« C’est impossible. Pas maintenant.. » Marchant à bon pas, le téléphone collé contre ton oreille, tu n’as qu’une envie, t'arracher les cheveux. Cette fin d’après-midi que l’on t’avait soit disant accordé et qui au final, en était que plus éprouvante de part les coups de fil que tu recevais toutes les deux minutes de ta collègue. Pour autant, c'était bien toi qui lui avais spécifié de le faire. L’organisation du mariage sur lequel vous étiez ne fonctionnait pas comme vous le désiriez et il était encore plus stressant de voir que tout était en train de se barrer en sucette. Ta veine. Evidemment, il fallait que cela vous tombe dessus, en cette période. « Mais comment veux-tu qu’on trouve un traiteur en moins de trois jours ? » Tu commences à être à cours de souffle alors tu ralentis, essaye de te contrôler. Tu paraissais tellement surbookée, prête à exploser qu’on avait préféré te dire de revenir le lendemain en meilleure forme et toi, tu ne comprenais pas vraiment. Du moins, tu ne le voulais pas réellement. Ils savaient que tu étais plus ou moins, extrême, borderline dès que tu sentais le stress prendre ledessus, même si toi, tu avais beau te le nier, préférant lui donner comme explication ta fragilité. Ils te ménageaient un peu, tu ne t’en rendais pas compte. Pour autant, tu recevais toujours ces appels te tenant au courant. Tu avais en quelque sorte obligé une de tes amies et collègue à le faire. Tu avais du mal à te tenir éloignée de toute cette folie. Une fois que tu y étais, tu ne supportais pas te stopper sans avoir terminé ce que tu avais commencé et le fait que le boss t’est coupé l’herbe sous le pied cette après-midi là, ne t’empêchait pas de tout faire pour continuer d’arranger les choses même à quelques kilomètres du lieu. « Oui je sais, je suis au courant, on est dans la – Non, non on ne les appelle surtout pas ! Tu te souviens de leur dernier gala en date ? Non laissez tomber cette enseigne. – oui – ok, mais de toute façon – Quoi ? Non ne raccroche p.. » Trop tard. Rangeant rageusement ton portable dans ton sac, tu t’arrêtes en plein milieu du trottoir, essoufflée. Une main sur ta taille, tu essayes de retrouver un rythme cardiaque normal pour éviter de t’étouffer en plein milieu de la rue et faire une scène devant les passants. C’est bien la dernière chose que tu voudrais. Foutus poumons. Tu as besoin de te calmer, complètement. Ce temps de libre n’était peut-être pas une si mauvaise idée, au final. Alors tu reprends la route de chez toi plus lentement, passant l’entrée du parc pour raccourcir ton parcours. La nature avait le don de t’apaiser, et si tu avais pensé à prendre ton cahier et un crayon, tu te serais assise dans l’herbe et aurais dessiné tes premières pensées, les choses que tu voyais. Tout aurait été d’autant plus simple d’ailleurs si tu avais choisi cette voie là dès le début mais on ne faisait jamais ce qu’on voulait vraiment. Tu souffles un peu, observes les alentours puis tu t’arrêtes brutalement, hébétée. Presque choquée. Tu avales ta salive et continuent de fixer à quelques mètres plus loin, la personne que tu venais ou croyais avoir reconnu, près d’une fontaine. Tu fronces les sourcils, essayes un temps de te rassurer et te dire que non, ce n’était pas lui, qu’il était parti, mais de toute évidence il était bien là. C’était bien Taj Reinhardt. Malheureusement pour toi, peut-être. Lui n’en savait rien. Ne savait rien de ce qui s’était passé, pourquoi tu l’avais laissé brusquement de cette manière en quittant le lycée. Tu avales ta salive, pense déjà à prendre un autre chemin quitte à faire un immense détour pour l’éviter mais quelque chose dans ton esprit te pousse à aller le voir, demander ce qu’il était devenu même si, les années qui vous séparaient du lycée n’étaient pas considérables. Néanmoins, pour toi, cela te paraissait bien loin. Tu le fixes, t’accordant de longues secondes pour commencer à flipper un peu –il t’en fallait d’ailleurs peu- puis finalement t’avancer vers lui. Tu ne savais pas vraiment ce que tu faisais, et jusqu’au dernier moment tu essayais de te convaincre de rebrousser chemin, que tu allais lui devoir des explications mais il était trop tard, tu étais devant lui. « Taj ? »