que mon colocataire sait être tellement amusant quand il y met du sien. Mais aujourd’hui n’est pas son jour. Tant pis, j’ai décidé que ça le serait. Et je sais qu’il finira par l’accepter et faire le con comme il sait si bien le faire. Même si j’ai dû le faire chanter pour qu’il sorte avec moi de la maison. Mais bon, j’ai vraiment peur du psychopathe qui rôde dans le coin et me suit parfois le soir. En vrai, ça m’étonnerait qu’il vienne le matin mais sait-on jamais. Et puis ça me permet d’emmener Noam avec moi. Une fois au parc, j’entame la conversation. C’est peut-être l’ambiance champêtre qui me fait cet effet-là. « Ouais, et le Soleil brille et les oiseaux chantent, c'est trooooop cool. » Oh ouais, c’est vrai que les oiseaux chantent ! Bizarre, je croyais que ça hibernait les oiseaux. A moins que ça soit les écureuils. « Tu sais ce qu’il manque pour que tout soit parfait ? Un sourire sur ton visage ! » Je me fous de lui sans aucun remords. Il l’a cherché en commençant. Je m’en fiche, je réussirais à accomplir mon objectif. Comme toujours. « Et puis, tu ne sais même pas de quoi tu parles, t'es juste jaloux que je ne pense pas à toi, du coup t'inventes des psychopathes pour passer du temps avec moi. Tu crains. Va voir Lane. » Merde, comment il a deviné ? C’est sûr qu’il a tendance à m’oublier ces derniers mois, trop occupé à passer de la blonde à la brune. Ouais, je suis nul pour retenir les prénoms. Alors j’suis jaloux, bien sûr. Elles me le piquent après tout. « Je veux pas Lane, c’est toi que je veux Nono ! Et même si tu m’oublies, je t’attendrais. J’attendrais jusqu’à ce que les deux autres en aient marre de toi, ça devrait pas tarder. Alors que moi, ça n’arrivera jamais, tu le sais. » Mais quelle déclaration. Pourquoi je peux sortir ça à Noam en déconnant et pas à Lane hein ? Enfin bref, le mystère de la vie. Et puis mon attention est détournée. Une manifestation qui débute dans le parc. Alors forcément, j’y entraîne Noam. Même s’il n’a toujours pas l’air très heureux. Osef, il le sera. Parce que les manifestations, c’est cool. Y’a de l’ambiance et tout. On chante, on bouge et surtout, on fait avancer les choses. Bon je sais pas vraiment ce qu’on fait avancer pour le moment mais qu’importe. Les gens manifestent toujours pour quelque chose de bien non ? « Tous à égalité, pour un monde en paix. Ce genre de truc. » Oh c’est cool ça ! La paix dans le monde, y’a pas mieux. Même si la tête de Noam n’augure rien de bon. Pourtant, on a la classe tous les deux avec nos pancartes ornées de beaux slogans. Ne pourrait-il pas juste profiter ? « Viens on part. » Hein ? Il a pas le droit de faire ça. Alors qu’il essaye de me tirer hors de la foule, je l’en empêche et essaye de le tirer dans l’autre sens. Bon ça ne marche pas beaucoup alors en gros, on reste au même endroit. « Non Noam, supportons l’égalité, c’est important. » Nicholas qui parle de sujet sérieux, exceptionnel. Mais j’ai raison en plus, il le sait. Il veut juste rentrer déprimer. « Tu ne vas pas encore m’abandonner. S’il te plait. » Yeux du chat potté même si je doute que ça marche avec lui. Je lui ai tellement fait qu’il commence à être immunisé. Faudrait que je trouve une nouvelle attaque spéciale. Comme les Pokémons. Une attaque secrète, trop classe. « C’est quoi son problème à ton copain ? Il assume pas ? » Une fille couverte de tatouages nous regarde. Sa main est glissée dans le pantalon de la fille à côté. Très amicale la dame. Mais elle nous regarde, Noam et moi. « Il s’est mal réveillé ce matin, je crois. Enfin il a son humeur d’ours tout le temps en ce moment. Alors forcément monsieur ne veut pas aider les gens ! Hein Nono ? » Il me fusille du regard, je n’aime pas ça. C’est pas parce qu’il est de mauvaise humeur qu’il doit me le faire payer. Et encore moins à ces deux charmantes demoiselles. « Me regarde pas comme ça, je fais ça pour toi. »

