siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini.
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siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini.

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MessageSujet: siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini.  siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini. EmptyDim 4 Nov - 1:12

 siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini. 422507siamsonbis1
and how am i supposed to live without you? a wrong word said in anger and you were gone. i'm not listening for signals, it's all dust now on the shelf. are you still working ? still counting ? still buried in yourself ? and how in the world did we come to have such an absent love ?


"J'savais pas comment on faisait avant de la rencontrer. Comment on faisait pour tomber amoureux. J'me disais que ça n'arrivait qu'aux imbéciles heureux. Et que ce n'était pas pour moi. Que ça ne m'arriverait pas, parce que j'en avais sincèrement rien à faire de l'amour et d'tous ces trucs ridicules. C'est moche de toute façon. Ca me donne envie d'vomir tellement c'est moche. Sauf que ça m'est tombé dessus, et que j'dois vivre avec maintenant. En fait, j'crois même que j'ai trouvé ça beau, avant qu'elle s'en aille. Quand y'avait ce truc agréable au fond de mon ventre. Et les frissons aussi. Mais ce n'était pas réciproque. Il ne fallait pas trop que j'en demande non plus vous savez. Que j'aie pu ressentir quelque chose était déjà un miracle, que quelqu'un ressente quelque chose pour moi, non, ça non." Je secoue la tête, avant de lâcher un soupir et de m'adosser au tronc d'arbre. "J'aime parler avec vous Alistair. J'ai la sensation que vous m'écoutez, et que vous me comprenez. Peut-être parce que vous l'avez aimée vous aussi. Avec votre vieux coeur abîmé." Je baisse la tête. "D'habitude, les gens qui font des monologues ont un peu forcé sur la bouteille. Moi non, j'ai pas besoin de ça." Je me baisse pour arracher une mauvaise herbe sur la tombe discrète du grand-père. "J'vais la trouver. J'vais nous la ramener. Parce que nos vies ne sont plus les mêmes sans elle. Parce qu'il manque un truc à mes journées. Un truc énorme, un truc qui prenait toute la place dans mon cahier des trucs à faire. M'engueuler avec Siam. Me taire avec Siam. Ne rien faire du tout avec Siam. Même rire avec Siam. J'ai plus rien d'écrit dans mon cahier des trucs à faire. Elle a laissé place à une page blanche. Mais quand je prends le stylo pour essayer de la remplir, j'ai envie d'écrire son nom, sa pointure, la couleur de ses yeux, de sa petite culotte préférée, son parfum de yaourt favori, et toutes ces petites choses qui prouvent qu'au fond, j'la connais par coeur. J'la connais comme si elle était un peu en moi, et comme si j'étais un peu en elle." Je lâche un nouveau soupir. "Je ne sais pas pourquoi je vous ennuie avec mes histoires grand-père. Vous avez sûrement mieux à faire. Mais moi j'ai rien de mieux à faire depuis qu'elle s'est fait la belle. Et puis même si je la cherchais, je ne la trouverais pas. Ca fait quatre jours que je la cherche. Quatre jours que j'crois la voir partout, mais qu'elle est nulle part." Je me tais un instant. Je regarde l'espèce de bouquet de paquerettes que je viens de poser sur Alistair. Et je repense au premier jour. Au premier jour de la nouvelle ère de ma vie. C'était le jour de notre rencontre. On a creusé un trou ce jour là. Et elle en a creusé un nouveau quand elle est partie. Pas dans la terre, mais dans mon être. "A demain grand-père."

J'ai pas envie de rentrer. Parce qu'elle n'est pas là. Mais il reste des affaires à elle qui trainent partout, et qui me rappellent son absence. Et c'est douloureux. L'absence de Siam. Ca devrait être une maladie. Je serais allé chez le médecin, il aurait écouté mon coeur et m'aurait dit. "Ah, c'est pire que c'que j'pensais. Vous avez une absence de Siam. J'vais vous faire une ordonnance." Et j'serais allé à la pharmacie ensuite. On m'aurait donné des cachets. J'en aurais eu des dizaines à prendre à chaque repas. Un très lourd traitement. Vous savez, de ces traitements qui retournent la tête et qui vous font oublier qui vous êtes. Parce que l'absence de Siam, c'est incurable sinon. Et que si vous ne perdez pas la tête, alors vous en souffrez toujours. J'aimerais perdre la tête. Quoique non en fait. Car si perdre la tête signifie que je dois l'oublier, alors je préfère souffrir jusqu'à ma mort. Quitte à mourir d'une absence de Siam. Je marche dans la rue. Je marche dans la rue sans vraiment regarder où je vais. Je fais des détours immenses. Parce que je veux retarder au maximum le moment où je pousserai la porte et où je serai face à sa non-présence. Puis je passe devant ce bar. Il m'ouvre les bras, comme pour m'inviter à me mettre la tête à l'envers, juste pour aujourd'hui. Je m'apprête à y rentrer, mais je ne le ferai pas. Je ne le ferai pas non, parce qu'elle est là. Assise par terre, et enroulée dans une couverture minable. Elle a l'air fatiguée. Et frigorifiée. Mais ses pomettes sont légèrement rosées. Et quand je vois les deux bouteilles de vin à ce côtés, dont l'une d'elles entièrement vide, je comprends pourquoi. Je comprends qu'il n'y a plus que ça pour la tenir au chaud. Et qu'en la fouttant à la porte, je lui ai fait vivre un véritable enfer. Je m'approche d'elle, paniqué, et en colère contre moi-même. Mais j'essaie de masquer mes émotions, et de faire bonne figure. "Siam." Ses yeux se lèvent vers moi. J'sais plus quoi dire. Y'a tout qui refait surface. Et puis putain qu'elle est belle, même là. Elle est belle. Et moi j'suis l'roi des cons. J'ai envie de prendre sa main et de l'emmener ailleurs, au chaud. Quelque part où elle sera bien. Quelque part où j'serai loin.

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MessageSujet: Re: siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini.  siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini. EmptySam 10 Nov - 14:18

 siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini. 436661siamson11
city lights the water as the snow forgets the sky and we're staring at the bridges just like every other night. we've been watching for a miracle, we're praying for a sign but when the cure is made of poison then it's hard to rest your eyes. of it's time, oh lord, shoot out the lights.


