Un, deux, trois, arrête de penser à cette nana. Pacôme, seul ou presque dans sa chambre minable, couché dans son lit en caleçon à côté d'une nana qui n'est pas celle à qui il pense. La nana à côté de lui, il ne sait même pas son prénom, elle est inutile. Aucune importance pour lui. C'est comme ça qu'il a toujours vu les filles de toute façon, comme de futiles oiseaux de passage ... Puis il a rencontré Dunya et il a changé d'avis. Trop fier, jamais il ne l'avouera bien sûr, à personne, pas même à lui-même. Il se redresse, laisse tomber ses jambes sur le côté du lit et se penche pour attraper son pantalon, dans ce pantalon, il saisit un paquet de clope. Sa petite drogue personnel, il sait bien que ça lui pourri la santé, mais au moins, il saura qui est la coupable de sa mort, la nicotine. Il cale une cigarette entre ses lèvres, sans prononcer un mot, l'allume et en tire une grande bouffée. Bon sang, ce que ça lui fait du bien. Il se sent apaisé, prêt à démarrer une nouvelle journée. Et pourtant, Dunya revient très vite dans son esprit. Las de lutter contre ses pensées, il saisit son portable. « retrouve moi chez Hogan dans vingt minutes pour boire un café ». Ses doigts glissent avec facilité sur le clavier pour former ces quelques mots qu'il envoie aussitôt à la blonde. Un petit détour par la salle de bain, il vérifie qu'il est toujours aussi plaisant. Ce serait bête qu'elle se lasse de lui, ou de son corps. Ça le ferait même chier à vrai dire. Terriblement chier. Il enfile quelque chose de simple, de toute façon c'est pas dur, tout lui va. Il sait qu'il plait sans avoir besoin de trop se prendre la tête, et ça, ça lui a toujours facilité beaucoup de choses. Il quitte son taudis après avoir laissé un mot sur l'oreiller. Pas de " bonjour mon amour" ou de " je suis parti chercher le café, je reviens." Non, ce n'est pas son genre ça. Il a juste écrit : « Sois partie quand je reviens. »Il ne voudrait pas le recroiser en rentrant chez lui. Il marche rapidement, il est pressé de savoir si la blonde, la belle blonde sera là. Bien entendu, il serait déçu d'apprendre qu'elle décline une invitation comme celle-ci, après tout, il a l'impression que c'est différent avec elle. Il a l'impression que plus il la voit, mieux il se porte et c'est une chose rare pour quelqu'un comme Pacôme. Au bout d'un moment, il pousse la porte du café, elle n'est pas encore là. Elle va sans doute arriver, oui, elle va arriver. Il l'espère fortement en tout cas. Il se pose à une table, seul. Elle va arriver qu'il se répète encore une fois tandis que ses yeux guette son portable. Pas de nouvelle.

Connard. Dégoûtée, tu claques la porte bruyamment et quitte rapidement l'établissement. Telle une furie, tu cherches hâtivement ta voiture et te fourres dedans pour te calmer. Pas moyen. T'es toujours énervée, furieuse. Qu'on te foute la paix, bon sang. Bombe à retardement que tu es, tu savais à la perfection qu'un jour ou l'autre tu allais explosais. En même temps, trop de pression pour que tu puisses respirer tranquillement. Tu essaies d'avancer mais les voilà toujours là à te mettre les bâtons dans les roues. Quel bande d'idiots. Étaient-ils obligés d'acheter ton prof universitaire afin qu'il se transforme en garde et qu'il te surveille tout le temps ? Dire que tu avais décidé d'assister à un cour, pour une fois. Ce sera d'ailleurs la dernière. Tu l'emmerdes cette éducation. Tu es riche. Tu sais très bien que dans la société du capital , qu'au vingt-et-unième siècle, l'argent symbolique le pouvoir. Tu les baises ces conservateurs de merde qui croient que le diplôme ouvre toutes les portes du paradis. Ils n'ont rien compris à la vie. Ils ne savent même pas que l'enfer est beaucoup plus amusant que le paradis. Ils ont tout faux. Toi - ma Dunya - tu l'as compris. Tu es très intelligente, trop révolutionnaire pour faire partie de cette famille extrêmement conservatrice et retardataire. Tu te demandes parfois si l'on t'a pas adopté. Bon Dieu. Agacée, tu conduis trop vite. Tu erres dans les rues de Montsimpa sans destination précise. Tu nages dans tes pensées bien trop profondes et mouvementées. La sonnerie assourdissante de ton portable te sauve et tu te retrouves arrachée - violemment - de ta dite rêverie. Pacôme. Rien que de prononcer son prénom t'apaise et aggrave ton état en même temps. retrouve moi chez Hogan dans vingt minutes pour boire un café. Tu souris. Il a toujours été doué pour choisir les bons moments afin de fixer un "rendez-vous". Néanmoins, tu hésites au tout début quant à ton emploi de temps bien trop chargé. Puis tu décides de tout annuler; de faire une pause dans ta pause. On t'a bien trop fait chier le matin pour que tu leur donnes une deuxième chance. Et puis tu as envie de le voir. Non, tu as besoin de le voir. Tu conduis donc direction Hogan. [...] Cela te prit environ dix minutes pour t'y rendre. Sans même t'en rendre compte, tu te retrouves à examiner ton reflet dans le rétroviseur. Pathétique. Tu te dis que c'est ton meilleur ami et tu maudis par la même occasion ton subconscient qui est d'habitude tout le temps endormi. Tu pousses la porte et affiches ton plus beau sourire en voyant Pacôme assis à une table au fond du café. Tu le rejoins. Quoi ? C'était pas un bon coup ? Tu ricanes. Tu fais allusion à la fille qu'il a abandonné dans son lit. Tu ne t'attardes pas trop sur ce sujet. Tu sors une cigarette. Ta tête te fait mal, t'as besoin de fumer.