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La compagnie de Nicholas est bruyante. Dérangeante. Terriblement épuisante. Parce que Nicholas, il est trop joyeux, trop heureux, il est trop, toujours trop. Il joue dans les extrêmes. L'écrivain l'apprécie, c'est vrai. Mais le reconnaître, jamais. Alors il fourre ses mains dans ses poches et continue d'avancer. Il garde le silence, observe les alentours. Se demande si ce fameux psychopathe pervers existe vraiment. Ou si c'est juste une invention de Nicholas. Il opte pour la seconde réponse. Inventer un pervers sexuel simplement pour profiter de la compagnie de Noam Beckett, il n'y a que Nicholas pour faire cela. Et il réalise qu'il est tombé dans le panneau comme un novice. Il aurait dû savoir dès le départ que toute cette histoire n'était qu'une supercherie. Il finit quand même par sourire. Un sourire lasse et déjà épuisé. Tant qu'il ne le force pas à rester avec lui dans son camion pour manger une glace, tout ira bien. Généralement passer du temps en compagnie de son colocataire ne le dérange pas. Au contraire, ils s'entendent bien et ne se prennent pas souvent au sérieux. Mais aujourd'hui, il préfère passer voir Téo, ou Deva. Il ne sait pas encore. « Je veux pas Lane, c’est toi que je veux Nono ! Et même si tu m’oublies, je t’attendrais. J’attendrais jusqu’à ce que les deux autres en aient marre de toi, ça devrait pas tarder. Alors que moi, ça n’arrivera jamais, tu le sais. » C'est qu'il s'énerverait presque le Nicholas. Dommage, c'est vraiment pas réciproque cette histoire. Et depuis quand il ne veut pas de Lane ? Tiens, ça devient intéressant cette histoire. Il croise les bras, sourit un peu plus et jette des regards à son colocataire de temps en temps. Il lui sort de véritable déclaration en plus maintenant. Il songe à se méfier de Nicholas désormais. Bientôt il serait capable de lui demander de l'épouser peut-être. « Quand les deux autres en auront marre de moi, j'irais voir Lane alors, c'est pas un problème. » Solution de secours, il est prévoyant. Il affiche son sourire de crétin en réalisant à quel point attiser la jalousie de Nicholas devient amusant. « Tu as bien dis que tu ne voulais pas d'elle hein. Puis je commence à me lasser de Danaé. C'est du recyclé notre histoire. Je remplace une blonde par une autre blonde, c'est cool. » Mais arrivés au parc, il y a Nicholas qui l'entraine non pas vers son camion mais vers une manifestation qui commence. Il ne lui faut pas longtemps pour comprendre quelle cause ils soutiennent tous. Des filles qui tiennent la main de d'autres filles. Des garçons trop proche pour être simplement amis et des drapeaux de toutes les couleurs. L'information ne fait qu'un tour dans sa tête. Il prend la pancarte que Nicholas lui tend dans ses mains, songe à la plaquer contre son torse pour en cacher le slogan. Mais encouragé par le glacier, il finit par la soulever au dessus de sa tête, comme font tous les autres manifestants. Il propose à plusieurs reprises de partir ailleurs. Mais Nicholas semble décidé à rester ici et à soutenir la cause. « Non Noam, supportons l’égalité, c’est important. » Il ne doit vraiment pas savoir de quelle égalité il parle. Et à voir la réaction de son colocataire, qui insiste autant