« Je m'appelle Siam, je suis née un vingt-quatre aout et j'ai dix-neuf ans, enfin j'crois bien. Ca fait deux ans que je ne fête plus mon anniversaire. La première fois, c'est parce que pépé perdait un peu la tête et avait oublié. La deuxième fois, il avait juste crevé. » Je n'ai jamais eu personne d'autre que pépé dans ma vie. Et j'imagine que je n'aurais personne d'autre que lui dans ma mort. Ca ne me rend pas malheureuse, ça ne me rend rien du tout. J'aimais beaucoup pépé vivant, même si je ne lui ai jamais dit. J'ai toujours trouvé les mots d'amour obscènes et violents. Il y avait des milliers de raisons d'aimer pépé vivant. Il y avait ses yeux qui pétillent quand il en venait à me parler des rêves qu'il n'entreprendrait jamais, son crâne dégarni sur lequel j'ai eu plusieurs fois envie de déposer des baisers. Il y avait sa voix, abîmée par le temps, ses coups de gueule qui m'faisaient bien marrer. Et puis surtout, il y avait l'idée qu'il se faisait de la vie. Parce que pépé bouffait la vie. Vraiment. Et un matin, c'est la vie qui l'a bouffé. Au fond, à la fin, quoi qu'on fasse et qui qu'on soit, on en r'vient toujours à ça. « Nous sommes le jeudi quinze novembre. Les rues sont mortes, le ciel est crade et les étoiles ont oublié de se pointer. Le bruit de fond, est-ce vous l'entendez ? Il sort des tripes. Des tripes de cet homme qui squatte le trottoir un peu plus loin. Comme moi. Mais j'crois que lui a moins de chance, il a l'air salement malade. On dirait bien qu'il ne lui reste plus que quelques jours en enfer, plus que quelques jours ici, avec moi, avec vous, avec nous tous. » Je marque un temps d'arrêt pour observer l'homme qui n'arrête pas de tousser et de cracher ses poumons. Ca fait deux jours que c'est comme ça, deux jours qu'on l'entend aboyer nuit et jour. Y'en a un autre qui est passé à la trappe la nuit dernière. Il s'est endormi et on ne l'a plus jamais entendu insulter les passants qui ne donnent pas un rond. C'est con, mais ça me manque. Un peu, du moins. Et j'me dis que je n'ai pas pensé à lui demander son prénom, j'aurais dû, pourtant, parce que ça lui aurait sûrement fait un peu d'bien, à l'autre d'en face, que quelqu'un sache comment il s'appelle avant qu'il s'barre au paradis qu'existe pas. J'ai pas demandé et quand les patrouilles sont venues ramasser ce qui restait de lui, quand elles nous ont questionnés pour savoir qui il était, on est resté silencieux parce qu'à vrai dire, on en savait rien. Alors voilà, il est mort et personne ne le saura jamais. Ce s'ra l'homme sans nom, l'homme qu'a même pas vécu.

« Et là, maintenant, on entend le vent. Les arbres sont défroqués et j'peux vous assurer qu'il ne fait pas chaud par ici. » J'attrape la bouteille de vin à moitié vide qui traîne à côté de moi et j'en bois une longue gorgée, jusqu'à ce que j'ai la sensation de sentir à nouveau mes poumons exister. J'ai toujours adoré le vin rouge. Le bon, j'veux dire. Pas ce truc dégoutant que j'me force à avaler pour ne pas laisser le froid m'emporter comme il les emportera eux. Ca fait des heures que je suis dans la même position, assise en tailleur, recroquevillée sur moi-même comme un animal sur ses gardes. Je ne sens plus aucun de mes membres et je n'ose pas bouger, de peur que l'un d'eux se décroche et roule par terre. « En fait, il fait vraiment très froid. J'aurais bien besoin d'un pull ou deux en plus, mais tout mon fric passe dans ce que je vous raconte. Et ça m'fait plaisir, vous savez. Attendez, j'ai vraiment parlé de plaisir ? » Je me mets à rire, j'dois être barrée ou alors peut-être bien que mes veines contiennent juste plus d'alcool que de sang. « Je retire. Ca m'fait pas plaisir. J'vais pas me mettre à parler de plaisir et d'bonheur, on sait bien que ce ne sont que des conneries. J'vais juste… » « Siam. » Figée. Glaçée. Transfomée en statue en deux temps trois mouvements. Qu'est-ce qu'il fout là ? Je n'ai pas besoin de tourner la tête pour savoir que c'est lui. Sa voix s'aggripe à mes tympans et m'fait voltiger là où la chute fera toujours mal. Alors ça y est, il est de retour ? « Tu t'souviens de mon prénom ? » Je glisse le magnétophone sous la couverture et je le laisse tourner. Y'a un truc au fond de moi qui fait que j'ai envie de me rappeler de ce moment encore et encore. Parce qu'il est de retour, ou peut-être juste de passage. Parce qu'il est là, debout comme un bâtard qui attend que la vie passe et que j'ai envie d'attendre avec lui. Pas pour toujours, bien sûr que non, juste un peu, juste ce soir. Et puis demain matin, il r'partira ou bien ce s'ra moi. On se dira adieu, moi j'pleurerai même pas. On se dira adieu et on ira chacun de notre côté. Jusqu'à la prochaine fois. « T'en veux un peu ? » Je lui tends ma bouteille parce que je n'ai que ça à lui tendre. J'aurais peut-être pu lui tendre la main mais j'fais pas dans ce genre là. Ce serait trop bête qu'il s'imagine qu'on va tracer notre route ensemble. On tracera rien du tout. Ou alors ce s’ra juste moi qui tracerais. Sa fin. Et puis un peu la mienne. Pas trop. Un peu.

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MessageSujet: Re: siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini.  siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini. EmptySam 10 Nov - 17:32

 siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini. 916606siamson12
i don't wanna hold you if you want to go, i'm not going to make you feel love if you don't. i would rather learn what it feels like to burn than feel nothing at all.


"Tu t'souviens de mon prénom ?" Comment l'oublier ? Bien sûr que je m'en souviens. Il rime avec entame. Comme l'entame que madame a fait dans mon âme. Je pourrais en faire d'autres de rimes. Des rimes avec hippopotame, sésame ou polygame. Je passe mes journées à penser Siam, et à faire des phrases en -am. Ça n'a aucun sens. Mais c'est tout ce qu'il me reste de toi. Le souvenir de ton prénom. Parce que le reste s'oublie bien trop rapidement. Le son de ta voix, l'odeur de ton parfum, la texture de ta peau. J'aurais beau essayer de m'en souvenir, même essayer très fort, rien ne s'approche trop près de la réalité. De ta réalité. Alors tu vois, même si j'avais oublié la moitié du reste, je n'oublierai jamais Siam. Par contre, j'ai fini par oublier Siamson. "Bien sûr que oui." Elle est là. Semblable à une poupée de porcelaine. Pâle. Très pâle. Les lèvres violettes. Les cheveux crades et pas coiffés. Si la situation n'était pas si grave, je dirais que même là, elle est belle. Même à deux doigts de crever de froid, elle est au-dessus de toutes les autres. Est-ce que c'est l'amour qui fait ça ? Qui me rend aussi con ? Parce que dorénavant, je devrais penser aux autres plutôt qu'à elle. Non, en fait je ne devrais plus penser à qui que ce soit. J'en ai assez de cette saloperie. Je me la ferais bien enlever si c'était possible. Y'a pas un chirurgien prêt à me charcuter l'coeur dans les parages ? Par pitié, aidez moi. Si seulement ça pouvait être aussi simple. Si l'amour n'était qu'une maladie. Alors il n'y aurait jamais eu ni de Roméo, ni de Juliette. Ni jamais de Siamson. Ni même de douleur dans mon coeur ou de Siam dans la rue. Tout aurait été plus simple. "T'en veux un peu ?" Elle me tend sa bouteille. Elle me tend son chauffage. Je secoue la tête. "Non ça va, t'en as plus besoin que moi." Je la regarde. Stoïque. J'ai l'impression d'être une carpe muette dans un aquarium. Et y'a une putain de vitre qui me sépare de Siam. Une simple vitre, mais ça fait tout de même une sacrée limite. Comme si nous n'étions plus dans le même monde. Comme si l'un de nous allait se faire bouffer par l'autre. Mais j'crois que c'est moi qui suis du mauvais côté. Parce que c'est moi qui l'aime, et pas l'inverse.