pour qu'il reste, il se remet à sourire, amusé. La journée s'annonce lourde, mais à la pensée de voir Nicholas soutenir une cause dont il ignore tout, il sait que ça va être amusant. « Tu ne vas pas encore m’abandonner. S’il te plait. » Il veut bien être compréhensif, soutenir les causes, faire des manifestations. Mais le faire avec Nicholas, le Nicholas qui sous-entend sans arrêt être amoureux de lui et prêt à l'attendre jusqu'à ce qu'il réalise l'aimer aussi, non, hors de question. « Encore ? Parce que je t'abandonne souvent en plus ? » Alors il propose une énième fois de partir. Bizarrement manger une glace le tente beaucoup plus maintenant. Mais deux femmes interviennent et c'est à ce moment là que l'écrivain ressent la désagréable sensation d'être piégé dans cette manifestation pour la journée. « Il s’est mal réveillé ce matin, je crois. Enfin il a son humeur d’ours tout le temps en ce moment. Alors forcément monsieur ne veut pas aider les gens ! Hein Nono ? » Nono ? Eurk. Il lève les yeux au ciel. Lasse. Blasé surtout. « Me regarde pas comme ça, je fais ça pour toi. » Pour lui ? Décidé à s'amuser jusqu'au bout et de rendre à Nicholas ce qu'il lui fait sans cesse subir, il passe son bras autour de ses épaules et le tire contre lui. Dans sa tête ce geste est purement amical, mais pour Nicholas, on sait jamais trop à quoi il pense. Au lieu de le repousser, il entre dans son jeu. C'est franchement pas son délire pourtant. Mais peut-être que Nicholas finira par lui dire qu'entre eux ça ne peut pas marcher. « C'est parce que j'ai pas eu mon câlin ce matin, je crois. » Un sourire orne son visage et il se dit que cette fois-ci, il va s'amuser. Heureusement il n'y a ni Deva, ni Marley pour voir ce spectacle.

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Avec Noam, c’est tout ou rien. Des fois, il est prêt à me suivre dans n’importe quelle bêtise, même prêt à inventer les idioties lui-même. Ces moments-là, on s’amuse comme des dingues. Et puis il y a les jours comme aujourd’hui où il n’a pas envie. Mais il sait que je vais le forcer. Il a l’habitude. Et il finit toujours par adorer ce qui arrive après. Il ferait mieux d’être de bonne humeur directement, ça irait plus vite après tout. « Quand les deux autres en auront marre de moi, j'irais voir Lane alors, c'est pas un problème. » Hein ? Il se fout de moi, c’est pas possible. En plus, il ne la connait même pas Lane. Et je ne veux pas qu’il me la pique. Surtout pas. Il ne comprend pas quand je plaisante, c’est dingue. Faut tout lui expliquer. Je le croyais intelligent moi, j’suis déçu. Et le pire, c’est qu’il insiste. Noam, il finit toujours par se lasser des filles qui passent dans sa vie de toute façon. Je l’ai constaté souvent. Peut-être qu’en en ayant deux à la fois, il se lasse moins vite. Mais c’est pas cool pour les deux filles. Enfin je ne juge pas moi, je me contente de garder le secret, ce qui n’est pas vraiment facile. Mais si je lâche la bombe, Noam m’en voudra à vie alors j’évite. « Trouve-toi tes copines tout seul oh ! Un vrai copain, ça pique pas les filles des autres d’abord. Enfin pas de ses potes en tout cas parce que piquer les filles qui ont déjà un copain, tu t’y connais non ? » C’est vrai que je sais un peu tout de sa vie. Danaé était avec un autre avant Noam. Et je crois que c’était pareil pour Téo. Il choisit jamais la simplicité lui. Enfin je peux parler avec Lane qui était même mariée. Mais au moins, je ne tentais rien. Peut-être que j’aurais mieux réussi en agissant comme Noam en fait. Je devrais lui demander des cours de