Je m'approche doucement, comme si j'étais sur mes gardes. Elle a bu, c'est certain. Mais je crois qu'elle est encore lucide. Qu'elle est encore là. Pas avec moi, mais là quand même. Nous sommes deux entités complètement distinctes maintenant. Je m'agenouille doucement devant elle pour être à sa hauteur. "Ça fait combien de temps que tu es là Siam ?" J'ai honte bordel. Elle aurait pu crever, moi j'étais au chaud, chez nous. Chez moi, pardon. Faut encore que j'me fasse à l'idée qu'il n'y a plus de chez nous. Je regarde autour de nous- d'elle et de moi. Il y a tant de violence dans cette rue. Un sans abri en train de cracher ce qui lui reste de vie. Un vieux bar plein d'ivrognes et de gars aux idées sombres. Un trottoir dur et glacial qui lui sert de lit. Et puis paradoxalement, il y a Siam. Elle me fait penser à Blanche Neige. Au moment où elle se perd dans la forêt sauvage. Et moi, j'serais l'un des sept nains là, pourquoi pas grincheux. Il faut que je la ramène à la maison. Je ne peux pas la laisser là. J'ai envie d'attraper sa main, et de la ramener de force. De toute façon, c'est ce que je dois faire. Parce que je l'ai dit au grand-père. Alors ça prendra le temps qu'il faut, mais je compte bien tout faire pour qu'elle me suive de son plein gré avant d'utiliser la manière forte. Je suis toujours agenouillé face à Siam. La position n'est pas très agréable. "J'peux m'asseoir ?" Je n'attends pas de réponse, et prends place à ses côtés. Je m'applique tout de même à garder une certaine distance entre nous deux, bien que je crève d'envie de la serrer. Et de lui donner toute ma chaleur corporelle. J'pourrais même lui donner ma vie toute entière, et tout c'que j'ai. Elle en aurait probablement une meilleure utilité que moi. À chaque pas, il y a une avancée. Mais à chaque geste, il y a un risque. J'essaie d'en prendre la mesure, puis tant pis, j'me lance. Je pose juste le bout de mes doigts sur sa joue l'espace de quelques secondes. "Tu es glacée Siam…" Toujours ce même frisson à la con. Et il n'est pas dû à la froideur de sa peau.

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MessageSujet: Re: siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini.  siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini. EmptyDim 11 Nov - 18:57

 siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini. 383602siamson13
is it bitterness or sympathy that keeps you standing here with me ? i’m not sure how much more i can take cause i have sacrificed my peace of mind to sit here with you wasting time. now i think i’d like to walk away.


« Bien sûr que oui. » Samson me tire un sourire et ça m'fait mal aux joues. Il se rappelle de moi. Alors oui j'souris. J'souris parce qu'il y a des milliers de raisons de sourire tout à coup. J'l'ai marqué. Lui et sa gueule triste à mourir. Au fond, j'crois que déjà le premier soir, après lui avoir demandé de trouver un petit bout de terre vide pour y foutre pépé, j'espérais le marquer. Mais moi, j'voulais pas le marquer avec des beaux mots, avec des promesses qu'on n'aurait pas su tenir et des bouquets de fleurs qu'on aurait laisser faner. J'ai toujours voulu autre chose avec lui. Et quand j'le regarde là, debout à attendre que j'lui propose de partir ou rester, j'ai l'intime conviction d'avoir réussi au moins un truc dans ma misérable vie. Le marquer. Le marquer à coup d'insultes et d'assiettes contre les murs. Le marquer avec des discours qui laissent des bleus sur le corps et de la haine dans les veines. Des discours comme tu m'fais chier Samson. Tu m'fais chier avec ta gueule d'épave et ta poésie à deux balles. Tu m'fais chier parce que t'as rien à foutre dans ma vie et que j'en ai rien à foutre de la tienne. Tu m'fais chier quand tu souris et quand tu ris. Tu vois, t'es beau seulement quand t'es cassé, seulement quand tu t'rappelles qu'on vient presque du même monde et qu'ton existence est aussi naze que la mienne. Et puis remballe tes histoires sur l'espoir et puis l'bonheur parce que y'aura jamais personne qui prendra l'temps de te rendre heureux. Même pas moi. Alors t'es mal barré. T'es p'tet même encore plus bas que moi. Et quand j'ai fini de sourire, quand j'en ai marre de ressembler à une conne qu'a de la fierté plein le bide, j'inspire un grand coup et voilà, plus de fierté dans mon bide. Juste du vide et ça m'convient. « Non ça va, t'en as plus besoin que moi. » J’trouve rien à répondre à ça. En fait, quand j'prends un instant pour y penser, quand je le détaille du regard, je ne suis pas certaine qu'il ait raison. C'est pour ça que j'réponds rien. Je me contente de boire une nouvelle gorgée de vin en attendant que quelque chose se passe ou que l'un de nous deux s'en aille.

« Ça fait combien de temps que tu es là Siam ? » Quatre jours. Bientôt cinq. Pourquoi est-ce qu'il demande ? C'est lui qui m'a foutu à la porte. C'est lui qui a hurlé qu'il ne voulait plus de moi dans sa vie. Je n'ai rien répondu ce soir-là, pourtant j'avais pas bien compris à quoi il jouait. Après tout, moi, j'avais même pas l'impression de faire partie de sa vie. « Deux nuits. Avant, j'étais un peu plus loin dans Bridgeport, sous la station de métro. Mais y'a trop de monde là bas et tu sais bien que moi, les gens... » Les gens moi, j'peux pas les blairer. En fait, je les apprécie seulement quand ils ne sont plus là. Y'a un truc qui dérape quand ils sont encore là, un truc qui m'fait toujours boucler mon sac pour m'enfuir ailleurs, là où la solitude patiente, prête à me faire l'amour des jours entiers. Et Samson et moi, on n'va pas échapper à ça. Il n'était pas là et j'l'aimais pas trop mal, pas trop bien non plus mais c'était d'jà pas mal. Et maintenant qu'il revient, j'sens déjà en moi le besoin d'alimenter sa haine. Alors j'me retiens. Parce que c'est trop tôt, parce qu'il n'a sûrement pas besoin de ça et que moi non plus, j'ai juste besoin d'un peu d'repos et Samson fera l'affaire. « J'peux m'asseoir ? » Je hoche la tête et décale discrètement le magnétophone pour qu'il puisse s'installer. Il a l'air gêné. Moi non. Dans une autre vie, j'suis sûre que j'aurais été contente de le croiser à nouveau sur mon chemin. Il a l'air gêné et pourtant, dix secondes après, ses doigts effleurent ma joue. Putain d'électrochoc dans l'coeur. Putain d'secousses à l'intérieur. Et putain de moi, qui aurais presque envie d'en r'demander encore, qui aurais presque envie de lui murmurer déconne pas Samson, vire pas ta main d'ma joue. Laisse-la encore un peu, après j'te jure que j'recommencerai à t'ignorer et à te persécuter jusqu'à ce qu'on en puisse plus. Mais pour l'instant, on pourrait juste faire semblant d'avoir quelque chose à partager tous les deux, j'pourrais même y croire pour de faux. « Tu es glacée Siam... » A quoi est-ce qu'il s'attendait ? A ce que mon corps réagisse à ses caresses et se mette à brûler ? Ca fait des nuits que j'dors ici, des nuits que j'crève de froid plus que de faim. « On est en hiver Samson. Pourquoi est-ce qu'il faut toujours que tu sortes des trucs complètement cons ? » Je me décale et serre les dents. Le problème, c'est que j'supporte pas les yeux remplis de pitié qu'il pose sur ma nuque. Le problème, c'est que j'ai pas besoin de lui pour savoir que j'suis dans de sales draps, que je n'suis même plus jolie. Et puis j'le hais de m'avoir fait perdre mes moyens, même si c'était qu'une minute ou deux. C'était d'jà trop pour nous. « Tu peux arrêter d'me regarder comme ça ? » Je soupire, épuisée. « Excuse-moi, j'suis pas de très bonne compagnie, hein ? » Mes lèvres s'étirent légèrement tandis qu'un mince sourire apparaît sur mon visage. « Pépé m'appelait toujours la grincheuse. Ca énervait tout le monde mais lui, ça le faisait rire. Faut dire que j'étais jamais contente. Même quand il se levait aux aurores pour me faire mon petit déjeuner ou quand il passait la journée à réfléchir à une histoire pour m'endormir, moi j'faisais la tronche. Ca lui prenait du temps, pourtant. D'inventer des histoires. Parce qu'il ne savait pas lire non plus et qu'il était obligé de puiser son inspiration dans son quotidien mal foutu. Ca lui prenait du temps. J'crois même qu'il a passé les dernières années de sa vie à essayer de me faire rire et j'aurais aimé qu'il réussisse. Mais ça m'suffisait pas. » Y'a rien qui me suffit. Peut-être que si j'l'avais dit à pépé, il aurait pu passer ses derniers mois à faire des choses qui lui plaisaient vraiment. Comme se balader à vélo, passer des heures à regarder le soleil ou bien chanter sous la pluie. Ou peut-être bien qu'il aurait continué quand même, peut-être bien qu'il n'aurait jamais lâché l'affaire parce que c'était ce qui lui plaisait le plus, essayer d'me faire rire. « A ton tour. Pourquoi est-ce que tu n'sais pas être heureux ? » Je bascule la tête en arrière pour contempler le ciel en attendant une réponse de sa part. Est-ce que j'me moque de sa réponse ? Sûrement un peu. J'ai toujours accordé plus d'importance aux questions. Mais qui sait, p'tet que dans des dizaines d'années, quand les gens écouteront cette conversation, ils préfèreront ses réponses à mes questions. Et nous on s'ra plus là à se chamailler parce que l'un avait raison tandis que l'autre avait toujours eu tort.

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MessageSujet: Re: siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini.  siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini. EmptyMar 13 Nov - 21:13

 siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini. 634611siamson15
on a tous une 'siam' dans nos cœurs, on a tous une lame de rasoir qui vient pour nous tailler le cœur et ma sale gueule dans le miroir. 'siam' tu sais qu'on n'est pas là, tu sais moi j'fais n'importe quoi sur mon tricycle en roues arrières j'voudrais bien aller voir la mer.


"Deux nuits. Avant, j'étais un peu plus loin dans Bridgeport, sous la station de métro. Mais y'a trop de monde là bas et tu sais bien que moi, les gens…" Oui je sais. Que toi les gens, t'aimes pas trop ça. Que tu es mieux sans. C'est ce que je pensais au début moi aussi. Que j'aimais pas les gens. Puis je t'ai rencontrée Siam. T'as débarqué avec ta gueule d'enfant paumée. Puis t'as donné du sens à ma vie. M'occuper de la tombe de ton grand-père chaque jour. Et m'occuper un peu de toi aussi. Te crier dessus. M'engueuler avec toi. Manger dans le silence face à toi. C'est devenu un rituel. Je me couchais chaque soir en me disant que ça recommencerait le lendemain. Et ça me donnait envie de me lever chaque matin. Ça me donnait envie de me lever parce que pour la première fois depuis la mort de maman, y'avait quelqu'un dans ma vie. Quelqu'un avec qui partager mes misérables journées. Je n'étais plus seul. Même si c'est ce que j'avais toujours voulu. Si je dois troquer la solitude, c'est pour ta compagnie. Même si j'crois que j'ai fini par préférer ta compagnie. "Deux nuits…" Deux nuits qu'elle est sur ce trottoir si froid qu'il m'en glacerait le sang. Deux nuits de trop. Si elle doit en passer une troisième ici, je la passerais avec elle. Si elle doit mourir de froid ici, je mourrais avec elle. Mes doigts effleurent à peine sa joue qu'un énorme frisson parcourt ma colonne vertébrale. Je n'ai jamais rien touché d'aussi froid. "On est en hiver Samson. Pourquoi est-ce qu'il faut toujours que tu sortes des trucs complètement cons ?" J'hausse les épaules. À vrai dire, j'en sais rien. "J'sais pas. P't'être que j'suis juste con." Je dirais même que c'est très probable. Que c'est la solution à chacune de mes questions. Mais pourquoi tu l'as foutue à la porte ? Mais pourquoi tu l'as laissée entrer dans ta vie ? Mais pourquoi t'en es tombé amoureux ? Parce que j'suis con. C'est pour ça que l'amour m'a frappé. Parce qu'elle s'attaque aux cons, en se disant qu'elle les fera souffrir au bout du compte et que c'est bien fait pour eux. À mon avis, l'amour fait parti du karma. On fait une mauvaise chose, et à un certain moment, l'amour nous tombe dessus. Si vous êtes amoureux, demandez vous ce que vous avez fait de mal. Moi j'ai tué maman.

"Tu peux arrêter d'me regarder comme ça ?" Je n'avais pas remarqué que mon regard n'avait pas quitté son visage. Alors je baisse les yeux, gêné. J'sais même pas pourquoi j'suis gêné. Ça craint. C'est comme si Siam me faisait découvrir toute une palette de sentiments dont j'ignorais totalement l'existence. L'amour, bien sûr. La gêne. La satisfaction. Celle que je ressentais à chaque fin de dispute. Et tout un tas de sentiments sur lesquels je serais bien incapable de mettre des mots. Peut-être même sommes-nous les seuls qui pouvons les comprendre elle et moi. Parce que nous avons vécu une relation à part. Hors de l'espace, et hors du temps. "Excuse-moi, j'suis pas de très bonne compagnie, hein ?" Je ne dis rien. Je lève seulement les yeux vers elle, presque timidement, alors qu'un léger sourire apparait sur son visage. Elle est belle. C'est c'que j'me dis, inévitablement. Encore et encore. "Pépé m'appelait toujours la grincheuse. Ca énervait tout le monde mais lui, ça le faisait rire. Faut dire que j'étais jamais contente. Même quand il se levait aux aurores pour me faire mon petit déjeuner ou quand il passait la journée à réfléchir à une histoire pour m'endormir, moi j'faisais la tronche. Ca lui prenait du temps, pourtant. D'inventer des histoires. Parce qu'il ne savait pas lire non plus et qu'il était obligé de puiser son inspiration dans son quotidien mal foutu. Ca lui prenait du temps. J'crois même qu'il a passé les dernières années de sa vie à essayer de me faire rire et j'aurais aimé qu'il réussisse. Mais ça m'suffisait pas." Je l'écoute. Et je pense à Alistair. J'aurais tellement aimé le connaitre. Pas seulement parce qu'il était son grand-père, mais aussi parce que je suis sûr qu'il était un homme bien. C'est ce que je me dis à chaque fois qu'elle me parle de lui. Ce qui est fou, c'est qu'à travers les histoires qu'elle me raconte, j'ai l'impression d'avoir fait sa connaissance, et qu'il fait partie de ma vie quelque part. Même si, indéniablement, il en fait partie. "A ton tour. Pourquoi est-ce que tu n'sais pas être heureux ?" Je baisse les yeux, à nouveau. Pas par gêne cette fois-ci. Par tristesse. Je ne m'étais jamais posé cette question auparavant. Pourtant j'en connais la réponse, évidemment. Et c'qui m'frappe à la gueule, c'est que même si j'en connais la réponse, j'avais pourtant toujours refusé de l'admettre. Je pensais être un gars fort, capable de ne rien ressentir. Mais je ne suis pas sans sentiments. Je suis malheureux. "J'crois que j'ai arrêté d'être heureux après avoir tué maman." Parce que je ne le méritais plus. Je ne le méritais plus, mais je sais que maman aurait voulu que je le sois. Sauf que je ne suis plus assez fort pour l'être. Je ne suis plus assez fort pour rien du tout, à part pour me laisser vieillir au fil des jours, et pour me laisser crever dans la certitude d'avoir vécu une vie malheureuse. C'est peut-être pour ça que je suis amoureux de Siam. Parce qu'elle n'est pas amoureuse de moi. Et que ça me rend encore plus malheureux. Je ferme les yeux, laissant une fine larme glisser sur ma joue. Je l'essuie rapidement de ma manche, espérant qu'elle soit passée inaperçue. "Ton grand-père serait heureux si tu lui donnais un sourire. Tu crois que tu pourrais m'accompagner jusqu'au vieil arbre, et lui en donner un ? Ça n'équivaut pas à un rire, mais je ne sais pas te faire rire…" Je la questionne du regard. La question est de savoir si elle est prête à quitter son trottoir. Et si elle est prête à aller l'revoir. "On rentrera ensuite, au chaud." Je me lève, puis lui tends la main. "Si tu ne veux pas, je reste ici jusqu'à c'que tu cèdes. Même si je dois passer le restant de mes jours sur ce trottoir."