drague, ça pourrait marcher après tout. Il réussit bien à avoir les filles qu’il veut lui. Et je l’entraîne contre son gré dans une manifestation. Je trouve ça cool franchement. Aider les gens à obtenir ce qu’ils veulent, c’est important. Surtout que les manifestants ont l’air cool. Ils ont des habits plein de couleurs comme peu de gens aiment en porter. Ils sont originaux, ça ne fait aucun doute. Et ça me plait. « Encore ? Parce que je t'abandonne souvent en plus ? » J’hoche la tête, déçu qu’il ne s’en rende même pas compte. Je ne lui manque donc pas du tout ? Il ne passe presque plus de temps avec moi depuis qu’il a ses copines. C’était mieux cet été sans les deux autres. Et puis finalement j’hausse les épaules, comme Noam le fait souvent. En parler ne changerait rien, il préfère clairement passer du temps avec ses femmes. Tant pis, j’aurais Noam pour moi plus tard. Je sais être patient. Pour le moment, je veux juste qu’il soit autant enthousiaste que moi pour cette manifestation. Enfin peut-être pas autant parce que ça va être difficile. Mais un peu au moins. Surtout que les gens commencent à nous regarder, sans comprendre. Ils veulent que Nono participe, c’est évident. Qui ne voudrait pas de Noam Beckett ? Et finalement, il finit par suivre le mouvement. Et devant les yeux des deux amies très proches et d’autres gens aux ceintures arc-en-ciel, il passe son bras sur mes épaules. Bizarre comme geste de sa part. Il n’est pas très affectueux d’habitude. Il se plaint toujours quand je lui fais des câlins et voilà qu’il en prend l’initiative. Je savais bien qu’il adorait ça en fait. « C'est parce que j'ai pas eu mon câlin ce matin, je crois. » Les gens autour de nous ont l’air heureux de notre réconciliation. J’aime bien qu’on nous regarde comme ça. J’ai l’impression qu’on est importants. Alors que c’est leur manif, pas la nôtre. Mais osef, ça va sûrement les aider d’avoir deux garçons motivés avec eux. « C’est encore le matin, t’inquiètes. » Je me tourne pour le serrer dans mes bras. C’est lui qui a demandé hein, je suis innocent. Aucune plainte ne sera acceptée. Quelques cris fusent autour de nous et certains demandent même un bisou. Ils doivent parler à quelqu’un d’autre. Je finis par me séparer de Noam qui n’a pas beaucoup répondu à mon câlin. Tant pis, c’est déjà ça. Je ne suis pas à plaindre là. « Allez, prends ta pancarte, on va manifester ! » Toujours aussi motivé, il est hors de question que je fasse autre chose aujourd’hui. On va aider ces gens à avoir ce qu’ils veulent. L’égalité ou je-ne-sais-quoi. Mais qu’importe ce que c’est, je suis à fond derrière eux. Et on avance avec eux. Je répète les bribes de slogans que j’entends sans en comprendre le sens. Tant pis, c’est l’intention qui compte. Et soudain, mon regard se pose sur les deux filles qui nous ont parlé tout à l’heure. Sa main toujours glissée dans la poche arrière du jean de son amie, celle de droite s’arrête pour embrasser l’autre. Mais genre pas sur la joue. Un bon gros baiser sur la bouche. Tout plein de passion et tout. Le genre que, quand tu le vois, t’as envie de dire aux gens de prendre une chambre d’hôtel. Bizarre quand même. Enfin je ne suis pas contre tout ça. J’trouve ça beau l’amour, sous n’importe quelle forme. « Aaaah mais vous êtes ensemble ! Félicitations ! » Nicholas ou le mec qui ne sait pas quoi dire. Elles me regardent bizarrement mais finissent par sourire. Et Noam se fout de moi en beauté. Mort de rire qu’il est. « Pourquoi tu rigoles toi ? C’est beau l’amour. »

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