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MessageSujet: Re: siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini.  siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini. EmptyDim 18 Nov - 19:53

 siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini. 916606siamson12
i'm dancing in the room as if i was in the woods with you, no need for anything but music 'cause music's the reason why i know time still exists, iime still exists... so i just put my arms around you around you and i hope that i will do no wrong. my eyes are on you they're on you and i hope that you won't hurt me.


« J'sais pas. P't'être que j'suis juste con. » Sûrement. Ca doit être ça. J’espère que c’est ça. Parce que sinon, il n’y aurait aucune raison qu’il reste un peu là, avec moi. Parce que sinon, il finirait par partir et j’oublierais de le suivre. Samson est un abruti. Voilà la plus belle vérité que j’ai jamais entendue. Il est con. Jusque dans la moelle. Et ça m’va très bien parce que sans ça, j’aurais jamais croisé son chemin ce soir d’automne où le cœur de pépé s’était tut. Parce que sans ça, j’aurais jamais su qu’il y avait ici bas d’autres échoués sur les bords de chemin, d’autres gueules écorchées qu’ont même plus de lumière dans les yeux. Alors j’aurais été complètement seule. Avec mon sac à dos qui pourrait contenir des milliers de trucs mais qui contient que dalle. Avec de la solitude au déjeuner, au dîner puis même au goûter. Complètement seule. Et peut-être même que je n’aurais pas supporté tout ça, peut-être même que ça m’fait du bien d’avoir quelqu’un à détruire, quelqu’un avec une gueule triste à mourir qui en r’demande encore et encore. Parce que c’est ce qu’il fait, non ? Il en redemande. Après les cris, après les pleurs qui ne viennent jamais vraiment. Après chacune de nos batailles, après chacun de nos adieux, Samson reste là, planté sur ma route comme quelqu’un qui n’sait plus où rouler. Comme quelqu’un qui s’fout de se faire crever les pneus par la fille de là-bas, là fille d’un jour qui demain ne sera plus.


« J'crois que j'ai arrêté d'être heureux après avoir tué maman. » Il se passe quelque chose. Un truc bizarre. Un truc bancal. J’le sais parce qu’il y a cette larme qui dévale sa joue et que ça ne m’fait pas monter la fièvre. Je le sais parce qu’il la fait disparaître et que je n’ai pas envie d’en faire apparaître des centaines d’autres. Cette nuit, j’crois que j’ai pas envie de le rendre plus malheureux qu’il ne l’est déjà. Je n’ai pas non plus envie de le rendre heureux parce que j’sais pas faire ça. J’ai juste envie de le garder comme ça. Dérouté, déroutant. Accidenté par la vie. Déglingué mais pas moche. Déglingué et même beau. « Pourquoi tu dis qu’tu l’as tuée ? » Et bien sûr j’connais déjà le refrain, bien sûr que j’me rappelle de la tumeur qui a enflé dans le crane de celle qui lui a donné la vie, des tuyaux qui la tenaient en sursis et des cachets qu’il lui a filés et qui l’ont faite clamser. Je ne lui dis rien parce que ce n’sont pas mes affaires mais moi, j’dirais plutôt qu’il lui a rendu sa foutue liberté et qu’elle doit être bien mieux comme ça, sans mari et sans gosses, sans factures à payer et sans cette merde au beau milieu du cerveau. « C’est pas toi. » Je détourne le regard et le pose un peu plus loin, sur l’homme qui continue d’aboyer à la mort de le prendre sur le champ. « Qui l’a tuée. » Silence. « Quand on atterrit ici, on sait déjà ce qui nous attend tout au bout. On sait qu’il n’y a pas d’espoir à avoir. Parce qu’il n’y a pas d’autre alternative, pas de surprise. Y’a personne qui va se pointer et te dire t’es un p’tit veinard toi t’as droit à une seconde vie. » Je plante à nouveau mon regard dans le sien. Et je m’y accroche. Car ce que je m’apprête à dire n’ai jamais été aussi sincère.  « Au fond, on est déjà tous un peu mort. » A vrai dire, on n’était même pas encore nés qu’ils savaient tous qu’il y aurait une place pour nous aussi au cimetière.


« Ton grand-père serait heureux si tu lui donnais un sourire. Tu crois que tu pourrais m'accompagner jusqu'au vieil arbre, et lui en donner un ? Ça n'équivaut pas à un rire, mais je ne sais pas te faire rire… On rentrera ensuite, au chaud. » C’est vrai qu’j’ai un peu laissé pépé tout seul dans son trou ces derniers temps, mais faut croire que ça m’plait pas trop ces histoires de maisons où on balance ceux qui ont trop vécu. Et puis je n’ai rien à lui donner, au vieux. J’lui ai offert dix-huit années et l’temps qui a filé ne m’a jamais rien rendu. « Si tu ne veux pas, je reste ici jusqu'à c'que tu cèdes. Même si je dois passer le restant de mes jours sur ce trottoir. » Sa main se tend et je nous revoie un an en arrière, sur un autre trottoir de Bridgeport, avec la même main tendue et des débuts de rêves plein les tripes. A l’époque, on ne savait pas encore qu’on passerait les prochains mois à se découdre l’un l’autre et à oublier de se rafistoler. « J’compte aller nulle part avec toi Samson. » Je crois que si j’avais su faire sans que ça sonne faux, j’lui aurais balancé un de ces sourires tristes que font les filles dans les films à l’eau de rose. Le genre de sourires qui fendent le cœur et auxquels on pense encore deux secondes avant de dire au revoir à ce monde. « J’aime bien la rue. » Je me relève avec difficulté. Mes jambes ne tiennent plus vraiment, j’suis épuisée, j’ai mal partout, il fait si froid que je ne sens plus rien. Mais j’m’en moque. J’attrape sa main avant qu’elle ne se dérobe et j’laisse les frissons m’assaillir, j’les laisse me griller l’intérieur, faire court-circuiter mon cœur et mes poumons avec. « Est-ce qu’on t’a déjà invité à danser ? » A voir sa tête, jamais. J’suis sûre qu’il aurait eu le rôle du type qui sait pas foutre un pied devant l’autre et que tout le monde trouve attachant. Il aurait été ce type qui marche sur les pieds de celle qui l’aime et je ne serais jamais celle qui obtient ce rôle à l’audition, sûrement parce que je ne m’y serais jamais pointée. « J’ai un secret Samson : moi, j’sais pas faire grand-chose, mais je danse. » Je lâche sa main un instant pour faire un tour sur moi-même et je retourne la chercher. Je danse. Quand faut rire, moi je danse. Quand faut chialer, moi je danse encore. Quand y’a plus de bouffe dans les poubelles j’pense à danser. Et quand l’enfer est vide, je ne m’arrête pas. J’offre à Samson un petit bout de moi, un truc que j’ai jamais pensé à donner avant maintenant. Un truc que je penserai à reprendre demain matin. Quand on aura tous les deux fait l’impasse sur cette nuit, sur le soleil qui peut encore briller et sur ce nous sans discordes. Ce nous qu’existe pas.

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MessageSujet: Re: siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini.  siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini. EmptyLun 19 Nov - 18:14

 siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini. 458034siamson17
wait for the light to come back on, you seem lost, your back against the wall. it’s cold outside, it is winter in your heart ? your eyes go blind, you are shrouded in a fog. so can we change ? or is this surrender ? i once loved your grace, and the innocence that fell from you like leafs, spiral off October trees. you know I love you, what else do you want from me ?


"Pourquoi tu dis qu’tu l’as tuée ?" Parce que c'est vrai. Elle est morte. Elle aurait pu vivre encore un peu. Aliénor croyait que maman pouvait s'en sortir. Elle avait de l'espoir. C'était la première fois. Mais j'ai coupé court à ses espérances. Je l'ai peut-être même anéantie. Alors en plus d'avoir tué maman, j'ai peut-être aussi tué ma soeur. Et mon père. Et j'me suis tué avec. En fait, j'crois que je finis par tuer tout ce qui contient un peu de vie. Et peut-être bien que je te tuerais aussi Siam, un jour ou l'autre. Peut-être bien que tu en auras marre de ma sale gueule de con, et que tu finiras au bout d'une corde. Peut-être bien même que je pourrais être celui qui resserrera le noeud autour de ton cou, qui sait. Après tout, ça pourrait devenir une habitude. D'ouvrir la porte du paradis à ceux que j'aime le plus. "C’est pas toi. (…) Qui l’a tuée." J'me tais. J'me tais, parce que ça rime à rien de la contredire. Parce qu'au fond, c'est une évidence que je l'ai tuée. Qu'est-ce qu'elle va me dire ? Que c'était l'destin ? "Quand on atterrit ici, on sait déjà ce qui nous attend tout au bout. On sait qu’il n’y a pas d’espoir à avoir. Parce qu’il n’y a pas d’autre alternative, pas de surprise. Y’a personne qui va se pointer et te dire t’es un p’tit veinard toi t’as droit à une seconde vie." Elle plonge son regard dans le mien. Je fronce les sourcils. Je fronce les sourcils, et je tais ma conscience. J'ai besoin de croire à ce qu'elle me dit. Au moins un peu. "Au fond, on est déjà tous un peu mort." Je ne réfléchis pas. Non, je ne réfléchis à rien. Je me concentre sur Siam. Je m'enferme dans ses paroles. Et si elle avait raison ? Ne serait-ce qu'un petit peu ? Ne serait-ce que pour aujourd'hui… J'pourrais peut-être essayer de sourire, au moins essayer. Essayer de faire comme si tout allait bien. Comme si ma famille m'attendait à l'autre bout du monde. Comme si j'étais heureux de vivre. Comme si elle m'aimait. "J'vais essayer d'te croire." Et essayer est déjà un très bon début. Moi qui n'essaie plus de croire en rien depuis un moment. Parce que la seule raison que j'ai de croire en quelque chose a quitté ma vie pour s'installer sur un trottoir. Et parce que… "J’compte aller nulle part avec toi Samson." C'est con. C'est con parce que moi j'compte aller nulle part sans toi Siam. Quelle belle contradiction. Mais nous y sommes habitués après tout, à la contradiction. Tu dis pars, je dis reste. Tu dis bleu, je dis jaune. Tu dis haine, je dis aime. Tout nous oppose. Tout nous oppose, mais y'a un truc qui fait que je m'accroche. Y'a un truc qui fait que j'reste. Et tant pis si j'en souffre. Tant pis si j'en crève. J'ai besoin de Siam comme le feu a besoin d'oxygène. Qu'elle me lacère le coeur si ça lui plait. Elle peut bien en faire ce qu'elle en veut, puisqu'il est entre ses mains. J'crois même que mon sang a pris la couleur de ses yeux.

"J’aime bien la rue." Je regarde autour de nous. Toute cette grisaille me fait peur. Siam n'y est pas à sa place. Comment peut-elle aimer cet endroit ? J'peux lui offrir un toit, une maison. Mais elle préfère être là. Elle préfère crever de froid plutôt que de partager ses dîners avec moi. Je dois être encore pire que la rue. Pire que le froid, que l'vieux en train de crever, et que l'trottoir insalubre. Pire que tout ça. Je m'apprête à relâcher mon bras, et à enfouir ma main à l'intérieur de ma poche. Mais elle l'attrape. Siam se relève et attrape ma main. Pourquoi est-ce qu'elle fait ça ? Je r'garde nos mains, accrochées l'une à l'autre. C'est comme de voir un oiseau enlacer un poisson. Y'en a un qui rêve de liberté, alors que l'autre est incapable de sortir la tête de l'eau. Y'a un truc qui cloche dans notre histoire Siam. Un sacré truc qui cloche. D'un côté, y'a toi qui t'fais la belle. Toi qui t'en vas, toi qui dis que t'es mieux sans moi. Puis de l'autre côté, y'a moi qui t'aime. Moi qui souffre mais qui m'accroche. Moi qui t'gueules de t'barrer mais qui reviens te chercher. Notre histoire est un oxymore. J'crois que je perdrais du temps à essayer de résoudre cet oxymore, à essayer d'en comprendre le sens. Parce qu'il n'y en a aucun. "Est-ce qu’on t’a déjà invité à danser ?" J'écarquille les yeux. Qu'est-ce qu'elle fout bordel ? "J’ai un secret Samson : moi, j’sais pas faire grand-chose, mais je danse." Sa main relâche la mienne, et Siam tournoie sur elle-même. Elle est belle. Belle comme un saphir mal taillé. Mais c'est ce qui fait sa beauté. Ce p'tit truc qui fait qu'elle n'est pas comme les autres. Cette petite imperfection qui à mes yeux est loin d'en être une. À nouveau, Siam s'accroche à ma main. Mais je la sens fragile, instable. Alors c'est à moi de relâcher sa main, pour venir l'attraper par la taille. Je soulève doucement Siam, pour la déposer sur mes pieds. Puis nos paumes se retrouvent, tandis qu'une de mes mains reste au niveau de sa taille. Et je danse, emportant Siam avec moi, d'un pas maladroit mais contrôlé. Tout en fredonnant une chanson d'un album qu'elle m'avait offert, au Noël dernier. Un vieux cd volé que je ne me lasse plus d'écouter. "J'veux qu'tu rentres avec moi Siam, s'il te plait. Et qu'tu m'apprennes à danser." Je n'ai jamais été aussi proche d'elle. Son visage est juste là, et j'ai l'impression d'en découvrir les secrets, ceux que je n'avais jamais aperçus auparavant. "On a même pas eu l'temps d'finir le livre qu'on avait commencé." Mon regard se perd dans ses yeux, alors que nous tournoyons toujours, doucement. "J'veux qu'tu r'viennes. Que tu m'aides à vivre. Pas seulement à être. Ne me force pas à t'emporter de force avec moi. Mais s'il le faut, je le ferai. Tu en as ma parole. On rentre à la maison ce soir, tous les deux."

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MessageSujet: Re: siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini.  siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini. EmptyDim 25 Nov - 19:30

 siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini. 820520siamson18
what if i told you who i really was, what if i let you in on my charade and what if i told you what was really going on ? and no more masks and no more parts to play... oh, there's so much i wanna say but i'm so scared to give away.


« J'vais essayer d'te croire. » Mais moi, je ne le crois pas. Quand il me dit ça. Quand il me dit le reste. Quand il me dit que j'suis belle ou bien quand il me dit d'aller me faire foutre. J'le crois jamais. Et j'ai raison. J'vois bien qu'il me ment, là, et qu'il se ment aussi. Il ne peut pas me croire. Même s'il le voulait, même s'il ne lui restait plus que ça, il ne pourrait pas. J'ai pas le visage de la croyance et lui n'a pas la foi. J'imagine qu'il l'a déjà eue, un jour, quand il n'avait pas encore cette tronche écorchée. J'suis sûre qu'il avait la foi. En sa mère. En sa soeur. En ce bonheur qui écrasait sa famille. Il avait la foi quand sa mère passait une journée entière à fabriquer sa confiture préférée, quand sa soeur lui courait après en riant, quand son père avait avec lui des discussions d'hommes. Et puis sa mère a arrêter de faire de la confiture, sa soeur ne lui courra certainement plus jamais après et son père... Son père rêve sûrement d'être celui qui lui plantera une balle entre les deux yeux. C'est comme ça qu'on arrête de croire. Quand ce à quoi on tenait s'évapore, comme ça, comme un phénomène scientifique auquel on ne peut rien. On devrait faire une étude. J'suis certaine qu'on trouverait un truc, un truc qu'on balancerait dans un livre que les gens s'arracheraient. Comment garder la foi. Voilà comment ils l'appelleraient, les scientifiques. Comment garder la foi. Ou alors être heureux toute sa vie en dix leçons ; remède au désespoir ; comment vivre avec l'absence. On écrirait des tonnes de bouquins qui raconteraient tous la même chose. Et puis ça passerait aux infos parce que bordel, ce serait la plus grande découverte du siècle, sûrement même du millénaire. Y'aurait une journaliste, une femme, la trentaine, qui inspire la confiance et que tout le monde croirait. Elle aurait un visage grave, un visage grave qu'ont eu d'autres journalistes avant, quand il a fallu dire que les juifs avaient été brûlés, que c'était le retour de la guerre, quand il a fallu parler des deux Tours à New-York et puis de tous ces massacres dont l'humanité a été à la fois coupable et victime. La bonne femme aurait eu un visage grave et elle se serait lancée, elle aurait regardé la caméra et elle aurait dit le rapport de la communauté des scientifiques de Montsimpa est tombé et celui-ci fait l'unanimité : le gène malheur existe bel et bien. Il est en chacun de nous et s'exprime dans quatre-vingt dix pour-cents des cas. Sommes nous-alors condamnés à être malheureux ? Les scientifiques répondent que, même si aucune alternative n'a pour l'instant été trouvée, certains facteurs permettent de contrôler ce qui semble pourtant incontrôlable. Eviter d'être en contact avec des personnes étant déjà à un stade avancé de la maladie. Ne se procurer que des petites doses de bonheur, les grandes accélérant le développement du malheur. Elle aurait soupiré et elle aurait fini par un les chercheurs ne savent pas encore si le gène est héréditaire ou non. Rendez-vous dans l'édition de 20h pour un flash spécial sur cette découverte qui, soyons en sûrs, modifiera le comportement de l'homme. Et puis dans les semaines qui auraient suivi, le taux de suicide aurait triplé, les gens auraient enfin eu une bonne raison de ne plus croire en rien et auraient été malheureux parce qu'il fallait l'être. Je jette un coup d'oeil à Samson qui ne croit pas et que je ne crois pas non plus et j'sais que lui, même après les suicides, les livres et les reportages, il aurait été là à coucher avec la maladie. Il aurait refusé de se tirer une balle parce qu'il réservait ça à son père et il aurait refusé de se suspendre à une corde parce que dans sa tête résonnait encore le rire de sa mère. Alors ça aurait été à moi de le tuer, pour abréger ses souffrances, et puis les miennes avec.

« J'veux qu'tu rentres avec moi Siam, s'il te plait. Et qu'tu m'apprennes à danser. » C'est vrai qu'il ne danse pas très bien, qu'il est même plutôt nul. J'ai l'impression d'être un oiseau sur ses pieds et j'aime bien la sensation de ne pas toucher le sol. J'ai l'impression de voler. De ne jamais avoir pioncé sur ce trottoir dégueulasse. J'ai l'impression de m'envoler. Et de le tirer avec moi. « J'veux qu'tu r'viennes. Que tu m'aides à vivre. Pas seulement à être. Ne me force pas à t'emporter de force avec moi. Mais s'il le faut, je le ferai. Tu en as ma parole. On rentre à la maison ce soir, tous les deux. » Et puis je m'écrase. La face dans le bitume. J'me souviens que je n'ai pas d'ailes, que j'ai jamais foutu le pied dans un avion et que j'saurais jamais voler parce que personne n'a jamais su. Je reste encore un peu suspendue à son cou, je le garde encore un peu près de moi parce que j'suis consciente qu'on est faiblard ce soir, qu'on a tous les deux besoin d'un peu de compagnie mais que demain on n'y pensera même plus, ou alors ce sera juste moi qui n'y penserai plus, juste moi qui continuerai à faire tourner mon magnéto et à lui dire d'aller faire chier un autre clodo. J'veux pas de Samson. Dans ma vie. Dans ma mort. J'en veux pas. Y'a pas de place pour lui. Y'en a déjà pas beaucoup pour pépé. J'suis bien toute seule. Voilà tout. J'suis bien toute seule. Bien mieux qu'avec ses coups de gueule, ses coups de rire. Bien mieux qu'avec ses pupilles qui sont en train de me supplier de rentrer à la maison. Et puis même si j'avais voulu, on a jamais eu de maison à nous. C'était sa baraque, moi, j'pouvais même pas payer un quart du loyer. C'était sa baraque, ses meubles, ses assiettes et son savon. « Je ne vais rentrer nulle part, Samson. » Je prononce chaque mot lentement, je n'ai pas envie de les répéter. J'ai l'impression qu'ils sonnent creux et j'veux pas qu'il s'imagine que ça a à avoir avec lui, que ça veut dire ramène moi chez toi Samson, ramène moi chez toi parce que j'ai pas de chez moi et que j'me sens un peu comme ça avec toi. Un peu chez moi. Ce serait con. Qu'il oublie les études scientifiques sur le malheur et qu'il pense même avoir trouvé un remède à tout ça, un remède à son chagrin et un peu à nous deux. « Ecoute. C'était sympa, d'accord ? » Je lâche son corps pour reprendre appui sur le sol. C'était sympa. Ce soir. Ces treize derniers mois. C'était sympa de te faire à bouffer Samson, sympa de m'engueuler avec toi, de casser tes assiettes et de ne pas être forcée à rire. Tu sais ce qui était sympa, surtout ? D'avoir quelqu'un d'autre que soi-même à détruire, quelqu'un d'autre que soi-même à descendre et enterrer. « Et puis merde Samson, on ressemble à deux abrutis là, deux abrutis qui s'aiment. » J'souris. C'est vrai qu'on a l'air de s'aimer. C'est ça qui m'fait sourire. C'est juste un air. Scotché à nos baskets. Juste un air, un truc qui m''aurait faite marrer si j'avais appris à me marrer. Nous aimer, quelle drôle d'idée ce serait. « Allez, on a qu'à se dire au revoir. A bient… » Je décolle du sol ; j'ai pas l'impression que ça sorte de ma gorge mais j'crois bien que je hurle et que je le l'insulte de connard. Connard.

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MessageSujet: Re: siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini.  siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini. EmptyMar 27 Nov - 19:16

 siamson ◗ non rien ne finira la chute car rien ne finit l'infini. 219500siamson19
uncertainty is killing me, and i'm certainly not asleep. maybe i've gone far too deep, maybe i'm just far too weak. i'm holding on until the last, i'm holding on until there's nothing left.


On dit qu'il ne faut pas s'approcher de la lumière. Existe-t'elle au moins cette lumière, au bout du tunnel ? C'qui est sûr c'est qu'elle a oublié d'en éclairer l'intérieur. Alors aussi longtemps que durera le voyage, on n'aura d'autre choix que d'avancer dans le noir. Ou de ne pas avancer du tout d'ailleurs. Je ne sais pas si maman a trouvé la lumière. Si elle est mieux là-haut plutôt qu'ici. Ce que je sais, c'est que je préfèrerais être là-haut moi. Sans Siam. Car il n'y a rien de plus douloureux qu'un amour non réciproque. Que ces sentiments à la con qui sont là même si on ne les voudrait pas. "Je ne vais rentrer nulle part, Samson." Et que ça. Cette indifférence qui m'arrache le coeur. Je sais bien que Siam n'a jamais voulu mon bonheur. Parce que si elle l'avait voulu, elle m'aurait planté un couteau dans le coeur pendant mon sommeil. Je sais bien qu'elle ne veut que mon malheur. Que c'est la seule chose qu'elle sache vraiment faire. Le mal. Même sans l'vouloir. Même quand je lui demande à quoi elle veut que j'fasse les pâtes et qu'elle répond à la tomate alors que je les préfère à la crème. Parce qu'on n'a jamais été du même monde tous les deux. Parce qu'on ne se comprend jamais, et qu'on a toujours en tête un avis diamétralement opposé à l'autre. On fait même pas exprès. Je crois que ça me ferait rire sinon, si ce n'était qu'un simple jeu. Mais ça n'en est pas un, et c'est là qu'est la tragédie dans notre histoire. Ce truc là, cette incompatibilité. Elle vit dans les airs, je vis dans les mers. Y'a cette limite entre nos deux mondes. On peut la franchir quelques secondes, mais jamais plus. On peut la franchir l'espace d'une petite danse en pleine rue, mais pas plus longtemps. Ou alors, on est pas au même niveau dans la chaine alimentaire. Je crois que dans l'ordre des choses, elle est au dessus de moi. Et que d'une manière ou d'une autre, elle finira par me bouffer. Par me tuer. Sans pitié. Parce que Siam n'en a jamais eu, de la pitié. Pas pour moi en tout cas. Ni même pour personne à mon avis. Je baisse les yeux. Faiblesse. Putain de faiblesse. Mes sourcils se froncent. Parce que j'en ai marre. De ça. De me sentir à sa merci, tout le temps. Faut que je prenne le contrôle. Que j'arrête un peu d'être son pantin. Ce n'est plus une vie. Je serre les dents. "C'est c'qu'on verra." Siam rentrera. Chez moi, chez nous, j'm'en fous de ce qu'elle en pense, mais elle rentrera. Elle n'a pas le choix. Je l'ai promis, à Alistair. Je lui laisse un peu de temps. Peut-être que j'espère encore qu'elle change d'avis. Qu'elle me dise que ce n'était pas une vie, ces quelques jours sur l'trottoir. Qu'elle préfère nos disputes et nos silences. Que ça lui a manqué. "Ecoute. C'était sympa, d'accord ?" Y'a une once d'espoir qui flotte dans mon estomac. Elle a trouvé ça sympa. Mais à la manière dont elle l'a dit, j'ai plutôt la sensation que ça annonce quelque chose de mauvais. C'est comme la première rafale de vent, juste avant l'ouragan. "Et puis merde Samson, on ressemble à deux abrutis là, deux abrutis qui s'aiment." Je fronce les sourcils, ne voyant pas où elle veut en venir. Et ne comprenant pas le sens de son sourire. "Allez, on a qu'à se dire au revoir. A bient…" Le voilà l'ouragan. Mais j'ai décidé d'le contrer. Alors j'attrape Siam, la soulève, et la porte comme on porterait un sac à patates. Je serre ses jambes contre mon torse, tandis que ses bras commencent à me marteler le dos.

Y'a plus rien qui me retient ici. Y'a plus rien qui me retient nulle part. J'ai anéanti tous ceux auxquels je tenais. Tous, sauf elle. Alors je le jure sur la mémoire de maman. Je ne l'anéantirai pas, et elle ne le fera pas elle-même. Je refuse de la laisser se détruire. De la laisser crever de froid parce que sa fierté ne lui fera jamais avouer qu'elle préfère mon appart à ce trottoir. Pire même que d'la fierté. Siam n'a jamais rien compris à la vie. Elle ne sait pas ce que c'est que l'attachement. Alors peut-être qu'elle ne tient pas à moi, mais elle a au moins dû se sentir un peu chez elle sous mon toit. "Tu peux taper autant qu'tu veux Siam, je rentre. Et tu rentres avec moi." Ses poings tapent de plus en plus fort contre mon dos. Elle m'insulte de tous les noms. Elle hurle. Y'a tout le monde qui nous regarde. Mais je m'en fiche. "Vous voulez ma photo ?" Je m'en fiche ouais, mais autant faire les choses comme il faut. Quitte à se faire remarquer… Je marche, d'un pas décidé. Siam me fait mal, certes, mais je suis prêt à endurer toutes les douleurs pour la ramener. Comme si je pouvais endurer pire que c'qu'elle me fait déjà ressentir. "C'est tout c'que t'as dans l'ventre Siam ?" Si seulement tu savais c'que moi j'ai dans le ventre. Alors vas-y, tape moi plus fort encore. Essaie de couvrir les sentiments qu'j'ai toujours pour toi.


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